Parks Website Design and Content © by Eric Krause, Krause House Info-Research Solutions (© 1996)
All Images © Parks Canada Unless Otherwise Designated

  Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

Presents/présente
PARKS CANADA ~ PARCS CANADA
CAPE BRETON ~ LE CAP-BRETON
---------------------------------
Lieu historique national du Canada 
de la Forteresse-De-Louisbourg: 
plan directeur ~ 2001

Les Parks Nationaux et Les Lieux Historiques Nationaux du Canada
The National Parks and National Historic Sites of Canada

Juin 2001

1.0 Introduction

1.1 L'HÉRITAGE

Construite par suite d'une guerre, Louisbourg subit une défaite au cours d'une deuxième guerre, puis fut rasée au terme d'une troisième, pour être ensuite partiellement reconstruite au xxe siècle, et devenir un symbole de l'identité canadienne.

Les Français arrivèrent à Louisbourg en 1713, à la fin de la guerre de la Succession d'Espagne, après avoir dû céder Terre-Neuve et la partie continentale de la NouvelleÉcosse. Au départ, Louisbourg était le port à partir duquel les Français pratiquaient la pêche de la morue, activité alors fort lucrative en Amérique du Nord. La population de la ville augmenta et Louisbourg, qui avait l'étoffe d'un centre d'activité commerciale, devint l'un des principaux centres urbains de la Nouvelle-France.

Dans les années 1730, plus de 150 navires provenant de France, de Nouvelle-Angleterre, des Antilles et d'ailleurs faisaient escale à Louisbourg, en faisant le port le plus animé d'Amérique du Nord. Dans les années 1740, entre 2 500 et 3 000 personnes vivaient toute l'année à Louisbourg, mais ce chiffre augmentait de plusieurs centaines pendant la saison de navigation. Louisbourg était une ville cosmopolite, dont la population diversifiée changeait constamment. On y côtoyait des Basques, des Irlandais, des Acadiens, des Noirs et des Autochtones, sans compter le va-et-vient continuel des marchands de la Nouvelle-Angleterre qui vendaient des produits en provenance des colonies britanniques ou d'ailleurs.

LsbgMP1.gif (13182 bytes)

LsbgMP2.gif (9466 bytes)

IMAGE 1. 
Port de Louisbourg, vers 1744; 
peinture de Lewis Parker

    

IMAGE 2. 
Soldat montant la garde 
à la Porte Dauphine

 En plus d'être un port de pêche et une plaque tournante du commerce, Louisbourg devint le centre administratif de la colonie de l'île Royale (île du Cap-Breton) et le bastion militaire français du Canada atlantique. La ville prit de l'expansion autour du port, bien au-delà de son enceinte, à mesure que des pêcheurs revendiquèrent les propriétés riveraines et que les marchands, commerçants et propriétaires de taverne leur emboîtèrent le pas. Place forte dotée de défenses périphériques comme les batteries Royale et de l'Isle, Louisbourg était parmi les villes coloniales les mieux défendues du continent. On aurait dit une ville fortifiée européenne (CARTE 1).

wpe32.jpg (52121 bytes)

CARTE 1. 
LIEU HISTORIQUE NATIONAL DU CANADA 
DE LA FORTERESSE-DE-LOUISBOURG
1734 - La ville fortifiée et les propriétés sur la côte nord
 
Le mode de peuplement dans la ville fortifiée différait de celui de la région avoisinante, mais les deux zones étaient régies par des directives strictes et les gens s'installaient sur des concessions arpentées avec soin.

En 1745, après 30 ans de paix et de prospérité, la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Angleterre unirent leurs efforts pour assiéger et prendre Louisbourg. Une armée d'occupation investit la ville, et ses habitants furent déportés en France. Trois ans plus tard, les Britanniques rendirent le Cap-Breton à la France aux termes d'un traité. En 1758, les Britanniques s'emparèrent de nouveau de Louisbourg et démolirent la plupart de ses fortifications en 1760.

En 1768, quand la garnison britannique quitta les lieux, Louisbourg n'était plus, au dire du gouverneur de la Nouvelle-Écosse, qu'une ville en ruines. Même si des colons anglophones s'établirent par la suite dans la région et relancèrent la pêche, le gros de la population se déplaça vers le nord du port. L'ancienne ville fortifiée devint alors la Vieille ville, où l'on trouvait quelques maisons ici et là, des animaux en pacage et des ruines.

Très tôt, on manifesta un intérêt pour la reconnaissance de l'importance historique de Louisbourg. Les Français furent les premiers et, dès 1720, ils placèrent des médailles commémoratives dans les murs de certains bâtiments. Plus tard, en 1767, Samuel Holland fit installer le premier monument commémoratif postérieur à l'occupation des Français, aujourd'hui disparu. Au cours de la deuxième moitié du xixe siècle, le Canada et d'autres pays témoignèrent leur intérêt pour la reconnaissance et la préservation des vestiges du passé. C'est ainsi que, en 1895, une organisation américaine, la Society of Colonial Wars, fit placer un monument à Louisbourg à l'occasion du 150e anniversaire du siège de 1745.

Plusieurs Canadiens s'intéressèrent à Louisbourg à la suite de l'installation de ce monument. Le sénateur Pascal Poirier expliqua au Sénat combien il était regrettable que la région n'appartînt ni au gouvernement néo-écossais ni au gouvernement canadien. Il visita le site en 1902, au nom de la Société royale du Canada, et demanda au gouvernement d'en préserver au moins les vestiges.

Au cours de la décennie suivante, d'autres particuliers et organisations proposèrent de souligner l'importance de l'histoire de l'endroit. Le capitaine D.J. Kennelly, industriel irlandais qui devint directeur général de la Sydney and Louisbourg Coal Railway Company, fut l'un d'entre eux. Il lança, en 1903, une campagne internationale sous les auspices du Louisbourg Memorial Fund. La société acheta le terrain où se trouvaient les ruines les plus importantes, recueillit des fonds pour leur stabilisation et, en 1906, la Province adoptait la loi qui faisait de Louisbourg un monument historique du Dominion du Canada.

Peu après, J.S. McLennan, industriel retraité et éditeur du Sydney Post, entama des démarches auprès du gouvernement du Canada pour la sauvegarde de Louisbourg. Dans un discours adressé à la Nova Scotia Historical Society, M. McLennan déclara que la préservation des lieux historiques était une tâche trop importante pour le secteur privé ou des coentreprises et que ces lieux perdraient de leur importance à moins que la population n'y participe par le truchement de son gouvernement.

