Search Website Design and Content © by Eric Krause, Krause House Info-Research Solutions (© 1996)
      All Images © Parks Canada Except Where Noted Otherwise
Report Assembly/Rapport de l'assemblée © Krause House Info-Research Solutions

Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada


Le destin aventureux d'Augustin du Bosc Henry

Return/retour - Table of Contents


du 1 juillet 

Nos volontaires ont eu connaissance pendant la nuit, que l’ennemi travaillait beaucoup en deçà de la hauteur qu’ils occupaient depuis quelques jours. La frégate les a beaucoup canonnés dans la direction de leurs travaux, et vers les 6 heures ce matin, nous avons fait sur les deux piquets soutenus de deux compagnies de Volontaires pour enlever des bois qui étaient au fond du Barachoua du coté du pont du Saint Esprit . L’ennemi s’en était aperçu y a fait de filer des troupes des hauteurs du coté de chez Le Gras et se sont fusillés l’espace d’environ une heure et demie assez a portée du canon des bastions du Roy et Dauphin, qui ont fait feu sur eux , nous avons jugé et avec apparence de vérité qu’on leurs a tués deux officiers et plusieurs soldats . Nous en avons eu 5 à 6 blessés légèrement excepté un au genou..

Après midi, des pareilles escarmouches s’est faites du coté de la pointe Blanche ou nous avions envoyé deux piquets, enlever les fascines et chevaux de frise qui étaient dans cette partie , l’ennemi y a fait défiler de la redoute du Cap Goéland 3 à 400 hommes qui ont obligé les nôtres à se retirer après s’être fusillés environ une heure. Nous ne pouvons reprocher à nos troupes qu’une trop grande ardeur, l’officier a même de la peine a les contenir et empêcher de trop s’engager. L’on a peu tiré de la Batterie de la Lanterne , il en est cependant venu quelques boulets de 22 et de 32 en ville. 

du 2 juillet 

La frégate a tiré fréquemment pendant la nuit sur les endroits indiqués par nos volontaires pour ralentir l’approche et les travaux de l’ennemi.

A 5 heures ce matin, il nous est venu deux déserteurs des ennemis, dont un conduit par deux acadiens de Monsieur de Villejoint , leurs rapports sont a peu près les mêmes que ceux des précédents , tous s’accordent à dire que l’attaque doit être générale par terre et par mer ; mais que cependant depuis qu’ils se sont aperçus de nos vaisseaux coulés dans la passe, le général de mer avait du dire qu’il ne lui était plus possible d’entrer ; mais que celui de terre insistait toujours ; et que la premier avait ajouté qu’il risquerait bien un vaisseau. Ces déserteurs disent aussi que la maladie des vaisseaux commençait à gagner les gens de terre.

Nos volontaires ont été plus repoussés et resserrés vers la Place qu’ils ne l’avaient été ci devant et particulièrement du coté et le long de la cote de la mer gagnant la Pointe Blanche où ils filent de leurs redoutes du Cap au Goéland. Nous avons établis une batterie de trois canons sur la face droite du bastion de la Reine pour battre et enfiler cette partie le long de la cote. Nous venons voir ce soir de commencer à faire usage de cette batterie et nous pratiquons des plates-formes le long de la même face ainsi qu’à celle de la gauche du même bastion , qui auront leur direction sur la cote du Cap Noir à la Pointe Blanche, et pendant la nuit nous avons tirés sur les endroits indiqués par nos volontaires et suivant le bruit que nous entendions des travailleurs ennemis

du 3 juillet 

Au jour , nous avons eu connaissance des travaux avancés que les ennemis ont fait pendant la nuit, dont vu par le travers de la Pointe Blanche et les autres au dessus de la droite et de la gauche du Pont Saint Esprit où nous avons tiré canons et bombes pour détruire et ralentir leurs ouvrages et il n’y parait pas encore d’embrasures.

A 7 heures ce soir, ils on tiré du canon de la batterie qui est au dessus de la Vieille Intendance sur les vaisseaux de la Rade, dont 4 boulets ont donné à bord du " Prudent ".. Il est venu un officier de ce vaisseau chez moi où était Monsieur le Marquis Desgouttes lui dire que cette batterie , l’on tirait à boulets rouges et qu’il y en avait eu un qui avait mis le feu à bord . Sur quoi, Mr Desgouttes m’exposait sa situation, m’a demandé mon consentement pour laisser ses vaisseaux à la garde , seulement d’une cinquantaine de personnes et rentrer en ville avec ses équipages. Sur lequel exposé de boulets rouges et de bombardements , je lui ait donné par écrit que j’adhérais à tout ce qu’il jugerait convenable de faire.

