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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LA FORTERESSE DE LOUISBOURG

PROJETS SCOLAIRES

PROJETS DE RECHERCHE, A L'ÉCOLE OU A L'UNIVERSITÉ


LOUISBOURG - LA COLLECTIVITÉ

L'ALIMENTATION

Une bonne façon de connaître les gens consiste à étudier leur alimentation. La chose est vraie pour les cultures d'hier comme d'aujourd'hui.

Les méthodes de conservation des aliments ont bien changé avec les années. Dans les siècles passés, les gens n'avaient ni réfrigérateurs ni moyens de transport rapide. Ils ne pouvaient donc pas manger des fruits et des légumes frais toute l'année.

A Louisbourg au XVIIIe siècle, la plupart des habitants doivent «sécher» ou «saler» les denrées périssables. Les épices servent aussi à empêcher le pourrissement. Une fois séchés, salés ou épicés, beaucoup d'aliments peuvent être entreposés et mangés durant l'hiver, lorsque peu de navires de commerce arrivent avec des provisions.

Pour les habitants de Louisbourg, comme pour tous les Européens, le pain est l'élément le plus important de l'alimentation. I1 existe bien des sortes de pain, offertes sous différentes formes. En moyenne, chaque personne consomme plusieurs livres de pain chaque jour. Cependant, s’ils mangent beaucoup de pain, les habitants de Louisbourg ne consomment pas de pommes de terre. La pomme de terre ne fait pas encore partie de l'alimentation de base des Européens.

LA NOURRITURE À LOUISBOURG

En tant que port de pêche, Louisbourg profite toute l'année de poissons et de fruits de mer frais. La morue est l’espèce la plus populaire, mais les colons mangent aussi du saumon, du flétan et d'autres poissons. De même, ils pêchent la truite dans les lacs et les rivières, et l'anguille sur la côte. Certains mangent du homard et d'autres crustacées.

Louisbourg compte de nombreux jardins, et beaucoup de ses habitants élèvent des poules, des chèvres et des porcs. Pour varier leur alimentation, certains chassent divers animaux comme le lièvre, le lynx, l’orignal, l'ours noir et le caribou, et les oiseaux marins.

Malgré l'abondance du poisson et du gibier, Louisbourg est loin d'avoir assez d'aliments pour nourrir tous ses habitants. La plupart des denrées de base (viande, farine, oeufs, beurre, fruits et légumes) arrivent par bateau. On trouve des aliments en provenance d'Europe, des Antilles, de la Nouvelle-Angleterre et du reste de la Nouvelle-France dans toutes les maisons de Louisbourg.

Les provisions ordinaires arrivent généralement dans des barils. Les animaux (les bovins, les porcs et les moutons) arrivent «sur pied» à bord de navires. Ils sont ensuite tués sur place à l'automne ou au début de l'hiver.

À Louisbourg, une cuisine typique renferme des aliments de provenances diverges: du beurre et du boeuf salé d'Irlande, du fromage de Hollande et de France, des légumes de la Nouvelle-Angleterre, d'Acadie et des établissements français le long du Saint-Laurent. On y trouve aussi de la mélasse et du sucre des Antilles, ainsi que de la farine et du vin de France.

Les Importations d’aliments à Louisbourg - Quelques exemples

           IMPORTATION                                  PROVENANCE

Ce tableau montre la provenance de quelques importations. En fait, il y a beaucoup d'importations chaque année. Parmi les centaines de produits offerts se trouvent des amandes et des anchois de France, des pommes, des fèves et des choux de la Nouvelle-Angleterre, de même que des liqueurs et de l'huile d'olive des Antilles françaises.

LES BOISSONS

Les gens du XVIIIe siècle n’ont pas autant de sortes de boissons à leur disposition que nous. Les eaux gazeuses, bien entendu, n'existent pas. Les jus de fruit sont rares et généralement réservés aux riches. Le thé est difficile à obtenir et coûte cher. Le café et le chocolat sont plus populaires, mais trop chers pour que les pauvres puissent en consommer régulièrement. Le café, en fait, est une boisson relativement nouvelle introduite en France au milieu du XVIIe siècle.

Le lait n'est pas une boisson courante. I1 est surtout utilisé pour cuisiner, mais les malades et les invalides en boivent aussi. Pour les nouveau-nés, le lait maternel est des plus nutritifs. Cependant, on le remplace parfois par du lait de chèvre.

Les explorateurs et les premiers colons vivent tous sous la menace du scorbut, une maladie de carence causée par un manque de vitamine C. Les malades atteints du scorbut se sentent faibles et endoloris; ils ont les gencives très sensibles et leur haleine sent mauvais. L'une des façons de prévenir la maladie au sein de la garrison à Louisbourg consiste à donner aux soldats une ration de bière d'épinette, fabriquée à partir de brindilles d'épinette et de mélasse. Cette bière légère est aussi populaire parmi la population civile.

RECETTES

En général, les cuisiniers du XVIIIe siècle n'ont pas de recettes écrites. En fait, à part les cuisiniers de profession, la plupart ne savent pas lire. Ils ont appris à cuisiner auprès de leurs mères et d'autres cuisiniers. Leurs sens du goût, de l’odorat et du toucher leur permettent de savoir quand un plat est prêt.

