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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada


Le destin aventureux d'Augustin du Bosc Henry

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Jeudi 1 juin 1758 (notes BH)

A huit heures ce matin, les anglais ont paru dans le Sud au nombre de 70 voiles, les vents contraires ne leurs ayant pas permis de nous approcher que de quatre à cinq lieues. Environ, vers les 8 heures ce soir, sont arrivés ici du Port Dauphin deux officiers, l’un de la Marine et l’autre du Bataillon de Cambis, nous apprendre l’arrivée dans ce port des vaisseaux " le dragon ", " le Sphinx ", " le hardi ", " le Zéphyr " et un vaisseau de la Compagnie des Indes. Monsieur Du Chassault me signale avoir fait passer à la baie de l’Espagnole le bataillon de Cambis, pour de là se rendre ici, par terre

Vendredi 2 juin 1758 (notes B.H.)

les anglais au nombre d’environ la même quantité qu’hier, ont paru à l’éclaircie vers les 10 heures ce matin et paraissaient vouloir gagner le vent de l’entrée du port, mais étant par le travers du Cap Noir, le commandant a reviré et porté dans l’anse de Gabarus, et successivement toute la flotte a suivi de façon qu’au coucher du soleil la majeure partie y était mouillée ; j’ai fais renforcer tous les postes, et mis en corps de réserve deux compagnies de grenadiers et deux piquets à portée de se rendre aux principaux postes de la Cormorandiére et la Pointe Plate, et fait filer aussi à la Montagne du Diable un piquet de sergents et caporaux avec un second piquet d’acadiens de l’Isle St Jean, ils vont vraisemblablement cette nuit se préparer pour descendre demain au jour.Après le coucher du soleil, nous avons aperçus deux files de barges qui sortaient de la baie de Gabarus et faisaient route en arrondissant la Pointe Blanche et en ont cependant passé au large, et ensuite paraissaient faire route le long de la côte pour les anses à Gautier. Cette manoeuvre m’a déterminé à faire demander à M. Desgouttes, cent hommes pour renforcer ce dernier poste, tout le reste de la garnison avec la milice bourgeoise ont passé sous les armes, la nuit dans les caponniéres du mur crénelé , à la pointe à Rochefort et les grenadiers d’Artois au Cap Noir.

Du 3 juin 1758 (notes B.H.) 

A 4 heures du matin, nous avons eu connaissance de la seconde division d’environ 40 voiles qui donnait dans l’entrée de Gabarus, il ne nous a pas paru de gros vaisseaux de guerre dans cette dernière division, que trois, le tout ensemble peut se monter à deux ou trois vaisseaux à trois ponts, et 8 à 9 autres et .4 à 70 canons et environ vue douzaine de frégates depuis 24 jusqu’à 40 canons, les plus gros vaisseaux se sont les plus embayés , à l’exception d’un à trois ponts qui s’ est tenu le plus au large de l’entrée. Il me parait vraisemblable qu’ils feront l’attaque des trois postes en même temps. Jamais l’ardeur et la grande volonté que troupe puisse avoir, n’a dû égaler celle que montre les nôtres , ce qui est de très bonne augure pour la gloire des armes du Roy.. Vu leurs frégates, une s’est approchée hier du poste de la Cormorandiére où elle s’est embossée et à canonné tout le jour sur les retranchements, sans les boulets y donne. Cependant vers les six heures du soir, un de ses boulets ayant traversé le retranchement a fait sauter une provision de poudre qui y était. Ceci a éboulé la partie de cet endroit, j’y ai aussitôt envoyé des renforts d’une compagnie de grenadiers et deux piquets avec des outils et des munitions. Nous y avons eu un milicien bourgeois de tué et quelques soldats blessés, ainsi que le chevalier de Chassy ; avant cet événement nous avons eu un canonnier de tué ainsi que l’huissier du Conseil par les boulets.

du 4 juin 1758 (notes B.H)

Les vents sont sud-sud-est , bon frais et lames grosses, nous ne craignons point de débarquement ce matin dès le point du jour, la frégate a recontinué de canonner sur les retranchements ; à 6 heures le sieur Vallée est venu me demander de la part de Monsieur de Saint Julien s’il serait possible de faire passer à ce poste deux canons de 24 pour éloigner la frégate qui les incommode beaucoup. J’ai aussitôt écrit à Monsieur Desgouttes pour avoir 250 matelots et tout de suite l’on a mis la main à l’oeuvre. J’ai fait relever nos piquets de l’anse aux Gauthier et de Lorembec. Messieurs de la Marine y en ayant envoyé sous le commandement de Monsieur le chevalier du Dresnay savoir deux piquets aux anses à Gautier et un au grand Lorembec. J’ai aussi rappelé ceux que j’avais envoyé à Miré et au petit Lorembec, la position de l’ennemi a un seul endroit nous a déterminé aussi a y porter nos forces. Au coucher du soleil les canons de 24 étaient rendus au Ruisseau de la Pointe Plate sur le chemin de la Cormorandiére et à 9 heures ce soir un mortier de 8 pouces a été rendu au poste de Monsieur Marin. Ont nous a aussi annoncé ce soir que la frégate s’était retirée plus au large et avait cessé de canonner depuis deux heures et que l’on jugeait que son gouvernail avait été endommagé, que trois canots ou berges en derrière sont venus à terre vers les retranchements et ont été abandonnés les canons ; les ayant traversés en plusieurs endroits.

du 5 juin (notes B.H.) 

La continuation de la brume et grosse mer nous en fait profiter pour achever l’ouvrage de deux canons de 24 et nous allons aussi travailler à en faire passer un de même calibre à la Pointe Plate avec encore un mortier de fonte de 6 pouces, en sorte que nous avons deux mortiers et trois canons de 24 dans ces deux camps. Le temps paraissant devoir s’éclaircir, je suis parti à deux heures après midi pour aller à la Cormorandiére et delà à la pointe Plate. Mais la brume étant survenue, je n’ai pu apercevoir distinctement les vaisseaux ennemis. A mon retour, j’ai appris l’arrivée de 10 compagnies du bataillon de Cambis chez Langevin à Miré.

du 6 juin (notes B.H)

Les vents ont continué de la partie du sud-sud-ouest avec la brume, environ les 10 heures par une éclaircie, on a aperçu du camp de la Pointe Plate 40 barges sur trois de hauteur qui paraissaient se déterminer au camp là . A ce , dans le même moment où on a aperçu une très grande quantité du côté de la Cormorandiére, mais peu de temps après tout a disparu au moyen de la brume qui est survenue. Ce midi, les 10 compagnies de Cambis sont arrivées, ce qui nous a donné la facilité de faire quelques augmentations de piquets aux postes de la Pointe Blanche et de la Pointe Plate, de sorte que la position et le nombre des troupes à la Côte est comme il va être ci-après détaillé :

A savoir :

Au poste de la Cormorandiére , commandé par M. de Saint Julien 985 hommes

à la pointe plate par M. Marin 620 hommes

à la pointe blanche par M.Dauthonnay 250 hommes

et en outre deux compagnies de grenadiers à portée de se rendre au secours du poste le plus menacé

la compagnie de Joubert 60hommes

les miliciens acadiens de Villejoint ,90 hommes

ces deux derniers postés dans le fond de Gabarus depuis la montagne du Diable jusqu’à l’Isle Majore pour observer s’il ne s’y ferait pas quelques débarquements.

total : 2005 hommes

tous ces postes quoique assez éloignés les uns des autres dont l’éventualité était de se porter un secours mutuel en se repliant sur le plus menacé, n’étant pas praticable de garnir tous les fronts ainsi l’ordre de ces messieurs portent que je ne puis pas leur prescrire de manoeuvre à faire attendu qu’elle dépend de celle de l’ennemi et de ses mouvements.

