Search Website Design and Content © by Eric Krause, Krause House Info-Research Solutions (© 1996)
      All Images © Parks Canada Except Where Noted Otherwise
Report/Rapport © Parks Canada / Parcs Canada  --- Report Assembly/Rapport de l'assemblée © Krause House Info-Research Solutions

Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LA FORTERESSE DE LOUISBOURG

Guide d'introduction à l' intention du personnel du parc historique national

LOUISBOURG : LA FORTERESSE

Copyright © Parks Canada/Parcs Canada


LES FORTIFICATIONS

Les visiteurs connaiseent souvent mieux la situation militaire de Louisbourg que les autres aspects de son histoire. Tous les livres et les articles sur le conflit anglo-francais en Amérique du Nord mentionnent invariablement les sièges de 1745 et 1758 comme étant des événements importants pour le dénouement de la guerre. Le public se représente Louisbourg comme une imposante et coûteuse forteresse tombée aux mains des Anglais grâce à un mélange de chance, de ruse et de courage. Bien entendu, le nom de "forteresse" donné au parc historique de Louisbourg a renforcé l'idée qu'au' XVIIIe siècle, la ville était surtout un site militaire.

Étant donné aue la plupart des visiteurs s'intéressent à l'histoire militaire de Louisbourg et qu'ils la connaissent déjà, tous ceux qui travaillent ici doivent avoir une connaissance élémentaire de l' aspect militaire de la forteresse. Nous allons donc commencer par étudier les fortifications de Louisbourg.

Louisbourg. ville fortifiée

Au XVIIIe siècle, comme d'ailleurs de nos jours, l' impression que fait Louisbourg sur le visiteur dépend en grande partie des autres fortifications que celui-ci a visitées. Aux yeux des habitants de la Nouvelle-Angleterre qui l'assiégèrent en 1745, Louisbourg apparut comme un formidable bastion si bien que sa capture fut un exploit d'autant plus grand. En réalité, les seules fortifications que la plupart d'entre eux avaient jamais vues étaient de simples fortins, des forts en rondins ou des batteries en terre. Pour leur part, les Européens voyaient vraisemblablement en Louisbourg une simple place fortifiée qui ne pouvait souffrir la comparaison avec les grandes forteresses du continent. I1 faut donc retenir ce qui suit :

Les défenses de Louisbourg ont été conçues et érigées selon les règles en vigueur à l'époque et mises au point en Europe par Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), ingénieur sous Louis XIV. On peut apercevoir un portrait de Vauban au-dessus de la cheminée de la maison Duhaget.

 

Ingénieurs

Les défenses de Louisbourg, le tracé de la ville et les plans des bâtiments d'administration furent confiés à des membres du Corps français des ingénieurs. Ayant reçu une formation d'architectes, ces hommes jouissaient d'une situation sociale élevée comme membres d'un corps d'élite. Les ingénieurs en chef de Louisbourg furent :

Jean François de Verville - entré en fonction en 1717, il fit le tracé des fortifications et en supervise la construction;

Étienne Verrier

il succéda à de Verville en 1725 et demeura ingénieur en chef jusqu'en 1745, il supervise la construction des fortifications du côté du continent et de la mer, celle du phare et celle de nombreux bâtiments royaux;

Louis Franquet

il vécut à Louisbourg dans les années 1750, alors qu'il fut nommé responsable des fortifications de la Nouvelle-France toute entière; il soumit plusieurs projets en vue d'améliorer les défenses de la ville, dont seuls les plus modestes furent adoptés.

Les ingénieurs adjoints dignes de mention sont Pierre-Jérôme Boucher, qui travailla à Louisbourg de 1717 jusqu'à sa mort en 1753 et Jean Baptiste de Couagne qui bâtit la maison Rodrigue dans le secteur reconstitué.

Défenses

À l'arrivée des Français à l' Isle Royale, la fortification de Louisbourg semblait une entreprise trop difficile et trop coûteuse. Le terrain de la région était tout simplement inadéquat; marécageux, on n'y trouvait pas de hauteur permettant d'établir une position dominante. Malgré cela, lorsque Louisbourg devint le plus gros et le plus important établissement de l'île en matière de pêche et de commerce, on décida qu'il fallait également en faire le centre administratif de la région et la place forte de la colonie.

Le tracé initial des fortifications, établi par de Verville en 1717, tirait parti des hauteurs situées dans la péninsule. Le plan adopté prévoyait une série de bastions devant se protéger mutuellement et reliés entre eux par une courtine. Du côté du continent, les travaux commencèrent en 1719 par la construction du bastion du Roi, suivi du demi-bastion du Dauphin, puis du bastion de la Reine et enfin du demi-bastion de la Princesse, celui-ci terminé en 1740 seulement.

Avant le siège de 1745, les ingénieurs de Louisbourg étaient persuadés qu'aucune attaque n'était à craindre du côté du continent. Selon eux, les rivages escarpés de la région et les marécages entourant la forteresse empêchaient toute attaque en provenance de cette direction. Plusieurs collines situées à portée de canon de la forteresse et dominant la ville furent donc laissées sans fortification. Dans les années 1750, Louis Franquet proposa divers moyens de réduire la vulnérabilité de Louisbourg face à une attaque en provenance du continent, mais bien peu de ses idées furent mises en pratique en raison du manque de temps et d'argent. Finalement, les modifications entreprises ne furent pas très utiles lors du second siège.

