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Researching
the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada
Presents/présente
PARKS CANADA ~ PARCS CANADA
CAPE BRETON ~ LE CAP-BRETON
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Lieu
historique national du Canada
de la Forteresse-De-Louisbourg:
plan directeur ~ 2001
Les
Parks Nationaux et Les Lieux Historiques Nationaux du Canada
The National Parks and National Historic Sites of Canada
Juin 2001
3.0
Intégrité
commémorative, gérance et 3.3 Protection du patrimoine A. Ressources archéologiques i. Ressources terrestres La Forteresse-de-Louisbourg est un endroit extraordinaire, qui abrite les vestiges de toute une ville fortifiée datant du xviiie siècle, de sa banlieue, de ses fortifications extérieures et de son phare, des routes menant aux villages voisins, des établissements de pêche, ainsi que des vestiges impressionnants de deux sièges militaires. La valeur de ces ressources culturelles ne se limite pas à leur taille ni à leur envergure. L'intérêt de l'endroit repose sans doute davantage sur l'esprit des lieux qui s'en dégage et sa capacité de communiquer la marque du temps. Heureusement, les sites archéologiques de la Forteresse-de-Louisbourg se trouvent pour la plupart à la surface du sol. Les visiteurs peuvent facilement voir les ruines de la batterie Royale, de divers bâtiments, des ouvrages de terre et des cratères de boulet. Tous offrent une image saisissante, qui témoigne clairement de l'ampleur massive des constructions françaises et du dernier siège de Louisbourg. Tout comme les ruines d'envergure sont rares, il est peu fréquent de trouver des sites archéologiques aussi intacts dans leur emplacement original, de nombreux sites coloniaux étant maintenant situés dans des centres urbains modernes. Le visiteur de la Forteresse-de-Louisbourg a la chance de voir des sites archéologiques tout en profi tant d'une atmosphère très semblable à celle du xviiie siècle. Nature des ressources archéologiques La plupart des ressources archéologiques de la Forteresse-de-Louisbourg proviennent de deux sources : l'établissement de la ville fortifiée française où la pêche et le commerce étaient florissants, et de ses défenses; la présence britannique pendant deux sièges et les occupations subséquentes (CARTE 4).
Ce sont les Français qui se sont d'abord établis en grand nombre dans le port de Louisbourg en 1713. Ils avaient été contraints de déménager leur centre de pêche dans le nord de l'Atlantique de Terre-Neuve au Cap-Breton et à l'Île-du-Prince-Édouard. Quand Louisbourg est devenue la capitale de la colonie, les ingénieurs du royaume établirent un plan prévoyant des pâtés ou « îlots » rectilignes ainsi que de larges rues menant au quai, le tout entouré de fortifications. L'établissement de ce plan de ville a profondément marqué le paysage. Les Français ont creusé le grand fossé encerclant la partie de la ville située du côté de la terre, construit la rive ou le glacis en bordure, nivelé les collines, fait exploser les grattons du sous-sol rocheux et modifié deux grands étangs à l'aide de matériaux de remplissage. La ville est ensuite devenue un centre administratif, ce qui a nécessité la construction d'édifices publics, de routes, de quais, de fortifications et d'un phare. L'économie prospère a attiré les capitaux requis pour la construction d'un grand nombre de résidences privées et de commerces, et a suscité une confiance dans l'avenir de la colonie qui s'est concrétisé par des améliorations et des agrandissements, en plus d'y faire revenir les Français en 1749, après le premier siège. Cette activité intense ne se limitait pas qu'à la ville. En 1734, 44 p. 100 de la population vivait à l'extérieur des remparts, dans le port, où elle avait aménagé des établissements de pêche, qui comprenaient maisons, entrepôts, échafauds, quais et jardins. Parmi les autres constructions, mentionnons des tavernes, un abattoir, une première résidence pour le gouverneur et une zone de réparation et de carénage des bateaux. Outre les commerces florissants, deux éléments majeurs des fortifications ont été construits en dehors de la ville. La batterie de l'Isle a été aménagée dans une île à l'entrée du port. La batterie Royale, sur la côte nord, protégeait l'entrée du port et le chenal. La ville fortifiée, sa banlieue et les collectivités avoisinantes étaient reliées par des routes, dont certaines sont encore utilisées aujourd'hui. L'ancienne route 22, le chemin de service et des tronçons du chemin de l'anse Kennington ont été construits sous le régime français, tout comme le vieux chemin français, servant aujourd'hui de sentier pédestre. Les ressources archéologiques de la Forteresse-de-Louisbourg englobent également des vestiges de la présence britannique, tout aussi remarquables que les vestiges du régime français. Le second siège en particulier a laissé une profonde marque sur le paysage et une multitude de ressources archéologiques. Le train d'artillerie, 13 000 soldats et tout le soutien logistique ont occupé une région en forme d'arc allant de la côte près de l'anse Kennington à ce qui est aujourd'hui la zone administrative et l'aire de service. Chaque camp de régiment abritait dans des baraques et des tentes au moins un millier de soldats et comptait des abris, des postes de sentinelle, des tranchées, des fours et des latrines. D'autres quartiers et postes furent établis à proximité de l'actuel centre d'accueil et du phare. Des ouvrages offensifs ont également été construits, et notamment des blockhaus, des redoutes, des redans, des batteries et des routes. Ces ouvrages furent démolis ou abandonnés après le siège et le retrait de la garnison en 1768. Au