L’on a jusqu’à 10 heures ce soir trié plusieurs bombes entr’autres 17 à 18 fois d’une batterie située au dessus et à la droite du Ruisseau du Saint Esprit ; mais elles ne nous ont pas parut grosses.

(notes M.G.) 

cette même nuit, le bombardement recommença, ils avaient approchés et augmenter le nombre de leurs mortiers. Les bombes partaient par vingt quatre à la fois dirigées sur la ville et sur le port. Deux tombérent sur la frégate, y mirent par deux fois le feu mais ilfût bientôt éteint,. Aucune bombe n’atteignit nos vaisseaux, ils avaient eu la précaution de se blinder, mais ils ne s’y fiaient pas...Ils prirent le parti de débarquer leurs équipages, il ne resta sur chaque bord que soixante hommes pour servir le canon et deux officiers qui se relevaient tous les vingt quatre heures, le reste entra dans la place. du 4 juillet La nuit a été brumeuse et assez tranquille de la part de l’ennemi car nous avons tiré 3 et 4 coups par heure des bastions du Roy et de la Reine sur les parties du fond du Barachoua et de la Pointe Blanche . La brume a continué jusqu’à 10 et 11 heures qu’il s’est formé quelques éclaircies à la faveur desquelles nous avons eu connaissance de quelques augmentations de travaux et vu traîner artillerie ou munitions. Chaque éclaircie nous a engagé à tirer canons et bombes sur ces travaux afin de les interrompre, et nous avons même lieu d’être très content de l’effet de nos coups, ainsi que de l’adresse et de l’autorité de nos canonniers. Tous nos militaires ont fait cas et conviennent qu’ils composent une troupe de distinction, c’est un louange qui leurs est dû ainsi qu’aux officiers des compagnies.

Mr le chevalier de Courcerac est venu ce matin à 8 heures à terre avec 70 à 80 hommes de son vaisseau. Je lui ai fait occuper ainsi qu’au chevalier de Tourville qui est venu l’après midi, les batteries des bastions Princesse, Maurepas, et Roussillon et j’en ai retiré ceux qui étaient ci devant pour renforcer celles des Bastions du Roy et de la Reine.

A 7 heures, ce soir, il a été délibéré sur un projet de sortie que Mr Dauthonnay nous a proposé. Il devait donner sur la partie du coté du Pont du St Esprit, le détachement était composé de 800 hommes compris les cinq compagnies de volontaires, une de grenadiers et le reste en piquets. Tous les préparatifs pour cette expédition ont été décidés à Minuit. L’on a assemblé les troupes qui ont défilé entre une et deux heures mais trop tard, en apparence, puisque vers la digue et les hauteurs qui l’avoisine, notre troupe en a trouvé vue de l’ennemi qui l’a aperçue assez en temps pour être rangée et disposée en bataille et en nombre de beaucoup supérieur en apparence à la nôtre , ce qui a déterminé Mr Dauthonnay de rentrer. joint à ce qu’il avait manqué l’ havre du gué qui conduit à la Pointe du Banc de Grave par où l’on va chez Martissans qui était la ....atte qu’il comptait prendre pour attaquer les ennemis par leur gauche.

du 5 juillet 

Le temps a été brumeux et pluvieux jusqu’à midi, que nous avons découvert les travaux de l’ennemi sur lesquels nous avons beaucoup canonner.

A 9 heures ce matin Mr de Tourville est venu me demander à retourner à bord, l’officier qui y était de garde lui ayant fait dire qu’il découvrait une batterie à la droite à la croisée des chemins de Miré sur la quelle il pouvait tirer. Je lui ai témoigné qu’il ne pouvait mieux faire et depuis midi, les bastions du Roy et Dauphin. La frégate " la Capricieuse " ainsi que les autres vaisseaux qui pouvaient voir ces endroits là y ont tiré continuellement jusqu’au soir, ainsi que du bastion de la Reine sur les travaux de la Pointe Blanche.

Nos volontaires n’ont pas eu connaissance que les travaux des ennemis ayant plus avancé cette nuit jusqu’à présent, ils sont établis de façon à ne pouvoir décider quel sera le coté de l’attaque . Ils paraissent quant à présent les avait dirigés de façon à n’être pas surpris et attaqués du revers ayant sur toutes les éminences des épaulements et boyaux qui se communiquent des uns aux autres. du 6 juillet Mr le Marquis Des gouttes a descendu à terre avec la majeure partie de son équipage. Je vais le destiné au service de la batterie de la pièce de la Grave quant aux soldats , ils voient augmenter le nombre de ceux que Mr Datehou commande et feront le service de la Place comme les nôtres.