Du 7 juin (notes B.H) 

Le temps brumeux, les vents de la partie de l’ouest, au lever du soleil, nous avons jugé que nos retranchements ne tarderaient pas à être attaqués, la journée s’est cependant passée assez tranquillement eut égard ; dès 7 à 8 heures ce matin, nous avons vu sortir deux vaisseaux de guerre de la baie qui en ont rejoints d’autre plus au large, de sorte que nous les avons compté 5 à 6 qui ont croisé depuis l’Est jusqu’au sud-est ; sur les 11 heures une frégate escortant 12 bateaux et goélettes a fait route du coté des anses à Gautier ; ce qui nous a déterminé à détacher promptement deux piquets dans l’un aux anses à Gautier aux ordres de Monsieur Des Roches, et l’autre au petit Lorembec a une heure après midi cette petite escadre a repris les amarres à tribord partant au sud et louvoyait pour regagner la baie de Gabarus de même que quelques uns des gros vaisseaux qui croisaient dehors. canon de 24 envoyé à l’anse –au –sable y a été enfin mis en batterie ce soir. Ce matin, j’ai fais passé en chaloupe un canon de 18 et un de 24 à la Pointe Blanche ; et l’on a embarqué

-deux autres canons de 18 pour la Pointe Plate dans le dessein de les y faire passer cette nuit pendant laquelle nous allons redoubler d’attention pour nos batteries extérieures

- nos deux gros mortiers au cas d’approche de quelque goelette que l’on a soupconné reconnaitre parmi le nombre de petits bâtiments qui ont sorti de la baie de Gabarus.

Notes M.G. L’ennemi rangé en bataille par plusieurs lignes au nombre de deux cent voiles dont vingt trois vaisseaux de lignes et dix huit frégates n’avaient encore rien fauté, ni fait acte d’hostilité que quelques volées de canon qu’ils envoyaient par intervalle sur nos retranchements de la Cormorandiére et qu’ils tiraient d’une grande lieue et par lesquels ils n’avaient pas fait grand effet…..

Du jeudi 8 juin (notes B.H) . 

A quatre heures du matin, le temps assez beau, l’amiral a fait le signal pour la descente, le plus fort s’est porté à la Cormorandiére, peu à la Pointe Plate, et point du tout à la Pointe Blanche, la totalité de l’attaque du premier poste a été repoussé , mais à une portée de fusil de l’anse –au-sable, en un endroit escarpé et rempli de roche quelques barges y ont pris pied. Il y en est successivement descendu plusieurs, l’on ne s’en est pas aperçu à l’instant, et aussitôt que M. de la Faye en eût connaissance, il s’y est porté .Son piquet a été suivi des deux compagnies d’Artois et de Bourgogne que M. de St Julien y a envoyé. Les troupes qui se sont portées dans cette partie ont essuyé un feu trés vif. Le capitaine et le sous- lieutenant des grenadiers de Bourgogne y ont été tué,M. Mascle bléssé, M.de St Julien s’y transportât, mais il y a trouvé l’ennemi en force supérieure , qui était déjà fort avancé et qui cherchait à le couper ; et, a cependant gagné le ruisseau de la Pointe Plate où M. Marin qui se repliait sur lui, l’a rencontré.

(Notes M.G.) 

Ce ne fût que le huit de juin à l’aube que les ennemis commencèrent leur canonnade et leurs attaques par trois divisions de barges de 60 chacune remplies de monde. Au plus vite on fit partir trois piquets de Cambise et la compagnie de grenadiers qui, à cause du grand éloignement, couraient à perdre haleine….. L’ennemi après avoir été repoussé, dispersé et perdre six à sept cent hommes, cherche à se mettre à couvert des coups, par se jeter deux barges dans une petite anse au pied d’un rocher escarpé (que M. Dubois de la Motte l’an passé avait jugé impraticable) et qui se trouvait dégarni de troupes, par défaut d’assez de monde ; mit pieds à terre, ne trouvant personne, fît signe à quelques barges, celle-là à d’autres qui se rendirent sur le champ, ainsi en une , ils avaient descendus de 4 à cinq mille hommes …..Les français s’en aperçurent dans les premiers instants. La grande distance fît qu’ils ne peuvent arriver assez à temps. L’Ennemi était déjà formé sur les rochers de sorte que les nôtres trouvait un corps bien supérieur à eux, se préférant de faire retraite…Elle fût heureuse, je ne m’y attendais pas, les anglais poursuivaient nos troupes vigoureusement .toute la garnison était dehors, il y avait tout à craindre où qu’elle ne fût coupée où que l’ennemi n’entra avec dans la place qui n’était pas à l’abri d’un coup de main.

Messieurs de Saint Julhien et Marin ont fait leur retraite, ainsi que nos troupes de façon qu’environ midi, tous étaient rentrés. Il est fort à croire que nuitamment, l’ennemi avait mis du monde à terre dans les parties de la cote remplies de rochers par où l’on ne se méfiait pas, les patrouilles ne passant pas les grandes gardes comme l’année derniére où elles se communiquaient d’un retranchement à l’autre. Le sieur Joubert avec la compagnie Villejoint avec les acadiens et Dacarette avec ses volontaires bourgeois qui étaient à la Montagne du Diable sont rentrés en ville. L’on a tout de suite brûlé les maisons et bâtiments du Barachoua depuis la Porte Dauphine jusqu’au Pont du St Esprit et démoli le four à chaux et avons fait tous les règlements et dispositions pour le service d’un siège. Le soir, le restant du bataillon de Cambis est arrivé.

(Notes de Morot de Grésigny) 

Nous avons beaucoup été surpris que cette place ne soit emportée d’emblée. C’était le dessein des attaquants, cependant nous réussîmes ainsi et plus aisément si quelques uns de nos boulets qui frappèrent dans leurs colonnes n’aient mis l’épouvante et le désordre, ce qui leur fit quitter prises et laissa la facilité aux nôtres de rentrer dans la place et auparavant de mettre le feu aux maisons et magasins qui étaient dehors, à couvert desquels l’ennemi pouvait venir s’embusquer.....Cette journée nous coûte environ cent hommes et quelques officiers tués et blessés ; deux chefs des Sauvages tués, le reste de leur troupe de quarante hommes se dispersa dans le bois et n’a .parue. Le même jour arriva le restant du régiment de Cambise. Heureusement que les anglais avaient ignoré leur marche . Ils laissent derrriére eux une trentaine d’hommes qui joignirent par la fuite aux corps d’acadiens et habitants commandés par M. de Villejoint, officier de la colonie qui était resté avec environ deux cent hommes dehors pour inquiéter l’ennemi et se joindre au corps de sauvages que M. de Boishébert , fameux partisan, devait envoyer du Canada et qui devait être de huit cent hommes selon nos espérances.

Du 9 juin 

Toute la journée a été brumeuse et il a souvent tombé de la pluie, ce qui fais que nous n’avons pu avoir aucune connaissance de l’ennemi ni de ses travaux ; nous avons formé cinq compagnies de Volontaires de 50 hommes chaque, uniquement destinés pour les sorties et les découvertes de l’ennemi, pour protéger nos travailleurs aux brûlés et démolitions extérieures. Cette nuit la frégate " la Comète " est partie pour France.

(Notes de M.G.)

la célébre nuit de la descente, ils ( le gouverneur et le conseil) avaient faits partir " le bizarre " et une frégate, l’une pour la France, l’autre pour Quebec....Il restait encore cinq vaisseaux et trois frégates, nombre suffisant pour défendre l’entrée du port à soixante vaisseaux de trois ponts, à cause de l’étroit passage, suivant le dire de Monsieur Du Bois de la Motte, qu’on a donné au diable cent fois, lui et son impéritie.....