Les recettes de l'époque sont très différentes de celles d'aujourd’hui. Au lieu d'énumérer des ingrédients particuliers et des quantités précises, elles constituent en fait des descriptions générales. I1 n'est pas toujours facile de déterminer combien de temps au juste il faut consacrer à telle ou telle tâche. Bien entendu, pour les cuisiniers du XVIIIe siècle, ce genre de précision est sans doute superflu. Ils connaissent les techniques de cuisson de l’époque. Tout ce qu’ils attendent d'une recette c’est qu'elle leur donne une idée générale du plat ou qu'elle précise une façon inhabituelle de combiner des saveurs. Voici deux plats du XVIIIe siècle dont les recettes sont adaptées pour le bénéfice des cuisiniers d'aujourd’hui.

PAIN DORÉ

Voici la recette d'une gâterie bien connue, mais sans oeufs:

Tremper le pain dans le lait. Graisser légèrement une poêle avec un mélange d'huile et de beurre moitié-moitié. Rôtir le pain des deux côtés jusqu'à ce qu'il soit bien chaud. Saupoudrer de sucre et dorer au four à chaleur moyenne.

OEUFS A L'ÉCORCE DE CITRON CONFITE

Des oeufs pour dessert? Pourquoi pas? Voici une douceur pour accompagner votre souper:

Faire tremper les miettes de pain dans le lait pendant 15 à 20 minutes. Mettre en purée ou passer au tamis fin; ajouter aux oeufs bien battus. Ajouter le sel, 1 c. à thé (5 ml) de sucre, l'écorce de citron et l'eau de fleur d'oranger; bien mélanger.

Faire fondre le beurre dans une poêle à frire. Quand il y a formation de mousse, ajouter le mélange d'oeufs. Brasser doucement jusqu’à ce que le liquide soit évaporé et que les oeufs aient atteint le degré de fermeté requis. Saupoudrer légèrement de sucre et servir.

USTENSILES DE CUISINE

La cuisson à feu ouvert est très différente de la cuisson moderne à l'aide d'une cuisinière ou d'un micro-ondes. Premièrement, il faut être plus fort, car les pots et les casseroles en fer forgé sont très lourds, surtout lorsqu’ils sont pleins de soupe ou de ragoût. Deuxièmement, il faut toujours faire un feu, même par les journées les plus chaudes, attendre qu'il ait atteint la température voulue, puis l'y maintenir. De plus, il faut constamment surveiller les pots et les tourner régulièrement pour que la chaleur soit répartie de façon égale. De toute évidence, pour une personne d'aujourd’hui, la cuisine à feu ouvert exigerait une certaine pratique.

LES JARDINS POTAGERS

A leur arrivée à Louisbourg, les Français constatent qu'ils ne peuvent pas y faire pousser n'importe quoi. Le sol acide de la région et le court été ne permettent pas de cultiver autant de variétés de légumes qu'en France. À la place, les colons doivent se contenter d'aménager de petits jardins potagers. Les plans de la ville montrent plus de cent potagers à l'intérieur de la forteresse, où poussent des légumes et des herbes; les fleurs sont beaucoup moins courantes.

Les légumes cultivés le plus souvent sont le chou, le navet, la carotte, la fève et le pois. Les cuisiniers comptent sur les herbes pour donner de la saveur aux soupes, ragoûts et autres mets. Certaines servent aussi à des fins médicinales, par exemple pour soigner les maux de tête ou d'estomac. La menthe, le persil, la sauge et le thym sont populaires, et quelques-unes des herbes apportées par les Européens poussent maintenant à l'état sauvage dans l'ile du Cap-Breton, dont la ciboulette, le cumin, la chicorée, le panais et l'angélique.

Plusieurs des jardins potagers de Louisbourg sont très complexes. On y trouve de larges sentiers de gravier et des planches symétriques. Des cadrans solaires ou des urnes en ornent souvent le centre. Grâce à une planification soignée, les jardiniers obtiennent de belles combinaisons de couleurs. Ils placent aussi les plantes les plus odorantes en bordure de façon que les passants puissent jouir de leurs odeurs.


L’ÉDUCATION

De nos jours, la loi exige que tous les enfants de 5 à 16 ens aillent à l’école.

Une telle loi nous semble normale, mais elle est en fait assez récente. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, il existe relativement peu d'écoles, et personne n’est obligé d'y aller. La plupart des parents ne sont ni intéressés ni assez riches pour envoyer leurs enfants à l’école. Par conséquent, peu d'enfants apprennent à lire et à écrire.

Pendant des générations, la plupart des gens doivent se contenter de faire une marque quand on leur demande de signer leur nom. À leurs yeux, savoir écrire n’est pas important. Apprendre un métier pour gagner sa vie l'est davantage.

À Louisbourg au XVIIIe siècle, la situation n'est pas très différente de celle du reste des colonies de l'Amérique du Nord. Les écoles sont difficiles à établir, les professeurs qualifiés difficiles à trouver, et les élèves peu nombreux.

Avant le milieu du XIXe siècle, dans bon nombre de pays, l’éducation est confiée à l'Église. Dans bien des villes et des villages, comme à Louisbourg, le catéchisme (des séances de questions et réponses sur les articles de la foi catholique) constitue la seule forme d'enseignement formel que certains enfants ont jamais reçue. Les écoles officielles, et même les petite collèges, ont un personnel enseignant habituellement composé de prêtres et de soeurs et, en général, l' accent est mis davantage sur la religion que sur les matières enseignées aujourd'hui.