Lorsque la Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) vit le jour en 1919, investie de la mission de conseiller le ministre de l'Intérieur sur la sauvegarde de lieux historiques d'importance nationale, le dossier de Louisbourg fut l'un des premiers à être examinés. La Commission discuta de Louisbourg à maintes reprises au cours des 20 années suivantes en étroite collaboration avec les responsables de la Direction des parcs. La Commission mit d'abord l'accent sur la protection des ruines de Louisbourg, puis sur leur reconnaissance. 

En réponse aux avis de la Commission, la Direction des parcs commença à acheter des terres à Louisbourg en 1921. En 1923, les deux députés des Maritimes, le major J. Plimsoll Edwards et John Clarence Webster, formèrent un sous-comité spécial chargé de faire rapport sur Louisbourg. Ils recommandèrent à la Commission de se porter acquéreur de tout le site historique de Louisbourg, et d'essayer de mettre de l'ordre dans les fortifications. Pendant toute cette période, la Commission travailla avec des personnes comme J.S. McLennan. Cette collaboration déboucha en 1926 sur le dévoilement de quatre plaques commémoratives bilingues au phare, au demi-bastion Dauphin et au bastion du Roi.

En 1927, Henri Bourassa, célèbre nationaliste, journaliste et homme politique québécois, visita Louisbourg en compagnie de nombreux Canadiens français du Québec et de l'Ontario. M. Bourassa avait visité Louisbourg trente ans plus tôt. Attristé par la détérioration des ruines depuis sa première visite, M. Bourassa promit d'aborder au Parlement la question de la sauvegarde du site historique de Louisbourg. L'année suivante, il prit la parole devant la Chambre des communes pour se plaindre de l'état d'abandon lamentable de Louisbourg et de la nécessité de nettoyer et de protéger l'endroit.

Dans les années 1930, la Direction des parcs commença à planifier l'avenir de Louisbourg. Le compte rendu de la réunion de la CLMHC de mai 1930 soulignait le besoin d'établir un plan d'aménagement détaillé. Un sous-comité local fut alors formé et investi du mandat de conseiller la Commission sur Louisbourg. Le sénateur McLennan et Melvin S. Huntington, maire de Louisbourg, en étaient membres.

À cette époque, la Direction des parcs avait acheté la majorité des terres privées du site de l'ancienne ville fortifiée de Louisbourg. La CLMHC recommanda la mise au jour de certaines parties de bâtiments et la reconstruction des murs des structures jusqu'à une hauteur de plusieurs pieds. Elle examina également la question des richesses culturelles que renfermaient les eaux du port de Louisbourg et discuta de la reconnaissance des cimetières de Louisbourg, en collaboration avec d'autres organisations. En 1936, le gouvernement fédéral ouvrit un musée sur les lieux, et nomma Katharine McLennan, fille de J.S. McLennan, conservatrice honoraire.

Vers 1940, la Direction des parcs avait acheté de nouvelles terres, et Louisbourg était devenue officiellement le parc historique national de la Forteresse-de-Louisbourg, à la suite d'une campagne menée par Albert Almon, passionné d'histoire du Cap-Breton. Le parc englobait alors l'ancienne ville, l'île Battery et la batterie Royale. Il finit par comprendre une grande partie de la superficie occupée par les ouvrages de siège construits pendant les attaques de 1745 et 1758. Cette mesure assurait la protection de l'un des paysages de siège du xviiie siècle les mieux préservés et les plus impressionnants en Occident, un trésor archéologique incomparable.

En 1961, le gouvernement du Canada accepta la recommandation de la Commission royale d'enquête sur la houille, selon laquelle la reconstruction symbolique de la forteresse fournirait de l'emploi, en plus de stimuler l'industrie du tourisme ainsi que la région sur le plan culturel et intellectuel. La reconstruction rend hommage à J.S. McLennan, Pascal Poirier et d'autres qui, inspirés par le rôle du lieu dans l'histoire, ont demandé sa commémoration.

Parallèlement, la Forteresse-de-Louisbourg était devenue un symbole pour tout le pays, un témoignage des qualités et du dévouement de ceux qui avaient demandé sa protection, une affirmation de l'identité canadienne et une composante du patrimoine national. Elle rend hommage à la confiance avec laquelle les Canadiens ont célébré le premier centenaire de leur pays, reconnaît le passé et témoigne de la confiance en l'avenir.

1.2 INTÉGRITÉ COMMÉMORATIVE

L'un des objectifs fondamentaux de Parcs Canada pour ce qui est du Programme des lieux historiques nationaux est d'assurer l'intégrité commémorative des lieux historiques nationaux qu'il administre et, à cette fin, de les protéger et de les mettre en valeur pour le public canadien, avec tous les égards que mérite l'héritage irremplaçable que représentent ces lieux et leurs richesses. Les plans directeurs des lieux historiques nationaux visent avant tout à en préserver l'intégrité commémorative et à assurer l'application des principes et des pratiques de gestion des ressources culturelles.

L'intégrité commémorative désigne l'état ou l'intégrité d'un lieu historique national. Un lieu historique national possède une intégrité commémorative quand :

  • les ressources qui symbolisent ou qui représentent son importance sont intactes ou ne sont pas menacées;

  • les motifs qui justifient son importance historique nationale sont clairement expliqués au public;

  • la valeur patrimoniale du lieu est respectée dans toutes les décisions et interventions ayant une incidence sur le lieu.

Voici une version abrégée de l'Énoncé d'intégrité commémorative approuvé.

Motifs justifiant l'importance historique nationale de la Forteresse-de-Louisbourg - Énoncé des objectifs de commémoration

L'énoncé des objectifs de commémoration renferme les motifs justifiant l'importance nationale du lieu aux yeux de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada et est approuvé par le Ministre.

La Forteresse-de-Louisbourg compte une multitude et une incroyable diversité de ressources culturelles. Le développement de Louisbourg en tant que ville militaire fortifiée, centre de l'activité commerciale maritime de la colonie et capitale cosmopolite des possessions françaises sur la côte est a laissé à la postérité d'innombrables sites archéologiques. Outre les vestiges archéologiques de l'ancienne ville, on compte en dehors de l'enceinte des centaines de sites archéologiques connus associés à l'activité militaire française et à l'activité commerciale et interne ainsi qu'aux sièges de 1745 et de 1758. La capacité du lieu d'évoquer des images puissantes du passé par le truchement de ses richesses culturelles et de ses paysages est demeurée pratiquement intacte.