Du 10 juin 

Nous avons eu connaissance des emplacements des camps de l’ennemi qui paraissent situés au delà du ruisseau de la Pointe Plate sur le chemin de la Cormorandiére, à l’étendue et au nombre de leurs tentes, nous avons jugé qu’il pouvait y avoir environ 10 à 12000 hommes . Nous nous préparons à faire toute la résistance possible, l’on a fini la démolition du four à Chaux et des cheminées des maisons brûlées qui nous pouvaient nuire, nos ouvriers dans travaux sont soutenus et protégés par des piquets de nos Volontaires.

du 11 juin 

Desgouttes m’a demandé un ingénieur avec deux compagnies de volontaires pour soutenir la démolition de la Batterie Royale qui a été très avancée, on ne s’est pas aperçu que l’ennemi ait envoyé des forces dans cette partie là. Il m’arriva hier au soir deux acadiens de l’Isle St Jean d’où ils sont partis au nombre de 14 et de 12 sauvages ; ces derniers sont restés au Port Toulouse et les acadiens à la Cabane à Pierres, où j’ai appris que le désordre y était grand sur les vivres que nous y avions fait déporter. Celui qui les gardait n’ayant pas été le maître d’empêcher les sauvages de les piller et emporter avec eux. J’ai aussi appris que le jour de la descente, il y avait en environ, des personnes, tant sergents, caporaux et soldats des différents bataillons qui n’avaient pas pu se rallier à leeurs corps après s’être réfugiés et égarés dans les bois. Ce qui a déterminé , M. de Villejoint, La Poterie, Messieurs Vilmé et Rousseau à me demander 12 à 15 hommes pour se porter avec eux sur les lieux, y rassembler s’il est possible ces différentes personnes et en former une compagnie de Volontaires. Je leur ai donné les ordres en conséquence, ils sont aussi porteurs de celui de M. Danthonnay à un officier de son bataillon, qui avec 20 hommes s’est trouvé du coté de Miré, n’ayant pu joindre les autres. Ils sont partis à l’entrée de la nuit, ainsi que le sieur Lagonnere avec un parti de 20 hommes de la compagnie de Dacarette pour se porter sur les derrières des camps de l’ennemi, faire quelques prisonniers et les inquiéter. Une lettre de Miramichy du 10 mai remarque l’on y attend tous les jours Monsieur de Boishebert avec environ 500 hommes. Sept vaisseaux de lignes et deux frégates sont venus mouiller au large à environ 1 lieue et demie par le travers du Cap Noir.Sur le soir, on m’a annoncé qu’un sergent et quatre volontaires de la Compagnie de Gamberse venaient de déserter étant de patrouille pour la Découverte.

Du 12 juin

la brûme jusqu’à midi nous a dérobé la connaissance de l’ennemi. Mais, depuis nos compagnies de Volontaires ont des escarmouches avec leurs pelotons de découverte. Cependant il y en avait au nombre de plus de 150...Les nôtres ont été jusqu’à la Pointe Blanche y enclouer les deux derniers canons mis en batterie . Le soir, nous avons remarqué près de la Lanterne, un gros de monde sur lequel même l’Islot a tiré et les volontaires de Cambise en n’ont eu connaissance de plus de 300 qui travaillaient sans doute à se retrancher et y former quelques batteries.

(Notes MG) 

L’ennemi redoutait les partisans de Villejoint et les Sauvages et leurs premiéres précautions furent contre les enlévements de chevelures (scalp) ils se retranchent dans leur camp, mirent le feu aux bois en vue dans leurs environs, firent des redoutes sur les hauteurs d’espaces en espaces garnies de pierriers, ce à quoi pendant dix jours se bornerait leurs travaux et leur hostilité et quelques coups de feux entre nos volontaire et leurs gardes avancés.

Du 13 juin 

Au lever du soleil, nous avons aperçu plusieurs batiments de transport qui s’approchaient des anses à Gautier . Environs vers les 9 heures, il est parti des vaisseaux de guerre avec 8 à 10 berges qui y ont été aussi. De là, il aisé de juger qu’ill a du monde assez en nombre pour nous empêcher d’effectuer ce que nous avions protesté, qui étais d’y faire un coup de main par une partie de la garnison, par réflexion et la difficulté d’y faire la Découverte nous n’avons crû devoir l’entreprendre.

A 10 heures 

nos compagnies de volontaires , Du Roquard, Desmailles, Garcemense et Camberse, se sont mis aux prises avec des partis ennemis sur les premières hauteurs du chemin de leur camp, le feu de la mousqueterie a été vif de part et d’autre, l’espace de deux heures. Messieurs Desmailles, Camberse, Roquard et de Beuve y ont été blessés, les trois premiers par des balles amorties qui n’ont pas pénétrés, le dernier l’a été plus considérablement, nous y avons eu soldats de tués et blessés. Les capitaines des compagnies ne croyaient pas s’engager autant ; mais l’ardeur et la grande volonté de leur troupes les y a conduits.

La connaissance des forces que l’ennemi peut avoir aux anses à Gautier est imparfaite, la situation des lieux ne nous permettant pas d’y envoyer de découverte ; mais nous savons cependant qu’ils s’y établissent , on leur tire de l’ Isle et des Vaisseaux lorsqu’il se découvre quelque peloton de troupe . Le vent ayant été considérable, lame grosse, et beaucoup de pluie ; les vaisseaux mouillés vis à vis du Cap Noir ont été obligés d’appareiller.

du 14 juin 

le temps a été très beau et fort clair, nous avons jugé que l’ennemi avait rapproché son camp et l’ avons vu travailler sur différentes hauteurs à se retrancher et faire des redoutes entre autres, deux vraisemblablement pour appuyer la droite et la gauche de leur camp. Notre canon de 24 y va à environ 25 à 30 ° degrés d’ élévation , il en est tombé quelques boulets assez proche, deux pour les épouvanter, leur faire mettre ventre à terre et quitter l’ouvrage. je leur ai aussi fait tiré deux bombes, ne jugeant que 900 toises de distance, le mortier devant portait plus de 1000 toises, la bombe a été effectivement au delà. M.Desgouttes a fait sortir sa chaloupe carcassiére, qui avec ses deux canons de 24 s’est portée du coté de l’Isle Verte et a canonné quelques bâtiments de transports qui étaient par le travers des anses à Gautier ; mais il est venu une frégate du large qui a couvert les autres et a même envoyé quelques boulets à bord du bateau. L’islot s’en est aussi mêlé et ont canonné pendant l’intervalle de quelques heures.

Ce matin, j’ai envoyé un tambour au camp du général Anglais pour lui demander des nouvelles des officiers qui nous manquent depuis la descente et dont nous sommes incertains du sort particulièrement de celui de Monsieur de Blesta auquel nous voudrions envoyer son domestique, je lui ai écrit la lettre suivante à laquelle, je joins aussi la réponse:

" Monsieur

Incertains du sort de Messieurs de Belesta et Langlade, capitaines des Grenadiers, des Sieurs Savary et Romainville, officiers, dont nous n’avons pas de nouvelles depuis le jour de votre débarquement . J’ai l’honneur de prier votre excellence de vouloir bien me faire savoir si ces Messieurs sont tués ou rentrés prisonniers entre vos mains. En ce dernier cas, je me flatte que vous voudrais bien me faire le plaisir de me mander l’état de leurs blessures et m’envoyer des passeports pour leur faire parvenir en sécurité leurs domestiques et l’argent dont ils peuvent avoir besoin. Ces secours étant également conformes aux lois de la guerre et de l’Humanité, ils doivent être réciproques entre deux nations aussi policées que les nôtres. J’ai lieu d’attendre que j’ai l’honneur de faire à votre excellence en faveur de ces messieurs, je vous prie Monsieur, d’être persuadé que si les hasards de la guerre me mettent à portée dans le cours de cette campagne de vous donner des preuves de ma considération, qu’il ne vous restera rien à désirer...

