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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LA FORTERESSE DE LOUISBOURG

Guide d'introduction à l' intention du personnel du parc historique national

LOUISBOURG: LE PORT


LE PORT

De tous les thèmes de l'histoire de Louisbourg, c'est sans doute celui qui a trait à son rôle de port de guerre gui est le plus difficile à exposer aux visiteurs. Certes, le port est toujours là, mais il faut faire un effort d' imagination pour se représenter les autres éléments qui étaient présents au XVIIIe siècle : navires à l'ancre, Batterie Royale, Batterie de l'Isle, phare, quai de carènage, aides à la navigation, etc. L'interprétation de ce thème fait donc largement appel à cette faculté, tant de votre part que de la part des visiteurs.

Louisbourg est devenu l'établissement prépondérant de l'Isle Royale pour deux raisons concomitantes, à savoir la proximité des lieux de pêche et l'excellente qualité de son port. Mais qu'est-ce qui faisait justement la valeur de ce port?

Sa taille d'abord - Il était suffisamment vaste pour abriter tous les navires et toutes les embarcations qui avaient besoin d'un mouillage à cet endroit. Ainsi, après le siège de 1758, le port accueillit 33 navires de guerre et entre 80 et 90 navires de transport.

Son emplacement, ensuite - Il se trouve en gros à la même latitude que les ports français de Rochefort, de La Rochelle, etc., avec lesquels la colonie faisait ses échanges. Il n'existait à l'époque aucune façon précise pour déterminer la longitude, aussi les navires traversaient-ils la mer jusqu'au premier point d'atterrissage ou jusqu'au premier port d'escale, qui était souvent Louisbourg, puis, de là, repartaient vers leur destination. Le port occupait en outre un emplacement idéal sur les routes commerciales, à l'un des sommets du triangle formé par la France, le Canada et les Antilles.

Enfin ses possibilités de défense - Avec son chenal étroit, la forme du port était telle que, moyennant l' installation de batteries sur les rives, il était extrêmement difficile pour des navires ennemis d'y pénétrer.

La variété des services offerts par la ville augmenta proportionnellement à l'accroissement de l' importance de Louisbourg pour la France. Certains de ces services étaient directement reliés à la vocation de port de guerre de Louisbourg :

Les aides à la navigation - grâce à elles, les navires pouvaient entrer dans le port et en sortir en toute sécurité. Outre les croix &eacuterig&eacutees sur les caps aux fins de la navigation, divers &eacutel&eacutements de la ville, comme les flèches des casernes et de l'hôpital, servaient de point de repère. I1 semble que le port même ait comporté des marqueurs de chenal. Un pavilion rouge flottant au haut de la Batterie de l'Isle indiquait aux navires que le port &eacutetait envahi par les glaces. Les jours de brouillard, on tirait du canon pour indiquer aux navires qu'ils se trouvaient à proximité de la terre;

Le phare - l'aide à la navigation le plus perfectionné dans des conditions id&eacuteales, sa lumière pouvait être aperçue jusqu'à 6 lieues (18 milles) en mer;

Les défenses du port - la Batterie Royale, la Batterie de l'Isle, la Pièce de la Grave et les batteries semicirculaires devaient empêcher le port de tomber facilement aux mains de l'ennemi;

Le quai de carénage - le long de la rive d'Havenside, il servait à la réparation des navires;

Les magasins et les - la boulangerie du Roi, le magasin du Roi, lieux d'approvision- les magasins navals (toile, espars, goudron, nement à terre etc.);

L'hôpital du Roi - pour les malades des navires en visite, ainsi que pour les soldats et les habitants;

La Cour de l'Amirauté - où se réglaient les différends mettant en cause le droit maritime;

Le capitaine de port - il indiquait aux capitaines l'endroit où ils pouvaient amarrer leur navire, supervisait les saluts adressés aux navires en visite, examinait et inspectait les navires pour s'assurer qu'ils étaient aptes à prendre la mer, et commandait les gardes postés sur les navires ancrés dans le port. Dans les années 1740, c'est Pierre Morpain qui occupait ce poste à Louisbourg.