On compte dans le port et aux alentours plusieurs épaves documentées datant du xviiie siècle. Les navires reposant dans le port ont été coulés pendant le siège de 1758. Bien qu'elles se trouvent en dehors des limites du lieu, ces épaves soulignent directement l'importance nationale de l'endroit et sont une source de données précieuses sur l'histoire maritime et navale de Louisbourg. 

La CLMHC s'est réunie à plusieurs reprises pour discuter de Louisbourg et de la nécessité de protéger et de reconnaître le lieu, en particulier pendant les années 1920 et 1930. Ses discussions portaient surtout sur l'importance militaire du lieu et la nécessité de protéger les vestiges. Son intérêt transparaît dans les premières commémorations recommandées au ministre de l'époque, comme le demi-bastion Dauphin, le débarcadère de Wolfe et le bastion du Roi. En 1928, quand la Forteresse-de-Louisbourg fut classée lieu historique national, on ne possédait aucun compte rendu des débats de la Commission indiquant son intention de commémoration. Plus tard, dans les années 1970, la CLMHC a approuvé l'inscription d'une plaque relatant davantage l'histoire générale du lieu. On peut la voir à l'extérieur du centre d'accueil. 

Il n'existe donc aucune recommandation de la Commission faisant part de son intention de commémorer Louisbourg. On peut toutefois avoir une bonne idée de cette intention en consultant les comptes rendus généraux de ses délibérations, en particulier ceux des débuts de la Commission où la commémoration a été abordée pour la première fois. On met l'accent sur l'histoire militaire anglo-française du lieu et sur les vestiges qui reflètent cette histoire. 

Toute l'information susmentionnée a permis de rédiger l'Énoncé des objectifs de commémoration qui reflète l'importance nationale du lieu et jette les bases des messages d'importance nationale à communiquer aux visiteurs et au public. 

La Forteresse-de-Louisbourg revêt une importance historique nationale car, entre 1713 et 1768, elle occupa une place centrale dans la lutte acharnée que se livrèrent Français et Britanniques pour édifier leur empire colonial. 

Dans cette lutte, ce qui explique le rôle de Louisbourg, assiégée et capturée en 1745 et 1758, c'est sa situation de capitale de la colonie de l'île Royale, place-forte de la plus haute importance pour les Français et leur principal centre de pêche et entrepôt commercial en Amérique du Nord.

PARTIE UN

Les ressources qui symbolisent ou qui représentent l'importance historique nationale du lieu sont intactes ou ne sont pas menacées.

Les ressources d'importance historique nationale témoignent du rôle essentiel de Louisbourg à l'époque. Il s'agit de ressources culturelles de niveau 1 selon la Politique sur la gestion des ressources culturelles, puisqu'elles concourent à l'objectif de commémoration de Louisbourg.

a) Endroit désigné

L'endroit désigné s'entend de l'endroit désigné par la Commission, quels qu'en soient le propriétaire actuel ou la compétence territoriale. L'endroit désigné peut donc être plus vaste ou plus petit que le lieu historique national même.

Dans la perspective de l'objectif de commémoration de la Commission, l'endroit désigné se trouve en grande partie à l'intérieur des limites actuelles du lieu. Parmi les secteurs manquant, de façon générale, mentionnons une partie de la ville moderne de Louisbourg adjacente à la partie terrestre du domaine qui ceinture le port d'ouest en est, et le port lui-même. L'endroit désigné comprendrait les zones côtières et les régions immédiates de l'arrière-pays, comme l'indique la carte intitulée Endroit désigné (CARTE 2).

wpe41.gif (15630 bytes)

CARTE 2.

Il est impossible de comprendre parfaitement l'endroit désigné sans se reporter au contexte et à l'importance locale et régionale de la Forteresse-de-Louisbourg. Sur le plan militaire, la ville fortifiée était la sentinelle des abords du golfe du Saint-Laurent, principale route de transport maritime vers le Québec et l'intérieur du pays. Située sur un territoire cédé à la France aux termes du traité d'Utrecht (1713), la ville fortifiée faisait pendant à l'influence britannique croissante dans la région continentale de la Nouvelle-Écosse, que la France avait dû céder à la Grande-Bretagne en vertu du même traité. La ville fortifiée aidait également à protéger les pêches lucratives et le commerce outre-mer, fondement économique de Louisbourg et d'importance vitale pour la France. Sur le plan local, le port était un atout pour la ville fortifiée. Il offrait en effet une protection contre ce qui aurait pu venir de l'océan Atlantique, n'était jamais pris dans les glaces et se trouvait à proximité des riches bancs de pêche où la morue était abondante. La France fit également de Louisbourg son centre administratif et la capitale de ses possessions sur la côte est (le Cap-Breton et l'Île-du-Prince-Édouard). 

L'endroit désigné comprend les terres et les eaux associées à la présence française et anglaise à Louisbourg de 1713 à 1768. Cette région était au cœur d'une importante activité civile et militaire. L'activité militaire embrassait à la fois les manœuvres de l'armée de terre et de la marine, et l'activité civile incluait à la fois l'activité commerciale et domestique. L'endroit désigné s'étend à l'ouest depuis la région de l'anse Deep à l'est au-delà de l'anse Kennington, et englobe les zones côtières et intérieures jusqu'au port de Louisbourg, se poursuivant au-delà de la pointe du Phare et de l'anse Gun Landing jusqu'au cap Lorraine. Les vestiges archéologiques de ces activités abondent dans la région, depuis ceux de la ville fortifiée elle-même jusqu'aux vestiges de centaines de bâtiments, d'ouvrages, de rues, de quais, de fortifications, de murs, etc. La ville s'étendait au-delà des fortifications et comprenait un secteur appelé le Fauxbourg (en bordure de mer à l'extérieur de la porte Dauphine) et la côte nord (vers la ville moderne de Louisbourg), où se trouvaient les concessions des pêcheurs, les entrepôts et les tavernes qui prospéraient, reliés entre eux par un réseau routier. C'est dans cette région que les Français construisirent la batterie Royale, fortification auxiliaire d'importance majeure qui protégeait le port contre les assaillants. L'endroit désigné se poursuit autour du port et inclut la partie orientale où se trouvaient jadis les bassins de carénage, à l'anse Careening, et le premier phare construit au Canada.

