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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

QUAY DE LOUISBOURG I:
ETUDE SUR SA CONSTRUCTION, SON USAGE ET SON HISTOIRE,
DE 1716 À 1760

PAR

RODRIGUE LAVOIE

(Under the Direction of: W. Stevenson, B. Pothier)

(Maps and Plans drawn by Rodrigue Lavoie and Angela Brown)

(Assembled by Lynda Smith)

November, 1965

(Fortress of Louisbourg Report H B 5 R)

Presently, the illustrations are not included here.
For these, please consult the original report in the archives of the Fortress of Louisbourg

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Table des Matières

PREMIÈRE PARTIE: HISTOIRE ET CONSTRUCTION DU QUAI DE LOUISBOURG

En ce qui concerne le quai, cinq périodes se distinguent dans la brève histoire de la ville-forteresse:


1

1716-1731

En 1716, les habitants de Louisbourg "sont presque tous établis au Sud du Havre entre deux Etangs distans l'un de l'autre de 150 à 200 toises et separés de la Mer du Havre par un petit sillon de grave fort etroit ou se fait une partie de la Sescherie de leur Morue avec leur Eschafaux". [1] Ce petit sillon de grève, c'est le front nord de la ville et le futur emplacement du quai. Jusque vers 1720, cette partie du port de Louisbourg, comme toutes les autres, est utilisée comme grève et des échafauds y sont établis.

Mais à partir de ces mêmes années, les cartes cessent de faire mention d'installations pour la pêche dans ce secteur. Sans être plus explicites, les documents fournissent cependant une explication: dès 1717, Verville a établi le plan de la ville et délimité l'emplacement du futur quai. La même année, le roi émet une ordonnance, répétée en 1721 [2] , fixant la largeur du quai à dix (10) toises depuis "la plus haute mer" et interdisant de construire quoi que ce soit sur cet espace.

Une carte nous montre, en 1723, un "pont pour le débarquement des materiaux", établi devant la rue Toulouze à proximité du magasin du roi, et le projet d'une "Jettée a construire sur une Basse" immédiatement à droite de la construction du grand étang avec la mer. [3] Cette même carte délimite visiblement la ligne de la marée haute, à partir de laquelle doivent être mesurées les dix toises du quai, et seule une ou deux habitations empiètent sur le terrain réservé. Ainsi, en 1723, par l'attention manifeste à respecter l'ordonnance royale, le quai nous apparait-il comme un ouvrage essentiel qui est sérieusement projeté.

La circulation maritime dûe à la pêche [Le commerce des denrées est d'importance égale à la pêche, 'à Louisbourg même. (Pothier)] et aux travaux des fortifications est assez importante car bientôt, le petit pont de la rue Toulouze est jugé insuffisant, et, dans l'attente de la construction du quai, on propose l'établissement d'un môle, ou d'un bout de quai devant le magasin. [4] Cette grève est d'ailleurs fortement rongée par la mer et même, on nous dit que cette partie du quai a diminué de vingt-cinq pieds, à cause du mouvement de la mer et des habitants qui y tirent de la terre pour leurs constructions. [5]

Ainsi, jusqu'à 1731, rien n'a encore été déterminé au sujet du quai. Les autres travaux n'ont pas permis à Verrier, arrivé en 1724, d'y faire quoi que ce soit. Du moins son emplacement a-t-il été définitivement fixé et conservé avec soin, et les années 1723 à 1730 ont fait voir la nécessité d'aménager au plus tôt cette partie de l'enceinte de la ville. Enfin, en 1730, une estimation grossière de Verrier laisse prévoir des travaux de l'ordre de 150,000 livres. [6]


2

1731-1744

C'est avec le premier projet de quai présenté en 1731 que débute la deuxième période de l'histoire du quai de Louisbourg, période qui est également riche en projets et en réalisations: 1731-1744 couvre ces années où le plan du quai fut définitivement établi et où il fut réalisé. Aussi cette partie se divise-t-elle tout naturellement en deux sections: les projets et les réalisations.

(a) Les projets.

