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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LA FORTERESSE DE LOUISBOURG

PROJETS SCOLAIRES

PROJETS DE RECHERCHE, A L'ÉCOLE OU A L'UNIVERSITÉ


LOUISBOURG - LA FORTERESSE

LES FORTIFICATIONS

Quand les gens pensent à Louisbourg, ils voient souvent de hautes murailles se dessinant dans la brume, des sentinelles postées à l'une des portes de la ville, ou un soldat solitaire marchant sur les remparts. Cependant, ce qui semble pittoresque aujourd'hui paraît essentiel au XVIIIe siècle. «Mais bien sûr, [diraient] les gens de l’époque, une place forte doit avoir des murs et des soldats, des portes et des remparts. Ces choses sont là pour nous défendre.»

L' impression initiale que les fortifications de Louisbourg produisent dépend surtout de 1'expérience de chacun. Il en est de même au XVIIIe siècle.

Aux yeux des soldats de la Nouvelle-Angleterre qui assiègent la forteresse en 1745, Louisbourg paraît formidable. Mais il faut comprendre que peu d'habitants de la Nouvelle-Angleterre ont déjà vu des fortifications plus imposantes qu'un blockhaus, un fort en pieux ou une batterie en terre.

Les Français en visite à Louisbourg voient les choses autrement. Habitués aux imposantes forteresses d'Europe, en particulier aux places fortes de France, ils considèrent Louisbourg comme une simple ville fortifiée.

Pourtant, sur le continent nord-américain, Louisbourg est l'une des plus grandes et des plus imposantes places fortes militaires. Il faut plus de vingt ans pour construire ses défenses et, quand elles sont enfin terminées, Louisbourg est devenue une ville fortifiée complètement entourée de murailles. Personne ne peut y entrer autrement qu'en passant par une des portes gardées par des sentinelles. Il y a de hauts murs du côté de la terre et plus de 100 canons prêts à servir sur les remparts.

LE CONTEXTE DE LA FORTERESSE

Les défenses de Louisbourg sont conçues et construites d'après les principes généraux des fortifications des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces principes ont été mis au point en Europe par Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), l'ingénieur principal de Louis XIV. Vauban a construit ou modifié plus de cent forteresses le long des frontières françaises.

Les fortifications de l'époque précédente (la fin du Moyen-Age) consistaient en des châteaux, des tours et autres ouvrages défensifs en hauteur qui offraient une excellente protection contre les catapultes et les échelles.

Cependant, suite à l'introduction de l'artillerie au XVIe siècle, ces défenses sont devenues démodées. Les hauts murs sont vulnérables aux boulets de fer des canons. Un château ayant résisté à d’innombrables attaques à l'époque médiévale peut être complètement détruit en quelques heures par le tir de l'artillerie.

Il faut désormais construire des murs plus bas et plus épais. Ces murs doivent être protégés contre le tir direct des canons ou cachés. Pour ce faire, les ingénieurs inventent des ouvrages de terre appelés «glacis». La pente douce du glacis permet aux défenseurs de voir les soldats ennemis qui s'approchent.

Les murs des nouveaux ouvrages de défense sont aussi disposés en angle, afin de maximiser le champ de tir contre les attaquants. Les ingénieurs calculent les angles des murs avec soin. Ces nouveaux ouvrages défensifs prennent le plus souvent la forme d'un bastion.

 LES BASTIONS

Les forteresses du XVIIIe siècle sont des ouvrages à la géométrie soignée. Le contour ou tracé des fortifications dépend de plusieurs facteurs, dont les plus importants sont le terrain et les théories des ingénieurs responsables.

Beaucoup de défenses ont la forme d'une étoile; d'autres celle de polygones irréguliers. Quoi qu'il en soit, les ingénieurs calculent avec soin chacun des angles au moment de dessiner les plans, afin de tirer parti du terrain au maximum.

Presque toutes les forteresses sont munies de bastions. Le bastion est un élément en saillie sur un mur. Un bastion complet possède deux faces et deux flancs. Il existe cependant aussi des demi-bastions.

Les ingénieurs placent généralement les bastions près les uns des autres, de façon que le tir des canons et des mousquets de l'un puisse protéger l'autre. Dans les grandes forteresses, les ingénieurs construisent en outre des ouvrages extérieurs - des redoutes, des ravelins et des

demi-lunes - pour mieux protéger les murailles principales. Certains ingénieurs de Louisbourg avaient proposé d'ajouter des ouvrages extérieurs perfectionnés aux défenses de la ville, mais à cause du manque de fonds, seuls des ouvrages de terre très simples ont pu être réalisés.