L'endroit désigné embrasse également la vaste région où se déroulèrent les manœuvres militaires et navales pour la défense et le siège de Louisbourg. C'est là que se trouvent les principaux points d'accostage à l'ouest et à l'est de la ville fortifiée comme l'anse Kennington et l'anse Gun Landing, les ouvrages défensifs côtiers français, par exemple, des fortifications de terre comme à l'anse Kennington et à la pointe Flat, et tous les ouvrages de la guerre de siège associés aux offensives menées en 1745 et en 1758 par les Britanniques, et notamment des campements, des routes, des batteries, des ouvrages de siège, des avant-postes, etc. Si l'on considère l'ensemble, ces richesses culturelles représentent le site impressionnant d'un champ de bataille du xviiie siècle, qui n'a pas son pareil ailleurs au Canada. Le port de Louisbourg est parfaitement intégré à l'endroit désigné en raison de l'activité navale qui s'y est déroulée au cours des sièges et du nombre d'épaves de navires envoyés par le fond précisément lors du siège de 1758. De même, l'île Battery, située à l'embouchure du port, a joué un rôle important dans la défense du port contre les attaques navales.

Les perspectives autour du port et vers le large étaient d'une importance cruciale pour assurer la défense de la place-forte. La ville fortifiée, la batterie Royale, l'île Battery et d'autres batteries offraient une excellente protection contre toute force navale ennemie avançant dans le port. Sur le continent, les perspectives depuis la ville fortifiée vers les endroits clés comme la plaine de Gabarus et la côte nord revêtaient également une importance défensive. La région autour de la forteresse était très différente au xviiie siècle de ce qu'elle est aujourd'hui, car le paysage était dénudé sur des kilomètres pour des raisons stratégiques - la ligne de vision et la ligne de feu - et le besoin de matériaux de construction et de bois de chauffage.

Valeur historique

La valeur historique de l'endroit réside dans les attributs liés à la présence de ressources culturelles de niveau 1 qui concourent à illustrer la période de 1713 à 1768 à Louisbourg. Plus précisément, ces ressources culturelles de niveau 1 sont les suivantes :

  • les importants vestiges des ressources culturelles de la ville fortifiée,

  • les importants vestiges des ressources culturelles des ouvrages militaires périphériques, des habitations et des établissements commerciaux.

La valeur historique de l'endroit désigné réside dans son association avec le rôle de Louisbourg en tant 

  • que capitale administrative de la colonie de l'île Royale, 

  • que centre de pêche d'importance majeure, 

  • qu'entrepôt commercial,

  • que bastion militaire protégeant le commerce et les pêches des Français et gardant les abords du Saint-Laurent.

Et dans son association avec :

  • son emplacement stratégique,

  • les grands événements géopolitiques du xviiie siècle, et notamment la rivalité franco-anglaise en Amérique du Nord,

  • les idées, les attitudes et les valeurs de la société du xviiie siècle.

Objectifs

L'endroit désigné est sauvegardé quand :

  • les visiteurs et le grand public sont informés et ont une bonne compréhension de l'étendue et de la nature de l'endroit désigné,

  • les visiteurs et le grand public sont informés et ont une bonne compréhension de la nature des vestiges culturels in situ associés à l'endroit désigné au cours de la période de 1713 à 1768,

  • les ensembles de ressources culturelles sont protégés et demeurent intacts, par exemple les champs de bataille,

  • les vestiges matériels de l'activité de la période évoquée sont protégés et mis en valeur,

  • on procède à la planification, à la conception et à la construction des aménagements modernes de manière à éviter toute répercussion négative sur les ressources culturelles de la période évoquée,

  • les activités actuelles et éventuelles, comme l'aménagement et l'entretien des routes et des installations d'accueil, sont surveillées et leurs effets atténués, et elles sont assujetties à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale.

b) Ressources archéologiques in situ (1713-1768)

Elles comprennent les sites terrestres et sousmarins à l'intérieur et au-delà de la ville reconstruite, y compris les sites sous-marins dans l'enceinte et au-delà du port. Les sites terrestres comprennent les vestiges des ouvrages militaires et civils de la ville et à l'extérieur. Les sites sous-marins sont constitués essentiellement d'épaves.

Valeur historique

  • du fait qu'il s'agit d'objets, de constructions et de lieux appartenant à la période évoquée et ayant survécu pratiquement intacts,

  • du fait qu'ils concourent à faire comprendre le rôle de Louisbourg dans la rivalité franco-anglaise, et la place qu'occupait la ville dans la pêche en tant que centre commercial et capitale de l'île Royale.
      

wpe2E.gif (16166 bytes)

IMAGE 3. 
Archéologue au travail

  Valeur patrimoniale

La valeur patrimoniale, quoique importante, ne se rattache pas à l'objectif de commémoration.

  • Louisbourg constitue un site archéologique unique à l'échelle internationale. Le retrait de la garnison britannique en 1768 et la dispersion de la population de la colonie par la suite ont permis aux vestiges archéologiques du xviiie siècle de demeurer intacts, alors que ce n'est pas le cas dans la plupart des centres urbains du xviiie siècle en Amérique du Nord et en Europe occidentale.

  • L'ampleur, l'envergure et la taille des vestiges sont au nombre des attributs évidents du lieu. Ils offrent la possibilité d'enrichir le fonds de connaissances sur une large gamme de sujets du xviiie siècle, entre autres, l'architecture militaire, publique et privée, les manœuvres militaires défensives et offensives, l'architecture navale et maritime, le commerce, la vie quotidienne, les moyens économiques de production, y compris la pêche et les autres entreprises commerciales et industrielles, le type de colonisation, le caractère ethnique, la prospérité et la structure sociale.

  • Nombre des ressources in situ se trouvent pratiquement à la surface du sol ou reposent sur le fond marin. La facilité de lecture qui en découle et leur présence dans un cadre évocateur permettent d'exploiter au maximum la valeur d'interprétation de ces ressources, alors que ce n'est habituellement pas le cas des vestiges archéologiques in situ.

  • La taille, la complexité et le cadre des vestiges in situ ont été et continueront d'être un laboratoire pour la gestion, la protection et la mise en valeur des vestiges archéologiques in situ.

  • L'établissement d'un programme permanent de recherche archéologique, en particulier d'un programme intensif de fouilles sur vingt ans, joue un rôle capital pleinement reconnu dans l'avancement de la discipline de l'archéologie historique au Canada.
      

wpe2B.gif (24695 bytes)

IMAGE 4. 
Les épaves historiques immergées 
sont surveillées par les archéologues 
et les gardes de parc de Parcs Canada. 
Les visites guidées des épaves doivent 
être dûment autorisées.

 

Objectifs

(Les objectifs d'intégrité ne se rapportent qu'à la valeur historique et non à la valeur patrimoniale.)