début des années 1770, la population de la ville comptait 33 familles, dont les chefs étaient, pour la plupart, des soldats britanniques libérés de leur service. En l'espace de quelques années, ce centre urbain devint un centre essentiellement rural. Ceux qui y restèrent ou qui s'y installèrent tiraient leur gagne-pain de la pêche et de l'agriculture. Cette tendance s'est maintenue pendant des générations, accompagnée d'une lente croissance et d'une faible colonisation. Au fil du temps, le gros de la population se déplaça sur la côte nord du port en direction de la ville moderne de Louisbourg, bien que certains colons restèrent à l'anse Kennington ou le long des grandes routes. L'intérêt témoigné au cours du xxe siècle pour la protection du lieu est à l'origine de la création du lieu historique national, ce qui eut une dernière incidence sur le mode d'occupation et d'utilisation de l'endroit. État de l'inventaire des ressources culturelles À ce jour, 466 ressources in situ de niveau 1 et 452 de niveau 2 en dehors des murs de la ville fortifiée ont été répertoriées. Une grande partie du lieu n'a pas été étudiée ni examinée en détail. La plupart des secteurs étudiés ne l'ont été qu'en surface. Pendant la phase de reconstruction, la recherche archéologique fut surtout axée sur les fouilles de sauvetage dans les secteurs de la ville sélectionnées aux fins de reconstruction. Certains secteurs choisis en dehors des fortifications ont bien fait l'objet de levés et de fouilles, mais les travaux portaient sur des caractéristiques particulières et des périodes précises. Pendant les années 1980, on a effectué un levé de base dans le Fauxbourg, sur la côte nord, à l'anse Kennington, sur les ouvrages de siège le long du ruisseau Freshwater et au phare, ainsi que dans quelques secteurs périphériques. L'activité a permis de repérer et d'identifier quelque 800 sites renfermant des ressources culturelles et de recueillir d'innombrables données historiques et archéologiques, maintenant accessibles sur bases de données électroniques. Ce plan représente la ville fortifiée et l'emplacement des assiégeants pendant le premier siège de Louisbourg. On a entrepris des levés détaillés en dehors
de la ville fortifiée, dans les secteurs touchés par des travaux particuliers, comme la réfection de la route
22 et
l'installation de nouvelles conduites d'eau. Les seuls levés détaillés
existants sur les ressources culturelles sont ceux qui ont été effectués à la batterie Royale
avant la construction de la digue de mer, ainsi que dans le cadre des essais et des fouilles de
sauvetage des sites soumis à l'érosion le long de la côte nord, et des travaux de prospection
et de levé entrepris à la pointe Rochefort. Depuis les années 1980, le Système de positionnement global (SPG) a amélioré la technologie de localisation et, donc, facilité l'établissement des levés. Le spg a montré que les anciennes techniques de levé de base (à l'aide d'une carte et d'un compas) n'étaient pas suffisamment précises pour les évaluations des incidences et les examens environnementaux, comme on a pu s'en rendre compte dernièrement avec la route Fleur-delis et le remplacement des conduites d'eau. Le manque d'essai en subsurface et de modèles de types de site particuliers, comme les ouvrages datant du siège, n'a pas permis au personnel d'évaluer avec exactitude l'incidence des aménagements et, dans certains cas, de surveiller, de déterminer et d'évaluer les menaces de la manière appropriée. Deux problèmes d'inventaire se posent en fait à Louisbourg. Le secteur non reconstruit, soit 75 p. 100 de la ville, n'a encore jamais été étudié, à part l'hôpital et une petite partie des ruines de la ville. Dans la forteresse reconstruite, des parties importantes de propriétés, en particulier des jardins et des sections de rue, n'ont pas fait l'objet de fouilles. Malgré l'existence de dossiers détaillés sur les fouilles, il n'existe aucun dossier complet sur les ouvrages comme les allées pavées, les puits, les fondations, etc. Par ailleurs, il ne subsiste que peu de dossiers sur l'incidence de la construction sur les autres ressources archéologiques. Menaces Végétation - La plupart des sites archéologiques situés en dehors de la ville sont maintenant recouverts par la forêt, ce qui n'était en général pas le cas avant que Parcs Canada ne devienne propriétaire du terrain dans les années 1960. Par conséquent, la plupart des postes des sièges sont menacés par la croissance des arbres et les chablis qui peuvent détruire les liens stratigraphiques et endommager les ruines de maçonnerie. On a mis sur pied un projet pluriannuel afin de régler le problème posé par la végétation dans les sites des sièges et de recueillir de l'information plus précise sur l'emplacement de leurs composantes. Vers 1985, le personnel du lieu a cessé de brûler les champs dans la ville et aux alentours, et limité la coupe des buissons et de l'herbe. Par conséquent, un bonne partie du paysage et de nombreux sites archéologiques sont maintenant recouverts d'aulnes. L'incidence des plantes ligneuses sur un site archéologique situé en surface ou à proximité de la surface est grave. Les techniques de lutte contre la végétation énoncées dans les recommandations du projet de conservation du site des sièges seront également appliquées aux sites en ville, dans les alentours et dans les champs à proximité. Érosion et élévation du niveau de la mer -
Le littoral de la Forteresse-de-Louisbourg se
caractérise par un substrat rocheux, des falaises de till, des galets et des plages de sable.
Selon l'analyse des photos aériennes, l'érosion a affouillé 7 mètres
à certains endroits à la pointe Rochefort et sur la côte nord depuis 1950.