Si vous avez quelques officiers de distinction blessés et dans le cas malheureux d’avoir besoin d’un bon chirurgien, nous en avons ici un de la plus grande réputation à vous offrir et dont vous pouvez disposer ainsi que de toutes les ressources dont cette ville pense être susceptible.

J’ai l’honneur d’ être signée le Chevalier de Drucourt "

Réponse du commandant anglais:

" Monsieur,

Je viens de recevoir la lettre que votre excellence m’a fait l’honneur de m’écrire en date d’aujourd’hui. Je n’ai pas encore un rapport des vaisseaux, les noms des officiers qui y sont prisonniers.J’enverrais instamment pour savoir si les Messieurs mentionnés y sont. Je sais qu’il y a un capitaine de grenadiers mal blessé à la tête et un lieutenant des grenadiers qui a eu la jambe cassée et fût blessé au bras. Ces messieurs et tous les officiers blessés et prisonniers ont été envoyés tout de suite a bord des vaisseaux de guerre les plus proches , étant le moyen le plus court de les faire pointer au plutôt et d’en avoir le meilleur soin.Je puis vous assuré, Votre Excellence, qu’on a eu et qu’on aura toujours et à tous égards le même soin des prisonniers et blessés que de nos troupes même, et qu’ils seront garnis de toutes choses dont ils peuvent avoir besoin.Je suis très obligé de vos politesses, s’il y a quelque chose au camp qui pû être utile à la personne ou pour la table de votre excellence, je serais charmé de toutes les occasions de l’assurer que j’ai l’honneur d’ être avec une considération parfaite, Monsieur

Votre excellence,

le très humble et très obéissant serviteur signé Jeff. Amherst "

A l’entrée de la nuit tout était disposé comme il a été réglé, les volontaires d’Artois, faisant la patrouille du coté de la Justice et de Niquet, ont fait leur rapport, qu’ils avaient eu connaissance d’un gros de troupe qui paraissait partagé en trois colonnes dont deux prenaient la droite et la gauche , le lieutenant-colonel de la Porte Dauphin nous en a fait prévenir. L’on a battu aussitôt la générale, nos chemins couverts ont été renforcés du bivac qui était sur les remparts, le surplus de la garnison qui était à dormir est venu reprendre la place du bivac, ceci a duré l’espace d’environ deux heures, nos patrouilles détachées par petites vedettes de deux et de quatre personnes nous rapportent qu’ils n’avaient connaissance de rien. Nous avons envoyé chacun à sa première destination. Le bivac a repris sa place et les autres ont été se reposer, cela n’a pas duré jusqu’à une heure. Nous avons eu une seconde alerte, chacun a repris le poste qu’il venait de quitter il y a deux heures. La compagnie des Volontaires qui gardait les premières hauteurs voisines de la Porte Dauphine, s’est repliée à cette porte et ont rapporté qu’ils avaient dû voir un gros de troupe qui s’approchait de ces mêmes hauteurs. Nous avons aussitôt ordonné à la frégate " L’ Aréthuse " qui était entre-aversée dans le fond du Barrachua à dessein de balayer par son feu tout ce qui se présenterait sur cette hauteur ainsi que leurs revers du coté de la digue ; de tirer quoique au hasard, les boulets donnant sur les amas de pierres et l’artillerie dirigée le jour en conséquence, ne pouvait que beaucoup endommager les colonnes qui avaient voulu se présenter pour gagner la queue du glacis pour se rendre à forcer le chemin couvert. Enfin le jour est sans nous faire rien découvrir d’apparent à pouvoir occasionner ces attentes, pas même aucun commencement de travail.

Du 15 juin 

Il ne s’est rien passé que d’ordinaire pour la continuation des travaux de la défense de la Place. La traverse au chemin couvert auprès de la Place d’Arme arrondie a été finie, ainsi que les blindages des poudrières et casemates. Nous avons aussi fait passer deux canons de la batterie de la pointe à Rochefort sur la côte, entre l’extrémité de la-dite batterie et la traverse du Chemin couvert de la porte Maurepas vis à vis d’une petite anse, qui quoiqu’assez couverte de roches peut être susceptible de descente, ils serviront aussi à battre plus directement l’espace compris entre l’Isle Verte et le Cap Noir. Je pense cependant que ce ne sera jamais dans cette partie là que l’ennemi dirigera une attaque, la défense en est trop multipliée par le canon et la mousqueterie.

Sur la manoeuvre des vaisseaux sur ce qui se passe aux anses à Gauthier et des travaux qu’ils font aux environs du fanal, nous présumons qu’ils attaqueront la rade et qu’ils tenteront de la forcer avec leurs vaisseaux quand ils auront bien canonné et bombardé les nôtres avec l’Islôt, ce qui doit dépendre du succès de ces différents feux là. Quant à leurs opérations du coté de la terre, elles paraissent lentes et leurs approches à ouvrir leur première parallèle diffère beaucoup.

Du 16 juin. 

La nuit s’est passée tranquillement, et par la réflexion de ce qui s’est passé la nuit derniére, et aussi par le besoin pressant que nous avons de travailleurs que nous ne pourront tirer que de la garnison. Il a été décidé que nous diminuerions la garde de notre chemin couvert de piquets qui seront remis au Bivac, sur le rempart pour donner la nuit de repos à ceux qui auraient dû y être. Cela fondé sur la réalité de croire qu’ils ne tenteront jamais à forcer le chemin couvert, qu’au préalable, il n’en aient détruit les défenses. Nous dirigeons donc pour la nuit tous les canons des flancs des bastions à mitraille pour ledit chemin couvert et les faces pour les glacis . Cet arrangement procure une très grande sûreté au chemin couvert, ainsi que du repos à la garnison pour en tirer des travailleurs.

Du 17 juin 

La nuit a été fort tranquille . Nos volontaires n’ont eu aucune connaissance que l’ennemi ait approché ses travaux de la place. Nous travaillons à masquer entièrement la Porte Dauphine , à faire un retranchement palissadé dans la grande place d’Arme vis à vis la courtine du Bastion du Roy au Bastion de la Reine pour en diminuer la grandeur et en rendre la défense plus facile . Nous relevons aussi quelques toises de la face droite du bastion du Roy dont les terres s’étaient tellement affaissées qu’elles auraient pu y faire une ouverture par le seul ébranlement de l’artillerie de cette partie là . Enfin nous employons la garnison à faire ce qui doit résulter d’une meilleure défense.

Du 18 juin 

La nuit a été fort tranquille. Nos volontaires n’ont eu aucune connaissance de travaux plus avancés vers la Place. La position de l’ennemi parait toujours la même, il semble qu’ils ont établis une communication par les hauteurs de leur premier camps à celui qu’il ont depuis établis au fond de la baie. Ils se sont retranchés dans tous par des redoutes palissadées, nous ignorons s’il y a du canon.

A 9 h le Marquis des Gouttes a envoyé au fond de la baie un canot parlementaire porter un panier de 50 bouteilles de vin en retour de la politesse que le général fît hier à Madame de Drucourt de deux ananas en lui faisant dire qu’il était très fâché des inquiétudes que la circonstance allait lui causer.