Les menaces pesant sur les vestiges archéologiques terrestres et sous-marins in situ sont atténuées et les ressources sauvegardées quand :

  • des mesures sont prises pour mieux comprendre les phénomènes marins côtiers, dans le but d'assurer la conservation et la protection permanentes des ressources culturelles contre des phénomènes naturels comme l'érosion,

  • les propriétés physiques et les caractéristiques des ressources culturelles ne risquent pas d'être dégradées par suite d'actes de vandalisme, de fouilles, d'enlèvement ou d'autres activités humaines. Dans le cas des épaves du xviiie siècle du port et audelà, il faudra travailler en collaboration avec la province et avec le capitaine de port pour prendre les mesures requises. Dans le cas des ressources terrestres à l'extérieur des limites du lieu, il faudra obtenir la coopération de la province et des municipalités,

  • des mesures sont prises pour protéger, conserver, inventorier et consigner pour la postérité les vestiges culturels in situ susceptibles d'être menacés par l'érosion côtière, l'élévation du niveau de la mer ou d'autres phénomènes,

  • les recherches et les fouilles ne sont entreprises que dans le cadre de projets de recherche approuvés et à des fins de mise en valeur du patrimoine,

  • des mesures sont prises pour conserver et protéger les ressources culturelles contre des phénomènes naturels comme les cycles de végétation et la régénération de la couverture forestière,

  • on procède au traitement à des fins de conservation de toutes les ressources culturelles terrestres et sous-marines récupérées lorsqu'on dresse l'inventaire et effectue l'évaluation des vestiges culturels terrestres et sous-marins.

c) Collection archéologique (1713-1768)

La collection d'artefacts de Louisbourg est une capsule historique du xviiie siècle, un dossier d'archives d'un milieu historique d'importance majeure au xviiie siècle. Environ 98 p. 100 des objets de la collection de cinq millions d'artefacts proviennent de la période évoquée et comprennent des objets en céramique, en verre et en métal, des matériaux de construction et divers petits objets de fouille.

Valeur historique

Les collections ont une valeur historique :

  • parce qu'elles fournissent un lien direct avec Louisbourg à la période évoquée, un lien renforcé par l'importance des collections et la grande variété des objets qui les composent,

  • parce qu'elles renferment une variété d'artefacts présentant diverses qualités physiques, lesquels comprennent des objets en verre, en céramique, en métal ou en bois ainsi que des spécimens fauniques, 

  • parce que les fouilles archéologiques livrent des renseignements qui replacent les artefacts dans leur contexte.

Objectifs

Les collections archéologiques demeurent intactes et ne sont pas menacées quand :

  • toutes sont conservées dans des conditions sûres et stables,

  • toutes sont conservées dans un environnement à ambiance contrôlée,

  • les collections et les renseignements découlant des fouilles sont mis à la disposition du public à des fins d'information et d'interprétation.

d) Collections muséales (objets de 1713 à 1768)

Environ la moitié des articles des collections McLennan et Almon proviennent de la période évoquée. Parmi les objets, mentionnons une armoire, un tableau et quelques découvertes au sol.

Valeur historique

Les objets de niveau 1 des collections muséales ont une valeur historique :

  • en raison de leur variété et de leurs qualités physiques, qui incluent la diversité des objets, complets et intacts, comme des textiles, qui fournissent un précieux contexte à la recherche et à la mise en valeur du patrimoine,

  • en raison du lien direct avec Louisbourg à l'époque évoquée.

Objectifs

Les objets de niveau 1 des collections muséales demeurent intacts et ne sont pas menacés quand :

  • la sécurité nécessaire est assurée,

  • des mesures de conservation pertinentes sont prises,

  • des vérifications des inventaires sont effectuées selon les normes établies,

  • les conditions ambiantes sont appropriées.

e) Paysages (1713-1768)

Le paysage du lieu historique national renferme de nombreuses ressources culturelles provenant de la période évoquée. L'ensemble du paysage peut être subdivisé de façon pratique en paysages culturels distincts. Dans la présente partie, nous décrivons les paysages culturels de la période évoquée. Il convient de signaler que les constructions, les vestiges archéologiques et les ressources de niveau 1 qui peuvent se déplacer et dont il est question ont été recensés au cours d'une période antérieure. Nous nous concentrons ici sur la mise en évidence de ressources culturelles clés et d'éléments épargnés du paysage.

Champs de bataille

Les ouvrages de la guerre de siège, les campements et les ouvrages défensifs de la période de 1713 à 1768 qui sont parvenus jusqu'à nous sont considérés comme l'ensemble le plus important au monde de vestiges d'un champ de bataille du xviiie siècle, et constituent une ressource unique d'une valeur inestimable qu'il convient de protéger. Des centaines d'ouvrages de fortifications ont été construits au cours des deux sièges, dont les redoutes, les fortifications en terre, les campements, les redans, les batteries d'artillerie et les blockhaus. Les campements fournissaient le logement, ainsi que des installations d'entreposage et médicales pour des milliers d'hommes et des centaines de femmes. Les perspectives constituent des éléments importants de ces paysages de même que les vestiges des ouvrages de la guerre de siège, des campements et des ouvrages défensifs. Ces ouvrages sont la plupart du temps enfouis et, dans certains cas, ont été envahis par la forêt, mais de nombreux murs et des fondations sont toujours visibles. La construction de ces ouvrages au xviiie siècle a provoqué, dans certains cas, de véritables bouleversements du paysage naturel, étant donné qu'ils étaient façonnés pour répondre à des besoins stratégiques. Les ressources culturelles définissent parfois le caractère des paysages. Les exemples les plus évidents en sont la colline Lime Kiln et la colline Justice, à l'extérieur des murs de la ville fortifiée. 

Les paysages des sièges comprennent également un certain nombre de caractéristiques naturelles qui sont demeurées en grande partie inchangées depuis la période évoquée, comme le ruisseau Freshwater et le point de vue Wolfe.

Parties non reconstruites de la ville, la côte nord, le Fauxbourg, le secteur du phare, la pointe Rochefort, l'arrière-pays

Ces paysages s'étendaient au-delà de la ville fortifiée de Louisbourg dans plusieurs directions. Dans une direction, ils s'étendaient jusqu'à la pointe Rochefort. Ils entouraient également le port jusqu'au phare et sur la terre ferme dans l'arrière-pays. La plupart de l'activité domestique de la ville s'y déroulait. Le Fauxbourg et la côte nord étaient des zones extra-muros particulièrement importantes de Louisbourg. Le Fauxbourg, situé sur le littoral immédiatement à l'extérieur de la porte Dauphine, fut détruit lors du siège de 1745, reconstruit lorsque les Français reprirent possession de Louisbourg en 1748, et détruit de nouveau lors du siège de 1758. Ces éléments des paysages de la période de 1713 à 1768 qui ont survécu jusqu'à nos jours constituent des ressources de niveau 1. Dans le cas des parties non reconstruites de la ville fortifiée, on compte parmi les vestiges de paysages de vastes parties visibles des fondations ainsi que les murs des ouvrages construits au cours de la période évoquée. Ces secteurs renferment également des vestiges de la destruction de Louisbourg en 1760. Les ruines de la ville fortifiée définissent le paysage, survivance de la période évoquée.