Nous avons comme hier canonné sur les travaux des ennemis, ceux de la partie du Pont du ST Esprit sont les plus avancés, ils ont tiré du canon et des bombes assez successivement et en eut beaucoup incommodé la frégate ‘Aréthuse ", qui ce soir m’a envoyé demander à se rapprocher de la ville, ne pouvant plus tenir à ce feu des bombes. La nuit a été brumeuse, les ennemis ont jeté quelques bombes sur la ville, dont une a tomber sur l’Hopital du Roy, y a blessé deux religieux et tué le chirurgien major des Volontaires Etrangers. du 7 juillet Nous avons pas eu connaissance de nouveaux travaux dans la partie du Barachoua ; mais nous nous nous sommes aperçus que l’ennemi s’est approché du coté de la Pointe Blanche et qu’il y occupe le premier retranchement que nous y avions fait pour mettre les deux canons de six pour défendre la descente.

Nous avons peu tiré sur leurs retranchements, ayant envoyé un tambour et écrit aux généraux de terre et de mer pour savoir s’ils accepteraient de placer un hôpital de façon à ne pas tirer dessus. Ils m’ont répondu que je serais le maître de le placer, soit à l’Isle de l’Entrée, soit dans un vaisseau , en observant qu’ils seraient les maîtres d’y envoyer un officier en avoir soin , ce projet est venu de Mr Desgouttes auquel on avait dit qu’on en avait usé de même à Mahon, mais je ne crois pas devoir accepter cette offre.


Copie de ma lettre écrite d’hier à l’amiral Hardy, ci présent mouillé devant le port de Louisbourg

" Monsieur,

J’ai eu l’honneur de prévenir le général Amherst, ainsi que je le fais à l’amiral Boscawen par la lettre ci jointe, que j’adresserai à un des premiers vaisseaux de son escadre, quelques effets pour les officiers blessés et prisonniers qu’il a à son bord, ainsi qu’un sac d’argent pour Mr de Langlade, capitaine de grenadiers du Bataillon de Bourgogne . Vous me ferez plaisir, Monsieur , et vous rendrez service à ces messieurs de faire passer à cet amiral les effets que l’officier de la Marine qui commande le canot vous remettra.

Je vous prie d’accepter le peu de salade de rave que j’ai l’honneur de vous envoyer, très mortifié que le Pays n’en fournisse pas de plus avancée. Je serais très flatté en toute occasion de vous donner des marques de la parfaite considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être.

signé le chevalier de Drucourt "


Réponse à la lettre ci dessus du 6 juillet 1758

" Monsieur,

J’ai reçu l’honneur de votre lettre, et je prendrais tous les soins imaginable des effets de ces messieurs de qui j’ai le plaisir de vous informer étaient beaucoup mieux il y a quelques jours.

Je suis fort sensibles aux politesses de Madame Drucourt et je suis fort fâché de n’avoir rien à lui offrir que mes services.

J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur,

signé Ch. Hardy "


Copie de ma lettre écrite ce 7 juillet à l’amiral Boscawen

" Monsieur,

Lors du siége de Mahon, Mr de Blaheney ayant informé Monsieur le Maréchal de Richelieu de l’emplacement de hôpital sur la représentation qui lui en fût faite à ce sujet, il ordonna d’en écarter le feu des batteries et des bombes; le bâtiment fut marqué en conséquence et conservé par égard pour l’humanité et pour les malades. j’ai l’honneur de rappeler cet exemple à votre excellence et la prier de vouloir bien en user comme il a été pratiqué à Minorque, entre nos généraux. Dès que votre excellence n’aura honoré de sa réponse , je ferais arborer dé.................deux pavillons de chaque nation pour en marquer l’enceinte distinctement.

J’ai l’honneur d’être signé le chevalier de Drucourt "


Copie de ma lettre au général Amherst , pareille à celle ci dessus où est de plus ce qui suit :

" Monsieur,

Par l’assurance qui m’a été donnée que son excellence Monsieur l’amiral Boscawen était chargée du commandement en chef des troupes de terre et de mer, j’ai lieu d’espérer que votre excellence voudra bien lui faire passer ces mêmes représentations et les approuver à son passage.

signé le chevalier de Drucourt "


Réponse de l’amiral Boscawen du 7 juillet 1758

" Monsieur,

Son excellence général Amherst m’a envoyé votre lettre ce matin. Il vous remettra ce que les officiers de cette armée qui étaient à Mahon quand le Fort St Philippe a été assiégé par le Maréchal de Richelieu cave et hôpital. Si votre excellence veut former un hôpital à l’Isle qui est à l’Entrée du port, où mettre les blessés et les malades dans un vaisseau et de le séparer des autres dans le havre, sujet à être visité par un de mes officiers, je leur donnerai tous les assistances qu’ils seraient dans mon pouvoir et je demande permission d’assurer votre excellence que tous les prisonniers qui tomberont entre mes mains seront traités avec toute l’humanité que leur situation demande.