 TERMINOLOGIE

Le vocabulaire des fortifications est un vocabulaire spécialisé qui comporte des dizaines de termes. Voici quelques-uns des plus courants:

 LES DÉFENSES DE LOUISBOURG

Au début, quand les Français s'établissent dans l’Île Royale, le nom de l'île du Cap-Breton entre 1713 et 1758, les autorités coloniales craignent que Louisbourg ne soit trop difficile à fortifier. Le terrain est marécageux et il n'y a pas de colline sur laquelle bâtir un fort.

Cependant, il devient bientôt apparent que la pêche et le commerce sont en train de faire de Louisbourg le plus gros et le plus important établissement de l'île. La ville est aussi devenue la capitale administrative. Elle s'est donc transformée en un établissement qu'il faut doter d’importantes fortifications. Il faut en faire une place forte militaire.

Les défenses de Louisbourg visent deux objectifs. Premièrement, elles doivent protéger la ville. Des murs sont donc construits de façon à encercler complètement l’établissement. Les murs hauts sont situés du côté de la terre, les murs bas du côté de la mer; en tout, il y a sept bastions reliés par six courtines.

Deuxièmement, les défenses de Louisbourg doivent protéger le port. À cette fin, plusieurs batteries sont construites: deux à l'intérieur de la ville (aux deux extrémités du quai) et deux à l'entrée du port.

 LES INGÉNIEURS

La plupart des fortifications françaises du XVIIIe siècle sont conçues par le corps des ingénieurs. Il en va de même à Louisbourg.

Ayant reçu une formation d'architectes, les ingénieurs du Roi constituent un groupe d'élite. À Louisbourg, ils planifient et supervisent tous les travaux de fortification. Ils conçoivent aussi les bâtiments du gouvernement et dessinent les plans de la ville.

Quoiqu’ils soient importants, les ingénieurs sont peu nombreux. Habituellement il y a un ingénieur en chef aidé de plusieurs assistants.

Trois ingénieurs particulièrement bien connus travaillent à Louisbourg. En 1717, Jean-François de Verville dessine les plans de la ville et de ses défenses avant de superviser les premières années des travaux de construction.

Étienne Verrier succède à Verville en 1725 et il demeure ingénieur en chef jusqu’en 1745. Verrier supervise la construction du phare, des fortifications du côté de la terre et de la mer, et celle de nombreux bâtiments du Roi.

Louis Franquet, qui sert à Louisbourg dans les années 1750, est responsable des fortifications dans toute la Nouvelle-France. Il doit donc diviser son temps entre Louisbourg et Québec. Franquet propose beaucoup de solutions en vue d'améliorer les défenses de Louisbourg, mais comme le Trésor royal manque d'argent, peu d'entre elles peuvent être appliquées.

LA CONSTRUCTION DES FORTIFICATIONS

Ce sont des entrepreneurs civils venus de France qui bâtissent les fortifications et les bâtiments du Roi. Utilisant les plans des ingénieurs du Roi, ils engagent les travailleurs dont ils ont besoin pour faire le travail. Beaucoup des artisans et des ouvriers engagés sont des soldats de la garnison qui reçoivent un salaire supplémentaire pour leur participation à la construction des fortifications.

Les constructeurs doivent faire face à deux grands problèmes. Premièrement, une partie du mortier de chaux est de mauvaise qualité: il contient beaucoup de grès, ce qui l'affaiblit. De plus, le sel de mer qui se trouve dans le sable l'empêche de bien prendre.

Deuxièmement, comme beaucoup de villes situées au bord de la mer, Louisbourg a un climat humide. Le mortier prend beaucoup de temps à sécher à cause du temps changeant et humide, et le cycle du gel et du dégel endommage le mortier déjà peu résistant.

À cause de ces problèmes, les Français doivent constamment faire des réparations. Ils appliquent parfois du nouveau mortier, mais ils ont tôt fait de découvrir qu'il vaut mieux clouer des planches de bois aux murs en pierre. Les Français se servent aussi de crampons de fer (qui ont l'air de grosses broches) pour maintenir les pierres en place.