Le paysage de Big Lorraine, à l'extrémité est du lieu, est un autre paysage constituant un vestige de la période évoquée. Big Lorraine était un village de pêcheurs français, sans doute le seul site pratiquement intact d'une collectivité satellite de la période de 1713 à 1768.

La pointe du Phare est un paysage pratiquement intact de la période évoquée.

Cimetières, routes et sentiers

Ces paysages renvoient à des fonctions particulières (sépultures et voies de transport) qui ont commencé au cours de la période évoquée et se sont poursuivies au-delà, dans certains cas jusqu'à aujourd'hui.

Le lieu compte onze cimetières et diverses sépultures à huit autres endroits. Huit des onze cimetières renferment des sépultures datant de la période de 1713 à 1768 et, par conséquent, sont liés à l'objectif de commémoration. Le cimetière de la pointe Rochefort est le plus grand de tous. Il abritait au moins plusieurs centaines de sépultures, voire un millier. 

Certaines routes menant à Louisbourg, comme le vieux chemin français - la route qui mène au lac Grand et à la rivière Mira - ont été aménagées sous le régime français et, par conséquent, se rattachent directement à l'objectif de commémoration. Mentionnons également l'ancienne route 22, qui suit le tracé de la route construite par les Français au xviiie siècle. Des tronçons de la route de l'anse Kennington remontent au siège de 1745. Les éléments de ces routes datant de 1713 à 1768 sont des ressources culturelles de niveau 1.

Valeur historique

La valeur historique des paysages de Louisbourg réside dans la survivance de qualités physiques et dans leur association avec la ville fortifiée, telle qu'elle se présentait entre 1713 et 1768. Il s'agit des éléments suivants :

  • la survivance et l'état actuel de conservation, la complexité et l'intégrité ainsi que l'interdépendance des éléments des paysages de Louisbourg du xviiie siècle,

  • les perspectives qui, dans certains paysages, revêtaient une importance stratégique,

  • la représentation que les paysages offrent du caractère militaire, économique, social et culturel de Louisbourg entre 1713 et 1768.

Objectifs

Les paysages sont sauvegardés dans les cas suivants :

  • ils font l'objet d'études, d'évaluations, de cartes et de levés appropriés,

  • on procède à la planification, à la conception et à la construction des aménagements modernes de manière à éviter tout effet néfaste sur les paysages comportant des éléments de la période allant de 1713 à 1768,

  • les ensembles de ressources culturelles datant de la période de 1713 à 1768, et les liens qui les unis sont protégés,

  • d'importantes perspectives sont protégées et l'aménagement paysager est conçu de façon à ce que les visiteurs puissent avoir une idée de leur importance,

  • on respecte les élévations et la pente des collines façonnées pour répondre à des besoins stratégiques au cours des deux sièges,

  • les plages, notamment celle de l'anse Gun Landing et de l'anse Kennington, où les assaillants ont accosté en 1745 et en 1758, sont protégées de toute obstruction,

  • on prend des mesures pour que la végétation n'ait pas d'effets néfastes sur les ressources culturelles de la période évoquée,

  • on respecte toutefois la végétation ayant un lien avec ce qui existait au cours de la période allant de 1713 à 1768,

  • on atténue les menaces qui pèsent sur les ressources culturelles le long de la côte, comme l'érosion et l'action de l'océan. Différentes solutions s'offrent à cet égard, allant des travaux de terrassement à la stabilisation. Le choix dépendra de l'importance de la ressource culturelle et de la nature de la menace.

PARTIE DEUX

Les messages sur l'importance historique nationale du lieu doivent être communiqués avec efficacité au public.

Le deuxième élément de l'intégrité commémorative se rapporte à la mise en valeur. L'énoncé des objectifs de commémoration pour Louisbourg saisit les messages traduisant l'importance nationale du lieu. Les messages de niveau 1 se rapportent directement à l'énoncé des objectifs de commémoration et, par conséquent, à l'importance nationale du lieu. Les messages de niveau 1 qui devraient être transmis au public sont les suivants :

  • au xviiie siècle, le port fortifié de Louisbourg a joué un rôle extrêmement important de 1713 à 1768 dans la lutte qui opposait la France à la Grande-Bretagne dans la constitution d'un empire colonial,

Voici les éléments de base nécessaires à la compréhension du message :

  • Louisbourg a été la capitale de l'île Royale de 1719 à 1758;

  • Louisbourg était le centre de pêche et l'entrepôt commercial le plus important pour les Français en Amérique du Nord de 1713 à 1758;

  • Louisbourg a été assiégée et prise deux fois, en 1745 et en 1758.

Afin de bien comprendre l'importance nationale du lieu, il faut saisir l'importance sous-jacente des messages ci-dessous :

Le port fortifié : Depuis sa fondation par les Français en 1713 jusqu'au retrait des dernières troupes britanniques en 1768, Louisbourg joua un rôle de premier plan dans la lutte anglo-française pour le pouvoir en Amérique du Nord. En 1745, une armée de Nouvelle-Angleterre, appuyée par des vaisseaux de la marine britannique, s'empara de Louisbourg après un siège de 46 jours. La France reprit possession de la colonie en 1748 aux termes du traité d'Aix-la-Chapelle, mais dut céder de nouveau devant la Grande-Bretagne en 1758. Cet échec ouvrit la voie à la conquête britannique du reste de la Nouvelle-France.
  

wpe32.gif (12202 bytes)

IMAGE 5. 
Les casernes du 
Bastion du roi

La capitale : En tant que capitale de la colonie de l'île Royale, Louisbourg abritait une société coloniale cosmopolite, relativement raffinée, ayant à sa tête de hauts responsables chargés de l'administration des pêches, du commerce, des relations avec les alliés autochtones des Français et de la garnison française qui y était stationnée. Même si Louisbourg faisait partie de la Nouvelle-France, l'organisation sociale de la ville était différente de celle des collectivités françaises le long du Saint-Laurent. Le régime seigneurial n'y était pas en vigueur, la traite des fourrures y était négligeable, le pouvoir institutionnel de l'Église était minime et de nombreuses personnes d'autres nationalités vivaient et travaillaient côte à côte avec la majorité française.
  