Au XVIIIe siècle, un débat fait rage en Europe concernant le type d'éducation qu'il faut donner aux enfants. Les uns trouvent dangereux de donner trop d'éducation aux enfants «du commun». Leur crainte est que lorsqu’ils auront appris à lire et à écrire, ces enfants ne voudront plus faire de travaux manuels et quitteront alors la ferme pour la ville, à la recherche d'un travail plus «facile». Les autres affirment que la société ne peut avancer qu'à la condition que les gens reçoivent une bonne éducation, et c'est cette opinion qui prévaut. De nos jours, l’éducation est obligatoire dans tous les pays ou presque.

L’ENSEIGNEMENT DANS LE LOUISBOURG DU XVIIIe SIÈCLE

Bien que Louisbourg soit une ville importante, l'éducation n'y est pas une priorité. En fait, il n'y aurait peut-être jamais eu d'école à Louisbourg sans l' intervention de l'évêque de Québec. Tentant de convaincre les administrateurs coloniaux de faire quelque chose au sujet de l’éducation, Monseigneur de SaintVallier se heurte constamment à un refus. Finalement, en 1727, il prend les choses en mains et envoie à Louisbourg une soeur de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal qu'il charge d'ouvrir une école pour les filles. Moins de deux mois après l'arrivée de la soeur, l’école compte 22 élèves.

Dans les années 1730 et 1740, il y a de trois à six soeurs enseignantes a Louisbourg et l'école accueille parfois jusqu'à 50 ou 100 élèves.

Les parents qui veulent faire instruire leurs fils doivent soit engager un tuteur local, soit envoyer l'enfant à l'école en France ou à Québec. Bien entendu, seuls les gens riches peuvent le faire.

Les filles qui vont à l'école de la Congrégation de Notre-Dame à Louisbourg sont âgées de 6 à 18 ens. L'élève modèle est «modeste, docile et obéissante». Les enfants atteintes de maladies contagieuses ne sont pas admises, pas plus que les filles déjà fiancées.

L'objectif du programme scolaire est de donner aux enfants une éducation chrétienne. On leur explique donc les articles fondamentaux de la foi catholique et on favorise les vertus de modestie et de piété. Les élèves apprennent à lire et à écrire et reçoivent une instruction pratique dans le domaine des ouvrages à l'aiguille et autres «tâches féminines».

I1 n'y a pas d'école le dimanche, alors que les élèves doivent aller à l'église. Les élèves sont constamment sous surveillance.

I1 y a deux sortes d'élèves: les pensionnaires, qui logent à l’école de la Congrégation de Notre-Dame et les externes, qui suivent les cours à l’école puis rentrent chez elles l'après-midi.

L'école est ouverte du lundi au samedi, mais les classes prennent fin à 15 h le samedi. I1 n'y a pas d'école le dimanche, alors que les élèves doivent aller à la messe et aux vêpres, en plus de s'acquitter de diverses autres obligations religieuses.


LES VÊTEMENTS ET LA MODE

Chaque époque a ses modes et le XVIIIe siècle n'échappe pas à la règle. À Louisbourg au XVIIIe siècle, les styles de coiffures et de vêtements changent régulièrement, tout comme aujourd'hui.

LA MODE AU XVIIIe SIÈCLE

La mode à Louisbourg vient de France. Ce qui est populaire dans la mère patrie finis par être à la mode dans la colonie. I1 faut parfois des années pour qu'une mode particulière, par exemple une robe ou une perruque nouvelle, ne traverse l'Atlantique. Tôt ou tard, cependant, la plupart des habitants de la colonie finissent par adopter l'allure en vogue en France.

Quand on parle de la mode au XVIIIe siècle, on parle en fait des vêtements et des coiffures des riches. Les travailleurs, comme les pêcheurs et les serviteurs, ne suivent pas la mode. Année après année, ils portent la même chose. Ils ne peuvent généralement se permettre que des vêtements de seconde main ou des pièces vendues à l'enchère.

Les gens à revenu élevé et moyen, par ailleurs, peuvent se permettre de suivre les variations de la mode. Pour ces hommes, ces femmes et ces enfants, il importe de conserver une apparence élégante.

STYLES DE VÊTEMENTS

I1 y a beaucoup de pêcheurs à Louisbourg au XVIIIe siècle. Les pêcheurs doivent porter des vêtements appropriés à leur travail et au climat. Leurs culottes rayées sont faites d'une étoffe grossière tissée à la main et descendent droit sur la jambe. Des dizaines d'années plus tard, ces «culottes» allongées vont devenir les pantalons à pattes d'éléphant qu’on associe aux marines.

Les pêcheurs portent une veste lâche qui leur permet de bouger aisément. Ils portent aussi une chemise de lin brut très durable et une toque de laine aussi pratique en mer que sur la côte venteuse. Des bas épais tricotés à la main leur tiennent les pieds au chaud et le bois de leurs sabots les gardent plus au sec que ne le ferait le cuir. Enfin, les pêcheurs portent des manchons de toile goudronnée et un tablier pour manipuler le poisson.

Comme Louisbourg est une place forte militaire, on y trouve toujours beaucoup de soldats et d'officiers. L'uniforme des officiers est d'un tissu plus fin que celui des soldats. I1 est aussi mieux coupé. Des galons et des boutons dorés décorent les poches et les marches. La chemise des officiers est de lin fin et souvent garnie de dentelle. Ils portent généralement un gorgerin autour du cou, vestige symbolique de l'armure que portaient jadis les chevaliers. Les perruques sont courantes et élégantes. Un modèle de perruque possède des boudins sur les côtés tandis que l'arrière est ensaché dans un sac de soie noire fermé par un ruban.