Les niveaux actuels des marées dépassent de 80 centimètres
ceux consignés au xviiie siècle. Selon les études
effectuées, le tassement du terrain atteint 30 centimètres par siècle le long de cette côte, et cette tendance
devrait se poursuive. L'élévation du niveau de la mer et l'érosion côtière incessante menacent les ressources archéologiques situées à proximité de la côte ainsi que la ville reconstruite ellemême. Il s'avère nécessaire d'élaborer un plan détaillé en vue de protéger ces ressources. La Commission géologique du Canada entreprend actuellement une étude de la géologie du port et du littoral adjacent. L'étude s'échelonne sur trois étapes. Les deux premières étapes comprennent un levé du littoral et de la mer, et la troisième prévoit des travaux techniques et de modélisation, et notamment la modélisation des processus marins, ainsi que l'élaboration d'un plan de protection côtière dans lequel on recommandera des stratégies et des mesures de protection des ressources archéologiques menacées. Ruines mises en valeur et artefacts recyclés - Dans la ville reconstruite, le visiteur peut voir plusieurs ressources culturelles in situ montrées dans le cadre d'expositions ou incorporées aux bâtiments ou aux structures reconstruites ou encore au paysage. Parmi les expositions, mentionnons les ruines des maisons Loppinot et Fizel. Ces sites ont été mis au jour et la maçonnerie restante a été stabilisée. Les deux maisons comptent des panneaux d'interprétation et font office d'exposition en plein air. Dans d'autres secteurs, des bâtiments ont été construits sur les fondations originales. On trouve encore dans les magasins de la Vallière le pavement original ainsi que la base de la fondation et des semelles originales en maçonnerie. Le mur de contrescarpe des ouvrages extérieurs du demi-bastion Dauphin et du bastion du Roi est construit sur les vestiges du mur original. Les structures originales qu'on peut voir actuellement sont les tunnels de la poterne et du mur de contrefort dans le bastion du Roi. Si plusieurs projets de conservation des ressources en mauvais état ont été entrepris, plus particulièrement pour le tunnel de la poterne et les défenses extérieures, ils ne proposent ni solution ni mesure appropriées. Aménagement - Parmi les aménagements effectués depuis les années 1960, mentionnons l'établissement d'une multitude d'installations et de services opérationnels, administratifs et d'accueil. Citons aussi la construction, entre autres, de sentiers, de chemins, de terrains de stationnement, de bâtiments, d'installations de services et d'expositions en plein air. Les évaluations environnementales sont indispensables pour prévenir et atténuer les incidences sur les ressources culturelles. La solution réside avant tout dans une gestion judicieuse des ressources culturelles : inventaire, évaluation, |reconnaissance de l'intérêt historique, surveillance et appréciation de leur valeur par les visiteurs. L'objectif à long terme est de s'assurer que les ressources archéologiques sont en bon état. On effectuera des levés, des évaluations et poursuivra les efforts d'atténuation des impacts et de conservation nécessaires pour atténuer ou éliminer les menaces, améliorer l'état des ressources et s'assurer que ces dernières sont répertoriées et protégées de la manière appropriée. Tout changement dans l'état des ressources archéologiques et bâties sera signalé par le Rapport sur l'état des parcs. Mesures stratégiques
ii. Ressources sous-marines Le lieu historique national du Canada de la Forteresse-de-Louisbourg renferme de nombreuses ressources culturelles sous-marines situées dans ses limites ou à proximité. En 1996, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a recommandé que soient reconnues d'importance nationale les épaves et certaines autres ressources submergées datant du xviiie siècle dans le port et dans les eaux adjacentes. Ce sont surtout les vestiges des bateaux coulés dans le port pendant le second siège, en 1758, qui ont fait l'objet d'une attention particulière. Au nombre de neuf, ces épaves se trouvent à l'extérieur des limites du lieu historique national, mais le personnel de la Forteresse participe activement à la protection et à la gestion de ces ressources culturelles. On a recensé au moins 26 navires coulés entre 1713 et 1758 dans le port et les eaux adjacentes. Les épaves ont un lien direct avec l'objectif de commémoration du lieu et constituent des ressources culturelles de niveau 1, même si elles se trouvent à l'extérieur des limites du lieu. On sait également que, à l'intérieur des limites du lieu, les étangs situés à l'ouest et à l'est de la ville reconstruite renferment des ressources culturelles. Les lacs et les cours d'eau du lieu, fort nombreux, restent encore à examiner. On a effectué cinq relevés des ressources culturelles sous-marines dans le port depuis les années 1960. Ces travaux avaient pour but de repérer, de répertorier et d'évaluer les principales ressources culturelles sousmarines liées à la vie de Louisbourg au xviiie siècle. L'information ainsi recueillie s'est révélée utile à la gestion des ressources et sera importante pour leur mise en valeur ultérieure. L'accès aux ressources culturelles du port est géré par le ministère fédéral des Transports par l'entremise du capitaine du port. Un permis délivré par le capitaine du port est requis en tout temps pour plonger dans le port. L'équipe de plongée du lieu surveille les bateaux et les activités de plongée en collaboration avec le capitaine du port. Les personnes à la recherche de pièces archéologiques doivent se procurer, en plus, un permis provincial. En vertu de la Special Places Protection Act, il faut obtenir un permis de recherche patrimoniale auprès du Musée de la Nouvelle-Écosse. Par ailleurs, la Treasure Trove Act oblige les personnes à la recherche d'un trésor à se procurer un permis auprès du ministère des Ressources naturelles de la Nouvelle-Écosse. Parcs Canada exige également que les personnes à la recherche de ressources archéologiques pour lesquelles le ministère du Patrimoine canadien fait office d'agent de la Couronne se procurent un permis. Parcs Canada assume cette responsabilité concernant les épaves du port depuis les années 1960. Jusqu'à récemment, le gouvernement français revendiquait les navires français coulés à Louisbourg, mais il a maintenant confirmé le pouvoir de l'État fédéral en renonçant aux navires français coulés avant 1763. Au cours des vingt dernières années, l'écotourisme et les parcs marins ou de plongée sont devenus de plus en plus populaires. Le personnel, qui a aidé à protéger les ressources connues du port, commence à les interpréter pour les plongeurs. Ces ressources pourraient être de précieux outils d'interprétation de l'histoire maritime et navale de Louisbourg. Des entreprises conjointes avec des voyagistes ou des maisons de production vidéo ou cinématographique pourraient aussi devenir de bonnes sources de recettes. Même si on s'est davantage intéressé aux épaves du port et des eaux adjacentes qu'à d'autres ressources culturelles sous-marines, il serait utile d'étudier les étangs à l'extrémité est et ouest de la ville fortifiée. L'étang à l'est est menacé par l'érosion côtière, le cordon littoral ayant été emporté par les fortes tempêtes. Mesures stratégiques