Construction

Ce sont des entrepreneurs français qui ont construit les fortifications et les bâtiments royaux de Louisbourg à partir des plans des ingénieurs. Une grande partie de leur main-d'oeuvre était composée de soldats payés pour ce travail supplémentaire, mais ils avaient également recours à des ouvriers specialisés venus de France pour les travaux difficiles. De même, la plupart des matériaux et des outils, ainsi que les chevaux et les mules de trait, provenaient de France. Beaucoup d' entrepreneurs tirèrent un joli bénéfice de ce commerce de matériaux, d'animaux et de main-d'oeuvre.

Les travaux de construction à Louisbourg se heurtaient à deux problèmes majeurs, la mauvaise qualité du mortier et le climat humide et changeant.

Mortier

- la chaux utilisée pour produire le mortier contenait une forte proportion de sable, ce qui l'affaiblissait;

- le sable n'était pas suffisamment débarrassé du sel qu'il contenait, ce qui empêchait le mortier de prendre correctement.

Climat

- aucune saison n'était exempte d'humidité;

- la saison active était courte;

- le mortier n'arrivait pas à sécher en raison de l'humidité;

- le gel et le dégel interrompaient la plupart des travaux de construction.

En raison de ces problèmes, les Français devaient sans cesse procéder à des réparations de toutes sortes. On essaya d'abord de crépir les surfaces, c'est-à-dire de revêtir les murs de planches clouées à des poutres fichées dans la maçonnerie et retenues au moyen d' attaches en fer (voir les murs du quai). On pouvait également fixer des pierres autour des embrasures au moyen de crampons et coiffer les merlons d'une couche de gazon.

Coût des travaux

Malgré tout ce qui a été dit à ce sujet, les sommes affectées annuellement aux travaux de fortification de Louisbourg n'ont jamais excédé les frais d'armement d'un gros bàtiment de guerre pour une patrouille de six mois dans les eaux de la région. De plus, Louisbourg était pour la France un port de guerre et de pêche et un centre commercial des plus rentables. Selon J.S. McLennan, on affecta un peu plus de quatre millions de livre" aux défenses de Louisbourg de 1714 à 1758.

Lexique des terres de construction et de fortification

BANQUETTE. Plate-forme située derrière le parapet et de laquelle les soldats pouvaient tirer avec des armes portatives.

Image

BARBETTE. Les canons (en barbette) sont situés sur une plate-forma assez élevée pour qu'ils puissent tirer par-dessus le parapet plutôt qu'à travers les embrasures; les batteries (en barbette) ne donnaient aucune protection aux canonniers.

BASTION. Ouvrage de fortification faisant saillie sur l'enceinte d'une place forte, composé normalement de deux faces et deux flancs; les bastions étaient reliés par des courtines.

Image

BATARDEAU. Ouvrage destiné à refouler l'eau des points d'un fossé susceptibles d'être inondés; c'était une pièce solide de maçonnerie, épaisse de 7 à 8 pieds, qui traversait toute la largeur du fossé face à l'angle flanqué du bastion.

BAVETTE. Assise, barbure ou lame de métal (habituellement du plomb) couvrant une gouttière.

CASEMATE. Abri ou refuge protégé contre les boulets et situé dans le rempart du bastion; aussi appelé souterrain.

CAVALIER. Ouvrage construit sur le terre-plein de 8 à 12 pieds au dessus du bastion, afin de pouvoir maîtriser les environs grâce à l'artillerie, de servir de traverse pour prévenir l'enfilade des courtines voisines et de protéger les francs contre le tir des batteries ennemies.

CHEMIN COUVERT. Espace d'une largeur d'environ 30 pieds, s'étendant autour de la contrescarpe et couvert par un parapet de 7 à 9 pieds de hauteur, muni d'une banquette; servait à aligner les troupes effectuant des sorties, à couvrir leurs attaques et leurs retraites et à les abriter une fois la sortie terminée.

CORDON. Saillie demi-circulaire en pierre, habituellement d'un pied de diamètre et située au sommet du revêtement de l'escarpe; originellement utilisé comme obstacle contre les échelles d'escalade.

CONTREGARDE. Ouvrage comprenant deux faces formant un angle saillant, construit en face de l'angle flanqué du bastion.

CONTRESCARPE. Mur qui s 'oppose à l'escarpe à travers le fossé.

Image

COURTINE. Mur rectiligne du rempart de la forteresse, situé entre deux bastions et reliant leurs flancs; long de 420 à 480 pieds.

CUNETTE. Canal au fond d'un aqueduc, d'un chenal ou d'un fossé; dans un fossé sec, il était large de 4 à 8 pieds et était utilisé pour écouler l'eau.

DEMI-BASTION. Bastion muni d'une face et d'un flanc, terminant l'ouvrage de la Couronne.

DEMI-LUNE OU RAVELIN. Ouvrage construit à l'opposé de la courtine, composé de deux faces formant un angle saillant.

EMBRASURE. Ouverture pratiquée dans un parapet pour pointer et tirer le canon.

ENCEINTE. Le "corps" de la forteresse; clôture de pierre qui entoure le tout et en défend l'accès.

ÉPAULEMENT. Rempart de terre destiné à protéger le flanc contre le feu de l'ennemi; un petit flanc est ajouté à l'ouvrage.