Beaucoup de families vivent aussi à Louisbourg. Des centaines de femmes et d'enfants n'appartiennent pas aux milieux aisés. Parmi ces femmes, il y a des servantes et des veuves, qui accueillent des pensionnaires, ou des couturières, qui fabriquent des vêtements pour les autres. Ces travailleuses portent des vêtements usés. Elles achètent selon leurs moyens, le plus souvent des articles à l'enchère. La coordination des couleurs est le moindre de leurs soucis. Pour leur part, la plupart des enfants portent des vêtements refaits ou de seconde main.

I1 y a beaucoup plus de femmes «du commun» à Louisbourg que de femmes de la haute société capables de s'offrir de belles robes, comme des robes «à la française».

Peu de personnel ont plus d'importance dans une ville de garnison du XVIIIe siècle que le tambour. Les roulements de son instrument signalent diverses activités tout au long de la journée. I1 y a un roulement de tambour signalant l'ouverture des portes, un autre leur fermeture. D'autres roulements encore annoncent l'exercice ou la relève de la garde.

Étant donné son rôle important, le tambour porte un costume coloré. I1 doit en effet être facile à reconnaitre parmi les autres militaires. Ses bas, sa culotte et sa veste sont rouges. Son justaucorps est bleu et bordé de la livrée du Roi.

L' ALLURE

Les vêtements du XVIIIe siècle ont souvent une allure fluide malgré leur ajustement. Les gens de l'époque pensent que ces vêtements leur donnent l'air élégant et raffiné. S'ils peuvent se permettre des tissus chers, comme la soie, tant mieux. Ils croient que les tissus chatoyants leur confèrent plus de dignité.

Pour l’homme soucieux de sa mine, l'idéal est d'être rasé de près, délicatement parfumé et coiffé d'une perruque poudrée et frisée.

LES TISSUS ET LES TEINTURES

I1 n’existe pas de tissu synthétique au XVIIIe siècle, pas de nylon, ni de rayonne, ni de polyester. Les vêtements sont tous fabriqués à partir de fibres naturelles: coton, laine, lin et soie. Les tailleurs utilisent ces matériaux seuls ou dans des combinaisons. Tous les vêtements sont cousus à la main, parfois par un tailleur ou une couturière de l'endroit.

Les couleurs des vêtements du XVIIIe siècle sont obtenues à l'aide de teintures végétales naturelles qui produisent des teintes douces et subtiles que des ravages répétés ou l’exposition prolongée au soleil font cependant pâlir considérablement.

LE MAQUILLAGE DANS LA HAUTE SOCIETE

Au XVIIIe siècle, les membres de la haute société aiment beaucoup se maquiller. Parfois, les hommes se maquillent tout autant que les femmes.

En général, les gens qui se «peignent» veulent avoir le visage blanc et des joues et des lèvres rouges. Ils commencent par appliquer un fond de teint blanc à base de plomb sur leur visage, puis ajoutent du rouge sur leurs joues. (Ce fond de teint à base de plomb est souvent cause de cancer.) Ils se servent aussi de petits morceaux de velours ou de soie noirs appelés «mouches» pour cacher certaines imperfections ou souligner certains traits. Ces «mouches» peuvent avoir la forme de coeurs, de carrés, d'arbres ou autres, selon l'imagination de chacun. On a vu une dame en porter jusqu'à quinze à la fois. Certains hommes portent aussi des «mouches».

Certaines grandes dames n'aiment pas se «peindre» le visage. Marie-Thérèse d'Espagne, par exemple, préfère un maquillage moins voyant. Elle doit pourtant se plier aux ordres du Roi qui l'enjoint de suivre la mode dès son arrivée à la cour de France.

L'une des raisons de la grande popularité des «mouches» et des épais maquillages est qu’ils permettent de dissimuler les imperfections du visage. La variole et diverses autres maladies sont courantes au XVIIIe siècle. Beaucoup de personnel défigurées ou marquées au visage sont heureuses de pouvoir camoufler leurs imperfections.


L’INTÉRIEUR DES MAISONS DE LOUISBOURG

De l’extérieur, il est facile de voir que les maisons de Louisbourg sont différentes de celles qu’on trouve aujourd’hui dans nos villes et villages. Mais comment ces maisons du XVIIIe siècle sont-elles à l’intérieur?

DES GENS VIVANT ENTASSÉS LES UNS SUR LES AUTRES

Si on pouvait remonter dans le temps et retourner à Louisbourg au XVIIIe siècle, un des aspects de la vie de l’époque qui pourrait nous sembler désagréable serait l’entassement des gens les uns sur les autres.

En général, les familles du XVIIIe siècle sont beaucoup plus nombreuses que celles d’aujourd’hui. De nombreux parents ont huit, dix ou même douze enfants. Des membres de la belle-famille vivent parfois dans la même maison, tout comme les serviteurs ou les esclaves. Non seulement les familles sont-elles plus nombreuses, mais les maisons sont généralement plus petites. (Il y a des exceptions, bien entendu, comme la maison de l’ingénieur en chef.) L’absence de chauffauge central réduit encore l’espace habitable : beaucoup de familles cessent d’utiliser certaines pièces une fois l’hiver venu.

Malgré ces conditions, la vie de famille à Louisbourg est loin d’être insupportable.

LES CLOISONS ET LA VIE PRIVÉE

Une solution facile et bon marché pour faire face à l'encombrement dans les maisons de Louisbourg au XVIIIe siècle consiste à élever des cloisons en bois légères. Ces cloisons peuvent être montées rapidement, puis enlevées lorsqu'elles sont devenues inutiles. On peut donc créer des petites pièces dans de grands espaces ouverts.