J’ai eu l’honneur de recevoir votre lettre qui m’a été remise par le contre-amiral Charles Hardy, j’ai remis l’argent, les lettres et effets aux messieurs prisonniers actuellement avec moi comme vous l’avez désiré, je suis extrêmement fâché de vous apprendre que Mr Savary, après avoir eu la jambe coupée est mort il y a deux jours.

j’ai l’honneur d’être signé P. Boscawen "


Réponse du général Amherst dudit jour 7 juillet

Monsieur,

Sur le reçu de la lettre que votre excellence m’a fait l’honneur de m’écrire d’aujourd’hui, je me suis informé de Monsieur le colonel Bastide et des autres officiers qui ont été au siège de Mahon de ce qui s’est passé touchant hôpital. Ils m’ont tous assurés qu’ils ne se souvenaient point qu’aucune représentation à jamais été faite de la part de Mr le général Blaheney ou qu’aucune chose soit passé entre Monsieur le Maréchal de Richelieu et le général Blaheney touchant l’hôpital. Ces messieurs me disent que l’hôpital a été dans une Place détachée nommée Fort Charles et tout à fait à couvert, que les chirurgiens ayant fait rapport que le bruit du canon dans le fort faisait du mal aux blessés, le gouverneur ordonna qu’on cesse de tirer le canon dudit fort.

Les droits d’humanité exigent tout le soin qu’on peu avoir des blessés et malades, et dans les circonstances présentes, je serais charmé de convaincre votre excellence que les troupes de terre du Roy, mon Maître, que j’ai l’honneur de commander en chef, ne céderont point à aucune autre nation dans l’exécution des susdits droits.

Je ne vois pas comment il est possible de mettre les blessés et malades dans l’enceinte de la ville sans être incommodés du feu et des bombes. Si votre excellence trouve bien de les mettre dans l’Isle à l’entrée du Port que l’Isle sera visitée par un de mes officiers et sujet à être visitée pour voir que les ouvrages restent dans l’état qu’ils se trouvent actuellement à présent et qu’on y transportent les malades et les blessés, je suis d’accord, ou si votre excellence, sous les mêmes conditions, aime mieux aime mieux les mettre dans un des vaisseaux à part que ce vaisseau pu s’éloigner des autres, je suis aussi d’accord. Au reste , si son excellence l’amiral Boscawen veut permettre à un vaisseau enfin que les malades et blessés soient plus en sécurité de rester avec la flotte à l’Entrée du Port, pour cette fin, je permettrais volontiers que ce vaisseau sort du Port et je tacherai autant qu’il soit possible que rien ne manquera de mon coté pour le soin des blessés et des malades.

J’ai l’honneur d’être signé Jeffrey Amherst "


8 juillet 

L’on a peu tiré cette nuit de part et d’autres, la pluie assez forte ayant commencé à tomber avant minuit jusqu’à 7 heures ce matin. Les travaux des ennemis n’ont pas été approchés de la Place du coté du Pont St esprit , mais bien au delà de la partie de la Pointe Blanche d’où ils paraissent vouloir s’acheminer pour venir par là s’approcher du Cap Noir.

Nos batteries des neuf pièces de canon aux faces du Bastion de la Reine sont finies demain.

Nous avons jugé devoir faire au Cap Noir un ouvrage qui avec 4 pièces de canon de 12 pourrait arrêter l’ennemi et retarder ses approches de cette partie. Messieurs les ingénieurs en ont tracé le plan et nous y mettront des travailleurs tout de suite et pour avoir plus de temps à nous.

Il a été décidé à 9 heures ce soir que nous ferions une sortie.. Monsieur Marin qui étais ..............l’a commandée. Le détachement était de cinq compagnies de volontaires, deux compagnies de grenadiers et 6 piquets, l’ordre donné à minuit, on a pris les armes, et a une heure on a commencé à s’acheminer par la Demie L’une de la Porte de la Reine, le détachement devait marcher sur deux colonnes fort près l’une de l’autre, l’on allait le long de la mer et l’autre longerait le maris, et avant deux heures ils avaient pénétré le premier retranchement , la bayonnette au bout du fusil et ont fort peu tiré. Il a été fait 30 prisonniers, un ingénieur et un lieutenant de grenadiers, nous ignorons le nombre de leurs morts. Nous y avons perdu deux capitaines de nos Volontaires qui sont Messieurs de Garcement et Chauvelin, Monsieur de Jarnage , lieutenant des grenadiers d’Artois blessé et resté prisonnier et dans les troupes.