ESCARPE. Pente extérieure du rempart.

ÉTRIER. Agrafe ou attache de fer utilisée dans la construction.

GLACIS. Talus légèrement incliné situé loin du sommet du parapet du chemin couvert et à une distance de 120 à 210 pieds de la forteresse.

GORGE. Arrière d'un bastion ou d'un autre ouvrage de fortification, opposé aux parties frontales. GUÉRITE. Abri oû une sentinelle se met à couvert; construit en pierre à l'intérieur du bastion ou d'une autre structure à l'un de ses angles.

LUNETTES. Ouvrages construits de cheque côté du ravelin; l'un perpendiculaire au côté du ravelin, l'autre presque perpendiculaire au côté du bastion.

MERLON. Partie pleine du parapet entre deux embrasures.

OUVRAGE DE LA COURONNE. Ouvrages comprenant un bastion, deux courtines et deux demi bastions; un ouvrage de la Couronne double avait deux bastions.

PARAPET. Levée de terre d'une épaisseur de 18 à 22 pieds et d'une hauteur de 6 à 7½ pieds, construite sur le rempart, du côté de l'escarpe, c'est-à-dire face à l'extérieur de la forteresse et s'inclinant vers le bas dans la même direction; structure comparable au chemin couvert.

RAVELIN. Voir demi-lune.

REMPART. Levée de terre construite pour la défense d'une ville, capable de résister aux feux de l'artillerie et incluant une pente intérieure, un terre-plein, une banquette, un parapet et une pente extérieure ou escarpe; sa hauteur et son épaisseur variaient selon le terrain.

REVÊTEMENT. Mur soutenant la terre d'un rempart sur son côté extérieur et d'une épaisseur de 5 pieds à son sommet avec une pente égale au sixième de sa hauteur; il y avait des contreforts sur son côté intérieur, construits de 15 à 18 pieds, du centre au centre, l'un de l'autre.

REVÊTIR. Couvrir un mur avec de la maçonnerie.

TENAILLE. Ouvrage construit sur les lignes de défense, en face de la courtine; il consiste en deux faces et une petite courtine.

TERRE-PLEIN. Partie horizontale du rempart derrière le parapet; utilisé également pour la partie horizontale derrière le parapet de plusieurs ouvrages comme le chemin couvert, la batterie, le cavalier, etc.

(Source : Frederick J. Thorpe, Remparts lointains)


LA GARNISON

Comme dans toutes les villes fortifiées du XVIIIe siècle, il fallait à Louisbourg une grosse garnison pour garder portes et corps de garde, et pour patrouiller dans les rues et sur les remparts.

Dans les années 1740, les soldats formaient environ le quart de la population totale de la ville. Vers la fin des années 1750, ils en formaient la moitié. Cette forte présence des militaires eut certainement une influence sur les civils.

Partout dans la ville on pouvait voir ou entendre des manoeuvres rappelant que Louisbourg était une place fortifiée. Des sentinelles faisaient le guet devant les divers bâtiments royaux, des détachements se promenaient dans les rues et le son du tambour retentissait presque toutes les heures. Les activités quotidiennes de la garnison, de même que les imposantes fortifications de la ville, donnaient à ses habitants un sentiment d'ordre et de sécurité.

Activités militaires

Si nous insistons ici sur les manoeuvres officielles de la garnison, il faut bien admettre qu'au cours de l'histoire de Louisbourg, la plupart des soldats ont également participé à des tâches non militaires, et notamment à des travaux de construction. Ceci dit, voyons maintenant les tâches strictement militaires des soldats.

Tout d'abord, la tâche première des soldats était de défendre la colonie de l'Isle Royale, c'est-à-dire non seulement ses habitants et leurs biens, mais également les intérêts économiques, commerciaux et stratégiques de la France dans la région. Dans ce but, voici les principales fonctions des soldats :

(i) monter la garde aux portes de la ville et en d'autres endroits;

(ii) faire des patrouilles dans la ville;

(iii) faire partie de détachements ou d'expéditions ayant pour but de retrouver les déserteurs, renforcer des garnisons plus petites, attaquer l'ennemi, etc.;

(iv) monter la garde sur les navires ancrés au port;

(v) faire l'exercice.

Notre programme d'animation met surtout l' accent sur la fonction de garde. Il y avait cinq postes de garde dans la ville et on montait également la garde à la batterie Royale et à la batterie de l' Isle. La relève de la garde avait lieu tous les jours après l' inspection par les officiers supérieurs. Officiers, sergents, caporaux et escadrons de soldats tiraient leur poste de garde au sort.

Tous les hommes de garde, y compris les officiers, devaient rester près de leur poste de garde, en uniforme et armes en main. Des sentinelles faisaient le guet à des endroits clefs de la forteresse et devant certains bâtiments royaux. L'été, ces sentinelles étaient relevées toutes les deux heures et l'hiver, à la discrétion du commandant de place. Lorsqu'ils n'étaient pas de faction, les gardes étaient souvent occupés à couper du bois ou à nettoyer le poste de garde.

Les unités

De 1713 à 1758, sept unités différentes furent de garnison à Louisbourg.

Les compagnies franches de la Marine

Régiment de Karrer

Canonniers-bombardiers

Régiment de Bourgogne

Régiment d'Artois

Régiment de Cambis

Hiérarchie

Dans les années 1740, voici quelle était la hiérarchie au sein de la garnison de Louisbourg et la solde mensuelle de chacun.