L'espace ainsi cloisonné assure une certaine intimité. Mais quel est le niveau acceptable d'intimité? Les normes du XVIIIe siècle diffèrent des nôtres à cet égard. Les cloisons en bois n'offrent aucune insonorisation et les curieux peuvent parfois espionner par les fentes entre les planches.

La famille du XVIIIe siècle remplit généralement plus de fonctions que celle d'aujourd’hui. En plus de nourrir et de loger leurs enfants, les adultes doivent veiller à leur bien-être, à leur instruction et leur éducation religieuse. Les entreprises familiales sont aussi plus nombreuses à l'époque que de nos jours. I1 n’est donc pas exagéré de dire que la cellule familiale est l'un des pivots de la société du XVIIIe siècle.

UNE SOCIÉTÉ OU LE GASPILLAGE EST INCONNU

Nous vivons aujourd'hui dans une société de gaspillage, c’est-à-dire que nous nous empressons de jeter beaucoup de choses après nous en être servi.

A Louisbourg au XVIIIe siècle, les gens ne jettent rien. Les produits sont offerts dans des contenants et des emballages simples, souvent réutilisables. Les objets manufacturés coûtent cher, aussi peu de gens peuvent se permettre de les jeter lorsqu’ils sont endommagés ou brisés. Ils préfèrent les réparer chaque fois que possible. Même les riches trouvent de nouvelles utilisations pour leurs vieux meubles.

Les fouilles archéologiques menées à Louisbourg révèlent à quel point les habitants de la forteresse ont l'habitude de recycler divers objets domestiques. Un bol brisé a été réparé à l'aide d'un bout de fil de fer passé dans quatre trous forés de chaque côté de la cassure. Un plat porte six agrafes de plomb de chaque côté d'une grosse fêlure. La surface du plat a été sablée pour préserver son apparence lisse.

Parmi les autres artefacts recyclés se trouvent des fragments de bouteilles limés et transformés en contenants, de même que des morceaux de porcelaine utilisés comme pièces de jeu.

Dans les maisons du XVIIIe siècle, personne n'aime jeter quoi que ce soit. On évite le gaspillage à tout prix.

UNE VIE FAMILIALE SOUPLE

Comme ils vivent plus ou moins entassés les uns sur les autres dans leurs maisons, les habitants de Louisbourg doivent faire preuve d'organisation et de créativité dans l'aménagement de leur intérieur. Par exemple, une commode à dessus plat peut aussi bien servir de rangement que de siège ou de table.

Étant donné aussi l’espace limité, chaque chose doit avoir sa place. Ainsi, une des cuisines au moins contient une grande table «sous laquelle se [trouve] un lit de garçon»*. Soit que le garçon en question dort sous la table la nuit, soit que le lit est rapproché de la cheminée.

Les matelas faciles à déplacer sont aussi courants. Bien des gens doivent se contenter de ces matelas remplis de paille ou de plumes pour dormir. Enroulés et mis de côté le jour, ils sont déroulés et étendus la nuit. Si dormir sur un matelas de paille semble inconfortable, dans les endroits publics les conditions sont souvent pires. Dans beaucoup d'auberges du XVIIIe siècle, les clients dorment sur la paille, à même le sol.

Une autre façon de palier le manque d'espace consiste à utiliser des tables pliantes. Les registres indiquent qu'un propriétaire n'a pas moins de cinq tables du genre dans sa salle à manger. Certaines chaises peuvent aussi être empilées pour gagner de l’espace. Toutes les chaises ne sont pas empilables, mais les modèles sans bras à siège en paille ou canné s'empilent facilement. Un autre propriétaire de Louisbourg garde quatorze chaises en paille dans une chambre à coucher. Un troisième en garde dix-huit dans son antichambre.

Au chapitre de l'ameublement, la nécessité est souvent la mère de l'invention. Des tapisseries sont suspendues aux murs ou utilisées comme tapis, comme nappes ou même comme couvertures. Bien entendu, n’importe quoi ou presque peut faire office de couverture. Un marin se sert d'une lourde cape doublée. Une autre personne utilise un mince matelas.

Lorsqu'un meuble en particulier est impossible à obtenir ou trop cher, les habitants de Louisbourg n'ont pas d'autre choix que d’innover.

LA CHALEUR DU FOYER

Imagine un moment que la nuit est froide et que tu vis dans une maison sans chauffage central. I1 n'y a donc pas de calorifère à eau chaude ni de bouches d'air chaud. Comment faire alors pour rester au chaud?

Au XVIIIe siècle, la source de chaleur la plus commune est le foyer. Un feu peut produire beaucoup de chaleur, mais une bonne partie de cette chaleur s'échappe par la cheminée. Et plus on s'éloigne du feu, plus l'air est froid. Alors, comment les gens du XVIIIe siècle se tiennent-ils au chaud lorsqu'ils se trouvent loin du feu ou dans une pièce sans foyer?

À Louisbourg, le poêle en brique constitue la solution la plus populaire au problème du chauffage. Les briques sont disposées de façon à former une sorte de boite (le poêle) à laquelle sont fixés une porte en fer, une plaque et un tuyau. Ce genre de poêle est installé de façon temporaire. I1 peut être construit l'automne et démonté le printemps suivant. Des poêles tout en fonte sont aussi utilisés, mais ils coûtent plus cher que ceux en brique.

Un Français du XVIIIe siècle en visite au Canada déclare qu'en dépit d'un climat plus froid, la Nouvelle-France offre des conditions de vie plus agréables que la mère patrie à cause des poêles qui y sont très répandus.