Les spécialistes de - les pilotes, l'hydrographe et les clercs. la mer


LA PÊCHE EN GÉNÉRAL

L'économie de l'Isle Royale était fondée sur la pêche de la morue. Les revenus tirés de la pêche, contrairement à la croyance générale, étaient plusieurs fois supérieurs aux dépenses de l'État en matière de fortifications et autres. En fait, jusqu'au début des années 1740, la morue séchée et salée rapportait de deux à trois fois plus que les fameuses pelleteries canadiennes.

Pour bien comprendre l'industrie de la pêche à Louisbourg, voyons la maison Fauxhourg. Des maisons de ce genre longeaient la rive, de la porte du Dauphin à l'extrémité du port. De nombreux quais accueillaient les chaloupes de pêche côtière et les goélettes venant du large. Après avoir nettoyé et salé les prises, on les faisait sécher sur des claies et sur la plage en vue de leur exportation.

Avant d'étudier plus attentivement la situation de la pêche à l'Isle Royale, voyons comment s'est développée l'industrie de la pêche de la morue dans le nord-ouest de l'Atlantique

L'importance de la morue

On a peine à imaginer l' importance que revêtait, au XVIIIe siècle comme aux siècles précédents, la préservation de la nourriture qu'il fallait saler ou sécher. Comme il n'existait pas de moyens artificiels de réfrigération ou de systèmes de transport appropriés, on ne pouvait manger d' aliments frais qu 'en saison de pêche ou de récolte. Le reste de l'année, on devait se contenter de viande ou de poisson séchés et salés, de fruits secs, etc. La morue jouait donc un role très important dans cette alimentation de conserves et ce, pour deux raisons :

(i) d'abord, la morue était facile à conserver et à transporter et il y avait peu de perte au cours du processus de conservation;

(ii) ensuite, l'obligation religieuse de faire maigre certains jours créait une demande constante pour le poisson. L' importance du poisson dans l'alimentation des Européens amena les explorateurs à rechercher de nouveaux bancs de morue, au même titre que l'or. Les premiers explorateurs, comme Jean Cabot en 1497, répandirent bientôt la nouvelle de la découverte de "nouveaux" bancs de poisson. Anglais, Français Espagnols et Portugais entrèrent alors en compétition pour la possession de ces bancs.

Au début du XVIIIe siècle, l'Espagne et le Portugal avaient été éliminés de la compétition mais représentaient toujours un important débouché pour la morue. A cette époque, la France et l'Angleterre exploitaient en gros les ressources suivantes :

FRANCE

- morue salée en vert des Grands bancs;
- morue séchée sur la rive sud de Terre-Neuve (Plaisance) et sur la (Petit Nord) ainsi que dans la région de Gaspé et sur les rives de l'Acadie;
- la pêche était surtout le fait de pêcheurs migrants, quoique les pêcheurs résidents de Plaisance aient bénéficié de privilèges.

ANGLETERRE

- morue séchée;
- contrôle de la quasi-totalité de la presqu'île d'Avalon à Terre rive nord (Petit Nord) ainsi que Neuve;
- l'Angleterre limitait la participation des pêcheurs résidents;
- certains pêcheurs résidents de Nouvelle-Angleterre avaient des goélettes.

Glossaire

Banc - Élévation sous-marine du plateau continental.

Chaloupe - Bâtiment de pêche de plusieurs tonneaux habituellement manoeuvré par trois hommes d'équipage.

Goélette - Bâtiment de pêche à deux mâts.

Poisson salé en vert - Morue conservée à l'aide de sel.

Poisson séché - Dans le contexte, morue séchée par l'air et le soleil principalement, avec un peu de sel.

Quintal - Unité française de poids équivalent à 100 livres ou 48,95 kilos.

Le quintal anglais fait 112 livres ou 50,97 kilos (Pluriel :quintaux).