LES DÉFENSES DU PORT DE LOUISBOURG

En tant que port d'escale, Louisbourg se doit d'avoir des installations portuaires bien défendues. Craignant une attaque surprise de la part des Britanniques ou des colons de la Nouvelle-Angleterre, les Français érigent plusieurs ouvrages de défense côtière autour du port pour le protéger contre un assaut éventuel. Les canons de la forteresse sont montés sur des affûts de marine, comme on en trouve à bord des navires. Il y a quatre batteries :

1. La batterie Royale: son champ de tir couvre le port et l’entrée du port.

2. La batterie de l’Île: elle couvre également le port et l’entrée du port, mais d'un angle différent.

3. La pièce de la Grave: ses canons balaient aussi des parties du port.

4. La batterie semi-circulaire: son champ de tir balaie aussi le port.

Quand on parle du «champ de tir», il faut bien voir que plus la cible ennemie est éloignée, moins le tir est précis. Les canons du XVIIIe siècle ont une portée efficace de 1 500 mètres environ seulement, ce qui est très peu en comparaison avec les armes modernes. Pour atteindre et endommager une cible mouvante, comme un navire, il faut donc être très près ou très chanceux.

LE COÛT DE LOUISBOURG

On a beaucoup écrit au sujet du coût élevé des fortifications de Louisbourg. Certains auteurs croient que tout cet argent a été dépensé en vain. Dans le contexte de l'époque, cependant, il n'en est rien. Les Français veulent une ville bien défendue et ils sont prêts à payer pour l’obtenir. De même, on ne dépense jamais plus d'argent à Louisbourg en un an qu’il en faut pour affréter un navire de guerre chargé d'une patrouille de six mois dans l'Atlantique Nord. Ces patrouilles sont jugées essentielles, tout comme la présence d'établissements fortifiés à terre.

Entre 1713 et 1758, Le Trésor français dépense quatre millions de livres* en fortifications et seize millions de livres en travaux publics divers à Louisbourg.

[* La livre est l'unité monétaire courante en France sous l'Ancien Régime.]

En retour, la France jouit d'un port naval et commercial, ainsi que d'une base pour ses bâtiments de pêche. Louisbourg est aussi une place forte servant à des fins stratégiques. Malgré le coût élevé des travaux de construction et d'entretien de Louisbourg, les fonctionnaires coloniaux français n'ont jamais douté de la valeur de la forteresse.


LA GARNISON

Comme toute ville fortifiée, Louisbourg a besoin d'une importante garnison. Il faut des soldats pour garder les portes et les guérites, de même que pour patrouiller les rues et les murs. Même lorsqu’ils ne sont pas de service, les soldats ne doivent jamais s'éloigner, de façon à pouvoir intervenir en cas d'attaque.

Dans les années 1740, les soldats représentent environ le quart de la population de Louisbourg, c'est-à-dire qu’il y a quelque 700 soldats parmi les 2 500 à 3 000 habitants de la ville. Dans les années 1750, les militaires forment près de la moitié de la population de la ville. Une agglomération où la présence des militaires atteint une telle proportion est appelée une «ville de garnison».

Partout à Louisbourg se déroulent des activités militaires. Des sentinelles montent la garde devant les divers bâtiments du Roi, des détachements de soldats parcourent les rues, des sentinelles patrouillent les murs et gardent les portes. Les roulements du tambour retentissent toutes les heures ou presque.

Grâce aux nombreuses activités de la garrison et aux murs qui encerclent la ville, les gens éprouvent un sentiment d'ordre et de sécurité.

LES ACTIVITÉS DE LA GARNISON

Pendant toute l'histoire de Louisbourg ou presque, les soldats effectuent plus de travaux de construction que de manoeuvres militaires. Cependant, les pages suivantes sont axées sur les activités militaires.

Les fonctions militaires des soldats comprennent:

Tous les soldats affectés à la garde, y compris les officiers, doivent rester près du corps de garde pendant toute la durée de leur période de service, soit 24 heures. Ils doivent aussi rester en uniforme et garder leurs armes à portée de la main.

Les sentinelles postées autour de la ville sont choisies parmi les soldats affectés aux corps de garde. Les sentinelles montent la garde à des endroits clés de la forteresse ainsi que devant certains bâtiments du roi. L'été, les sentinelles sont relevées aux deux heures; l'hiver, aux heures ou à la discrétion du commandant. Quand ils ne sont pas postés en sentinelles, les soldats affectés aux corps de garde coupent du bois ou nettoient leurs quartiers.

LES UNITÉS MILITAIRES

En tant qu’une des nombreuses colonies françaises d'outre-mer, l'Île Royale relève du ministère de la Marine, qui est aussi responsable de la Marine française.

Les troupes qui servent dans les colonies françaises d'outre-mer appartiennent au ministère de la Marine. On les appelle les troupes de la Marine, ou compagnies franches de la Marine.

Les troupes de la Marine sont recrutées en France pour servir dans les colonies. Conformément aux règlements, les soldats doivent être âgés de seize ans au moins et mesurer environ 1 mètre 62. En réalité, cependant, des soldats plus jeunes et plus petite servent à Louisbourg. Comme il y a beaucoup de travaux de construction à faire à Louisbourg, les représentants de la Marine essaient de recruter des soldats qui possèdent des compétences ou des métiers spécialisés.