B. Paysages culturels Bien que les définitions puissent varier, on divise généralement aujourd'hui les paysages culturels en trois catégories :
La Forteresse-de-Louisbourg renferme des exemples de chaque catégorie, et ces paysages se trouvent dans un état de conservation remarquable. La construction de la grande ville fortifiée a créé l'exemple le plus frappant de paysage culturel. Aujourd'hui, il est possible de voir la ville reconstruite mais aussi la partie historique, qui prend la forme de paysage relique aménagé, avec le plan de masse, les ouvrages militaires et les fondations des bâtiments encore visibles. Ce paysage est classé ressource culturelle de niveau 1. Les Français se sont également installés ailleurs à proximité de Louisbourg, surtout le long de la rive nord du port. Il subsiste autour du port des vestiges de la période française, entre autres, l'île Battery, la batterie Royale, le site du phare et les installations de radoub de la pointe Careening. Il s'agit de ressources culturelles de niveau 1. Dans certains cas, ces ressources se retrouvent parmi d'autres, datant d'une période ultérieure, et constituent, comme dans le cas de la pointe du Phare, un paysage relique élaboré. Les paysages culturels offrent des perspectives importantes comme celles que l'on peut voir depuis la ville reconstruite jusqu'à la pointe du Phare et le long de la côte nord. L'occupation française a eu des incidences considérables sur le milieu naturel. Les Français ont en effet coupé les forêts indigènes sur un périmètre de plusieurs kilomètres autour de la ville pour se chauffer et construire des bâtiments. Par conséquent, des essences forestières originales comme l'épinette rouge, le pin blanc et le bouleau jaune, ont presque disparu aujourd'hui, laissant place à une couverture forestière formée d'épinettes blanches, d'épinettes noires et de sapins baumiers. Par ailleurs, d'intéressantes caractéristiques naturelles comme le ruisseau Freshwater et le point de vue de Wolfe ont survécu à la période évoquée. Dans certains cas, la forêt régénérée a obstrué les caractéristiques distinctives qui étaient frappantes au xviiie siècle. Il subsiste également des sites archéologiques associés aux deux sièges de Louisbourg. Ces sites sont intéressants car ils révèlent toutes les techniques de siège complexes employées au xviiie siècle. Le mode de peuplement s'est révélé tout à fait différent après la période française. On a observé le retrait de la dernière garnison britannique en 1768, puis l'établissement de soldats libérés et d'émigrants dans les ruines françaises ainsi que le long de la rive nord du port de Louisbourg. Ce mode a peu évolué au xixe siècle et au début du xxe siècle. Il importe d'intégrer la protection et la mise en valeur des paysages culturels dans le processus de prise de décisions en matière de gestion. Le concept des paysages culturels offre une approche d'intégration à la gestion des ressources culturelles. Au lieu de tenir compte des ressources isolément, on met l'accent sur la définition de la marque plus globale laissée par le peuplement. Louisbourg présente d'énormes possibilités pour ce qui est de la définition, de la protection et de l'interprétation des paysages culturels. Il est facile de discerner les modes de peuplement successifs, et d'autres études pourraient permettre de définir les paysages de niveau 2 se rattachant au peuplement après 1768 dans des secteurs comme l'anse Kennington ou encore à la station Marconi. Il faut reconnaître qu'à Louisbourg, les paysages sont principalement des paysages reliques. Il n'est donc pas nécessaire de recréer les paysages du xviiie siècle. Il importe également de reconnaître qu'il existe des possibilités de collaboration pour la protection et l'interprétation des paysages dans la Forteresse et à proximité, comme le port et ses environs, ou le prolongement du vieux chemin français au-delà des limites du lieu. Mesures stratégiques
C. Musée, maison du gardien et phare Le gouvernement canadien a construit le musée et la maison du gardien en 1935-1936. Les deux structures sont représentatives d'une période où des bâtiments semblables ont été construits dans d'autres lieux historiques nationaux pour évoquer et célébrer l'histoire du Canada. Il s'agit de bâtiments à étage mansardé, revêtus de pierres et au toit de cuivre. Ils possèdent une vaste entrée à pignons et leur toit en croupe est orné de lucarnes. Une petite cour fermée relie la maison du gardien au musée. Le style rappelle l'architecture coloniale française de l'époque baroque. Le musée compte deux grandes salles au sous-sol et au rez-dechaussée. Le musée est étroitement lié à J.S. McLennan et à sa fille, Katharine McLennan. La collection personnelle de documents de recherche et d'artefacts de J.S. McLennan a formé l'essentiel de la collection du musée pendant les 25 premières années. Katharine McLennan a été nommée conservatrice honoraire du musée en 1935, et est demeurée en fonction jusque dans les années 1960. Le musée abrite encore des expositions illustrant l'histoire de Louisbourg, dont sa maquette de la ville fortifiée ainsi que la collection de son père. Le musée et la maison du gardien se trouvent en face du jardin du gouverneur, en bordure de la ville reconstruite. Les alentours immédiats des bâtiments ont peu changé depuis la construction. L'architecture cadre avec la ville reconstruite et s'insère bien dans le paysage. Le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine a classé les deux bâtiments édifices du patrimoine. Il s'agit donc de ressources culturelles de niveau 2, qui seront gérées en conséquence. L'actuel phare est le troisième à dominer la pointe du Phare et évoque la longue et riche histoire maritime de Louisbourg. Construit en 1923 près des ruines des deux premiers phares, il assure la continuité d'une fonction remplie à cet endroit depuis le xviiie siècle. Le phare est administré par le ministère des Pêches et des Océans. Le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine a évalué la structure et l'a classée édifice du patrimoine reconnu. Les caractéristiques patrimoniales distinctives qui justifient ce classement doivent être protégées. Comme le phare est situé dans le lieu historique national, Parcs Canada s'intéresse à la préservation du caractère patrimonial de la structure. Mesures stratégiques
D. Collection archéologique La collection archéologique comprend, d'une part, les artefacts récupérés au cours du programme de fouilles archéologiques mené pendant 35 ans au lieu, et, d'autre part, les dossiers, rapports et notes découlant des fouilles, des analyses et de la gestion des collections et des ressources. La collection d'artefacts, qui comprend
quelque cinq millions d'objets, compte des matériaux de toutes sortes ayant des exigences
d'entreposage et de conservation diverses. La grande majorité des artefacts datent de la
période allant de 1713 à 1768,