- Gouverneur ou commandant (750 livres)

- État-major : Lieutenant du roi (150 livres)

- Commandant de la place (100 livres)

- Aide-major (90 livres)

- Garçon-major

- Capitaines (90 livres)

- Lieutenants (60 livres)

- Enseignes en pied (40 livres)

- Enseignes en second (30 livres)

- Sergents (13 livres)

- Caporaux (6 livres)

- Tambours - Soldats (1 livre et demie)

- Cadets (l0 livres)

Conditions de vie

Les conditions de vie des soldats peuvent paraître dures, mais elles ne l'étaient pas au XVIIIe siècle.

Les hommes logeaient principalement dans la caserne du bastion du Roi. Chaque chambre abritait de quinze à vingt hommes couchant deux par lit. Les soldats recevaient les rations suivantes :

fil - 1/8 de livre par année

Les soldats pouvaient compléter leur alimentation en pechant et en chassant. Les repas étaient préparés en commun, probablement sous forme de ragoût, par sept ou huit hommes.

Il y avait souvent des plaintes à l'effet que le bois de cuisson et de chauffage n'était pas suffisant.

La mutinerie de 1744

Parler des conditions de vie des soldats mène invariablement à la mutinerie de la fin de décembre 1744.

Des légumes avariés, en provenance du magasin du Roi et distribués aux soldats alors que les légumes sains étaient vendus aux habitants de la forteresse, sont à l'origine de cette mutinerie. Les soldats réclamaient également la distribution promise du butin de la prise de Canso, plus de bois, des uniformes complete pour les recrues de 1741 et la suppression du travail non rémunéré. La mutinerie prit d'abord la forme d'une simple épreuve de force destinée à appuyer ces demandes, mais elle se transforma rapidement en protestation générale. Si on put éviter toute effusion de sang, la mutinerie souleva une vague de ressentiment à l'endroit des officiers. Cependant, au bout de quelques jours, après quelques concessions matérielles et la promesse d'une amnistie pour les meneurs, ceux-ci purent convaincre leurs hommes de se soumettre aux autorités et de revenir au statu quo. Malheureusement pour les mutins, on jugea plus tard que la promesse d'amnistie avait été faite sous la contrainte et treize hommes au moins furent reconnus coupables de mutinerie et condamnés à mort au retour de la garnison de France en 1745. Huit d'entre eux furent exécutés, deux moururent en prison, deux autres furent envoyés aux galères pour la vie et un réussit à s'échapper.

On a souvent interprété cette mutinerie comme la réaction des soldats à des années d'exploitation par leurs officiers. Cependant, on a récemment émis l'hypothèse qu'il s'agissait plutôt d'une protestation contre certains événements survenus dans la garnison que contre des pratiques depuis longtemps courantes. L'un des principaux événements qui pourrait être à l'origine de la mutinerie semble être la diminution des travaux de construction au cours des années 1740, ce qui entraîna une perte de revenu pour les soldats. Cette perte de revenu a dû beaucoup les toucher, tellement qu'à la suite d'une sêrie d'incidents mineurs survenus en 1744, entre autres la mauvaise qualité de la nourriture et la non-distribution du butin de Canso, les hommes décidèrent finalement de s'élever contre leur sort en se mutinant.


L'ARMEMENT ET LES MUNITIONS

L'armement

Il est assez difficile de connaître le nombre de canons dont Louisbourg était doté à certaines périodes données de son histoire, car les renseignements que l'on possède, s'ils ne sont pas incomplete, se contredisent. Il est possible cependant de faire une estimation générale.

En janvier 1719, on dressa une liste des canons installés à Louisbourg, et qui se lit ainsi :

(a) canons

canon tirant des boulets de 36 livres - 9

canon tirant des boulets de 24 livres - 10

canon tirant des boulets de 18 livres - 12

canon tirant des boulets de 12 livres - 7

canon tirant des boulets de 8 livres - 8

canon tirant des boulets de 6 livres - 4

canons inutilisables - 19

(b) mortiers

mortier lançant des boulets de 9 pouces - 1

Étant donné que les travaux de construction des fortifications de Louisbourg avaient à peine commencé en 1719, il est impossible de savoir où les canons étaient placés.

Jusqu'en 1744 inclusivement, les gouverneurs et les commissaires-ordonnateurs successifs de l' Isle Royale ne cessèrent de demander au comte de Maurepas, ministre de la Marine, de leur envoyer davantage de canons, maisête.

Bien que l'on sache que la ville était dotée de plus de 110 canons à l'été de 1744, il est difficile de savoir avec précision le nombre et l' emplacement de ces pièces d'artillerie. On pense cependant que, en ce qui concerne les ouvrages de défense les plus importants, les pièces se répartissaient de la façon suivante :

Bastion du Roi

canon tirant des boulets de 36 livres - 6

Demi-bastion du Dauphin

batterie canon tirant des boulets de 24 livres - 10

barbette canon tirant des boulets de 12 ou de 6 livres - 6

éperon canon tirant des boulets de 8 livres - 3
(canon français en fer faisant face au Fauxbourg)

canon de 6 livres
(canon anglais en cuivre faisant face au port)

Batterie Royale

canon tirant des boulets de 36 livres - 28

Batterie de l'Isle

canon tirant des boulets de 24 livres - 32

mortier en cuivre lançant des boulets de 9 pouces - 2

Pièce de la Grave

canon tirant des boulets de 36 livres - 12

canon tirant des boulets de 24 livres - 6

Bastion Maurepas

mortier en cuivre lançant des boulets de 12 pouces - 2

Le bastion de la Reine était protégé par des canons tirant des boulets de 24 et de 18 livres tandis que le demi-bastion de la Princesse n'était défendu que par des canons tirant des boulets de 8 et de 6 livres.