UN OBSERVATOIRE ASTRONOMIQUE

En plus de jouer un rôle important dans l'histoire du Canada, Louisbourg a contribué au développement des sciences au pays. Le premier observatoire astronomique du Canada a été construit à Louisbourg en 1750.

UN JEUNE ASTRONOME ET SA MISSION

En 1750, un jeune astronome français de 26 ans répondant au nom de Joseph-Bernard Chabert de Cogolin débarque à Louisbourg. Sa mission est de corriger les cartes représentant ce qui est aujourd'hui le Canada atlantique. Même s’il reste à Louisbourg un an et demi à peine, Chabert de Cogolin réussit à accomplir sa mission et à établir ce qui va être le premier observatoire au pays.

Chabert de Cogolin naît à Toulon, sur la côte de la Méditerranée, en 1724. I1 s'engage dans la marine en 1741 à l'âge de 17 ans et finis vice-amiral en 1792.

Chabert de Cogolin fait un premier voyage en Nouvelle-France en 1746, alors qu'il est navigateur au sein de la malheureuse expédition d'Enville. De retour en France à la fin de 1746, le jeune Chabert de Cogolin signale que les cartes des côtes de l'Amérique du Nord ne sont pas aussi précises qu’elles pourraient l'être. I1 suggère qu'on lui confie la charge de les définir. En 1750, le ministre de la Marine autorise le jeune astronome à retourner dans les colonies pour commencer à corriger les cartes françaises.

L'ÉQUIPEMENT ET L'ARRIVÉE

Pour aider Chabert de Cogolin dans son travail de cartographic, le ministre de la Marine met à sa disposition un navire, un assistant et toute une gamme d'instruments de navigation et d'astronomie. En tout, Chabert de Cogolin apporte pas moins de huit télescopes. Six sont des instruments à objectif dont la distance focale varie d'un à six mètres. I1 dispose aussi d'un télescope de Gregory à miroir dont la distance focale est d'un mètre environ, ainsi que d'une horloge marquant les secondes, de globes terrestres, de cartes des étoiles et d'un octant.

En juin 1750, ses nombreux instruments soigneusement rangés, Chabert de Cogolin quitte Brest à bord de la frégate La Mutine. Son assistant est le chevalier de Diziers-Guyon, renommé pour sa connaissance de la géométrie.

Peu après son arrivée à Louisbourg, Chabert de Cogolin installe ses instruments d'astronomie dans le jardin du gouverneur. L'endroit est mal choisi, car l'intensité du froid ne lui permet pas de travailler en plein air. I1 considère qu'il lui faut une structure spéciale. Comme il loge dans les casernes du bastion du Roi, il décide de se faire construire un petit bâtiment destiné à servir d'observatoire. Décrit comme une cabane en bois, ce bâtiment se trouve sur le flanc est du bastion du Roi. Un entrepreneur est chargé de la menuiserie des joints, de la serrurerie et de la vitrerie.

POURQUOI LOUISBOURG?

Pourquoi Chabert de Cogolin établit-il son observatoire à Louisbourg alors que ce port de mer a la réputation d'être très brumeux?

Même s'il est vrai qu’il vaut mieux construire un observatoire au sommet d'une montagne plutôt que sur une côte brumeuse, Chabert de Cogolin choisit Louisbourg en raison de son importance en tant que port de mer du Nouveau-Monde. Étant donné que Louisbourg est le premier port d'escale de beaucoup de navires français à destination de 1'Amérique du Nord, il faut que son emplacement géographique soit précisé le mieux possible.

Pour compléter les observations faites à Louisbourg, Chabert de Cogolin et Diziers-Guyon visitent d'autres endroits dans la région, tentant de déterminer la latitude et la longitude exactes de chacun.

LES OBSERVATIONS DE CHABERT DE COGOLIN

Pendant plus d'un an, Chabert de Cogolin et son assistant se livrent à des observations astronomiques à Louisbourg. En septembre 1751, ils rentrent en France. Peu après, Chabert de Cogolin correspond avec de nombreux astronomes européens dans le but de comparer les observations qu'il a faites à l’Île Royale avec celles qui ont été faites ailleurs. Les découvertes d'un astronome anglais à Greenwich, Angleterre, lui sont particulièrement utiles.

Deux ans après le retour de Chabert de Cogolin en France, l'Académie royale des sciences de France publie un rapport sur ses découvertes à Louisbourg. Ce rapport est très précis et la contribution de Chabert de Cogolin est fort appréciée.

L'OBSERVATOIRE DE LOUISBOURG

Même si l'observatoire en bois bâti sur le bastion du Roi est construit pour répondre aux besoins spécifiques de Chabert de Cogolin, il n'est pas détruit après le retour de l'astronome en France. Neuf mois plus tard, en juin 1752, un ingénieur et cartographe accompli de Louisbourg, Pierre Boucher, utilise la structure à son tour. D'autres représentants du gouvernement possèdent aussi un télescope et utilisent sans doute l'observatoire.

LA LATITUDE ET LA LONGITUDE

Chabert de Cogolin fait de nombreuses observations scientifiques pendant son séjour à Louisbourg. I1 note divers détails sur le climat, les marées, les étoiles et la lune. La raison principale de son séjour est cependant de déterminer la longitude exacte de la capitale de l'Île Royale. D'après les cartographes et les géographes d'Europe et d'Amérique du Nord le jeune astronome réussit à accomplir sa mission.

Qu'est-ce que la longitude? Pour trouver la réponse à cette question, regarde une carte.