9 juillet 

On a peu tiré de part et d’autre, parce que l’on a fait cesser le feu ce matin pour enlever les morts et blessés de part et d’autre, ainsi que le soir pour envoyer les effets des officiers prisonniers . Nous nous occupons à travailler, soit à former des batteries aux faces des bastions qui répondent à leurs travaux, soit à faire des traverses dans le chemin couvert et dans les rues les plus enfilées , à démolir des maisons pour blinder des endroits , à faire reposer la garnison , à faire un retranchement en pierre sèche à la partie du Cap Noir où nous mettront du canon.

10 juillet 

L’on a tiré pendant la nuit plusieurs bombes qui ont peu blessé de monde ; mais un habitant . Nous leurs avons aussi tiré des trois mortiers du Bastion de la Reine sur leurs travaux de la Pointe Blanche, il ne nous a pas paru que ces travaux ayant avancé, ils ne le pourront non plus faire qu’en repoussant le poste avancé de nos volontaires, il s n’ont encore de canon ni mortier en batterie, que sur la partie du St Esprit et la Croisière du Chemin de Miré d’où ils nous tirent et aux vaisseaux continuellement du canon et beaucoup de bombes ainsi que sur nos vaisseaux .

11 juillet 

Nos volontaire n’ont point eu connaissance de travaux plus avancés que précédemment de la part des ennemis , mais qu’ils perfectionnent seulement ce qu’ils ont commencé en prolongeant des communications des uns aux autres et conduisent leur artillerie . Nous avons beaucoup tiré du flanc droit du bastion du Roy et du Bastion Dauphin ainsi que nos vaisseaux sur une nouvelle batterie toute en fascines située au dessus et à la droite du ruisseau du Saint Esprit, nous l’avons maltraitée au oint qu’elle a besoin d’une forte réparation qu’ils pourront faire cette nuit.

12 juillet 

L’on a tiré plusieurs bombes pendant la nuit qui ne nous ont pas causé de dommage. A minuit la pluie a commencé et a continué assez fort jusqu’à 9 heures ce matin, et le jour n’a pas été assez beau ni clair pour beaucoup tirer de part et d’autres, nous n’avons encore rien aperçu de travaux plus proche de la place que ceux de la Pointe Blanche que l’on estime être à environ 300 toises.

13 juillet 

Les ennemis nous ont tiré pendant la nuit une quarantaine de bombes qui n’ont mis le feu nulle part, n’y tué qu’un nègre, nous leurs en avons aussi envoyé dans leurs travaux et ce matin au jour nous ne nous sommes pas aperçus s’ils les aient approchés plus qu’hier. Nous nous sommes tirés de part et d’autres bombes et boulets.

notre ouvrage du Cap Noir est bien avancé, nous y placerons quatre pièces de canon de 12. Nous avons réparé des embrasures que les bombes avaient détruites et avons continué nos travaux de blindages et traverses.

14 juillet 

L’on a moins tiré de bombes que la nuit précédente, mais en avons également envoyé dans les retranchements ennemis.

Nos volontaires ne se sont point aperçus que les assiégeants eussent avancés leurs travaux et nous n’en avons pas eu non plus connaissance. Nous nous sommes occupés pendant le jour à canonner et bombarder leurs ouvrages et les endroits les plus apparents de batteries, car il n’en ont encore démasqué aucune, excepté celle des trois canons et de deux mortiers qui est au bas du Chemin de Miré vis à vis chez Martissans.

15 juillet 

La nuit s’est passée de la part des ennemis sans qu’ils aient tire une seule bombe, ce qui nous a fait juger qu’ils ont changé leur batterie. De notre coté nous avons continué à tirer trois et quatre bombes par heure sur leurs travaux qui nous ont parus les plus susceptibles de batteries. Au jour, le rapport de nos volontaires a été le même que hier et effectivement nous ne nous sommes pas aperçus de travaux plus avancés du corps de la Place que les précédents. Ils ont travaillé à leurs batteries de fascines qui sont au dessus du Pont du St Esprit sur lesquelles nous avons tiré du Bastion du Roy. Nous avons beaucoup avancé nos travaux du Cap Noir et ce soir nous y avons mis deux pièces de canon de 12 en batteries. La situation en est avantageuse pour battre le long de la grave, gagnant les ouvrages de la Pointe Blanche et aussi une batterie qu’ils ont formée sur la haute la plus proche de la dite pointe.

Sur les 9 heures ½ ce soir, la frégate " l’Aréthuse " est partie pour France, la batterie du fanal lui a tiré cinq coups de canon et quelques fusée sans doute pour signal.

(C’est la deuxième fois que le hardi capitaine corsaire dieppois Vauquelin, forcait le dispositif ennemi au commande de sa frégate équipé de ces 30 canons. Il arrivera à Bayonne sain et sauf).