et d'autres, de la période de colonisation subséquente. Il existe deux modes d'entreposage de la collection. Le premier consiste en une aire d'entreposage ouverte qui permet un accès facile aux objets. Ce mode assure une utilisation judicieuse du temps du chercheur et offre un environnement sûr pour l'entreposage des artefacts qui sont exceptionnels ou qui ont été traités aux fins de conservation. Les réserves accessibles de la collection d'artefacts ont été regroupées dans l'un des bâtiments de l'aire de service. La réserve est chauffée et le degré d'humidité y est contrôlé afin d'assurer le maintien de conditions ambiantes stables. Y sont surtout entreposés des objets en céramique et en verre, des métaux traités ou de première fusion, des matériaux de construction et de petits objets de fouille. Le deuxième type consiste en l'entreposage des objets inactifs, employé pour la partie de la collection peu souvent utilisée ainsi que pour les pièces de grande taille. Trois catégories de matériaux sont ainsi entreposés : les pierres à bâtir de taille, les clous et les restes d'animaux. Cette collection n'est pas regroupée et se trouve dans différents bâtiments de la ville reconstruite et de l'aire d'entreposage. Ces aires d'entreposage n'offrent pas de conditions ambiantes stables. La collection de dossiers renferme trois catégories de documents : ceux qui sont liés aux fouilles, ceux qui découlent de l'analyse des travaux sur le terrain ou des artefacts, et ceux qui servent à la gestion de la collection elle-même et des sites archéologiques in situ. La majorité de la collection consiste en des documents-papier, et notamment des carnets de fouilles, des carnets d'étude, des notes de recherche, des cartes, des dessins et des photographies. Deux importantes bases de données sont également tenues à jour pour la gestion des ressources in situ. Les fouilles effectuées en vue de la reconstruction de Louisbourg ont porté sur environ 30 p. 100 des fortifications, 20 p. 100 de la ville et une petite partie des propriétés des environs. Les fouilles des sites militaires de Louisbourg ont permis d'échantillonner tous les grands types d'ouvrages de défense. Les nombreux ouvrages offensifs n'ont fait l'objet d'aucun échantillonnage. Dans le cadre des fouilles de la ville et des propriétés des environs, on a étudié les structures publiques, les maisons, les jardins, les magasins, les tavernes, les fours, les boulangeries, les forges, les rues, les allées et les clôtures. Comme la ville s'est peu à peu éteinte
après 1760,
la collection archéologique est plutôt riche en vestiges matériels datant de
la période allant de 1713 à 1768 et
pauvre en objets datant de la fin du xviiie siècle et de la période postérieure. Au moins
98 p. 100 de la collection se rattache à l'objectif de commémoration du lieu et constitue une ressource
de niveau 1.
Le reste est considéré comme une ressource culturelle de niveau 2,
principalement en raison de son association avec l'évolution du lieu. La collection de niveau 1 est une ressource exceptionnellement précieuse, car elle renferme des artefacts provenant de plus de 50 propriétés distinctes mais rapprochées, qui ont pour la plupart été entièrement mises au jour. Il s'agit de la seule collection pour laquelle il existe un vaste programme de recherche historique qui replace nombre des pièces archéologiques dans leur contexte social, économique, fonctionnel et chronologique. Bien que la collection constitue une ressource extraordinaire en termes d'étude et de recherche, ses possibilités n'ont guère été exploitées. Seules les fortifications ont été étudiées systématiquement. Il serait cependant possible d'effectuer d'innombrables fouilles vu la richesse archéologique de la ville. La culture matérielle de la pêche, le chauffage et l'éclairage, les installations sanitaires et l'hygiène ne sont que quelques-uns des aspects qui pourraient être étudiés. La collection a toujours été accessible aux chercheurs de l'extérieur. Des pièces de la collection sont également prêtées temporairement à divers musées et universités et sont utilisées dans le programme d'exposition. Elles sont surtout employées dans le cadre de l'exposition à caractère typologique, qui, en grande partie, a une vingtaine d'années. Ce matériel d'exposition comprend surtout les collections types qui sont celles qui intéressent le plus les chercheurs. Pour faciliter l'accès à la collection, on s'emploie actuellement à la répertorier et à archiver les originaux dans des aires d'entreposage adaptées, et à produire des copies de travail des dossiers sur un support accessible, en l'occurrence un support informatique. On a apporté bien des changements intéressants à l'organisation, à l'accessibilité et à la sécurité de la collection au cours des quinze dernières années. Il demeure cependant plusieurs problèmes à régler, entre autres, les suivants : 1. le traitement pour la conservation ainsi que l'amélioration de l'entreposage des artefacts en fer brut, des petits objets de fouille et des gros artefacts en bois. 2. l'aire d'entreposage dans le grenier des casernes, étant donné qu'elle ne satisfait pas aux normes minimales d'entreposage pour le matériel faunique et autre qui s'y trouve. 3. l'absence de plans d'entretien et d'urgence concernant la collection. Mesures stratégiques
E. Collections muséales Les collections muséales renferment plus de 14 500 objets extrêmement variés, depuis des cuillères en étain jusqu'aux canons installés sur les remparts. Elles comptent des objets historiques datant de la période évoquée, des objets historiques reproduits au xixe siècle et au début du xxe, des copies récentes, et des pièces d'interprétation modernes. L'ensemble de la collection a été acheté entre 1965 et le début des années 1980 pour répondre aux besoins en matière d'animation, meubler les salles d'époque et alimenter les expositions. Viennent s'y ajouter les collections McLennan et Almon. La première comprend quelque 350 objets réunis par J.S. et Katharine McLennan pour le musée, en plus d'autres objets ajoutés entre la fin des années 1930 et le début du projet de reconstruction. La collection Almon comprend environ 120 objets, dons d'Albert Almon en 1945. Une évaluation préliminaire des collections a été entreprise. Approximativement 40 p. 100 des objets des collections McLennan et Almon reflètent l'objectif de commémoration du lieu et sont de niveau 1. Ces pièces incluent des objets trouvés en surface lors des premières fouilles. Les collections McLennan et Almon sont considérées comme des ressources culturelles de niveau 2, en raison essentiellement de leur caractère distinct en tant qu'ensemble d'objets obtenus par les responsables du lieu. Environ 30 p. 100 de la collection principale consiste en des objets historiques datant de la période évoquée, ou en des reproductions du xixe ou du début du xxe siècles. Il s'agit de ressources culturelles de niveau 2 parce qu'elles sont caractéristiques de la Forteresse-de-Louisbourg ou de la même époque, ou encore qu'elles représentent le maintien des traditions du xviiie siècle. Les reproductions modernes forment le reste de la collection. Il importe d'améliorer la tenue des dossiers
de la collection. La situation est le résultat des années de pressions exercées sur le
personnel de l'unité de conservation du lieu en raison de l'ampleur du projet de reconstruction
et de l'expansion du programme d'animation. À l'heure actuelle, environ
70 p.