Note d'abord les lignes horizontales qui sont parallèles à l'équateur. Ce sont des lignes de latitude. La latitude est exprimée en degrés, nord ou sud, par rapport à l'équateur. Par exemple, Louisbourg se trouve à environ 46 degrés de latitude nord. Les navigateurs du milieu du XVIIIe siècle peuvent déterminer la latitude à partir du soleil de midi ou des étoiles en s'aidant d'instruments appelés octants ou sextants.

Examine maintenant les lignes qui vont de bas en haut, du Pôle Nord au Pôle Sud. Ce sont les lignes de longitude. La première de ces lignes passe par Greenwich, Angleterre. Toutes les autres lignes de longitude sont situées à l'est ou à l'ouest par rapport à la ligne de Greenwich (qui sert, comme l'équateur, de point zéro). Louisbourg, par exemple, est à environ 60 degrés à l'ouest de Greenwich.

En déterminant à quel endroit les lignes de latitude et de longitude se croisent, on peut trouver n'importe quel point sur la surface de la terre, car aucune position n’a les mêmes coordonnées.

Dans les années 1750, cependant, les scientifiques et les navigateurs ne savent pas encore comment obtenir la longitude exacte d'un endroit. Les nations maritimes, comme l'Angleterre, la France, la Hollande et l'Espagne ont hâte de trouver la solution à ce problème, car alors, les capitaines et les navigateurs pourront noter leur position avec plus de précision lorsqu’ils voyagent dans l'axe est-ouest. D'importantes récompenses sont offertes à quiconque pourra trouver une méthode fiable de déterminer la longitude. Joseph-Bernard Chabert de Cogolin vient à Louisbourg dans le but d'essayer de résoudre ce problème de longue date.


LA SANTÉ ET LA MALADIE

Les normes de santé sont beaucoup moins élevées au XVIIIe siècle qu’elles ne le sont maintenant. Cela est dû en partie au fait que les médecins de l’époque n'en savent pas autant sur la propagation des maladies et des infections. Les normes de propreté ne sont pas non plus aussi élevées. De plus, les gens du XVIIIe siècle vivent dans la crainte de maladies, comme la variole, qui ne constituent plus une menace de nos jours. Enfin, les veins de santé ne sont pas très bien organisés.

LES MALADIES CONTAGIEUSES

Les ports de mer comme Louisbourg sont particulièrement vulnérables aux maladies contagieuses parce qu'ils accueillent jusqu'à cent navires ou plus chaque année. Souvent, quelques membres d'équipage au moins sont malades. Étant donné que Louisbourg est un centre de commerce, certains marins y transportent des maladies contractées en Europe, dans les Indes occidentales ou même en Extrême-Orient.

La maladie la plus grave est la dysenterie. Au moment où les troupes de la Nouvelle-Angleterre occupent Louisbourg en 1745-1746, plus de 1 000 soldats meurent du «flux sanguinolent». Et puis il y a la variole. Louisbourg voit débarquer des porteurs de variole à au moins deux reprises dans son histoire. La première épidémie grave a lieu en 1732-1733. Le taux des décès dans la ville triple alors et beaucoup des victimes sont des enfants. En 1755, la variole frappe de nouveau Louisbourg.

Heureusement, un vaccin efficace contre la variole commence d'être développé au milieu du XVIIIe siècle. Selon l'Organisation mondiale de la santé, la variole est complètement disparue en 1977.

Même quand la variole ne fait pas de ravages à Louisbourg, le taux de mortalité reste élevé chez les jeunes à cause des autres maladies infectieuses et des pratiques non hygiéniques. Environ un enfant sur cinq né à Louisbourg meurt avant d'avoir atteint l'âge de douze ens. Cependant, ce taux de mortalité est inférieur à celui que connait l' Europe au XVIIIe siècle. En France, il est généralement accepté qu'un enfant sur quatre n'atteindra jamais l'âge d'un an.

LES PRÉCAUTIONS CONTRE LES ÉPIDÉMIES

Dans le but d'empêcher les maladies contagieuses de se propager à Louisbourg, les responsables du port inspectent les navires en provenance d'endroits où sévissent la variole et d'autres maladies. Quand une maladie du genre atteint Louisbourg on prend des mesures pour isoler les malades afin que les autres ne soient pas exposés. Tous les navires doivent présenter un rapport sur la santé de leurs passagers et de leur équipage.

En plus de la dysenterie en 1745-1746 et de la variole en 1732-1733 et en 1755, le typhus frappe Louisbourg en 1757. On y enregistre même un décès dû à la fièvre jaune, une maladie des tropiques.

En général, les gens qui meurent de maladies contagieuses ne sont pas enterrés dans le cimetière de la ville, mais dans des fosses d'urgence creusées à l'extérieur des murs.

LES MALAISES COURANTS

Des malaises courants tels le rhume et la grippe frappent aussi les habitants du XVIIIe siècle. Parmi les autres maladies du genre se trouvent les maux de dents, les abcès et les ulcères. Les riches habitants de Louisbourg se rendent parfois en France «prendre les eaux» (minérales) afin d'améliorer leur santé. Comme le climat sur l’Île Royale est plus humide et plus froid qu'en France, beaucoup attribuent leurs problèmes respiratoires et leurs rhumatismes aux longs hivers.