A 6 h ce soir, nous avons eu connaissance de quatre bâtiments venant de la partie de l’Est, dont un avait pavillon blanc, que nous avons jugé être une frégate, à la nuit, elle n’était pas assez proche pour la bien distinguer. Nos volontaires n’ont rien découvert d’extraordinaire de l’Islot, l’on aperçoit encore rien aux environs du fanal. Ils se sont retranchés au fond de la baie où ils ont établi une redoute sur la petite hauteur qui est à la droite de l’habitation de Morin.

du 19 juin 

La nuit a été comme les précédentes , belle et tranquille, et ce matin à 5 heures, nos volontaires d’Artois nous ont amené un déserteur irlandais dont la déposition est ci-jointe, ainsi que celle d’un matelot de l’escadre fait prisonnier par les acadiens du Sieur de Villejoint, fils, qui m’écrit à ce sujet et en ces termes en commun avec Monsieur de la Houillère :

" Messieurs

Les nommés Thiou et La Treille que j’avais détaché avec 8 autres hommes m’ ont amené 4 prisonniers qu’ils ont faits à Gabarus. Je hasarde d’en faire parvenir un dans la Place, et je charge de l’y conduire trois de ceux qui les ont pris.Il serait très épineux, je pense d’en risquer davantage par cette voie. Je les ai faits interroger tous séparément.

Ils m’apprennent tous unanimement que les Anglais sont au nombre de 15 à 18 000 hommes à terre en comprenant 1500 Ranguienne ou coureurs de bois.

Qu’ils ont 22 vaisseaux de guerre, une bombarde et près de 200 bâtiments de transports dont 20 chargés de fascines, dans les autres est l’artillerie et ustensiles. Que l’amiral Boscawen en commande l’expédition en général, qu’il doit tenter de forcer la rade avec 6 vaisseaux de 90 canons ayant appris par les prisonniers qu’ils ont faits aux retranchements qu’il n’y avait que 5 vaisseaux de force pour la défendre.

Que se croyant certains de prendre Louisbourg, ils ont embarqué des familles, beaucoup de malades à leurs bords qu’ils ont peine à les manoeuvrer. Ils ont 1100 hommes à l’anse à Gauthier, 300 à Lorembec et doivent en envoyé 1500 à l’Isle St Jean.

Ils appréhendent beaucoup une escadre française et espagnole de 36 vaisseaux de force qui doivent , disent ils, nous arriver. Interrogés s’il en ont pris depuis la descente ou s’ils auraient eu connaissance de quelques vues, ont répondu que non.

Il a péri bien du monde dans les berges en mettant à terre , qui se sont noyés parce qu’elles étaient trop chargées et que la mer était grosse, qu’ils ont eu beaucoup de leurs gens blessés dans la descente, mais peu de morts, qu’ils n’ont que 20 prisonniers français tous blessés.

Un habitant arrivé hier de l’Espagnole, rapporte que les vaisseaux dont on était inquiet ont fait voile 8 de ce mois, il tient cette nouvelle d’un homme qui les a vu appareiller . Par la même voie, j’apprend qu’il a paru hier par le travers de la Baye des Espagnols 10 vaisseaux faisant route vers Louisbourg.

L’entrée des bois qui dominent leur camp est farcie d’hommes ce qui ne me permet pas de rien entreprendre de ce coté dans les différentes marches qu’ils font dans la plaine, ils observent beaucoup d’ordre et marchent très ferrés, ce qui me restreint à faire de petits partis dans les endroits que je crois les plus accessibles.

Mon frère est détaché avec 30 hommes pour aller quêter l’occasion dans une partie où j’ai cru qu’elle pourrait être avantageuse mais nous devons nous rejoindre demain pour faire quelqu’autres tentatives.

J’ai l’honneur d’ être signé Villejoint

aux environs de Louisbourg ce 17 juin 1758

je n’ai eu aucune connaissance de sieur Herche ; les sauvages ont fait une brèche considérable à nos vivres. "

Interrogation du déserteur irlandais du Régiment de Walbreton, interrogé sur l’état et les forces de l’ennemi. A répondu qu’elles consistaient en 13 régiments dont 6 venus cette année de la Vieille Angleterre.

Qu’à l’exception des montagnards écossais dont le corps est de 1300 hommes commandés par le colonel Treghets , tous les autres régiments étaient composés chacun de 10compagnies , qui sur le pied complet devraient être de 68 hommes faisant au total : 685.

Etat des Régiments arrivés de la Vieille Angleterre vers la fin du mois d’avril:

- un bataillon de Royal Ecossais commandé par M.Rootges

- un bataillon Heudeside commandé par le même nom

- un bataillon par M. Walpool

- un bataillon par M. Fletger

Régiments qui étaient déjà à la Nouvelle-Angleterre

- Walbreton

- Dombar

Haquets

- Lasalles

2 bataillons du Royal Américain

1 corps de 1600 coureurs de bois venant de la Nouvelle-Angleterre, non vétus et sans uniforme commandés par Monsieur Quennedy

300 canonniers du Régiment de Pool pour l’artillerie

500 soldats des vaisseaux

Tous ces corps de troupes sont en général estimés au nombre de 11920 hommes

L’amiral Boscawen commande en chef l’expédition et les forces de terre et de mer.

Le général Lawrence , gouverneur de la Nouvelle Ecosse , commande en second pour la terre.

Le colonel Amherst commandant après lui.

Monsieur Jean Onel,( John O Neil) commandant de l’artillerie et le génie avec 7 ingénieurs peu expérimentés suivant le rapport dudit déserteur.

La grosse mer ne leur a pas permis jusqu’ici de débarquer l’artillerie, ils y travaillent mais avec beaucoup de peine et de difficultés.

Ils ont fait un chemin depuis la pointe Plate pour communiquer derrière les hauteurs vers le fond de la Baye jusqu’à l’anse à Gauthier et Lorembec.

Que leur camp occupe depuis la Pointe Plate où il est à la droite , étendait la gauche vers les hauteurs qui conduisent vers le chemin Rouillé.

Que les coureurs de bois de la Nouvelle Angleterre sont campés sur la gauche du grand chemin de Miré au delà de l’habitation du Gras, ayant avec eux six pièces de canon de six.

Que depuis le fond de la baye jusqu’à l’anse à Gauthier et Lorembec ils ont dans cette partie 2000 hommes.

Qu’il cherchent à assurer leur camp par les derrières contre les partis ( partisans) et les sauvages par des redoutes qu’ils ont élevées ., qu’ils ont des blocosses de bois prêtes à assembler où ils auront du canon pour le même objet.

Que sur la montagne en avant de la droite de leur camp sur le Cap au Goéland, ils forment une batterie de 12 mortiers de 13 pouces.

Sur la seconde montagne, ensuite, une batterie de 18 canons de 18 pouces.

sur la troisième montagne en suivant 12 mortiers de 13 pouces

sur la Pointe du Carénage la plus avancées dans la rade, une batterie de 16 canons de 18 qui ont été débarqué à l’anse à Gauthier.

Il prétend que le projet du général est de tenter l’entrée de la rade en battant le fort de l’Islot, et les vaisseaux du Roy battus par les vaisseaux et le Carénage qu’alors toutes les batteries en état, il sera fait un signal pour tirer en attaque ensembles.

Il dit qu’ils ont apporté 14000 fascines et gabions, qu’ils ont 48 chariots avec des boeufs pour le service de l’artillerie.

Qu’ils ont plus de 3000 malades et que leurs hôpitaux sont établis derrière la Pointe Plate.

Il dit que les régiments venus d’Europe sont arrivés le 25 avril à Halifax que la flotte pour venir à Louisbourg est partie de ce dernier lieu le 22 may

Qu’en outre des vaisseaux de guerre de cette flotte, il y avait 180 voiles, qui le tout n’a pu être rassemblé que du 31 mai au 2 juin, qu’il n’est resté à Halifax qu’un vaisseau de 300 hommes.

Que le jour de la descente, ils ont perdu par le feu ou par les berges submergées 748 hommes

Que le canon qui a été tiré de l’Islot vers la Lanterne a tué et blessé 60 à 70 hommes.