En 1758, les instances militaires de Louisbourg estimaient, comme ils l'avaient fait d'ailleurs en 1744, que la ville n'était pas dotée d'une artillerie suffisante. C'est ainsi que des canons furent apportés d'autres colonies et placés à tous les points stratégiques de la ville. Pour connaître leur position aux bastions et aux batteries des fortifications, le lecteur pourra consulter le rapport rédigé par Tim Le Goff et intitulé l'Artillerie à Louisbourg.

Un certain nombre de canons furent également installés le long des côtes nord-est et sud-ouest, plus exactement aux pointes Flat et White, à l'anse Kennington, à Lorraine et au rocher Black. Avec ces pièces d'artillerie, le nombre total de canons passe à quelque 168, sans compter un nombre indéterminé de mortiers.

Quelle que soit l'année, la majorité des canons utilisés à Louisbourg étaient montés sur des affûts d'artillerie navale et pouvaient tirer des boulets pesant de 2 à 36 livres. Les mortiers, fixés à une plate-forme par des attaches de fer, lançaient des boulets de 6 à 12 pouces. Toutes les pièces d'artillerie étaient protégées par une couche de poix et de peinture ocre.

Les munitions

A) Calibres des boulets :

Comme il est expliqué précédemment, les différents canons installés à Louisbourg pouvaient tirer des boulets pesant de 2 à 36 livres. En raison de la différence entre la livre anglaise et la livre française, ces deux unités de masse ne sont pas équivalentes. En fait, après le premier siège, les Britanniques s'aperçurent aue les canons tirant des boulets de 36 livres françaises tiraient en fait des boulets de 42 livres anglaises. De même, les Français considéraient les pièces de 24, de 26 et de 32 comme des canons tirant des boulets de 24 livres. I1 est donc important de préciser les unités utilisées pour indiquer le poids des boulets.

B) Bombes et boulets :

La garnison de Louisbourg avait un large éventail de munitions à sa disposition en 1744 : depuis les boulets chainés ou ramés allant de 2 à 36 livres jusqu'aux sachets de mitraille pour les canons, en passant par les bombes et les grenades utilisées avec les mortiers.

Il y avait deux façons de charger le canon. La première consistait à répartir la poudre dans le tube du canon, ce qui permettait au tireur de varier la quantité de poudre.

La seconde méthode consistait à utiliser un sachet tout prêt, contenant une charge de poudre. Ce sachet était appelé gargousse et était fait en tissu, en papier ou en parchemin. En général, le poids de la gargousse correspondait au tiers du poids du boulet et celle-ci était utilisée pour le tir rapide.

Les artilleurs pouvaient remplacer le boulet en fer par une cartousse, en bois ou en fer blanc et contenant de petites balles de plomb, des clous ou des grenailles de fer. Cet obus à balles, de portée limitée, était très efficace contre toute formation de troupes.

Bien que les Français n'utilisèrent pas les boulets incandescents à Louisbourg avant 1756, ils furent durement touchés par les projectiles chauffés que les Britanniques lancèrent au cours du premier siège. Pour empêcher que le projectile incandescent n'enflammât trop rapidement la poubre, il fallait utiliser de la bourre très épaisse, formée d'une motte de gazon placée sur la poudre et d'un morceau de bois couvrant le tout.

Les boulets doubles tirés par les canons étaient soit deux demi-boulets reliés par une barre de fer ou deux boulets entiers attachés par une chaîne. Souvent, lorsqu'ils tiraient sur les navires, les artilleurs entouraient la barre de tissu pour que le boulet prenne feu. Ainsi, non seulement ils avaient des chances de détruire la mâture d'un navire mais aussi d'y mettre le feu.

Il était possible de réutiliser les boulets tirés, à condition qu'ils n'aient pas été endommagés. Toute modification de la forme du boulet entraînait une certaine perte de sa force, et le tir était alors moins précis.

C) Les mortiers :

Deux types de mortiers étaient utilisés à Louisbourg. Le mortier à tourillon, qui, comme son nom l'indique, pouvait pivoter sur lui-même, ressemblait en cela au canon. L'artilleur pouvait donc tirer à un angle le plus élevé possible.

Le mortier à plaque, qui faisait corps avec l'affût, ne permettait de tirer qu'à un angle de 45 , cet angle assurant la meilleure portée. La seule façon d'augmenter la distance à laquelle étaient lancées les bombes était d' augmenter la quantité de poudre à feu.

Outre ces deux types de mortier, on utilisa également à Louisbourg, au cours du siège de 1745, des pierriers. Il s'agissait en fait de mortiers conçus pour lancer des sacs de pierre, semblables aux sacs de mitraille ou cartousses. Ils ont permis de pilonner assez efficacement les équipes de travailleurs de la Nouvelle-Angleterre qui construisaient des défenses pendant le premier siège.