100 des
objets des collections sont entièrement catalogués, tandis que le reste est inscrit
ou partiellement catalogué. Les dossiers contenant l'information historique sur la pertinence
et l'authenticité des objets ont été établis il y a quelques années à peine. À
l'heure actuelle, environ
85 p. 100 des dossiers ne se prêtent pas aux recherches ni à
l'interprétation. Un projet pluriannuel visant à mettre fin à l'arriéré d'articles non inscrits
vient de prendre fin, et un projet semblable est envisagé pour mettre fin à l'arriéré d'objets
partiellement catalogués et de dossiers incomplets. Les collections sont éparpillées dans la ville reconstruite, l'aire d'entreposage et le centre d'accueil des visiteurs, ce qui pose un problème pour en assurer la bonne utilisation, la sécurité et la conservation, et vérifier les inventaires. Pour des raisons opérationnelles, ce sont les objets historiques (de niveau 2) qui sont exposés et utilisés dans les aires d'animation. On remédie à la situation en remplaçant des objets historiques par des reproductions modernes quand les ressources le permettent. La conservation des collections soulève des inquiétudes. L'utilisation constante pendant les animations nécessite un programme de remplacement continu. Les conditions ambiantes ont entraîné la détérioration marquée des objets plus anciens, et un arriéré dans les articles nécessitant un traitement de conservation. On prévoit établir un programme pluriannuel de conservation en vue de mettre fin à cet arriéré. La taille et la complexité des collections de Louisbourg posent également des problèmes. Les conditions ambiantes souvent non contrôlées entravent la mise en valeur et l'entreposage des collections. Il est impossible de respecter les normes de conservation de la qualité d'un musée. Il faudra envisager et prendre des mesures mieux adaptées pour satisfaire aux exigences en matière de protection et d'entretien. Ces mesures devront permettre le regroupement des aires actuelles d'entreposage et l'examen de la collection afin d'en recenser les pièces excédentaires. Il ne fait aucun doute que les solutions seront coûteuses et qu'elles seront longues à évaluer. Elles seront mises en œuvre en fonction de la disponibilité des ressources. Mesures stratégiques
F. Cimetières La directive de gestion de Parcs Canada sur les Restes humains, cimetières et sépultures fournit un cadre pour la gestion, le traitement, l'entretien et la constitution des dossiers des cimetières et des sépultures. Elle précise que tous les restes humains, le mobilier funéraire, les cimetières et les sépultures doivent être traités avec respect et dignité. La directive précise aussi que les plans de gestion doivent prévoir la préservation des pierres tombales ainsi que l'identification des cimetières et des sépultures. Louisbourg compte plusieurs cimetières et lieux de sépulture, depuis les cimetières de la pointe Rochefort et de l'anse Kennington, qui pourraient contenir de 1 000 et 500 sépultures respectivement, jusqu'à diverses sépultures individuelles, comme celles de l'île Battery et de la pointe Simon. La collection archéologique renferme des restes humains trouvés lors de trois fouilles. L'unité de l'archéologie conserve des fichiers et des dossiers sur chacun des cimetières. On connaît l'emplacement de la plupart des cimetières uniquement grâce aux documents historiques, qui varient grandement dans l'exactitude des renseignements consignés. Tous les lieux de sépulture sont pris en considération dans les évaluations environnementales et on prend toutes les précautions requises pour ne perturber aucun d'entre eux. Quatre lieux de sépulture possèdent des caractéristiques uniques :
L'érosion le long de la rive nord de la pointe
est une source de préoccupation, car elle a mis au jour des restes humains. Des études
ont révélé la présence d'autres sépultures à cet endroit. On prévoit que la Commission
géologique du Canada, dont il est question à la section
3.3.a,
aidera à élaborer une stratégie de gestion qui visera, entre autres, à régler ce
problème.