Points saillants

Les points saillants de l'industrie de la pêche à l'Isle Royale sont les suivants :

sous le régime français, la concentration des activités dans le domaine de la pêche a probablement nui au développement de l' agriculture et des autres secteurs économiques de l'île; on pratiquait deux sortes de pêche, hauturière et côtière;

dans le premier cas, on utilisait des chaloupes et dans le deuxième, des goélettes; les pêcheurs migrants étaient désavantagés par rapport aux pêcheurs résidents, car, s'ils étaient autorisés à pêcher au large, ils devaient, pour traiter leurs prises, louer les lots de grève des habitants pêcheurs ou utiliser des terrains non cédés, lesquels étaient moins bien situés et de qualité inférieure;

on comptait deux saisons de pêche, à savoir la saison d'été, de mai à septembre (chaloupes et goélettes) et la saison d'hiver, de novembre à février (chaloupes seulement); les pêcheurs français étaient établis le long de la côte atlantique du Cap-Breton, de Niganiche (Ingonish) à Petit-de-Grat, les ports de cette côte offrant une meilleure protection contre les tempêtes que ceux de la côte entre Chéticamp et Inverness;

Louisbourg devint le principal centre du commerce de la morue de la colonie; les pêcheurs et les marchands de l'extérieur apportaient généralement leur stock de morue séchée à Louisbourg pour l 'exporter, bien que Niganiche et Petit-de-Grat aient également effectué des importations et des exportations;

le principal débouché de la production de l' Isle Royale était la France et les Antilles françaises, soit la Martinique, la Guadeloupe et SaintDomingue. Certaines des exportations vers la France étaient réexportées vers d'autres marchés d'Europe comme l'Espagne et le Portugal; les exportations de morue et la situation de Louisbourg expliquent que la forteresse soit devenue un important centre de commerce international.


LA PÊCHE A L'ISLE ROYALE

L'industrie de la pêche à l' Isle Royale date officiellement de 1713, bien que des pêcheurs de nationalités diverses aient fréquenté les côtes et les ports de l'île bien avant cette date. Cependant, ce n'est qu'après la signature du traité d'Utrecht et la fondation de la colonie par la France que cette industrie commença à se développer de façon intensive et systématique.

Contexte global

Quelle qu'ait pu être l' importance de l'industrie de la pêche pour l'Isle Royale à partir de 1713, il faut bien se rendre compte que cet établissement n'était pas le seul, ni même le plus important centre de pêche de la France dans le nord-ouest de l'Atlantique en 1713 et 1758. Voici, en résumé, où en était l'industrie de la pêche à l'époque :

FRANCE

Bancs - morue salée en vert
- pêcheurs migrants; les bancs produisaient la plus grande partie de la morue salée ou consommée en France; Isle Royale - morue séchée
- pêcheurs résidents et migrants;
Gaspé
- pêcheurs residents et migrants;
Labrador
- morue salée en vert
- pêcheurs migrants; Petit Nord
- morue salée en vert
- pêcheurs migrants;

ANGLETERRE

Terre-Neuve - morue séchée
- pêcheurs migrants et résidents [ces derniers accroissant le volume de leurs prises en dépit des restrictions); Nouvelle-Angleterre - morue séchée
- pêcheurs résidents (goélettes);
- morue sechée Nouvelle-Écosse - morue séchée
- pêcheurs de la Nouvelle Angleterre en saison(goélettes seulement). La menace que constituait la présence des Mi'kmaqs le long des côtes entraîna la concentration des installations de pêche à Canso.

Remarque : Bien qu'on ne dispose d'aucune donnée concernant le total des prises des pêcheurs français, on estime que la production de l'Isle Royale représentait entre un huitième et un dixième de toute la morue salée produite par la France.

Organisation et méthodes de pêche

Pour bien comprendre le sujet, il convient de le subdiviser. Commençons par le poisson séché qui formait la plus grande partie de la production de l'Isle Royale.