Contrairement aux soldats de l'armée française, les troupes de la Marine ne sont pas organisées en régiments. Ils sont plutôt groupées en compagnies franches. Le nombre et la taille des unités varient beaucoup. Dans les années 1740, on compte huit compagnies de 70 hommes chacune portent le nom de leur capitaine. Ainsi l'unité du capitaine Michel DeGannes est appelée la compagnie DeGannes.

Tous les soldats de l'Île Royale ne sont pas en poste à Louisbourg. On trouve aussi de petits détachements à Port Dauphin (St. Anns) et à Port Toulouse (St. Peters).

Outre les troupes de la Marine, la garnison de Louisbourg compte un groupe d'élite de spécialistes de l'artillerie appelés les canonniers-bombardiers. Ces spécialistes forment une compagnie distincte de 30 hommes. Formés à l'école d'artillerie à Louisbourg, ils sont responsables des nombreux canons de la forteresse.

Enfin, Louisbourg compte un régiment de mercenaires suisses et allemands, le régiment de Karrer, qui porte le nom de son colonel, Franz Joseph Karrer. Ce régiment a jusqu’à 150 soldats à son effectif.

Les troupes de Karrer considèrent qu'elles ont droit à des privilèges. Certains de ces privilèges sont énumérés dans leur contrat avec le Roi, d'autres ne le sont pas et font l'objet de disputes.

En décembre 1744, les soldats français de Louisbourg se mutinent contre leurs officiers. Ces soldats disent recevoir un traitement injuste et beaucoup se plaignent de la mauvaise qualité des vivres. Les officiers, toutefois, blâment les soldats de Karrer, à l’origine selon eux de la protestation. Résultat, le régiment de Karrer ne retourne pas à l'Île Royale lorsque les Français reviennent en 1749 après la capture de Louisbourg par les Britanniques en 1745.


LES SIÈGES

Les événements les mieux connus de l'histoire de Louisbourg sont les sièges, qui sont des opérations offensives de longue durée menées contre une place forte. Deux fois assiégée, la ville de Louisbourg est tombée les deux fois

CONTEXTE DU SIÈGE DE 1745 - L'ETE DE 1744

Le premier assaut contre Louisbourg a lieu dans le cadre d'un conflit européen connu sous le nom de guerre de la Succession d'Autriche (1740-1748). Cette guerre éclate quand l'Empereur du Saint-Empire romain germanique mourt sans laisser d’héritier mâle. Quelques puissances européennes tentent alors de s'emparer d'une partie des terres de l'Autriche, tandis que d'autres se battent pour conserver les frontières existantes.

Ce n'est qu’en 1744 que Louisbourg est touchée par la guerre. Au printemps de cette année-là, les rois de France et de Grande-Bretagne se déclarent la guerre, entraînant du coup les colonies françaises et britanniques d'Amérique du Nord dans le conflit. Les soldats, les marins et les habitants de Louisbourg doivent se préparer à une éventuelle attaque par les troupes de la Nouvelle-Angleterre ou de la Grande-Bretagne. De même, les établissements britanniques situés sur la partie continentale de la Nouvelle-Écosse (Annapolis Royal et Canso) doivent se tenir aux aguets au cas où les Français attaqueraient.

La nouvelle de la déclaration de la guerre ne parvient à Louisbourg qu’au début de mai 1744. Le commandant Jean-Baptiste Le Prévost Duquesnel et ses officiers s'empressent alors d'organiser une attaque contre Canso, la base de pêche de la Nouvelle-Angleterre. Le 23 mai, 351 hommes quittent Louisbourg à bord de 17 navires. Le lendemain matin, la petite flotte arrive à Canso et lance son assaut. Ignorant que la guerre a été déclarée, les colons de l'endroit n’offrent qu’une courte résistance avant de se rendre.

Après la conquête de Canso, les fonctionnaires de Louisbourg se tournent vers la guerre de course. La «guerre de course» est une forme de guerre maritime dans laquelle des navires armés par des particuliers (les corsaires) reçoivent l'autorisation du gouvernement d'attaquer et de piller les bâtiments ennemis.

De la fin mai au début de juin 1744, les corsaires de Louisbourg capturent un grand nombre de bateaux de pêche et de commerce de la Nouvelle-Angleterre. Au cours de l'été, cependant, les bâtiments de guerre britanniques et les corsaires de la Nouvelle-Angleterre se mettent à riposter et finissent par l'emporter. En septembre 1744, beaucoup de bateaux et de navires français ont été capturés.

