Return/retour

Escaliers, Balcons, Perrons

by Christian Pouyez

In Historians,
Preliminary Architectural Studies,
Volume 02, Unpublished Report HG 02
(Fortress of Louisbourg, 1972,
Report Number H G 02 02 01)

Dans l'état actuel de la documentation, il est à peu près impossible d'étudier les escaliers, perrons et balcons dans les édifices civils de Louisbourg. Nous avons donc été obligé, contrairement à la politique habituelle concernant les rapports préliminaires de recourir presque exclusivement à la cartographie. Ce type de sources, cependant, ne peut remplacer les documents écrits: un plan de maison peut nous renseigner sur la forme d'un escalier, mais non sur les matériaux employés et, sauf exception, on n'en peut rien tirer quant à la structure et aux accessoires des escaliers. L'étude des balcons et perrons est également basée sur la cartographie, et plus spécialement sur les vues de Louisbourg ou au moins d'une partie de la ville.

1.

LES ESCALIERS

Le Fichier d'Architecture Civile est malheureusement trop incomplet, à l'heure actuelle, pour qu'il nous soit possible d'étudier de façon valable les divers problèmes afférents à la construction des marches, escaliers et balcons. Certes, plusieurs documents font mention d'escaliers, mais on ne peut en tirer aucune information quant à leur structure. Un seul exemple, tiré du bail de la maison Jean Claparède, suffira à illustrer ce fait; on spécifie en détail, dans le bail, les différentes parties de la maison:

...Plus en avant à la droite un petit magasin, une porte bien ferrée à deux battans, une décharge au dessous de l'escalier fermante à clef ... et en montant l'escalier du second étage... et en montant l'escalier du troisième étage... [NOTE 1].

Comme on le voit, il est fait mention d'escalier à trois reprises, mais ces indications sont à peu près inutiles pour une étude de la construction et de la forme des escaliers.

Quelques rares documents - trois au total - sont un plus plus explicites, en ce sens qu'ils indiquent le type de bois utilisé: dans un cas., l'échiffre (i.e. la charpente de l'escalier), les marches et les contremarches sont en bois franc [NOTE 2]; dans le second cas, la première marche est en bois franc, les marches suivantes en madrier de boston; [NOTE: 3] enfin, dans un troisième exemple, on, donne un peu plus de détails, mais d'une façon assez confuse:

Sera aussi fait à neuf l'escalier de façon qu'il n'y aura que trois marches tournantes, le chiffre d'iceuli sera fait en bois franc et sera mis de balustre en planche chantournée suivant la rampe et seront mis à tenon et mortaise. Dans le garde corps d'en haut sera aussi mis des balustres et des chantournées d'équiere tous les balustres auront quatre pouces de largeur et passé l'un dans l'autre tant plein que vuide [NOTE 4].

Il semble que, dans ce cas, il sagisse d'un escalier en angle, avec palier en haut. La charpente devait être en bois franc; le bois utilisé pour les marches, contremarches et balustres n'est pas indiqué. Les balustres devaient avoir 4 pouces par 4 pouces, être chantournées et fixées dans le limon et la barre d'appui à tenon et mortaise. Quant à la balustrade du palier, on peut supposer qu'il s'agissait d'une structure En lattis ("passe l'un dans l'autre") tel qu'illustré ci dessous: [ici: illustration]

Ce sont les seuls renseignements qu'on puisse tirer de la documentation présentement indexée dans le Fichier d'Architecture Civile.

Les sources cartographiques sont beaucoup plus abondantes, mais, nous l'avons dit, elle ne nous renseignent que sur la forme des escaliers, et, à une exception près, il s'agit toujours de plans d'édifices militaires ou publics: casernes, hopital, etc ... Le seul plan de maison privée sur lequel apparaissent des escaliers est celui de la maison Dugué [NOTE 5] (752-13): Il s'agit d'un escalier droit, à deux rampes, avec un palier. Chaque rampe compte 8 marches; même si le plan ne comporte pas spécifiquement d'échelle, on peut inférer, des dimensions des diverses parties de la maison, que les marches avaient 3 pieds de longueur environ. Le palier mesurait environ 6 pieds par 3 pieds de largeur.

Tous les autres plans concernent des édifices publics et militaires, et il ne nous semble pas souhaitable d'en faire l'analyse dans une étude d'Architecture Civile: en effet, dans des constructions de ce type, la fome de l'escalier est essentiellement fonction: (1) de la grandeur du bâtiment (2 ) de l'utilisation du bâtiment. Il serait donc peu logique, à notre avis, de prendre pour modèles applicables aux maisons privées les formes d'escalier qu'on pourrait relever dans les bâtiments publics. On peut toutefois signaler, et la compilation des cartes et plans jointe à ce rapport le démontre de façon très claire, qu'on retrouve à Louisbourg à peu près tous les styles d'escaliers: escaliers droits, escaliers à quartiers tournarts, escaliers en fer à cheval, etc.