Que l’amiral Ock ( Hawks) est arrivé avant hier de la Méditerranée avec 5 vaisseaux dont les équipages sont presque tous sur les cadres.

Il prétend qu’un sergent déserteur du Régiment du Royal Etrangers qui nous a déserter le 10 de ce mois a empêché plusieurs déserteurs de se rendre ici, leur ayant dit qu’il y avait beaucoup de malades.

Ce même malheureux a donné dit il connaissance de l’emplacement de nos poudres et des Mines ; mais nous ne présumons pas que cela puisse porter aucun préjudice vu les précautions usitées en pareille circonstance.


Un matelot qui a été fait prisonnier par un des partis d’acadiens que l’on a fait sortir de la Place. Ce matelot rapporte avoir été pris étant à faire du bois dans la baie de Gabarus pour son vaisseau.

Qu’il est parti d’Angleterre en février sur son vaisseau destiné au transport des troupes, qu’ils étaient 32 pareils bâtiments ensemble escortés d’un vaisseau de guerre, d’une frégate et d’un bateau de 20 canons et qu’ils ont été trois mois en mer.

Que les troupes qui sont venues cette année de la Vieille Angleterre ont été transportés par des vaisseaux du Roy.

Qu’il a oui dire que leur flotte actuellement devant Louisbourg était de 25 vaisseaux ou frégates, que ces vaisseaux ont fort peu de monde et beaucoup de malades, que leur transports pouvaient être au nombre de 180 voiles.


A l’entrée de la nuit, les ennemis ont allumés plusieurs feux sur la côte et sur les montagnes voisines et au Nord Ouest du Port et de la Ville et fait des signaux de fusées, et peu de temps après, ils ont commencé à bombarder les vaisseaux de la rade et ont tiré environ 120 bombes, dont une a tombé à bord du " Prudent ", y a blessé quelques matelots et plusieurs autres, ont crevé en l’air, au dessus leurs matures. Le Chevalier de Courcerac a eu à ses cotés deux officiers et un garde-marine tués par un boulet de 12 

du 20 juin 

Depuis le point du jour jusqu’à 11 heures , l’ennemi a tiré quelques bombes qui n’ont fait aucun effet, la pluie est survenue et a continué jusqu’au soir qu’ils ont recommencé à bombarder les vaisseaux et l’Islot. Mais comme nos vaisseaux se sont rapprochés de la ville, beaucoup de bombes n’ont pu y parvenir, nous jugeons que dans le nombre de 10 à 12 mortiers qu’ils ont déplacés, ils n’en n’ont que deux de 12 pouces , dont 6 sont parvenus à savoir deux à bord du " Prudent " , deux sur " L’Entreprenant " , et deux sur le " bienfaisant " où elles n’ont tués personne, ils en ont dirigé le plus grand nombre sur l’Isle de l’Entrée où il en est tombé au moins 60 depuis hier sans qu’il y ait eu que trois soldats de blessés légèrement.

Notes M.G. 

Ce fût le 20 du juin, dans la nuit, que la batterie du fond de la baie commença à tirer sur eux( les vaisseaux français), elle fût secondée par deux batteries de mortierrs, l’une de sept, l’autre de cinq, si bien serrées que les bombes partaient quasi toutes ensembles, le feu d’artifice ne plût pas à nos marins, le premier coup de canon leur avait tué, au bord du " Célébre " trois officiers qui s’attendaient pas à rien moins, quelques éclats de bombes crevés en l’air, leur avaient bléssés deux matelots, d’ailleurs leurs vaisseaux étaient chargés de poudre, une bombe pouvait y mettre le feu et eux faire le saut périlleus, envie qu’ils n’avaient pas . Aussi se hatérent ils de se tirer du piège, de cette même nuit , ils se firen hâter enfoncés dans le port. C’est delà, on n’attaque pas impunément nos marins, que le lendemains ils firent un feu d’enfer deux jours durant sur la batterie du fond de la baie et sur celle du fanal. 

du 21 juin 

A 11 heures, nous avons eu connaissance d’un travail qu’ils font au dessus du ruisseau de Sous le Bien où à peine le boulet de 24 peut porter à toute volée, il y parait environ 30 hommes à lever la terre. Je pense que c’est pour du canon car il n’y parait que des embrasures.

[L’on a peu tiré de bombes cette nuit en rade ; mais d’une 80 aine qu’ils ont dirigé sur l’Islot, il y en est tombé trois sur la plate-forme.]

du 22 juin 

Le vent du Sud-sud-Ouest a été assez fort, toute la journée avec la brume et lames fort agitée, ce qui ne retardera nécessairement le travail et les opérations de l’ennemi. Il a été proposé de couler dans la passe de l’entrée du Port " L’Apollon ", " La Fidèle ", " La Chèvre ", et un navire malouin, ce que je compte pouvoir être fait demain à l’entrée de la nuit. Mr Des Gouttes a donné ordre à " L’Entreprenant " et au " Célèbre " d’appareiller ce soir à 9 heures.

du 23 juin 

La nuit a été fort brumeuse et le temps calme, ce qui a empêché les vaisseaux de sortir ; nos volontaires m’ont eu aucune connaissance que les ennemis ayant rapprochés leurs travaux de la partie de l’ouest.

[A une heure après midi, est arrivé Monsieur de l’Ery, parti de Québec le 8 mai avec Mr de Boishebert et l’a laissé à Miramichi y rassembler son détachement pour se rendre ici. Il le compte aujourd’hui au Port Toulouse, son détachement doit consister en soldats de la colonie, en acadiens et en sauvages Micmacs. Je renverrai demain les deux acadiens qui ont conduit ici Mr d’Ery avec des lettres pour Messieurs de Boishebert et Villejoint , notre embarras sera pour les vivres, ceux du premier dépôt de chez Pierres ayant été dévastés et pillés le jour du débarquement et les suivants et ceux de chez La Borde ont un fripon d’administrateur qui en a de son chef gratifié des familles dans la Rivière de Miré et distribués sans ordres, de façon que Mr de Villejoint a dit à Mr d’Ery qu’il n’y en restait plus que pour peu de jours. ]

du 24 juin 

La nuit a été brumeuse et pluvieuse au point que l’ennemi n’a rien tiré ce matin, l’on a eu parfaite connaissance d’une batterie que l’ennemi a formée depuis le pied de la Lanterne jusqu’au bord de la mer où il parait 10 à 12 embrasures et point encore de canons.

[Sur les 10 heures ce matin l’on m’a amené le tambour-major du camp anglais avec une lettre dont copie va être ci jointe, et deux ananas pour Madame de Drucourt , elle s’est contentée de donner deux louis au porteur ; mais point de panier de vin au Général , qui je crois ferait volontiers le change de ma cave pour des ananas.]


copie de la lettre du commandant anglais écrite du camp de la pointe Plate le 24 juin 1758:

" Monsieur,

Il y a quelques temps que j’ai cru de faire savoir à votre excellence les noms des officiers qui se trouvent parmi nos blessés prisonniers.

J’ai l’honneur à présent d’envoyer à votre excellence avec ces lignes des lettres de ces Messieurs par lesquelles vous serez informés de l’état et leur santé.

Il y a aussi une lettre pour Mr Meyrac que l’amiral Boscawen m’a chargé d’envoyer par la première occasion et de faire ses compliments à votre excellence : cette lettre, je crois s’est trouvée sur la frégate " l’Echo "

j’ai l’honneur d’être signé Amherst "


Réponse à la lettre ci dessus

" Monsieur

Je reçois en ce moment la lettre que votre excellence m’a l’honneur de m’écrire, elle m’a fait d’autant plus de plaisir , qu’elle m’a appris l’état de la santé des officiers dont j’étais inquiet, ils m’ont confirmé ce dont je ne voulais pas en ce qui concerne les attentions et politesses que votre excellence a eu pour eux, ils ne sont pas moins reconnaissants de celle de son excellence l’amiral Boscawen. Je vous prie aussi de lui faire passer mes très humbles remerciements de l’honneur de son souvenir auquel je suis très sensible.