16 juillet 

Au jour ce matin, nous nous sommes aperçus que les vaisseaux mouillés par le travers du Cap Noir avaient dans la nuit appareillés sans doute sur la connaissance qu’ils avaient eu de la sortie de cette frégate.

L’ennemi n’a tiré cette nuit ni bombes ni canon, au jour ce matin, nous avons aperçus une communication qu’ils ont commencée de leurs ouvrages du bord de la mer de la Pointe Blanche pour gagner la premiere hauteur dont j’ai ci-devant parlé, qui est un passage d’une petite gorge de terrain bas et marécageux qu’ils ont entamé et s’étais sans doute à ce dessein qu’ils avaient fait un amas de fascines dans cette partie.

Sur les trois heures ce matin nous avons aperçu un feu de mousqueterie réitéré dans le fond de la Baye du coté de Marin qui a pu durer environ une heure. C’est sans doute Monsieur de Bois Hebert, je ne tarderais pas d’en avoir des nouvelles leur ayant envoyé Paris cette nuit par la Rivière de Miré.

A sept heures ce soir, le poste de la droite de nos volontaire a été forcé par 6 à 700 hommes des assiégeants qui se sont emparés des hauteurs en deçà de la digue de la Justice et de celles qui sont à gauche de cette dernière et se sont mis jusqu’à la nuit à couvert à la faveur de cette hauteur et ensuite pour ouvrir une tranchée sur laquelle nous avons fait un feu vif presque continuel pendant la nuit et nos canons chargés à mitraille ; et de leur coté ils nous ont canonné et bombardé pour favoriser leurs travailleurs..

17 juillet 

Aussitot le jour, nous avons aperçu l’ouverture de la tranchée des ennemis prenant depuis la digue, passant par les derrières des hauteurs de Lartigue et de la Justice et venant jusque par le travers de celles de la face droite du bastion du Roy , après midi nous avons parfaitement aperçu un ingénieur traverser avec quelqu’autres officiers une petite branche de marais qui allait reconnaître la petite hauteur qui est précisément vis de la capitale du Bastion du Roy et y à même laissé deux piquets pour alignement que nous avons fort bien distingués. Le jour s’est passé à se canonner et bombarder de part et d’autre, ainsi que la nuit que nous avons fait un grand feu de mousqueterie du Chemin Couvert ainsi que nos canons chargés à mitraille pour interrompre les travailleurs ennemis qui ne nous ont tiré aucunes bombes.

18 juillet 

Dès le jour, ce matin, nous nous sommes aperçus que les ennemis avaient effectivement pris possession de la hauteur dont je viens de parler et sans doute que la nuit prochaine ils joindront toutes ces petites hauteurs par une communication. Ils paraissent avoir beaucoup perfectionné leurs ouvrages de la Pointe Blanche , sans cependant s’avancer davantage du coté du Cap Noir . Nos volontaires y conservent toujours leurs postes. Jusqu’à présent ils n’y ont tiré que quelques coups de petit canon. La nuit s’est passée sans qu’ils aient tiré de bombes et peu du canon, notre feu de mousqueterie a été aussi moins vif que la précédente, ayant seulement fait distribué 50 fusils de remparts à 10 par piquet depuis la grande place d’Armes jusqu’à la barrière de la Porte Dauphine ; dont plusieurs ont crevé et blessé les soldats, de façon que l’on se s’en servira plus, nous avons tiré à mitraille des bastions du Roy et Dauphin sur les travailleurs ennemis.

19 juillet 

Ce matin nous n’avons pas eu connaissance qu’ils aient plus avancé leurs travaux. je comptais qu’ils auraient par une communication joint la petite hauteur du Bastion du Roy à celles qui suivent vis à vis du bastion Dauphin, ils ont perfectionné seulement ce qu’ils avaient commencé ; . nous avons continuellement tiré sur ces ouvrages et sur les batteries qu’ils ont établies du coté de Martissanc et du Pont St Esprit d’où ils nous ont vivement canonné hier et particulièrement aujourd’hui. L’Eperon, le Cavalier et le Bastion Dauphin en ont été fort endommagé principalement l’Eperon qui l’est au point que nous allons cette nuit en masquer les embrasures et faire un épaulement sous le Cavalier, à l’extrémité de la Batterie, qui est tellement enfilée, que deux affûts de cette batterie et les deux mortiers qui sont à son extrémité en ont été rompus et mis hors de service.