L'HYGIÈNE PUBLIQUE ET PERSONNELLE

Les normes d'hygiène du XVIIIe siècle sont en grande partie inacceptables de nos jours. S'ils se lavent régulièrement les mains et la face, les gens de l'époque prennent rarement un bain et les douches n’existent pas. En général, ils ont peur de se plonger dans l’eau parce qu’ils craignent de prendre froid ou d'attraper des infections. Les registres du tribunal de Louisbourg citent le cas d'une femme de 50 ans qui, après être tombée dans un puits, a déclaré que c'était la première fois de sa vie qu'elle se baignait.

À cause de cette réticence à prendre des bains, beaucoup de gens sentent très fort. Les riches, hommes et femmes, portent du parfum pour déguiser leur odeur.

LA MÉFIANCE À L'ÉGARD DE L'EAU POTABLE

De nos jours, l’eau est une chose acquise: il suffit de tourner le robinet et voilà, l'eau jaillit, chaude ou froide. À Louisbourg au XVIIIe siècle, cependant, ce n'est pas si simple. L'eau utilisée pour cuisiner, laver ou boire doit être tirée au puits. Certains ont la chance d'avoir un puits sur leur propriété, mais beaucoup doivent se contenter de puits publics. Quoi qu'il en soit, l'eau ainsi puisée est parfois dangereuse à boire parce qu'elle est polluée, souvent en raison de la trop grande proximité des latrines ou toilettes extérieures. Étant donné qu’on ne vérifie pas s'il y a des bactéries dans l’eau de Louisbourg et qu’on ne la traite pas non plus pour la rendre potable, il arrive que les gens tombent malades.

Même si les habitants de la ville se rendent compte que l'eau contaminée contribue à répandre les maladies, ils ne comprennent ni comment ni pourquoi, car les bactéries n'ont pas encore été découvertes. Néanmoins, ils en savent assez pour se montrer prudents et ils boivent souvent de la bière d'épinette à la place de l’eau. La bière d'épinette est fabriquée à l' aide d'eau bouillie, de bourgeons d'épinette et de mélasse, et a une très faible teneur en alcool.

LES MÉDECINS AU XVIIIe SIECLE

Un docteur en médecine est une personne qui tente de guérir les malades et les blessés. Au XVIIIe siècle, il existe deux types de docteurs en médecine: les chirurgiens et les médecins. Les «chirurgiens» s'occupent des problèmes externes, comme les ulcères, les blessures ou les fractures, tandis que les «médecins» traitent les maladies internes. Les médecins sont beaucoup mieux considérés que les chirurgiens et ils sont aussi mieux payés. Leurs méthodes de traitement favorites comprennent les «saignées» et les «infusions» (remèdes liquides). Les chirurgiens, par ailleurs, font des opérations ou appliquent des remèdes externes.

Durant les 45 années d'histoire de l'Île Royale, on compte plusieurs dizaines de chirurgiens à Louisbourg et dans les autres établissements français de l'ile, mais pas un seul médecin.

LES CHIRURGIENS ET LA CHIRURGIE

On trouve à Louisbourg des chirurgiens militaires et civils. Les chirurgiens civils s'occupent des habitants de la ville, réparant les membres cassés et traitant un grand nombre de maux et de maladies.

Les chirurgiens militaires soignent les soldats. Ils exercent de nombreuses fonctions, dont prodiguer des soins d'urgence, raser les hommes, faire entrer les soldats à l'hôpital et les en faire sortir, les visiter toutes les semaines et donner des certificats d'invalidité à ceux qui ne peuvent plus servir dans la colonie. Comme les chirurgiens militaires s’occupent des troupes du Roi, c'est le Roi qui paie leur solde et qui leur fournit les instruments et les médicaments dont ils ont besoin.

L'HÔPITAL DU ROI

Le deuxième plus gros édifice à Louisbourg est l'hôpital du Roi, une structure en maçonnerie à deux étages. L'hôpital a un périmètre de près de 200 mètres et une flèche d'environ 12 mètres. I1 contient quatre salles pouvant accueillir une centaine de lits. On y trouve quelques chambres privées, une cuisine, une buanderie, une chapelle, une boutique d'apothicaire, une morgue et des latrines. À l'extérieur du bâtiment principal se trouvent une terrasse et des jardins, une écurie, un hangar à bois et une boulangerie. L' ensemble du complexe occupe tout un pâté de maison.

Même si l’hôpital a été construit et payé par le Roi (le gouvernement), il est exploité par un ordre religieux, celui des frères de la Charité de Saint-Jean de Dieu, plus communément appelés les frères de la Charité.

La plus grande partie de l'hôpital de Louisbourg est équipée de façon adéquate. I1 y a parfois pénurie de draps et de rideaux de lit propres, en plus de problèmes de ventilation et d'éclairage, mais ces difficultés finissent par être réglées. Les fonctionnaires qui administrent l'édifice surveillant son coût d'exploitation de près.

Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, les femmes n'ont pas leurs bébés à l’hôpital. Elles accouchent à la maison aidées d'une sage-femme ou d'un chirurgien. Dans les années 1750, Louisbourg profile des services d'une sage-femme officielle qui reçoit un salaire annuel du Roi.

LA CONDITION PHYSIQUE - LES JEUX

Une façon facile et agréable de rester en santé consiste à s'adonner à des sports et à des jeux. Les enfants du XVIIIe siècle n'ont pas autant de choses à leur disposition que les garçons et les filles d'aujourd'hui. Ils s'amusent néanmoins beaucoup avec les jeux de leur temps. Même si le hockey, le soccer, le basketball ou le baseball n’existent pas encore comme tels au XVIIIe siècle, certains des jeux et des passe-tamps de cette époque sont restés presque inchangés depuis.

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