Madame de Drucourt vous prie d’agréer les sentiments de reconnaissance de votre obligeante attention, elle désirerait avoir quelque chose qui eu pu vous faire plaisir, elle se flatte que vous l’accepteriez de même qu’elle reçoit les fruits rares.

J’ai l’honneur d’être signé le chevalier de Drucourt

J’ai l’honneur de vous prévenir que j’enverrais demain à bord d’un des premiers vaisseaux par une chaloupe, le linge et autres effets que les officiers blessés et prisonniers demandent.


Copie de ma lettre écrite à Mr de Boishebert le 24 juin 1758 à trois heures après midi

" Monsieur de l’Ery m’a appris avec plaisir , Monsieur, votre départ de Miramichy, il est inutile de vous marquer ici les regrets que j’ai, que vous n’ayez pu partir que le 8 may de Québec, dés ce temps nous attendions l’ennemi.

Si vous avez reçu mes précédentes par différentes voies de courriers qui retournaient à l’Isle St Jean en bâtiments et à la Riviére-St Jean, vous aurez pu voir les arrangements que j’avais pris, et par un dépôt de vivres chez Mr de Villejoint qui vous eu conduit au Port Toulouse, et par d’autres chez Pierres à deux lieues d’ici et chez LA borde à la Riviére-de-Miré. Mais les circonstances ont rendu nulles ces précautions.

Premièrement, vous n’avez pas passé par l’Isle St Jean ;

Secondement, le jour de la descente des anglais, le 8 du présent et les suivants, les Sauvages et autres ont dévasté et pillé ledit dépôt, et celui qui avait été préposé chez La Borde pour l’administration s’est conduit de façon qu’aujourd’hui il n’y a pas pour 4 jours de vivres ; aussitôt l’arrivée de Monsieur de l’Ery les ordres ont été donnés pour que deux goélettes risquassent le passage à la Riviére-de-Miré , ce qui devait être fait, mais ils n’ont pu partir cette nuit, voilà les vents contraires et je doute de la réussite.

Si donc, Monsieur, si vous parvenez chez Mr de Villejoint et que vous n’y trouviez pas les ressources en vivres et en munitions telles que vous devez les avoir . Le seul parti à prendre est à la faveur de vos deux conducteurs que Villejoint fils vous indiquera de forcer le passage (depuis la frontière des bois entre le chemin de Miré et la maison de Rodrigue) jusqu’au bord de la mer vers chez Martissans et Dolobaratz, et là vous ferez les signaux de trois coups de fusils avec vos serviettes ou mouchoirs blancs au bout de bâtons, il me parait que ce trajet ne peut se faire pour plus de sûreté qu’en se trouvant à une heure après minuit sur la lisière des bois et tout de suite profiter du reste de la nuit pour se rendre sur le bord de la mer. je dis que dans ce trajet d’environ une lieue et demie, si les avant-gardes en patrouilles des camps qui sont situés ver l’ habitation de Bonnaventure et du Gras, et celles des batteries ou redoutes que nous connaissons au delà de la Rivière- sous le-Bien, ayant connaissance de votre troupe, leur premier mouvement est le seul qu’ils aient à faire, est de crier alerte, non pas pour venir en force vous reconnaître et attaquer. Mais au contraire pour que un chacun soit sous les armes et se préserver soi -même . je pense donc qu’il est inévitable à un corps d’environ 400 hommes de se rendre au lieu indiqué et quand au jour, nous en aurions connaissance, il nous serait facile à faire sortie jusqu’au Pont du Saint Esprit. un détachement assez fort pour vous faciliter l’Entrée sans être obligé de venir en chaloupe, point à ce que, une fois sur le bord de la mer, le feu du canon des vaisseaux vous protège. Les volontaires que nous avons chaque nuit dehors n’ont jusqu’à présent rien aperçu qui puisse s’y opposer , il résulterait de votre entrée ici, Monsieur, que la Place même, nous vous donnerions les connaissances du local pour faire vos dispositions et tomber à l’improviste sur tel ou tel poste qui sont de votre connaissance, situés à savoir une redoute entre la Pointe Blanche et la Pointe Plate vers le Cap au Goéland, ensuite leur camp situé en deçà du ruisseau de la pointe Plate et revenant sur les hauteurs qui gagnent l ’habitation du Gras près le chemin de Miré sont deux autres redoutes, les unes et les autres à environ 1000 toises de la ville entre chez Le Gras et l’ habitation de Mr de Bonnaventure et un autre camp que nous savons occupé par les Coureurs de Bois au nombre de 1600 et continuant la chaîne à gagner les habitations de Mr de Raymond et de Morain. Ils traversent ordinairement la plaine n’approchant pas la lisière des bois et leur premier poste paris au delà du Ruisseau Sous le Bien, là où ils ont fait une batterie de 6 à 8 canons et se sont précautionnés dans le même goût en revenant à la Lanterne, ayant fait des redoutes et batteries dans ces parties là.

Au rapport d’un déserteur, ils ne peuvent pas être plus de 1000 à 1100 hommes y compris les malades en assez grand nombre de façon que ces forces occupent depuis le Cap au Goéland jusqu’à la Lanterne, la division doit en être grande et l’accès facile par un je l’indique, qui est je crois le même que celui des acadiens qui ont conduit Mr de l’Ery, au reste l’on peut se fier à eux, car ils me paraissent pratiques.

Vous aurez pu voir par ma dernière que je désirais faire le présent aux sauvages et armer ceux qui le seront pas , comme plusieurs des nôtres que j’ai su avoir quitter leurs fusils pour emporter plus de vivres.

Vous savez que nous étions convenus dès l’année dernière que vous m’amèneriez celle ci, les Canibas amalecites, je m’en suis expliqué de même et des raisons pourquoi avec Monsieur de Vaudreuil, qui m’a approuvé, vous pouvez même vous rappeler, que vous me dite l’année dernière, que si vous aviez été prévenu, vous auriez eu 300 acadiens , que vous ne manqueriez pas de prendre celle ci, mais je vois que le nombre en est beaucoup au dessous. Souvent il se présente des sujets dans un temps qui refusent dans un autre, mais il n’est pas douteux que si les hasards avaient pu vous faire arriver au commencement de juin avec une cinquantaine de soldats, trois cent acadiens et canadiens et soixante ou quatre vingt sauvages de Miramichi , l’Isle St Jean et les nôtres que nous avions ici au nombre de quarante ou cinquante, ils ne se pas établis tranquillement, et même eussent remplis de certains vides dont vous pouvez avoir connaissance au delà de l’anse au Sable, car l’année dernière votre détachement y était et ou il n’y avait personne et là même où ils ont fait leur débarquement après avoir tenté celui de la Cormorandiére.

Je vous envoie, Monsieur, la Croix de Saint Louis que le ministre m’a adressé pour vous, portée là en attendant le moment d’être reçu, cela ne peut faire qu’un bon effet, ceux qui vous suivent doivent être bien aise des grâces que le Roy vous accorde et leur donner de l’émulation.