20 juillet 

Les ennemis ne nous ont pas tiré de bombes cette nuit et fort peu de canon, nous leur avons comme à l’ordinaire tiré à mitraille ainsi que de notre mousqueterie sur leurs travaux, et au jour nous nous sommes aperçus qu’ils avaient formé une seconde parallèle qui prend entre la Justice et le Four à Chaud se prolongeant pour revenir sur leur droite, cet ouvrage n’est pas encore prolongé jusque par le travers de chez Niquet. Ils ont approfondi et perfectionné leur première parallèle qui s’étend comme je l’ai déjà dit , depuis la petite hauteur qui est vis à vis de la Capitale du Bastion du Roy gagnant de hauteur en hauteur jusqu’à celles qui sont en deçà du jardin de la Rose, nous avons continuellement tiré de part et d’autre , particulièrement du flanc et de la face droite du bastion du Roy et moins du Bastion de la Reine sur les batteries qu’ils ont établies à la Pointe Blanche , nous ne leurs connaissons encore que du canon de petit calibre dans cette dernière partie qui bat sur le Cap Noir d’où nous leurs tirons des deux pièces de 12 que nous y avons établies en tête de retranchement que nous y avons fait qui est palissadé et de façon à soutenir et arrêter pendant quelques temps une troupe qui chercherait à s’en saisir et passer par le bord de la mer pour tourner le dit Cap Noir

21 juillet 

La nuit s’est passée comme les précédentes à nous tirer de part et d’autre, mais beaucoup plus de la notre , faisant feu de mousqueterie et de canon à mitraille sur les travaux ennemis , il n’y a pas eu de bombes tirée de la nuit, mais bien pendant tout le jour qu’ils en ont continuellement tiré du même endroit , il n’a pas paru de nouvelles batteries, ils ont moins tiré que hier et de celle de la Lanterne.

A deux heures ½ après midi, il est tombé une bombe à bord du " Célèbre " qui y a mis le feu, il n’a pas été possible de l’éteindre et a successivement gagné " l’Entreprenant " et " le Capricieux " de façon qu’à sept heures du soir ils étaient presque consommés, ils ont continué de battre les bastions du Roy et Dauphin, le Cavalier n’a pu tirer par le mauvais état des merlons, quant à sa construction entière, elle est au point d’être écroulée d’un moment à l’autre.

Sur les 9 heures ce soir, nos volontaires nous ont amené un déserteur anglais qui est un officier lieutenant de grenadier du Régiment de Royal Américain.

22 juillet 

Les ennemis ont peu tiré cette nuit et fort peu avancé leur deuxième parallèle, mais bien augmenté et perfectionné la première, et au jour, ils ont démasqué deux batteries, l’une de 6 et l’autre de 7 canons dans la partie de la Pointe Blanche, ces deux batteries ont leur feu dirigé sur le Bastion de la Reine, ainsi qu’une batterie de 5 mortiers de 12 pouces qui envoie les bombes depuis le Bastion du Roy jusqu’à celui de la Reine, leur feu pendant le jour a été continu et a mesure qu’ils se multiplie le notre diminue. Les trois canons de l’Eperon, le Cavalier du Bastion Dauphin en son entier, quatre canons de la batterie d’en bas, les deux canons de la Courtine , deux du flanc droit du Bastion du Roy, trois de la face droite du Bastion de la Reine, vu de son flanc, les trois de 12 de la batterie à Barbette, toute cette artillerie était ce soir hors d’état de servir , et le malheur de l’incendie arrivé au Corps de Casernes du Bastion du Roy , nous a tellement occupés depuis 9 heures ce matin jusqu’à la nuit, que nous n’avons pu servir le reste des canons qu’imparfaitement. Ce feu a été occasionné par une bombe des ennemis qui a tombé la chambrée des soldats proche de la voûte du clocher de la Chapelle. les soldats se sont occupés à l’évacuer et le feu n’y a paru que lorsqu’il a été assez embrasé ; pour que la droite et la gauche en ayant été attaquées jusqu’à la Batterie du flanc droit que nous avons préservé à force de soin et de monde et jusqu’au pavillon du Gouvernement. Cet événement, celui des vaisseaux arrivé la veille nous amis hors d’état d’effectuer la sortie que nous avions projeté la nuit du 19 au 20 pour l’exécuter celle 20 au 21 ces deux jours de différence en mettent beaucoup dans notre projet, il est même douteux qu’on puisse l’effectuer.

A l’entrée de la nuit, ils ont fait jouer la batterie de 20 petits mortiers dont ils se sont servis pour battre la frégate lorsqu’elle était au fond du Barrachoua , ils ont placé cette batterie dans un fond qui est en arrière de la hauteur de la Justice et en ont tiré jusqu’à 20 bombes à la fois dan le Chemin Couvert et sur le Bastion Dauphin, ils commencent aussi à tirer de leur tranchée dans les embrasures de nos batteries.