wpe35.gif (20757 bytes)

IMAGE 6. 
La société coloniale de Louisbourg

Le centre de pêche et l'entrepôt commercial : La pêche de la morue dans l'Atlantique Nord rapportait beaucoup plus à la France que la traite des fourrures de l'intérieur de l'Amérique du Nord. C'est grâce à la pêche de la morue, sur laquelle reposait son économie, que Louisbourg connut une croissance rapide et finit par devenir un important centre commercial, attirant dans son port des navires en provenance de France, des Antilles, du Canada, de la Nouvelle-Angleterre et de l'Acadie.
  

wpe3E.gif (13804 bytes)

IMAGE 7. 
Transformation de la morue

Objectifs

L'importance historique nationale du lieu est communiquée au public quand :

  • celui-ci est capable de comprendre et d'apprécier la nature, l'étendue et la qualité des ressources culturelles et des paysages de niveau 1, ainsi que le rôle qu'ils peuvent jouer dans la communication des messages d'importance nationale,

  • on fait appel à des techniques de communication efficaces pour transmettre les messages ayant trait à l'importance nationale du lieu tant aux clientèles cibles qui visitent le lieu qu'à celles de l'extérieur,

  • le public est informé et a une bonne compréhension des événements qui se sont produits à Louisbourg au cours de la période évoquée,

  • on comble les lacunes dans les programmes d'interprétation se rapportant aux messages de niveau 1, 

  • le programme met l'accent sur les messages de niveau 1 du lieu, 

  • le public comprend l'importance de Louisbourg dans l'histoire du Canada,

  • on entreprend des évaluations donnant une idée du niveau de compréhension des messages de niveau 1 par les visiteurs.
      

wpe41.gif (15362 bytes)

IMAGE 8. 
Promenade guidée d'interprétation

PARTIE TROIS

La valeur patrimoniale du lieu est respectée dans toutes les décisions et interventions ayant une incidence sur le lieu.

Bien que la principale valeur du lieu historique national du Canada de la Forteresse-de-Louisbourg réside dans l'objectif de commémoration et dans les ressources qui reflètent cet objectif, le lieu comprend également d'importantes ressources culturelles de niveau 2 et d'autres ressources qui ne font qu'ajouter à sa valeur.

Ressources de niveau 2 et valeur historique

Le bâtiment du musée et la maison du gardien

Ces bâtiments sont classés édifices du patrimoine par le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine. Ils ont une valeur historique dans la mesure où :

  • il s'agit d'une série de bâtiments formant un ensemble discret qui évoque l'architecture coloniale française de l'époque baroque,

  • ils contribuent à la compréhension du mouvement en faveur de la préservation au Canada.
      

wpe43.gif (10750 bytes)

IMAGE 9. 
Musée et conciergerie

L'intégrité commémorative de ces bâtiments est respectée quand :

  • leur préservation est assurée,

  • le rôle des bâtiments dans le mouvement en faveur de la préservation est expliqué au public.

Les collections muséales

Environ 40 p. 100 des objets des collections muséales comprennent des objets de l'époque évoquée qui n'appartiennent pas spécifiquement au lieu, des pièces originales de la fin du xviiie ou du xixe siècle, ou des copies du xixe siècle. Il s'agit, entre autres, de tableaux, de tapisseries et de meubles. Ces objets remontent au xviiie siècle ou s'inscrivent dans les traditions de l'époque. Ils ont une valeur historique pour les raisons suivantes :

  • ils possèdent des qualités physiques ayant survécu jusqu'à nos jours,

  • ils sont caractéristiques de Louisbourg au cours de la période allant de 1713 à 1768, ou remontent à cette période,

  • dans le cas des objets postérieurs à 1768, ils s'inscrivent dans les traditions du xviiie siècle.

L'intégrité commémorative des collections est respectée quand :

  • elles sont abritées et protégées convenablement,

  • elles sont disponibles aux fins d'étude et de mise en valeur du patrimoine.

La collection archéologique

Environ 2 p. 100 de l'ensemble de la collection provient de la collectivité qui s'est installée sur les ruines de l'ancienne ville de Louisbourg après 1768. La collection comprend des articles de table, de la verrerie, de la céramique et de la quincaillerie. Ces objets ont une valeur historique :

  • en raison de leurs qualités physiques, 

  • parce qu'ils reflètent l'évolution du lieu au cours du xixe siècle et au début du xxe siècle,

  • parce qu'ils sont associés de façon exceptionnelle à la continuité historique de Louisbourg et de la région, ainsi qu'à d'autres aspects de l'histoire de la Nouvelle-Écosse.

L'intégrité commémorative des collections est respectée quand :

  • celles-ci sont conservées et entreposées convenablement,

  • les artefacts sont disponibles aux fins de recherche et d'interprétation.

Les vestiges archéologiques in situ

Ces vestiges comprennent les vestiges archéologiques du xixe et du xxe siècle comme la « vieille ville », le site Marconi, les fermes, les installations de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont une valeur historique :

  • parce qu'ils sont dotés de caractéristiques physiques ayant survécu jusqu'à aujourd'hui,

  • parce qu'ils se rapportent à d'autres lieux historiques nationaux en Nouvelle-Écosse, comme le lieu historique national Marconi à Glace Bay,

  • parce que certaines ressources comme les fermes du xixe siècle et le chemin de fer revêtent une grande importance pour la collectivité locale et la province de la Nouvelle-Écosse, 

  • parce qu'ils nous aident à comprendre l'évolution du lieu au cours des xixe et xxe siècles.

L'intégrité commémorative de ces vestiges archéologiques est assurée quand :

  • ceux-ci sont convenablement protégés, 

  • on explique au public en quoi ils se rapportent à d'autres lieux historiques nationaux,

  • on donne au public de l'information sur l'importance des ressources.

Le phare

Il s'agit d'un bâtiment classé édifice du patrimoine par le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine, et administré par le ministère des Pêches et des Océans. Le phare revêt une valeur historique dans la mesure où :

  • il représente la continuité d'une fonction depuis le xviiie siècle jusqu'à aujourd'hui,

  • il possède des caractéristiques patrimoniales évidentes qui, en cas d'intervention, requièrent une protection.

L'intégrité commémorative de la ressource est assurée quand :

  • l'histoire de la fonction du phare est expliquée au public,

  • le caractère patrimonial évident du bâtiment est protégé et conservé.

