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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

ETUDE SUR LE COSTUME MILITAIRE A LOUISBOURG: 1713-1758

PAR

GILLES PROULX

APRÈS MAI, 1971

Rapport H-F17R

[Projet de révision de H-F17]

Forteresse-de-Louisbourg

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NOTE LIMINAIRE

L'étude du costume militaire ne représente qu'une facette de la civilisation matérielle qui s'élabora au XVIIIe siècle dans 1'î1e du Cap Breton. Mais dans ce bastion conçu avant tout à des fins militaires, l'uniformologie permet de saisir quelques uns des freinages auxquels furent soumis les défenseurs de cet avant poste des colonies françaises d'Amérique du Nord. L'impossibilité de résoudre correctement de simples problêmes d'ordre matériel comme la question de l'uniforme et de l'équipement militaire est révélatrice de la situation précaire où se débattit la forteresse de Louisbourg tout au long de son existence.

Le corps d'armée le plus important à servir à Louisbourg fut celui des Compagnies Franches de la Marine. I1 a son costume particulier avec quelques variations imposées par le climat selon qu'il sert en France, dans les Antilles ou en Amérique du Nord. A ces militaires, au cours de l'histoire de Louisbourg, se joignirent des soldats suisses du régiment de Karrer, des canonniers-bombardiers et finalement quatre bataillons d'infanterie. La forteresse de Louisbourg connut aussi ses compagnies de miliciens oui furent particulièrement actifs à l'époque des deux sièges. Dans ce dernier cas cependant rien dans la documentation consultée, ne permet de croire que ces miliciens, à l'exemple de leur compatriotes canadiens, portèrent un uniforme spécial.

Tous ces militaires, â l'exception des soldats suisses habillés par leur colonel, recevaient leurs uniformes de l'Etat. Its devaient cependant en acquitter le coût et dans le cas des Compagnies Franches par exemple: "I1 est retenu pr. l'habillemt. et ration par mois au "sergent 9 1. 10 s., au caporal 7 1. 10 s., et au soldat 7 1. 10 s."[1] La première partie de cette étude sera consacrée à l'uniforme des membres des Compagnies Franches; j'ai regroupé en deuxième partie les trois autres corps d'armée, leur présence à Louisbourg ayant été beaucoup plus courte. L'étude et présentation d'artéfacts militaires découverts sur le site de la forteresse de Louisbourg, au cours de fouilles archéologiques exécutées au XXe siècle, feront l'objet de la dernière partie de ce rapport et permettront d'illustrer l'équipement des soldats de Louisbourg.

La distribution et le paiement des uniformes devaient provoquer plusieurs abus, surtout dans les débuts de la Forteresse et touchant en particulier les Compagnies Franches. Pierre-Auguste de Soubras, premier commissaire-ordonnateur à l’Ile Royale, écrivait en 1714: "Presque tous les capitaines sont marchands de leurs soldats". [2] Il s'ensuivait donc une certaine exploitation par les officiers, tandis que les soldats préféraient consacrer leur argent à boire plutôt qu'à se payer des uniformes. Ainsi devait-on en 1719 obliger ceux-ci à acheter les hardes dont ils avaient besoin dés la perception de leur solde. [3]

A ces difficultés s'ajoutait la mauvaise qualité du matériel vendu aux soldats. Tout au long de l'histoire de Louisbourg on retrouve des plaintes émanant des autorités coloniales ou métropolitaines concernant la piètre qualité des tissus servant à fabriquer les uniformes. Les draps étaient de mauvaise qualité, les étoffes trop claires et les toiles trop grosses [4] Un mémoire, signé en 1751 par le gouverneur Jean-Louis comte


1 Mémoire anonyme sur l'Isle Royale. Louisbourg, 1718. AN, Col., C11B, vol. 1, fol. 482.
2 Soubras au ministre de la marine. Louisbourg, 3 décembre 1714. AN, Col., C11B, vol. 1, fol. 95.
3 Bourville au Conseil de marine. Louisbourg, 1719. AN, Col., C11B, vol. 4, fol. 285.
4 St-Ovide au. ministre de la marine. Louisbourg, 21 novembre 1727. AN, Col., C11B vol. 9, fol. 75 v; Maurepas au Munitionnaire. Versailles,
14 avril 1733. AN, Col. B, vol. 58, fols. 30-30 v.


de Raymond, est particulièrement éloquent sur la nature des fournitures envoyées aux soldats de l'Ile Royale. Mal habillés, les soldats n'étaient souvent pas plus satisfaits de l'équipement:

"...nos soldats sont sans ceinturons, gargoussiers, ny fourniments, nous nous trouverions fort embarassés s'il se présentoit quelque occasion de se deffendre, ou de repousser ceux qui voudroient attaquer, je vous prie, Monseigneur, d'ordonner qu'il en soit envoyé l'année prochaine pour l'armement de six compagnies", [5]

écrivait le gouverneur Saint-Ovide de Brouillan en 1727.

La question des fournitures, déjà difficile en temps de paix, ne pouvait que se compliquer en période de tension et de conflit armé, obligeant les autorités à, de grands efforts d'imagination.

"L'habillement des troupes ayant été pris l'année dernière et celle-cy, il a fallu user de toutes sortes de voyes pour pourvoir aux besoins des dittes troupes..."[6]

Telle était la situation en 1756 alors qu'environ 2,200 soldats étaient stationnés â Louisbourg, aboutissement logique, en quelque sorte, des difficultés sans cesse renaissantes auxquelles la colonie avait dû faire face tout au long de son histoire. Le tableau gui termine cette note liminaire
donne une idée des effectifs militaires stationnés dans le gouvernement de l'Ile Royale de 1713 à 1758 et dont l'entretien (uniformes, vivres) était la responsabilité de l'Etat. Il s'agit lâ de nombres absolus, d'effectifs complets, et la réalité dut bien souvent titre différente. Ces chiffres ne tiennent pas compte en effet des décés, désertions, ou autres causes, qui pouvaient clairsemer les rangs militaires.


5 St-Ovide au ministre de la marine. Louisbourg, 21 novembre 1727. AN, Col., C11B, vol. 9, fol. 73.
6 Prévost au ministre de la marine. Louisbourg, 11 octobre, 1756. AN, Col, C11B, vol. 36, fol. 152.


TABLEAU I
 
LOUISBOURG 1713-1758: ETAT DES EFFECTIFS MILITAIRES
 

 

COMPAGNIES FRANCHES

SUISSES

CANONNIERS

INFANTERIE

DATES

Cies Hommes Détach. Hommes Cies Hommes Batt. Hommes
1719 6 45 0 0 0 0 0 0
1720 7 50 0 0 0 0 0 0
1722 6 50 1 50 0 0 0 0
1724 6 50 2 50 0 0 0 0
1732 8 60 2 50 0 0 0 0
1741 8 70 3 50 0 0 0 0
1743 8 70 3 50 1 30 0 0
1750 24 50 0 0 1 50 0 0
1755 24 50 0 0 1 50 2 525
1758 24 50 0 0 2 50 4 525
 

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