Les bombes lancées par les mortiers étaient en fonte, rondes et creuses, munies d'un trou pour y verser la poudre à canon. Un anneau placé de chaque côté de ce trou facilitait le remplissage du projectile. Ce dernier était également plus épais au fond, et ce pour deux raisons : (1) mieux résister au choc de la déflagration et (2) empêcher le projectile de s'écraser sur la mèche, ce qui éteindrait cette dernière.

Les bombes lancées par les mortiers de calibre de neuf pouces contenaient une livre de poudre tandis que les bombes lancées par les mortiers de calibre de 12 pouces contenaient trois livres de poudre.

La mèche était un morceau de bois sec, de forme conique, souvent du saule, et qui dépassait d'un pouce et demi du trou de la bombe. Pour charger le mortier, l'artilleur mettait d'abord la poudre, soit 15 livres dans le cas des mortiers de calibre 12 et 13 livres pour les mortiers de calibre 9. La poudre était ensuite couverte de bourre, puis l'artilleur placait la bombe qu'il entourait de terre pour maintenir la mèche en haut. Il allumait ensuite la mèche, puis la bombe; le laps de temps s'écoulant entre ces deux gestes variait en fonction de la distance à laquelle la bombe devait être lancée et de l'endroit où elle devait exploser.

Duchambon a fait une estimation provisoire de la quantité de poudre à canon qui alimentait les différentes pièces d'artillerie utilisées à Louisbourg en 1744. A raison de 50 salves par canon, il fallait compter quelque 56 880 livres de poudre pour toutes les pièces de la garnison.

D) Poids et portée:

Le tableau ci-dessous indique le poids approximatif et la portée des différents canons de fer utilisés à Louisbourg. Il est à noter que, en raison de la visibilité médiocre, la portée réelle des pièces était grandement limitée. En fait, la portée de la plupart des canons ne dépassait pas 3 000 pieds. Au-delà de cette distance, il était difficile de savoir si le boulet, ou la bombe, avait atteint la cible visée. Il était d'autant plus difficile d'améliorer le tir une seconde fois qu'on ne savait pas exactement où le premier boulet s'était écrasé.

 

Calibre
(boulet en livres)


   4
  
   6
   8

12

18

24

36
Poids
(en livres)



1150

1700
2100

3200

4400

5400

7400
Portée
en pieds (en mètres)


750 (229)

? ?
1000 (305)
1125 (343)
2000 (610)
2000 (610)
1500 (457)
angle de tir : 0 degré
15 degré


8450 (2575)
? ?
9360 (2853)
10,075 (3070)
? ?

10,850 (3300)
? ?

 

Note : 1 mille = 5 280 pieds


LES SIEGES

Les épisodes les plus connus de l'histoire de Louisbourg sont certainement les deux sièges de la ville au XVIIIe siècle. Dans l' esprit des visiteurs se bousculent les images des troupes britanniques débarquant à l'anse Kennington et des soldats de la Nouvelle-Angleterre avançant à travers les marais et les broussailles, le tir des canons, les murs qui s'écroulent, la mort et la destruction s'abattant sur la ville. Évidemment, il s'agit là d'une vision romantique et romancée de l'histoire qui n'a pas grand-chose à voir avec la réalité.

Les notes qui suivent devraient vous faire mieux comprendre comment se sont déroulés les sièges de 1745 et 1758.

Le siège de 1745

Le premier siège de Louisbourg eut lieu au cours de la Guerre de la Succession d'Autriche, que les Américains appellent la guerre du Roi George. En Europe, cette guerre débuta en 1740 mais la population de Louisbourg ne fut directement touchée qu'au printemps de 1744, lorsque la France et l'Angleterre se déclarèrent la guerre.

Après la déclaration de guerre, en 1744, les Français attaquèrent et prirent Canso, firent deux fois le siège d'Annapolis Royal sans succès et s'engagèrent dans une guerre de course contre l'Angleterre pendant tout l'été. En 1745, l'agressivité des Français à l'été de 1744, de même que des rapports faisant mention du mécontentement des troupes et de lacunes dans les défenses de la forteresse, poussèrent le gouverneur du Massachusetts, William Shirley, à préconiser l'attaque de Louisbourg. On s'opposa d'abord au projet, mais le gouverneur et ses amis finirent par obtenir gain de cause en exploitant les craintes des habitants de la Nouvelle-Angleterre, leur envie face à la situation économique de Louisbourg et l'antagonisme religieux des deux colonies.

La Nouvelle-Angleterre, Massachusetts en tête, leva finalement contre Louisbourg une armée de plus de 4 000 hommes dont elle confia le commandement à William Pepperrell. La Grande-Bretagne promit son appui naval et New York, le New Jersey et la Pennsylvanie fournirent de l'argent, des armes et des provisions. L'expédition fit voile vers Canso en avril 1745 et se prépara à l'attaque. Pendant un certain temps, les glaces bloquèrent l'accès à Louisbourg et à la baie Gabarouse où les navires anglais se proposaient de mouiller. Malgré cela, le 6 mai 1745, toutes les troupes étaient rassemblées à Canso, l'escadre navale britannique de Sir Peter Warren étant arrivée et la baie Gabarouse étant libre de glace.