23 juillet 

Ce matin à 4 heures , faisant notre tournée des chemins couverts, nous avons vu et examiné les débris de nos batteries du Bastion Dauphin, de la Courtine du dit bastion à celui du Roy et de toutes les embrasures, ce qui nous donnait du travail pour au moins 200 hommes pendant la nuit prochaine, que nous n’avons pu effectuer , vu l’incendie des Casernes du Quartier Neuf , qui a commencé à 10 heures du soir et qui n’a fini qu’à 5 heures du matin ce qui nous a obligé de nous tenir toute la nuit sous les armes.

24 juillet 

Ce matin au jour, nous avons eu connaissance de deux nouvelles batteries que les ennemis ont élevées assez près l’une de l’autre un peu plus bas que la hauteur de la Potence et qui battront de fort prés les Bastions du Roy et Dauphin. Ce dernier ne tardera pas à être hors d’état de résister, n’y ayant plus aujourd’hui que deux pièces de canon en état de servir, ces deux batteries ont commencé à tirer après midi. Nous ne pouvons faire que très peu de feu par la triste situation de nos batteries, et cette nuit nous en répareront en partie ce qu’il sera possible y ayant beaucoup de travail et nos soldats étant excédés par les veilles et fatigues, n’ayant plus d’asile pour rendre une heure de repos.

Il est fait référence dans plusieurs ouvrages ( abbé Brasseur de Bourbourg, Remy de Gourmont) au courage de Mme de DRUCOURT qui, durant les journées , partageait les dangers de son époux. Elle parcourait les remparts, encourageant les soldats par ses paroles n'hésitant pas à donner quelques oboles de ses propres deniers aux soldats et tenait elle même à mettre le feu à trois pièces de canon.

25 juillet 

Les ennemis nous on tiré quantité de bombes cette nuit ainsi que quelques pots à feu pour incendier sans doute, cependant cela n’a pas eu lieu y ayant remédier à temps.

Ce matin, au jour, nous avons eu connaissance d’un nouveau travail qu’ils ont commencé , à prendre proche de la hauteur du Four à Chaux gagnant le bas de l’Etang.

Nous n’avons que fort peu avancé les réparations de nos embrasures attendu qu’elles sont construites sur de la maçonnerie et qu’il n’a pas été possible d’y piquer ni placer de fascines, il y faut nécessairement des cadres en bois de charpente que l’on remplira de terre, nous travaillons à la démolition d’un magasin pour cet effet.

Le mauvais état de la Place, tant en dedans qu’en dehors, les trois dernières tournées que j’ai faites sur les Chemins Couverts avec Monsieur de la Houillère m’ont déterminée et aussi de son avis à demander à Monsieur Franquet d’y faire une nouvelle tournée ensembles, ainsi qu’avec les commandants des Corps pour en dresser un mémoire et donner leurs avis en conséquence, il a été décidé que demain au matin nous y ferions cette tournée.

26 juillet 

A une heure après minuit, l’on a crié aux armes, je me suis transporté au bastion du Roy et Monsieur de la Houillère au bastion Dauphin , l’on faisait un feu continuel du Chemin Couvert, et également de la tranchée des ennemis et nous tirions du peu de pièces que nous avions à mitraille . ½ heure après , on est venu me dire que les deux vaisseaux de la Rade étaient attaqués. J’ai couru à la grave d’où j’ai vu un instant après le feu dans le " Prudent " , quant au " Bienfaisant " , il y avait trop de brume pour l’apercevoir mais au jour nous l’avons aperçu au fond de la baye. Nous avons su par l’officier qui était à bord du " Prudent " , que sans avoir eu connaissance des chaloupes qui venaient pour l’enlever, étant à faire pompier, dans un instant que les gaillards et passavants avaient été couverts d’anglais, qui les ont fait descendre en bas et fermés les écoutilles, que étant dans l’entrepont, ils ont aperçu le feu, l’officier avait donné ordre au cas d’événement , au canonnier de mettre le feu, il ignore cependant si c’est lui ou l’ennemi qui le mis, mais l’on peu juger qu’aussitôt que les amarres ont été coupées, le vaisseau a échoué et n’a pû être remorqué, et qu’il est probable que les anglais y ont mis le feu. Cet événement qui a mis fin au reste de l’escadre , la tournée que nous avons faite, faisant voir la brèche encore plus praticable, que hier . J’ai fait assembler le Conseil de Guerre composé de Messieurs Prévost, Bonnaventure, la Houillère, Desgouttes, Saint -Julien, Marin et Dauthonnay où il était statué ce qui suit après ce mémoire..


[Source: http://drucourt.free.fr/pages/le_siege.htm]


Return/retour - Table of Contents