Au nombre des mesures et responsabilités actuelles du personnel du lieu, mentionnons les suivantes : tenue des dossiers et photos de chaque cimetière; inspection et patrouille régulières et prise de mesures en vue d'assurer l'entretien; conservation des pierres tombales selon les lignes directrices de conservation de Parcs Canada; remplacement des croix en bois au besoin, et entretien des pelouses et des clôtures selon les normes établies pour les aires d'utilisation diurne du lieu. Pour sa part, la paroisse applique ses propres normes et politiques pour le cimetière qu'elle gère en dehors du lieu. Ces normes et politiques servent de base aux discussions concernant la gestion permanente des cimetières du lieu. Mesures stratégiques
G. Gestion des ressources naturelles et des écosystèmes La préservation de l'intégrité commémorative constitue un volet essentiel du mandat de Parcs Canada dans les lieux historiques nationaux. Il est désormais admis que les caractéristiques de l'écosystème naturel font souvent partie intégrante de l'histoire et du paysage des lieux historiques nationaux. Il importe d'assurer la protection des caractéristiques des ressources naturelles des écosystèmes compte tenu de la responsabilité de Parcs Canada en matière de gérance de l'environnement. Les principes de valeur relatifs à la gestion des ressources culturelles déterminent ce rôle, qui repose sur la compréhension des liens étroits entre les ressources culturelles, les systèmes naturels et les êtres humains. Une approche globale s'impose si on veut assurer un avenir durable. Perspective historique La végétation et le paysage du lieu historique national se sont transformés depuis l'établissement de Louisbourg au début du xviiie siècle. Mentionnons, entre autres raisons, la construction de la forteresse, le défrichement et les modifications à des fins stratégiques, le pacage des animaux, la coupe du bois pour le chauffage, la construction de routes et de bâtiments et l'introduction d'espèces végétales non indigènes. Certains changements parmi les plus marquants sont survenus dans les années 1720, quand on a massivement déboisé les terres autour de Louisbourg pour se chauffer, construire et assurer la défense militaire de l'endroit. Au moment du second siège en 1758, on avait coupé presque tous les arbres dans un rayon de 10 kilomètres de la forteresse. La pruche du Canada et le pin blanc étaient des essences communes, et leur coupe explique leur rareté à cet endroit aujourd'hui. Les Français ont modifié le paysage immédiat de la forteresse et le long de certaines parties de la côte pour les besoins de la défense. Pendant les deux sièges, les soldats de Nouvelle-Angleterre et les soldats britanniques ont laissé leur empreinte sur le paysage en construisant des ouvrages de siège et des campements.
Après la chute de Louisbourg, les terres ont été défrichées à des fins agricoles, en particulier près de la côte et à l'intérieur, le long des routes. On peut encore voir les vestiges des maisons, des fermes et des champs, ainsi que des vestiges d'utilisation commerciale en bordure ouest de l'anse Kennington. L'exploitation forestière s'est faite à grande échelle dans toute la région. Le lieu aurait été défriché de trois à cinq reprises depuis le début du xviiie siècle. On a également trouvé des traces d'une prospection minérale plus récente dans la réserve minérale. Il est clair que les activités du passé ont profondément marqué le paysage actuel. Le lien entre la terre et ses ressources ainsi que l'utilisation qu'on en a fait au fil du temps sont des éléments clés qui permettent de comprendre le milieu naturel d'aujourd'hui. Description des ressources Avec une assise territoriale de 60 kilomètres carrés et un littoral de 31 kilomètres de long, la Forteresse-de-Louisbourg est l'un des plus vastes lieux historiques nationaux du Canada. Le lieu est formé de collines ondulantes et vallonnées sur un substrat rocheux. Il est parsemé de terres humides, de tourbières, de ruisseaux et de cours d'eau. La côte est faite de falaises entrecoupées de plages de galets, sauf à l'anse Kennington, où il y a des plages de sable. L'hydrographie de l'endroit est semblable à celle des plaines côtières de la Nouvelle-Écosse, faite de lacs peu profonds, d'étangs et de ruisseaux. La forêt boréale domine le paysage, influencée par un climat maritime caractérisé par des étés frais, de fortes précipitations et un brouillard fréquent. Les trois quarts du lieu sont recouverts de sapins baumiers et d'épinettes blanches, qui sont les essences dominantes. Les terres humides, nées de l'affouillement et des dépôts glaciaires, occupent environ 10 p. 100 de l'assise territoriale et prennent le plus souvent la forme de tourbières. Les landes, situées le long de la côte, occupent 5 p. 100 du lieu. Les zones perturbées, qui représentent 8 p. 100 du territoire, sont surtout d'anciennes terres colonisées ou cultivées. Les espèces de mammifères sont généralement représentatives de celles qui fréquentent le secteur sud-est du Cap-Breton. Le lieu sert de refuge à plusieurs mammifères, et notamment au cerf en migration en raison de son statut d'aire protégée. Bien que les limites du lieu soient définies par la laisse moyenne de marée haute, il convient de mentionner des ressources marines comme les phoques, les oiseaux de mer et les canards. Les trois îles situées à l'entrée du port, entre autres l'île Battery qui se trouve dans les limites du lieu, servent d'aires de nidification aux goélands, aux cormorans et aux guillemots. À l'intérieur des terres, l'avifaune ressemble fort à celle du parc national des Hautes-Terresdu-Cap-Breton, qui abrite de nombreuses espèces, mais en petit nombre. L'habitat du poisson est principalement constitué de petits ruisseaux à faible débit et de lacs peu profonds, où l'eau est chaude en été. Parmi les espèces présentes, mentionnons les espèces pêchées comme le saumon de l'Atlantique, l'omble de fontaine et l'éperlan arc-en-ciel. Planification écosystémique La description et l'analyse des ressources se sont terminées en 1990. Un plan provisoire de conservation du lieu a été établi en 1987, puis mis à jour en 1992. Un plan de conservation de l'écosystème est maintenant en cours d'élaboration. Il reposera sur les documents antérieurs afin de mettre fin à des préoccupations d'ordre culturel et naturel de longue date. La base de données biophysiques date du milieu des années 1970, mais les données sur la couverture végétale ont été mises à jour d'après les études surfaciques de 1993. La base de données a été convertie sous une forme numérique convenant aux systèmes d'information