Poisson séché

(i) Propriétés sur le littoral

(ii) Pêcheurs résidents et migrants

(iii) Pêche en chaloupe

(iv) Pêche en goélette

(v) Habitants pêcheurs

(vi) Pêcheurs

(viii) Marchands


COMMERCE ET TRANSBORDEMENT

Vaste et sûr, le port de Louisbourg était, en termes d'accostage, l'un des plus achalandés de l'Atlantique après New-York, Boston et Charleston. Pour bien comprendre la vie à Louisbourg au XVIIIe siècle, il faut donc se représenter un port grouillant de bateaux de toutes sortes, bâtiments de guerre hérissés de canons, navires marchands arrivés de France, des Indes Occidentales et de Nouvelle-Angleterre, bateaux de pêche arrivant ou sortant. À terre, une activité bourdonnante régnait sur le quai où l'on charroyait vivres et merchandises importés dans des entrepôts, et où l'on préparait de grandes quantités de morue séchée pour l' exportation, tandis que les auberges et les cabarets faisaient des affaires d'or.

L' importance de Louisbourg comme port de commerce s'explique de diverses façons. Cependant, avant d'étudier un à un les facteurs qui ont permis cette évolution, voyons le contexte économique général de l'époque, c'est-à-dire la théorie du mercantilisme.

Mercantilisme

Le mercantilisme était fondé sur deux principes connexes, à savoir l'autosuffisance et la concurrence entre les nations qui cherchaient toutes à obtenir une balance favorable. Dans tous les grands pays d' Europe, on adopta des lois et des règlements en vue de réduire les importations tout en augmentant les exportations et en protégeant les industries nationales importantes. Les mercantilistes supposaient qu'il existait une quantité relativement fixe de richesses dans le monde et que, par conséquent, plus un état s'enrichissait, plus il appauvrissait les autres, les affaiblissant également aux points de vue politique et militaire. Le mercantilisme produisait donc une forme de concurrence économique proche de la guerre.

Les colonies jouaient un rôle important dans ce contexte économique car elles devaient assurer l'autosuffisance de l'empire, ctest-à-dire procurer des matières premières pouvant être traitées ou mises en marché dans la métropole et fournir un marché aux exportations de la mère patrie. Certaines colonies étaient reconnues pour leur sucre et leur coton, d'autres pour leurs fourrures, leur poisson, leurs épices ou leurs métaux précieux.

Bien entendu, il n'était pas toujours possible de suivre les principes du mercantilisme à la lettre. Par exemple, en théorie, toutes les importations de l'Isle Royale auraient dû provenir de la France ou d'une autre colonie française. Dans la pratique cependant, tel n'était pas le cas. On achetait en effet régulièrement des matériaux de construction et des vivres à la Nouvelle-Angleterre. Sans encourager cette pratique, les représentants du Roi l'autorisaient en cas d' "urgences", de manière à ne pas interrompre les travaux de construction en cours ou pour éviter la disette. Il arrivait évidemment que le commerce avec la Nouvelle-Angleterre dépasse le cadre des ventes ou des échanges. La contrebande était chose courante.

Louisbourg centre de l'activité commerciale en Amérique du Nord

Dès 1706, avant même la fondation de Louisbourg ou de l'Isle Royale, l' intendant Antoine-Denis Randot avait reconnu le potentiel du Cap-Breton comme port de commerce et de transbordement des colonies françaises outre-mer. On appelait port de transbordement un havre bien situé et bien aménagé où les gros bâtiments venant de France pouvaient décharger leur cargaison à destination des diverses colonies, en retour des produits de ces colonies. C'est exactement le rôle que devait jouer Louisbourg peu après sa fondation en 1713.

Pourquoi Louisbourg ?