2

LES BALCONS

Les balcons étaient assez rares à Louisbourg, si on en juqe par les quelques vues d'ensemble de la ville (en particulier 731-1 et 731-3). Les deux seuls balcons qu'on peut distinguer sont celui de la maison du Commissaire ordonnateur et celui de la maison de Claude Morin dit Langevin. En outre, on peut trouver dans les documents la mention d'un autre balcon sur la maison Guion: le balcon se trouvait au premier étage, et c'est tout ce que nous en savons [NOTE 6]. Quant au balcon de la maison Morin, il semble qu'il s'agissait d'un grand balcon, c'est à dire qu'il occupait toute la largeur de la maison, sur la facade nord. Il était supporté par quatre pattes - de métal ou de bois, nous ne pouvons le dire - posées diagonale ment sous le balcon [NOTE 7].

Le balcon de la maison du commissaire ordonnateur apparaît sur plus ieurs plans; [NOTE 8]; ce balcon est analysé dans le rapport de Brenda Dunn sur le terrain G de l'ilôt 2; nous reproduisons ici ses conclusions:

A distinctive feature of the De Mezy house was a balcony on the north wall, overlooking the Quay. The center two windows of the upper storey opened onto the balcony. The structure was built of moulded balusters and supported by scroll-shaped braces. It seems to have been of wood construction [NOTE 9].

On pourrait peut etre préciser qu'il y avait trois pattes pour supporter le balcon et que ces pattes étaient tout probablement en métal.

3

LES PERRONS

Un perron est "un emmarchement de plusieurs degrés donnant accès à un palier couvert ou découvert "qui est placé à l'extérieur, devant l'entrée d'un étage un peu élevé au dessus du sol" [NOTE 10]. Le perron peut donc affecter une grande variété de formes, depuis la simple marche jusqu'au perron double. Nous avons relevé neuf exemples de perrons: les plus simples, qui apparaissent sur les plans 733-9b, 733-11 et 739-5, sont composés de deux ou quatre marches, la marche inférieure étant plus longue que la seconde, elle même plus longue que la troisième, etc... [NOTE 11].

On voit, sur le plan 734-4 (Terrain D, Ilôt 2), un autre type de perron, un peu plus comulexe: les marches courent parallèlement à la longueur de la maison, et elles aboutissent à un palier; l'ensemble est entouré d'une rampe en angle [NOTE 12].

Enfin, dans les maisons dont le rez de chaussée est passablement élevé au dessus du sol, on rencontre parfois des perrons doubles, composés d'un palier, face à la porte d'entrée, et d'une volée de marches de chaque côté. Une rampe à balustrade compléte cette structure qui est parfois soutenue par deux poteaux (731-3, par exemple). On rencontre de tels perrons sur le terrain B de l'ilôt 3 [NOTE 13] (Le Billard), devant la maison Rodrique (2H) [NOTE 14] et devant l'une des maisons appartenant à Lartigue [NOTE 15]. Dans ce dernier cas, la même maison possède trois perrons: deux doubles et un simple, ce dernier n'ayant qu'une volée d'escaliers, au lieu de deux. Quant à la maison Rodrique (2H), le plan 731-1 y fait apparaitre un perron qui court sur toute la façade de la maison, avec un escalier à chaque bout, tandis que le plan 731-3 illustre une structure différente: les portes de la maison sont situées aux deux extrémités de la façade, et on y accède par trois ou quatre marches; entre ces deux portes, un balcon s'étend sur toute la longueur de la maison, au niveau du rez de chaussée.

Telles sont les rares informations dont nous disposons à l'heure actuelle sur les escaliers, balcons et perrons dans les maisons privées de Louisbourg. Il faut espérer que la documentation non encore indexée sera plus riche que celle dont nous disposons présentement ...

ENDNOTES

[NOTE 1:] Bail à loyer, Jean Claparède à Jacques Brunet, Louisbourg. 1er juin 1756. A.N., Section Outre-Mer, G3, carton 2045, no 67; [NOTE 2:] Marché entre Beaubassin et Dubenca. Louisbourg, 30 mai 1756. A.N., Section Outre-Mer, G3, carton 2044, no 53; [NOTE 3:] Devis pour la construction d'une maison. Louisbourg, 26 juillet 1754. Section Outre-Mer, G3, carton 2042, no 69; [NOTE 4:] Devis estimatif de réparations. Louisbourg, 7 août 1752. A.N., Section Outre-Mer, G2, 208, doss. 475. pièce 72; [NOTE 5:] Plan de la maison Dugué. Louisbourg, 6 octobre 1752. A.F.L., M.C., 752-13; [NOTE 6:] Bail à loyer, Jean Claparède à Jacques Brunet. Louisbourg, 1er juin 1756. A.N., Section Outre-Mer., G3 carton 2045, no 67; [NOTE 7:] A.F.L., M.C., 751-1; [NOTE 8:] A.F.L., M.C., 731-1, 731-3, 731-3a, N.D. 7, N.D. 7a; [NOTE 9:] Brenda Dunn, Block 2, Lot G. Property of the commissaire ordonnateur, (Louisbourg, septembre 1969), p. 5; [NOTE 10:] Chabat, Dictionnaire des termes employés dans la construction (Paris, Morel, 1876), T.2, Article Perron; [NOTE 11:] A.F.L., M.C., 733-9b, 733-11, 739-5, 753-1; [NOTE 12:] A.F.L., M.C., 734-4; [NOTE 13:] A.F.L., M.C., 731-1 et 731-3; [NOTE 14:] A.F.L., M.C., 731-1 et 731-3; [NOTE 15:] A.F.L., M.C., 753-1.

----------------------------------------------

Return/retour