Les paysages

Louisbourg compte un certain nombre de paysages culturels des xixe et xxe siècles de niveau 2, comme la pointe Rochefort et l'anse Kennington. Ils revêtent une valeur historique dans la mesure où :

  • ils renferment des éléments matériels ou culturels du xixe siècle et du début du xxe,

  • ils témoignent de l'évolution du lieu aux xixe et xxe siècles,

  • ils sont complexes et complets.

L'intégrité commémorative de ces paysages est respectée quand :

  • ces derniers sont mis en évidence et évalués,

  • leurs caractéristiques essentielles sont respectées,

  • leur histoire est expliquée au public.

Les monuments
  

wpe47.gif (10834 bytes)

IMAGE 10. 
Cérémonie de dévoilement du monument 
commémoratif de la Society of Colonial Wars en 1895

Les monuments et les plaques, comme le monument commémoratif installé par la Society of Colonial Wars en 1895, ont de la valeur pour les raisons suivantes :

  • ils témoignent de la place de Louisbourg dans le mouvement en faveur de la préservation,

  • ils sont, pour reprendre les mots de J.B. Jackson dans l'ouvrage intitulé Concluding with Landscapes, «des rappels d'un projet collectif de longue haleine, de buts, d'objectifs et de principes communs»,

  • ils sont l'expression permanente de la vénération du lieu.

L'intégrité commémorative des monuments est respectée quand :

  • leur préservation est assurée,

  • l'histoire de ces monuments est expliquée au public.

Les cimetières (après 1768)

On compte trois cimetières remontant à cette période. Ils ont une valeur historique dans la mesure où :

  • ils témoignent de la continuité de la colonisation depuis la deuxième moitié du xviiie siècle jusqu'au xxe siècle.

L'intégrité commémorative des cimetières est respectée quand :

  • ces derniers sont protégés,

  • on donne au public de l'information sur leur intérêt.

Messages de niveau 2

Les messages de niveau 2 expliquent la valeur patrimoniale qui se rattache au lieu historique national du Canada de la Forteresse-de-Louisbourg. Ils sont d'une importance secondaire et ne sont pas liés à l'objectif de commémoration du lieu. Ils portent sur :

  •  la reconstruction et sa place dans le mouvement en faveur de la préservation,

  • l'histoire de la station Marconi à Louisbourg,

  • la place de Louisbourg dans l'ensemble du réseau des lieux historiques nationaux,

  • l'histoire de Louisbourg de 1768 à 1960, 

  • l'intérêt pour la protection et l'interprétation du lieu entre 1919 et le début de la reconstruction dans les années 1960, y compris les démarches comme la construction du musée dans les années 1930,

  • les ressources et les phénomènes naturels et leur évolution depuis le xviiie siècle.

Ces messages sont communiqués efficacement quand :

  • des activités, des installations, des programmes et des services donnent aux visiteurs et au public en général la possibilité de les comprendre,

  • la présentation des messages ne nuit en rien à la communication de l'objectif de commémoration du lieu.

Valeur des autres ressources

Les ressources naturelles

Elles ont de la valeur pour les raisons suivantes :

  • elles contribuent à l'intégrité écologique du lieu,

  • elles contribuent à faire du lieu un site protégé,

  • dans des milieux particuliers comme celui des tourbières et des landes, elles abritent des espèces végétales particulières, dont certaines ont été classées espèces rares par la province,
      

wpe49.gif (13277 bytes)

IMAGE 11. 
Assiette en porcelaine à motif 
de pin - reproduction

  

  • dans la mesure où elles offrent des habitats à l'intérieur du lieu susceptibles de favoriser la vie de populations de poissons, comme le saumon de l'Atlantique, ou d'autres espèces comme le cerf de Virginie,

  • du fait de la protection permanente du bassin hydrographique du lac Kelly qui constitue la source d'alimentation en eau de la ville de Louisbourg.

La collection de reproductions d'objets historiques

wpe4D.gif (13353 bytes)

IMAGE 12. 
Atelier d'artisan - Artisan en 
train de construire un chariot en bois

La collection revêt de la valeur pour les raisons suivantes :

  • elle joue un rôle de premier ordre dans la mise en valeur de Louisbourg (1713-1768) en raison de son importance et de la diversité des costumes, des meubles, des armes et des objets domestiques qu'elle contient,

  • la recherche connexe et les documents disponibles fournissent de l'information sur l'aspect et la confection des costumes,

  • l'exactitude de la reproduction des costumes et des modèles, en particulier pour les prototypes et pour ceux qui sont utilisés dans les expositions d'interprétation.

La bibliothèque et les archives

Cette composante a de la valeur pour les raisons suivantes :

  • la taille de la collection et les possibilités qu'elle offre aux chercheurs,

  • ses ouvrages rares (xviiie siècle),

  • l'information qu'elle offre au personnel et au public sur la collection.

La ville reconstruite

La ville reconstruite a de la valeur pour les raisons suivantes :

  • en tant qu'étape-clé ou qu'élément représentatif du mouvement en faveur de la préservation; elle constitue un symbole pour le public canadien, et l'aide à comprendre la place de Louisbourg dans la période évoquée,

  • en tant qu'ensemble et que complexe. La reconstruction a été à cet égard une entreprise majeure d'application pratique des connaissances. La valeur réside dans la reconstruction dans son ensemble, plutôt que dans les éléments individuels. Par conséquent, la valeur réside dans l'agencement des palissades, des cours et des jardins, de même que dans le cadre général que forment les bâtiments reconstruits, c'est-à-dire le paysage du xviiie siècle,

  • en raison de la fidélité de la reconstruction, qui a permis de respecter l'intégrité,

  • l'ensemble comprend des éléments de ressources culturelles de niveau 1, 

  • la conception esthétique du lieu est réussie,

  • la conception fonctionnelle est également réussie,

  • les bâtiments reconstruits sont intégrés dans le paysage dans lequel ils s'inscrivent,

  • qui plus est, la reconstruction a de la valeur parce qu'elle constitue une toile de fond aux activités, à l'interprétation du lieu, aux visites guidées, à l'animation, aux démonstrations et aux expositions. C'est un élément central, qui ouvre une fenêtre sur une autre époque,

  • elle constitue un bien-fonds, 

  • elle a des retombées économiques,

  • c'est un phénomène culturel national.
      

wpe4F.gif (9449 bytes)

IMAGE 13. 
Vue de la ville reconstruite

  

Retour à la table des matières

   Prochain    

Retour à la page précédente