Sur la terre ferme, après la prise de Canso en mai, les Français envisagent de donner l'assaut contre le seul autre établissement britannique en Nouvelle-Écosse: Annapolis Royal. Les Français organisent deux sièges contre Annapolis Royal, l'un en juillet et l'autre à l'automne. Toutefois, Louisbourg ne peut envoyer l'appui naval nécessaire pour forcer les Britanniques à se rendre. Par conséquent, bien qu'elle soit attaquée deux fois, la ville d'Annapolis Royal ne tombe pas aux mains des Français en 1744.

Les événements de 1744 - la capture de Canso par les Français, la guerre de course et les deux assauts contre Annapolis Royal - débouchent directement sur l'attaque de Louisbourg en 1745. Ayant constaté à quel point les établissements et les navires britanniques sont vulnérables aux attaques en provenance de Louisbourg, les habitants de la Nouvelle-Angleterre, dirigés par le gouverneur William Shirley, décident de tenter de s'emparer de la forteresse.

LA DÉCISION D'ATTAQUER - 1745

Au printemps de 1745, la Nouvelle-Angleterre lève une armée de plus de 4 000 hommes en vue d'une expédition contre Louisbourg. William Pepperrell de Kittery, Maine, en est le commandant. La Grande-Bretagne fournit un appui naval, et les États de New York, du New Jersey et de la Pennsylvanie, de l'argent, des armes et des provisions.

En avril, l’expédition quitte les colonies américaines. Elle se dirige d'abord vers Canso dans le but de préparer l'assaut contre Louisbourg. Au même moment, une partie de la flotte britannique organise le blocus du port français. La dérive des glaces au printemps retarde l'attaque pendant quelque temps, mais au début de mai, les conditions sont enfin favorables pour lancer l'assaut.

LES DÉFENSEURS

Au cours du premier siège, les défenseurs de Louisbourg doivent faire face à plusieurs problèmes. Premièrement, le moral des troupes est bas à cause de la mutinerie de l’hiver précédent. Deuxièmement, la garnison elle-même compte moins de 700 soldats, plus environ 900 miliciens, ce qui est bien peu compte tenu de la taille des fortifications. Troisièmement, les défenses ont des points faibles: la batterie Royale est en réparation et les principaux bastions sont entourés de collines d'où les canonniers ennemis peuvent bombarder la ville. Quatrièmement, Louisbourg est extrêmement vulnérable à un blocus naval. Le port ne peut survivre que tant qu’il dispose de vivres. Sans renforts et sans provisions additionnelles, Louisbourg ne peut que tomber.

LES ATTAQUANTS

Au début du siège, les troupes de la Nouvelle-Angleterre sont déterminées et confiantes. Les forces terrestres comptent environ 4 000 hommes organisés en onze régiments. Pour certains de ces soldats, l'assaut contre Louisbourg prend des airs de croisade religieuse. Ils se voient comme des militants protestants sur le point de capturer une place forte catholique.

Les forces navales comptent plus de 100 navires, dont douze bâtiments de guerre britanniques qui sont les plus impressionnants. L'escadron naval britannique est sous les ordres de Sir Peter Warren.

LE DEROULEMENT DU SIEGE

Tôt le matin du 11 mai 1745, la flotte britannique pénètre dans la baie de Gabarus. Quelques heures plus tard, les soldats de la Nouvelle-Angleterre débarquent près de la batterie Royale. Le lendemain, les forces françaises de Louisbourg, envoyées en trop petit nombre et trop tard, décident d'abandonner la batterie Royale. Une fois l’ennemi bien établi sur la côte, il était peu probable que les Français arrivent à défendre la batterie contre une attaque de l'arrière. Cependant, avant de partir, ils placent des pointes en métal dans la lumière de leurs canons pour les rendre inutilisables. Le 13 mai, les troupes de la Nouvelle-Angleterre s'emparent de la batterie et ont tôt fait de réparer les canons francais.

En plus de s’emparer de la batterie Royale, les assiégeants établissent plusieurs nouvelles batteries. À mesure que le siège progresse, les positions offensives se rapprochent des murs de la forteresse.

Si les troupes de la Nouvelle-Angleterre capturent la batterie Royale sans combat, il n'en va pas de même pour les autres postes français. Le 6 juin, un assaut direct contre la batterie de l'Île échoue misérablement et les soldats de la Nouvelle-Angleterre subissent des pertes importantes. Les attaquants changent alors de tactique et installent une batterie à la pointe du Phare, d'où ils peuvent bombarder la batterie de l'Île. Ils s'emparent de celle-ci et, le 24 juin, les canons français de l'île se taisent. Deux jours plus tard, un cessez-le-feu intervient et les deux parties négocient les termes de la reddition. Le 27 juin, une entente est conclue. Les troupes de la Nouvelle-Angleterre entrent dans la ville le j our suivant «Drapeaux ... au vent, tambours battant, au son des trompettes, des flûtes & violes.»