À la veille du premier siège, voici quelle était la situation des deux adversaires :

 

FRANÇAIS

- environ 500 à 600 soldats et 900 à 1 000 miliciens;
- aucun appui naval;
- moral des troupes bas suite à la mutinerie;
- batterie Royale en mauvais état;
- ville et batterie Royale dominées par des collines.

ANGLAIS

- environ 4 000 soldats, soit; 9 régiments du Massachusetts, 1 régiment du Connecticut, 1 régiment du New Hampshire;
- fort appui naval de l'escadre britannique de Sir Peter Warren et de plus de cent bâtiments de la Nouvelle-Angleterre, y compris les navires de transport;
- bon moral au début.

 

Voici les principaux événements du siège de 1745.

7 mai - Un bâtiment français franchit le blocus et pénètre dans le port de Louisbourg. Du Chambon, commandant intérimaire de la colonie suite au décès de Duquesnel à la fin de 1744, reçoit confirmation du blocus et fait des préparatifs hâtifs en vue de résister à une attaque venant de la mer.

11 mai - Les soldats de la Nouvelle-Angleterre débarquent à l'anse Freshwater sans pour ainsi dire rencontrer d' opposition, après une feinte de débarquement à la pointe Plate. Les forces françaises envoyées à leur rencontre ne sont pas assez nombreuses et arrivent trop tard. On donne l'ordre d'abandonner la batterie Royale.

12 mai - La batterie Royale est abandonnée tôt le matin et les canons encloués.

14 mai - Les troupes de la Nouvelle-Angleterre débarquent leur artillerie à la pointe Plate et la transportent à Green Hill. Plusieurs canons de la batterie Royale sont remis en état et tournés vers la ville.

30 mai - Le bâtiment de guerre français, le Vigilant, est capturé après un combat naval.

6 juin - Les soldats de la Nouvelle-Angleterre lancent une attaque amphibie contre la batterie de l'Isle mais sont repoussés et subissent de lourdes pertes.

21 juin - La batterie anglaise sur la pointe du phare ouvre le feu.

24 juin - La batterie de l'Isle est détruite par le tir des Anglais de la pointe du phare.

26 juin - Les combats cessent pendant que les Français étudient les termes de la reddition mise au point par les Anglais.

27 juin - Les Français acceptent les termes de la reddition; fin du siège. Les Français capitulent et reçoivent les honneurs de la guerre.

28 juin - Les troupes de la Nouvelle-Angleterre prennent possession de la ville et de la batterie de l'Isle. Ils entrent par la porte de la Reine, drapeaux au vent, au son des tambours et des trompettes, des flûtes et des violons.

Le siège de 1758

Le second siège eut lieu pendant la Guerre de Sept Ans, qu'on appelle aux États-Unis la guerre contre les Français et les Indiens. Le conflit débuta officiellement en 1756 lorsque la France et l'Angleterre se déclarèrent la guerre. En Amérique du Nord cependant, les hostilités avaient commencé dès 1754 avec, entre autres, la prise du Fort Beauséjour par les Anglais en 1755 et le début de la déportation des Acadiens.

La déclaration officielle de guerre en 1756 coïncida avec un changement de gouvernement en Angleterre, où William Pitt devint premier ministre et prit la direction de l'effort de guerre anglais. La politique de Pitt visait à obtenir une victoire décisive en Amérique du Nord.

À Louisbourg, la première conséquence directe de la guerre, fut le blocus des c&0circ;tes de l'Isle Royale, destiné à interdire tout trafic maritime dans le port, tant pour les navires de commerce et de pêche que pour les bâtiments de guerre. Par la suite, en 1757, une troupe britannique de plus de 6 000 hommes fut rassemblée à Halifax en vue d'une attaque contre la capitale de l'île. Toutefois, en raison de l'arrivée tardive de l'escadre de l'amiral Holbourne à Halifax et de la présence d'une flotte importante à Louisbourg, aucune opération terrestre ne fut lancée contre la forteresse cette année-là. Holbourne fut cependant en mesure de faire le blocus de Louisbourg jusqu'à la mi-septembre, époque où une tempête dispersa see navires.

Les opérations de l'amiral Holbourne eurent pour principal résultat d' intensifier les efforts de défense des Français. À l'été de 1757, on construisit un grand nombre de défenses côtières à l'est et à l'ouest de Louisbourg en vue d'empecher l'ennemi de débarquer. Puis, au début de 1758, la garnison régulière fut renforcée pour la deuxième fois depuis le début des hostllités par l'arrivée de quelque 1 400 fantassins.

A la veille du second siège, voici quelle était la situation des deux adversaires :

 

FRANÇAIS

- environ 3 500 soldats et 400 miliciens sous les ordres du gouverneur Drucour;
- appui naval : 2 bâtiments de 74 canons, 3 de 64, 1 de 50, 2 de 30 et 2 de 16, soit au total 3 870 officiers et marine lorsque les effectifs étaient complets;
- bon moral

ANGLAIS

- plus de 13 000 hommes de troupe sous les ordres du major-général Geoffrey Amherst;
- appui naval : 1 bâtiment de 90 canons, 1 de 84, 1 de 80, 2 de 74, 4 de 70, 3 de 60, 3 de 64, 6 de 60, 2 de 50, 2 de 32, 3 de 28, 2 de 24, 3 de 20 et 1 de 18, plus des petits bateaux et des navires de transport. L'élément naval était sous les ordres de l'amiral Boscowen;
- bon moral.