géographique. Les données sur les ressources naturelles et les données numériques sur les ressources culturelles permettent au personnel de cerner et d'analyser les liens qui existent entre les deux et de prendre les mesures nécessaires pour atténuer ou éliminer les menaces. Dans ce contexte, la gestion du milieu naturel peut aider à renforcer l'intégrité commémorative du lieu. Conformément à la Politique sur la gestion des ressources culturelles, l'établissement de la base de données permettra de définir les caractéristiques de l'écosystème de même que l'habitat et les espèces qui revêtent une importance particulière et qui doivent être protégés en raison de la diversité qu'ils apportent à l'écosystème. La recherche menée à ce jour a permis de mettre en évidence les caractéristiques spéciales expliquées ci-dessous. Végétation La lande couvre environ 5 p. 100 de l'assise territoriale. Principalement située entre l'anse Kennington et la pointe White et à l'est de la pointe du Phare, elle s'étend le long de la côte sur une bande vallonnée semblable à un alpage offrant un précieux milieu biologique. Les plantes s'accrochent au substrat rocheux et au till peu profond et sont fortement soumises aux dures conditions marines. Ces plantes halophytes rabougries sont principalement boréales, et on trouve çà et là une végétation arctique-alpine et de plaine côtière. Les terres humides occupent environ 10 p. 100 de l'assise territoriale. Les tourbières constituent le type le plus important de terres humides, en particulier les tourbières hautes qui conservent la marque de plusieurs centaines d'années de croissance. La végétation arctique-alpine est caractéristique des tourbières tout comme la végétation boréale. La lande et les tourbières n'ont été que peu perturbées par l'activité humaine au fil du temps et sont propices aux recherches. Dix espèces rares de plantes vasculaires ont été recensées d'après les listes de la Nouvelle-Écosse. Une de ces espèces figure sur la liste fédérale des plantes rares. On pense que d'autres espèces classées rares, vulnérables et peu courantes sont présentes en raison de l'habitat favorable. La plupart de ces espèces poussent dans les tourbières et les landes. Les recherches se poursuivent et l'information est transmise aux organismes provinciaux. Habitat faunique L'habitat se trouvant dans les limites du lieu abrite deux espèces connues qui doivent être protégées. Le cerf de Virginie et le saumon de l'Atlantique sont deux espèces protégées en vertu de la Loi sur les parcs nationaux (partie II, article 2). La migration hivernale du cerf, qui traverse le lieu pour se rendre dans les zones côtières, est bien connue. Au lieu, le cerf trouve refuge dans la forêt d'épinettes blanches et a accès au varech, une importante source d'alimentation en hiver, que rejette la mer. Les cerfs, dont le nombre fluctue d'une année à l'autre, attirent les naturalistes amateurs qui aiment observer la faune. Le saumon de l'Atlantique fréquente trois ruisseaux : Kennington Cove, Freshwater et Gerratt. Ce dernier est un ruisseau réservé exclusivement à la pêche à la mouche. Parcs Canada protégera l'habitat qui abrite ces espèces. Bassin hydrographique du lac Kelly Le bassin hydrographique du lac Kelly est une source d'approvisionnement en eau tant pour la collectivité de Louisbourg que pour le lieu historique national. Une partie du bassin se trouve dans les limites du lieu; le lac délimite le lieu dans ce secteur. Parcs Canada continuera à protéger la partie du bassin qui lui appartient afin de prévenir la contamination de cette source d'approvisionnement en eau. Gestion conjointe des écosystèmes L'assise territoriale du lieu ne peut être gérée sans tenir compte des aires avoisinantes. L'utilisation des terres a une incidence directe sur les caractéristiques et les processus des écosystèmes, faisant apparaître divers facteurs de stress. Le stress peut provenir du lieu ou de l'extérieur. Le stress interne peut être causé par les activités des visiteurs et leur utilisation du lieu, les projets de construction, la surpêche, l'exploration et l'extraction minières éventuelles dans la réserve minérale ainsi que par l'introduction d'espèces végétales non indigènes. Parmi les facteurs externes, mentionnons l'exploitation forestière près des limites du lieu, la chasse, la construction de la route Fleur-de-lis et les déversements d'hydrocarbures en mer. Pour mettre fin à ce stress, il importe d'adopter une perspective écosystémique qui prévoit la collecte d'information sur les ressources naturelles et culturelles et qui tient compte des processus écologiques et des activités humaines. On ne pourra y parvenir qu'en travaillant et en collaborant avec d'autres intervenants de l'endroit et de la région, entre lesquels il existe une interdépendance évidente. Le personnel du lieu collabore déjà avec d'autres intervenants de la région avec lesquels il échange de l'information sur l'ensemble de l'écosystème, et notamment avec le ministère provincial des Ressources naturelles, surtout pour obtenir des statistiques sur la population de cerfs, ainsi qu'avec le ministère provincial de l'Environnement, le ministère fédéral des Pêches et des Océans et le ministère fédéral de l'Environnement, plus particulièrement le Service canadien de la faune et le Service de l'environnement atmosphérique. À l'avenir, on cherchera à établir à l'échelle locale une plus grande collaboration avec les propriétaires des terrains adjacents, le University College of Cape Breton, les Volontaires de la forteresse de Louisbourg, la nouvelle municipalité régionale, les associations de protection de la faune et du poisson, et les groupes de naturalistes. La collaboration sera assurée par des ententes officielles et non officielles. Pour être efficace, Parcs Canada devra démontrer sa capacité de gérance en entreprenant des programmes de recherches et de surveillance en vue d'améliorer la base des connaissances actuelles sur le stress subi par les diverses composantes des écosystèmes. L'un des premiers problèmes à régler concerne la définition et l'évaluation des ressources culturelles. L'emplacement particulier, l'état et la vulnérabilité de celles-ci constituent les principaux facteurs dont il faut tenir compte pour déterminer le mode de gestion de l'assise territoriale. La Politique sur la gestion des ressources culturelles l'emportera quand des ressources culturelles devront être protégées. Toute intervention subséquente dans les processus de l'écosystème sera évaluée attentivement avant que des mesures ne soient prises. Mesures stratégiques
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