Conformément aux termes de la reddition, les Français sont autorisés à conserver beaucoup de leurs biens. Quelques semaines plus tard, presque tous les habitants de Louisbourg montent à bord de navires à destination de la France où ils demeurent jusqu’à la signature du traité de paix (le traité d'Aix-la-Chapelle) qui met fin à la guerre de la Succession d'Autriche en 1748. Comme ce traité rend l'Île Royale à la France, les Francais reviennent à Louisbourg à l'été de 1749. Ce même été, les Britanniques fondent Halifax pour faire contrepoids à la forteresse française.

CONTEXTE DU SIÈGE DE 1758

Le second siège de Louisbourg se déroule dans le cadre d'un conflit mondial connu sous le nom de guerre de Sept Ans. En 1756, la Grande-Bretagne et la France se déclarent la guerre en Amérique du Nord, cependant, les hostilités ont débuté deux ans plus tôt. Et, en 1755, les Britanniques ont capturé le fort Beauséjour et commencé la déportation des Acadiens.

Le début officiel de la guerre en 1756 coïncide avec un changement important au sein du gouvernement britannique. La politique agressive du nouveau premier ministre, William Pitt, vise à remporter une victoire décisive en Amérique du Nord.

Les blocus des Britanniques représentent les premiers efforts de l'ennemi contre Louisbourg. Sans paralyser la colonie, ces blocus nuisent néanmoins aux mouvements des bateaux de pêche, de commerce et de guerre à destination de la France et de la forteresse. Les Britanniques tentent ensuite un assaut contre Louisbourg en 1757, mais la flotte offensive arrive tard et elle est ensuite dispersée par une tempête.

LES DÉFENSEURS

Au début du second siège, les Français sont dans une bien meilleure position que lors du premier. Le gouverneur Augustin de Boschenry Drucour a environ 3 500 soldats et miliciens sous ses ordres. I1 dispose aussi d'un important appui naval: six vaisseaux de 50 canons au moins et quatre de moins de 50 canons. Malgré la mauvaise condition générale des fortifications, les dommages subis en 1745 ont été réparés. De plus, il existe des positions défensives le long de la côte, dont une batterie à la pointe du Phare, en face du port. Un grand nombre de Mi’kmaq, alliés des Francais, se trouvent aussi à Louisbourg en 1758, ce qui n’était pas le cas en 1745.

LES ATTAQUANTS

Les troupes britanniques de 1758 sont beaucoup plus nombreuses que celles qui ont été réunies par la Nouvelle-Angleterre en 1745. En fait, les forces terrestres et navales comptent environ 27 000 hommes en tout. De ce nombre, plus de 13 000 sont sous les ordres du major-général Jeffery Amherst. Le support naval consiste en 23 vaisseaux de 50 canons au moins et en 11 bâtiments de guerre dotés d'un plus petit nombre de pièces. Des petite navires et des bateaux de transport complètent la flotte. Le contingent de la Royal Navy (la Marine royale britannique) est sous les ordres de l'amiral Edward Boscawen.

LE DÉROULEMENT DU SIÈGE

Quand la flotte britannique arrive dans la baie de Gabarus, les conditions météorologiques ne permettent pas de tenter un débarquement. Les navires doivent rester six jours au large sous l'étroite surveillance des Français postés dans l'anse Kennington. Enfin, le 8 juin 1758, les Britanniques peuvent essayer de débarquer. Juste comme les Français pensent les avoir repoussés, plusieurs embarcations réussissent à accoster sur une plage isolée malgré la forte houle. Les Britanniques surprennent les défenseurs proches en attaquant d'un angle inattendu. Les Français des environs prennent la poudre d'escampette et les autres positions françaises sont bientôt abandonnées à leur tour. Après que les Français se sont retirés dans la forteresse, les Britanniques débarquent le reste de leurs troupes et construisent des camps de siège.

Du 9 au 18 juin, les Britanniques installent leurs camps et entreprennent d'assiéger la ville dans les normes (c’est-à-dire qu'ils creusent des tranchées et installent des batteries). Tout comme en 1745, l'une des grandes priorités en 1758 est d'éliminer la batterie de l'Île. Les Britanniques s'emparent de la pointe du Phare où ils construisent une batterie qui leur permet de bombarder la batterie de l’Île. Après une semaine de tir continu, les Français abandonnent la batterie de l’Île, mais non sans avoir sabordé quatre bâtiments de guerre à l'entrée du port pour tenter d'empêcher les navires ennemis d'y pénétrer.