Je suis très sincèrement votre très humble et très obéissant serviteur

signé le chevalier de Drucourt " 


du 25 juin 

La nuit a été belle et tranquille, mais avant le lever du soleil, la nouvelle batterie située près de la Lanterne a canonné l’Isle pendant tout le jour. Nous avons tiré de la Pointe à Rochefort et des vaisseaux qui, quoiqu’éloignés ont cependant assez bien réussi et ont diminué le feu de l’ennemi. Il est venu quelques uns de ces boulets jusqu’à la Porte de Maurepas et même en ville qui sont de 24 livres, il nous a paru qu’ils n’ont plus qu’un mortier avec lequel ils tiré tout le jour et avec succès sur l’Isle où quelques bombes ont tombé sur les magasins, plates-formes où nous avons eu 5 à 6 hommes blessés et point de tués , les merlons des trois embrasures exposés au feu du canon de l’ennemi ont été détruites , Mr de Poely s’est transporté ce soir avec fascines, sacs à terre et gazon pour les réparer cette nuit. Mais sur la réflexion que m’a fait faire Mr Vallée et l’ayant communiqué à Monsieur de la Houillère, nous avons jugé que trois canons ne pouvaient éteindre le feu de cette batterie et qu’ils nous seraient plus nuisibles qu’utiles, en ce que attirant tout le feu des ennemis sur cette partie de l’Isle déjà forte défectueuse et mauvaise d’elle même , ne tarderait pas à être ouverte, observant encore que dans le cas même que l’ennemi entra, chacun de ces canons ne pourrait tirer qu’un coup vu leur situation , et que d’ailleurs un vaisseau a bientôt dépassé l’embrasure, ainsi au lieu de réparer les merlons , ont les a masqués.

du 26 juin 

La nuit a été assez tranquille, à l’exception de l’Isle ou l’on a tiré 8 bombes, quelques unes y sont tombés, hier, le mortier de fonte fut démonté et cassé par un boulet qui donna dedans et y fis crever la bombe. Je suis d’avis de ne pas le remplacer étant plus utile ici que là. J’en ai fait placer sur les remparts, des bastions de la Reine, du Roy et Dauphin, l’on a peu tiré de bombes le restant de la nuit, l’ennemi s’est occupé a réparé le dégât que nous lui avons fait.

du 27 juin 

Dés 4 heures ce matin, les ennemis ont recommencé à canonner l’Isle, nos volontaires ont eu connaissance du projets des travaux de l’ennemi qui pratiquent un chemin de communication à la hauteur qu’ils ont toujours occupés, ce quoique de la Place, nous ne voyons pas exactement leur position, nous tirons cependant quelques bombes et boulets dans la direction que nos volontaires nous ont indiqués , s’étant aperçus que chaque coup de l’un vu de l’autre obligeait les ennemis à abandonner leur poste pour se cacher ou se retirer . Les vaisseaux ont aussi tirés plusieurs coups sur un gros de travailleurs qu’on aperçoit depuis hier sur les hauteurs qui sont entre le chemin de Miré et leur ancienne blockhaus, ce qui ne fait que les retarder pendant le jour. Mais les nuits étant belles, ils s’en dédommagent jusqu’à ce jour leurs travaux les plus avancés ne sont guère que jusqu’à 900 toises.

[Sur les 10 heures du soir ils ont recommencé à tirer quelques bombes en les dirigeant vers nos vaisseaux.]

 du 28 juin

L’on n’a tiré cette nuit que 6 bombes et dés le jour la batterie de la Lanterne a recommencé à canonner l’Isle, Monsieur de Couagne y a fait travailler toute la nuit, mais la partie entière qui comprend les trois à 4 embrasures tournantes qui regardent le fanal sont dès le fondement en sorte que la seule réparation présente est de former un épaulement. sur la plate-forme pour mettre cet endroit à l’abri d’être écroulé en entier et y former une brèche aussi considérable.

[Les bâtiments destinés a être coulés bas dans la passe étaient hier à 10 heures au moment de s’y rendre, mais chaque pratique ne se trouvant pas encore assez arrangés, ont remis cette opération à ce soir qui a été exécutée à trois heures ce matin, mais voyant que " la Fidèle " n’était pas assez en ligne de " l’Apollon " en temps en dedans de la rade. Nous avons jugé en devoir couler un autre et ordonné en conséquence qu’il fut lesté et prêt pour ce soir.]

(notes M.G.) 

l’Ilôt ne pouvait plus s’opposer à l’ennemi ; ses défenses étaient rasées, tout le port ruiné, à peine dans les débris avait on pu réussir à faire une allouve pour les trois piquets que nous y avions. Quel parti prendre...On ne vit plus c’était de combler la passe, on s’y décida. " L’Apollon ", vaisseau de cinquante canons qui servait d’hoptial dans le port fût choisi, la frégate " La Lys ", deux navires marchands et une goelette " L’Echo ", on fît à ces bâtiments des nouveaux sabords ...Il savent si mal coulet qu’on fût obligé deux jours aprés d’y en ajouter deux autres qui n’embouchérent qu’imparfaitement la passe. Cette opération fit cependant le bon effet qu’elle fît abandonner à l’ennemi le dessein qu’il avait d’attaquer par le port, et le forca d’en venir à une tranchée...Jusqu’alors ils n’avaient pas encore assez ouvert de boyaux. A gauche, étaient les marais d’espaces en espaces, à droite, la frégate les chagrinait....C’était cependant le seul endroit où ils pouvaient approcher....Ce fût le 28 juin que les deux batteries furent démasquées.Tous leurs coups portaient....nos vaisseaux ripostient et faisaient un feu d’enfer, mais si mal ajusté qu’il leur fût impossible de faire taire un seul instant les batteries de l’ennemi. 

du 29 juin

L’on a tiré que 4 bombes cette nuit sur les vaisseaux et depuis beaucoup moins de canon sur l’Isle. Nos volontaires ont eu connaissance des travaux que l’ennemi a avancé en arrière de la colline qu’ils occupaient avant hier. L’on en voit le commencement de la capitale du Bastion de la Reine . Nous allons y établir deux pièces de canon de 24 . Nous tirons du bastion du Roy , de la courtine du Bastion Dauphin et de la frégate " l’Aréthuse " et quelques bombes du bastion de la Reine pour interrompre et retarder leurs ouvrages et nous avons eu connaissance par nos volontaires qui sont dehors , que plusieurs de nos coups les dérangent beaucoup. Environ les sept heures du soir , il est tombé une bombe à bord du " Capricieux " qui a traversé le blindage, rompu un ban et tombé dans la cale où il a éclaté et y a tué un mousse et blessés deux matelots . L’on a peu tiré de bombes pendant la nuit. Les ennemis n’ont pas avancé leurs travaux en deçà de la petite hauteur ............où nous avons connaissance qu’ils travaillaient depuis deux jours .

du 30 juin 

A 5 heures ce matin,; il nous est venu un déserteur anglais du régiment (inconnu) qui a peu prés nous a fait les mêmes dépositions que les deux précédents. Tous se rapportent à dire qu’il a 14 régiments, qui complets forment 14000 hommes mais qu’ils ne le sont pas. Ainsi l’on peut compter les combattants au nombre de 12 à 13 000 hommes, ils doivent faire l’attaque générale quand toutes leurs batteries de canons et mortiers seront en état , les vaisseaux par le Port et les troupes à l’Escalade avec des échelles . La batterie de la Lanterne a moins tiré que les jours précédents , la batterie de la Pointe de Rochefort, les dérangent et inquiètent beaucoup; nous avons continué à tirer des bastions du Roy du Dauphin ainsi que la frégate sur les travailleurs qui sont à la petite hauteur dont je viens de parler . Nous avons connaissance que notre feu ralentis et inquiète beaucoup les travailleurs ennemis.

[La division de l’escadre du pavillon de St George qui soit mouillé par le travers du Cap Noir appareille hier vers les cinq heures du soir et fit route pour la partie de l’Est , nous ne l’avons pas en vue aujourd’hui.]


[Source: http://drucourt.free.fr/pages/le_siege.htm]


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