Notes sur le commerce


LA COMMUNAUTÉ MARCHANDE

La diversité et l' importance du commerce à l'Isle Royale permettaient aux entrepreneurs locaux de brasser de nombreuses affaires, de la tenue d'auberge au négoce. Comme les institutions bancaires et les moyens de télécommunication modernes n'existaient pas à l'époque, les intermédiaires jouaient un role important dans toutes les transactions, celles-ci exigeant une connaissance approfondie des marchés parfois éloignés et des contacts sur place. Les transactions étaient réglées en espèces ou, plus fréquemment, en nature ou par lettres de change (billet à ordre). Toutefois, quel que fût le mode de paiement, les marchands devaient tenir des registres et des comptes à jour.

Exemples

Comme partout ailleurs, les marchands de Louisbourg ne formaient pas un groupe homogène. Certains étaient extrêmement riches, d'autres l'étaient modérément et certains arrivaient tout juste à joindre les deux bouts; il y eut même quelques cas de faillite.

La pêche était à la base de l'activité commerciale de la plupart des marchands de Louisbourg. Ils commençaient souvent comme habitants pêcheurs et s'adonnaient ensuite au négoce, devenaient grossistes et même parfois détaillants sur une petite échelle, par exemple dans les petits établissements situés le long de la côte de l' Isle Royale. Avec un peu d'astuce, du crédit ou simplement de la chance, certains marchands pouvaient devenir prospères et voir leurs affaires prendre de l'expansion.

Prenons l'exemple de deux marchands qui habitaient le secteur reconstruit de Louisbourg.

Michel Rodrigue

Les Delort

Entreposage des merchandises

Les différents magasins reconstruits nous permettent de bien comprendre cet aspect du commerce du XVIIIe siècle. Voici quels vent les principaux points à retenir :

- les entrepôts étaient de dimensions diverses, de l' immerse magasin général construit et exploité à même les fonds royaux, aux entrepôts en pierre des riches marchands, en passant par les entrepôts en piquets des moins nantis. Tous ces entrepôts avaient la même fonction, soit protêger les biens des voleurs et de la dêtêrioration;

- le contenu des entrepôts variait en fonction des activités de leur propriétaire. On y trouvait de la morue prête pour l'exportation, de la mélasse, du sucre ou du café importés, du pétrole, du bois, des aliments, de la poterie, des meubles, des tissus, etc.;

- pour assurer la sécurité des entrepôts, on utilisait des cadenas, on plaçait des barres aux fenêtres ou on faisait monter la garde;

- on veillait également à éviter les pertes et le gaspillage. Certains contenants du magasin général étaient garnis de plomb afin de protéger leur contenu des rats;

- certains barils et ballots portaient des marques identifiant leur propriétaire ou leur destination en vue d'un long voyage.


PUISSANCE NAVALE

Il est généralement admis que la supériorité navale de la Grande-Bretagne a été l'une des principales causes des deux défaites de la France à Louisbourg. A chaque siège, les Britanniques firent un blocus efficace du port et participèrent à l'assaut de la forteresse. Par ailleurs, le rôle de la marine de guerre française fut négligeable dans les deux conflits. En 1745, le soutien naval français était pratiquement inexistant et en 1758, le maigre soutien existant fut mal utilisé. Selon le point de vue, l'inefficacité de la marine française lors des sièges est surprenante ou compréhensible, malheureuse ou déplorable. Comme disait J.S. McLennan, elle est à tout le moins "frappante".

Comparaison des deux marines de guerre

Vers 1700, la France avait en fait davantage de navires que la GrandeBretagne. Toutefois, comme la France concentrait de plus en plus son activité sur les affaires européennes, et par conséquent sur les fortifications terrestres, sa marine, comparativement à celle de la Grande-Bretagne, déclina graduellement. Vers le milieu du XVIIIe siècle, la marine de guerre britannique était deux fois plus importante que celle de la France.

En raison de la supériorité numérique de la marine britannique, la protection des colonies nord-américaines de la France était assurée en majeure partie par des corsaires et de petites escadres. Ils évitaient obligatoirement les affrontements avec les gros navires britanniques, mais ils étaient tout de même en mesure de perturber le commerce de la Grande-Bretagne et de la Nouvelle-Angleterre. L'habileté et l'agressivité des corsaires et des navires marchands français ont amené de nombreux auteurs à penser que c'est le manque de navires de guerre, et non pas le manque de dextérité, qui handicapait la France en mer. Sur le plan de la conception, les navires de guerre français se comparaient à ceux de la Grande-Bretagne, s'ils ne leur étaient supérieurs.