 

Voici les principaux événements du siège de 1758.

2 juin - Les troupes britanniques arrivent dans la baie Gabarouse.

8 juin - Après avoir été presque refoulée, la division du brigadier Wolf débarque à l'anse Kennington. Les Français se retirent à Louisbourg et détruisent la batterie Royale et la batterie du phare.

9-18 juin - Les Anglais établissent leur camp à la pointe Plate et entament le siège de la ville.

l9 juin - La première batterie britannique, sur la pointe du phare, ouvre le feu. L'attaque vise d'abord la batterie de l'Isle.

25 juin - La batterie de l' Isle est détruite mais la présence de bâtiments de guerre français dans le port empêche la flotte anglaise d'y pénétrer.

Les Anglais concentrent alors leur attaque dans le secteur de la porte du Dauphin. La frégate française Aréthuse intervient à partir de sa position au large de Barachois, jusqu'à ce qu'une contre-batterie anglaise la force à se retirer. 6 juillet - L'Aréthuse est forcée de se retirer.

 

Les Francais font également plusieurs sorties contre les assiégeants et il y a constamment des escarmouches entre les postes avancés français et anglais. Lord Dundonald est tué au cours d'une sortie le 9 juillet et on élève un cairn à sa mémoire.

15 juillet- L'Aréthuse quitte le port et force le blocus.

21 juillet - Un obus anglais met le feu aux bâtiments de guerre français à quai. Trois des cinq bâtiments restants sont détruits.

22 juillet - La caserne du bastion du Roi est touchée et brûle.

25 juillet - Une expédition navale britannique capture ou brûle les deuxderniers bâtiments français. Au même moment, les batteries anglaises font une brèche dans les murs de la forteresse.

26 juillet - La garnison française se rend sans les honneurs de la guerre.

Le facteur déterminant lors des sièges de 1745 et 1758 fut la supériorité navale et terrestre des assiégeants. Comme n'importe quelle forteresse sans renfort, Louisbourg ne pouvait que tomber aux mains d'une force supérieure en nombre. Or, la distance, dans le temps comme dans l'espace, entre Louisbourg et la place forte française la plus rapprochée était énorme. Cet éloignement, combiné à la supériorité navale des Anglais, scella le sort de la forteresse. De plus, les fortifications de Louisbourg avaient des lacunes évidentes que les assiégeants eurent le temps d'exploiter.


LES MI'KMAQS

Partout où ils s'installèrent en Amérique du Nord, les Français cherchèrent à établir des liens d'amitié et des alliances avec les autochtones dans le cadre de leur stratégie de défense globale. C'est ce qui arrive à l' Isle Royale après la fondation de la colonie en 1713.

L'expédition partie de Plaisance à l'été de 1713 pour explorer les différents mouillages du Cap-Breton, trouva de 25 à 30 families de Mi'kmaqs dans l'île. Au cours des quelques années qui suivirent, d'autres Mi'kmaqs vinrent s'établir dans l'île en provenance du continent, bien qu'au total la population autochtone à l' Isle Royale semble n'avoir jamais dépassé 250 personnes. Peuple nomade, les Mi'kmaqs étaient établis à Mirligueche, près de Port Toulouse (Saint-Peter's). Des représentants des Mi'kmaqs visitaient Louisbourg à l'occasion.

Les Mi'kmacs étaient environ 3 500, dont 600 guerriers. Les Français purent s'en faire des alliés à l'Isle Royale et dans l 'ensemble des Maritimes pour deux raisons principales. D'abord, les missionnaires de l'Isle Royale et de la Nouvelle-Écosse étaient généralement bien acceptés des Indiens qui avaient confiance en eux et qui, au XVIIIe siècle, étaient profondément attachés à la religion catholique. Ces missionnaires, parmi lesquels les abbés Le Loutre et Maillard sont les plus connus, purent donc servir de négociateurs, d'organisateurs et de meneurs auprès des Indiens, au nom des représentants du Roi. Deuxièmement, les Français traitaient les Mi'kmaqs avec respect, comme des alliés importants et non comme un peuple subalterne. Chaque année, l' alliance entre les deux peuples était renouvelée au cours d'une cérémonie officielle où les chefs des Mi'kmaqs et des représentants du Roi s'échangeaient des cadeaux en se donnant l' assurance de leur confiance et de leur loyauté mutuelles. Cette cérémonie avait habituellement lieu en juin ou en juillet, à Port Toulouse, Port Dauphin ou Port-la-Joie (Charlottetown). Les événements les plus importants de la cérémonie étaient les discours et la fête où les Français remerciaient les Indiens des wampouns, des pipes, des fourrures et du tabac qu'ils avaient reçus en leur donnant des couvertures, des vêtements, des pièces de tissue, des mousquets, de la poudre, des balles, des outils et des ustensiles. Au cours des années, le coût de ces échanges ne cessa de monter, passant de 2 000 livres en 1716 à 6 000 livres en 1749, mais les Français considéraient que c'était là un bon placement. Les Mi'kmacs étaient des alliés trop précieux pour qu'on risque de les perdre.

Voici quelques précisions au sujet des Mi'kmaqs.

Contexte culturel

Contact avec les Européens

XVIIIe siècle

Animateurs Mi'kmaqs