Les Britanniques se tournent alors vers les principales fortifications de Louisbourg. Les bombardements visent la porte du Dauphin qui subit de lourds dommages. Au début, une frégate française ancrée dans le port, l'Aréthuse, arrive à gêner les opérations des Britanniques, mais au bout du compte elle doit se retirer. Le 15 juillet, l'Aréthuse prend la fuite, force le blocus et rentre en France.

Les Britanniques intensifient leur attaque contre les autres navires français. Le 21 juillet, un obus atteint l'un des vaisseaux français, déclenchant un incendie qui détruit rapidement trois autres navires. Le lendemain, les casernes du bastion du Roi sont touchées et brûlent. Le 25 juillet les Britanniques réussissent à brûler et à capturer les deux derniers navires français. Le même jour, les batteries offensives font de grands trous dans les murs. Les Français s'inclinent devant l'inévitable et, le 26 juillet, la garnison de Louisbourg se rend sans condition.

LES SIÈGES

En 1745 comme en 1758, le facteur décisif est la supériorité de l'effectif naval et terrestre de l'attaquant. Comme n’importe quelle autre forteresse, Louisbourg ne peut tenir que pendant une période limitée. Elle doit inévitablement somber sous le nombre à moins d'obtenir des renforts, mais la source d'approvisionnement ou de renforts français la plus proche est encore trop éloignée. La distance, combinée à l'importance de l'effectif naval britannique, scelle le sort de la forteresse.


LES MI’KMAQ

Les Mi’kmaq ont été les habitants autochtones de la Nouvelle-Écosse. Ils vivaient dans la région bien avant l'arrivée des explorateurs et des colons européens. Les premiers autochtones, les Mi’kmaq ou leurs ancêtres ou les prédécesseurs, se seraient installés dans ce qu'on appelle aujourd’hui le Canada atlantique il y a environ 10 000 ans.

L'arrivée des Européens introduit au pays des maladies contre lesquelles les autochtones n’ont aucune immunité et beaucoup en meurent. On ignore l'importance exacte de la population Mi’kmaq avant l'arrivée des Européens. En 1611, cependant, un jésuite français estime qu’il y a de 3 000 à 3 500 Mi’kmaq dans les Maritimes, mais cette estimation est faite après de nombreux décès.

Même si leur population est relativement faible en termes européens, les Mi’kmaq habitent une vaste région. Leur territoire traditionnel inclut ce qui constitue à présent la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard, la moitié est du Nouveau-Brunswick et la péninsule gaspésienne au Québec. Ils visitent aussi Terre-Neuve et font des voyages dans les Îles-de-la-Madeleine pour chasser le phoque et le morse.

LES MI’KMAQ DE L’ÎLE ROYALE

Quand les Français s'établissent dans l' Isle Royale en 1713, de 25 à 30 families Mi’kmaq y vivent déjà. D'autres Mi’kmaq arrivent du continent au cours des années qui suivent, gonflant la population indigène. De 1713 à 1758, plusieurs centaines de Mi’kmaq environ vivent probablement dans l' Île Royale.

Les Mi’kmaq sont des nomades qui se déplacent d'un endroit à l'autre pour profiter de différentes sources de nourriture. Les Français espèrent inciter ceux qui habitent l'Île Royale à se fixer. Ils commencent par essayer de les installer dans une mission construite à Mirliguèche (Malagawatch). Plus tard, la mission est déménagée dans l'Île de la Sainte-Famille (Île Chapel).

Les contacts entre les Français et les Mi’kmaq se font surtout dans les missions, au sud-est du lac Bras d'Or, comme les Français l’ont espéré, mais les Mi’kmaq n’abandonnent jamais complètement leur mode de vie traditionnel. Des Mi’kmaq visitent parfois Louisbourg et, une fois l'an, les officiers Français se rendent à Port Toulouse (St. Peters) rencontrer les Mi’kmaq.

LA VIE CHEZ LES MI’KMAQ

Les Mi’kmaq d’il y a deux à trois siècles vivaient de la terre. De nos jours, un tel mode de vie peut sembler difficile, mais pour les Mi’kmaq de l'époque, il est tout à fait normal.

Dès la naissance, garçons et filles de l'époque apprennent les techniques de la survie: la chasse et la pêche, la cuisine, la construction d'un abri et la fabrication des vêtements, qui sont décorés de broderies compliquées réalisées à l' aide de piquants de porc-épic. En fait, ces broderies en piquants des Mi’kmaq sont grandement admirées aujourd’hui.