La marine de guerre française avait d'autres faiblesses, là encore attribuables en majeure partie à un manque d'intérêt pour cet aspect du service au cours de la première moitié du XVIIIe siècle : il s'agit de la suffisance dont faisaient preuve les officiers et de la répugnance à faire monter en grade des hommes de talent s'ils n'étaient pas d'origine noble. Par comparaison, la marine de guerre britannique comptait de nombreux hommes débrouillards qui, bien que d'origine relativement humble, avaient accédé aux postes de commandement les plus élevés.

Combats navals à Louisbourg

Lorsqu' on fit de Louisbourg le centre administratif de l' Isle Royale, on prévoyait assurer la protection de la région grâce à la marine. En réalité, la colonie bénéficia dans l'ensemble d'un soutien naval fort limité. Certes, à l'occasion, des navires de guerre pénétraient dans le port et en sortaient, mais trop rarement et en nombre insuffisant pour décourager d'éventuels assaillants.

Au printemps de 1745, une flotte regroupant des navires de la Grande-Bretagne et de la Nouvelle-Angleterre fit le blocus du port de Louisbourg. Le Vigilant, navire de guerre de 64 canons et 500 marins, chargé de merchandises destinées à la garrison, de canons supplémentaires et d'une bonne quantité de poudre, arrive en vue du port au moment où les bâtiments assurant le blocus étaient au nord ou au sud. Au lieu de pénétrer directement dans le port comme il en avait reçu l'ordre, le navire engagea le combat avec un bateau anglais de taille plus petite. Alors que la bataille faisait rage, d'autres navires anglais approchèrent et entrèrent dans la mêlée. Après une lutte longue et courageuse, le Vigilant fut finalement capturé et sa précieuse cargaison tomba aux mains des Anglais.

Lorsque la nouvelle de l'attaque de Louisbourg parvint en France, les autorités envoyèrent de Brest sept navires de guerre à la défense de la ville. A leur arrivee en vue de la Nouvelle-Angleterre, en juillet, ils apprirent que Louisbourg avait déjà capitulé.

Venons-en maintenant au deuxième siège. Lorsque la flotte anglaise arrive à la baie Gabarouse, la force navale française à Louisbourg était d' environ dix navires de guerre, transportant 494 canons au total. Les Français brûlèrent et coulèrent délibérément trois navires pour obstruer l'entrée du port. Les autres navires restèrent au port où ils avaient un mouillage sûr à quatre ou cinq cents mètres des batteries anglaises à terre. De cette position, les navires français auraient pu constituer une grave menace pour les Anglais, mais ce ne fut pas le cas. Seul l'Aréthuse faisait office de batterie flottante près de la Porte du Dauphin. Le navire menaçait à ce point l'activité des Anglais dans le secteur que ceux-ci établirent une batterie dans le seul but de le détruire. Forcé de se retirer du secteur, l'Aréthuse finit par forcer le blocus et porta des dépêches en France.

Exception faite de l'Aréthuse, les autres navires français n'étaient pratiquement pas en mesure d'assurer la défense de Louisbourg. Ils se rapprochèrent graduellement du quai, jusqu'à ce que trois d'entre eux échouent. L'amiral demanda la permission de quitter le port, ce qui lui fut refusé; il ordonna alors l'évacuation des navires. A ce moment, ils étaient toujours aptes à prendre la mer et pratiquement intacts. Finalement, l'un des navires fut touché et prit feu, et l'élément destructeur se communiqua aux deux autres. Le Prudent et le Bienfaisant échappèrent tout de même à la destruction pour tomber plus tard aux mains des Anglais.

Pour conclure, il est malheureux que, à une époque où s'érigeaient les grands empires coloniaux, la France ait laissé


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