La famille est l'unité de base de la société Mi’kmaq. Un certain nombre de families se réunissent habituellement pour former une bande. Chaque bande occupe un secteur donné et possède son propre chef qui coordonne les activités du groupe et règle les petites disputes. Les crimes et les grandes décisions relèvent des Anciens. Sur l'Île Royale, il n'y a qu’une seule bande.

Différentes bandes se réunissent parfois à l'occasion de fêtes religieuses ou pour renouer des alliances ou faire la guerre à un ennemi commun. En temps de guerre, les chefs sont choisis en fonction de leur réputation comme guerriers.

LES ALLIÉS DES FRANÇAIS

Les explorateurs et les colons français sont désireux de forger des alliances avec les peuples autochtones du Nouveau-Monde. Ces alliances les aident à survivre dans un pays nouveau et inconnu. Comme les autochtones font de plus d'excellents guerriers, la France est très désireuse de les avoir à ses côtés dans son combat contre la Grande-Bretagne.

Quand les Français décident de coloniser l'Île Royale, ils veillent à créer des liens solides avec les Mi’kmaq de l'endroit. Les missionnaires jouent un rôle important dans le maintien de cette alliance et, au XVIIIe siècle, beaucoup d’indigènes se sont convertis à la foi catholique romaine.

Les bonnes relations entre les Français et les Mi’kmaq sont aussi dues au fait que les Français traitent les autochtones avec respect. Ils les considèrent comme des alliés importants. Pour leur part, les Mi’kmaq prennent vein de ne pas se laisser entraîner dans une position subalterne.

Chaque année, l'alliance entre les Français et les Mi’kmaq est renouvelée dans le cadre de cérémonies officielles. Ces cérémonies se déroulent entre les mois de juin et d'août à Port Toulouse (St. Peters), Port Dauphin (Englishtown) ou Port Lajoie (en face de Charlottetown, I.-P.-É.). Les chefs indigènes et les fonctionnaires français qui y participant se font des déclarations d'amitié et s’engagent à s'aider mutuellement. Les Français organisent un banquet auquel assistent des centaines de Mi’kmaq de tous les âges. Après le banquet, les Mi’kmaq reçoivent des couvertures, des outils, des mousquets, des belles et de la poudre en cadeau.

ACTIVITÉS DE GUERRE

Pour les Français, les Mi’kmaq sont surtout utiles comme alliés sur le plan militaire et les fonctionnaires de Louisbourg font tout ce qu’ils peuvent pour maintenir cette alliance. En temps de guerre, ils encouragent les Mi’kmaq à attaquer les soldats et les colons britanniques de la partie continentale de la Nouvelle-Écosse. Les missionnaires transmettent souvent les demandes d'aide des Français aux chefs des bandes.

Les Mi’kmaq se servent de tactiques de guerre pour régler leurs propres comptes avec les Britanniques. Ce genre d'initiatives contrecarre parfois les efforts diplomatiques des Français. Quels que soient leurs motifs, les Mi’kmaq sont souvent victorieux.

Les soldats européens, français et britanniques, ne sont pas habitués à la guerre en forêt pratiquée par les Amérindiens. Ils ont l'habitude des batailles rangées en terrain découvert ou des longs sièges devant des forteresses. Les attaques surprises et les ambuscades des guerriers mi’kmaq prennent souvent les soldats européens à l'improviste et donnent l'avantage aux autochtones.

En plus de remporter beaucoup de succès militaire sur la terre ferme, les Mi’kmaq sont habiles dans l'art de manoeuvrer les canots et autres embarcations. Certains vont même jusqu'à capturer des goélettes de la Nouvelle-Angleterre à bord desquelles ils longent ensuite la côte.

En 1744, les guerriers Mi’kmaq participent à deux attaques contre Annapolis Royal. En 1745, ils prennent part à un autre assaut contre ce fort britannique. Enfin, en 1758, les Mi’kmaq aident les Français à empêcher le débarquement des Britanniques au début du second siège de Louisbourg.

L'APRÈS-GUERRE

Après la capture de Louisbourg en 1758, les Mi’kmaq de l'Île Royale (rebaptisée Île du Cap-Breton vers la même époque), font des ouvertures de paix aux représentants britanniques. Le chef des Mi’kmaq de l'Île est l'un des signataires des traités conclus avec les Britanniques à Halifax en 1760-1761. Au début des années 1760, les Mi’kmaq prennent contact avec les Français de Saint-Pierre et Miquelon. Malgré le mécontentement des Britanniques, beaucoup de Mi’kmaq quittent l'Île du Cap-Breton pour Terre-Neuve à cette époque.

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