En 1730, avons-nous dit, Verrier avait laissé entendre que la construction du quai coûterait quelque 150,000 livres. Son estimation, cependant, dépassa de loin le montant qu'il avait d'abord prévu, car son projet propose des travaux pour plus de 300,000 livres. [7] Ceci explique sans doute pourquoi le projet présenté dans ce mémoire fut fortement combattu, tant de la part de Saint-Ovide, alors gouverneur, que par les autorités de Versailles. Malgré qu'il ne fût pas réalisé à la lettre, ce premier projet demeure tout de même fort important, car il constitue la base de ce qui sera adopté plus tard.

L'introduction en est particulièrement intéressante, car elle fixe les buts encourus dans la construction de cet ouvrage important: d'une part, on invoque des raisons urbanistes, telles la conservation de cette partie de la ville qui est d'année en année de plus rongée par la mer, d'autre part, on souligne l'aspect défensif qui, évidemment, prend une importance vitale à Louisbourg. Enfin, sans être exposés explicitement, des motifs de facilités commerciales y sont proposés. Nous verrons plus loin, dans la seconde partie, l'importance relative de ces trois catégories de motifs.

Le mémoire propose le revêtement du quai sur tout le front de la ville qui fait face en port, depuis l'extrémité du bastion Dauphin, jusqu'au delà de la jonction de l'étang avec la mer, soit une muraille de 290 toises de longueur, environ, dont la disposition "sera parallèle a l'alignement des maisons et aux Magazins du Roy, et les ailles suivront en ligne droite la Coste". [8] L'arrière de ce mur constitue en terre-plein comblé de niveau jusqu'à la hauteur entière du mur. [9a]

Les aménagements proposés à ce quai sont les suivants:

Verrier propose un parement de pierre de taille pour tout le mur du revêtement, et d'y superposer, de plus, un revêtement de madriers. [13] Ce dernier point est fort important: outre que la proximité de la mer risque de détruire les joints de la pierre en peu de temps, le climat rend cette précaution nécessaire: la courte période sans gel n'est pas assez longue pour donner à la maçonnerie et au ciment le temps de durcir. Aussi, ce revêtement de madriers aidera la pierre à "faire corps à la maçonnerie".

Le terre-plein du quai s'étend sur quelque soixante-quinze (75) pieds (125 au centre du redent projeté devant la rue Toulouze), et est, avons-nous dit, établi de niveau à la pleine hauteur du mur, - on ne prévoyait pas alors de banquette ni de parapet - soit à environ dix pieds au-dessus de la hauteur de la basse marée, et à quatre au-dessus de la haute. [14] Le quai ne constitue donc pas un élément de défense en lui-même, mais flanqué par les côtés du redent de la rue Toulouze et par le môle, la défense, selon Verrier, en est suffisante.

Ce projet ne devait pas, vû son coût élevé, recueillir les suffrages des autorités. Les années qui suivirent, soit au cours de 1732 et 1733, furent des années de discussion sur la nécessité de la pierre de taille, l'importance du môle, l'utilité du redent de la rue Toulouze. Finalement, en 1734, Verrier présenta une refonte de son projet, dans laquelle il suprima le redent, le môle, et le parement de pierre de taille, réduisit l'épaissseur du mur à six pieds à sa base (au lieu de huit), si bien crue la nouvelle estimation ne monta plus qu'à 157,007 livres. [15] L'ouvrage fut approuvé, mais il fut ordonné d'en suspendre l'exécution "jusqu'a ce que les autres ouvrages puissent permettre d'y destiner une partie des fonds ordinaires". [16]

En 1734,, la guerre avec l'Autriche récemment déclarée fit craindre une reprise des hostilités entre la France et l'Angleterre, et l'on envisagea certaines mesures extraordinaires pour mettre la ville en sureté du côté du port. [17] Cette menace évitée, on ne peut savoir si les travaux envisagés, consistant en "une quantité suffisante de chevreaux de frize pour border le quai", disposés assez loin dans l'eau pour que les chaloupes ne puissent y aborder, furent faits, mais il est à supposer que non, puisque aucune allusion n'en est faite par la suite.

Les années 1735 à 1739 n'apportèrent rien de neuf qu'on ne retrouve dans les "Instructions" de 1739. [18] Cet intéressant mémoire complète celui de 1731, en y ajoutant des détails techniques intéressants. En ce qui concerne le projet du quai, on y réaffirme la nécessité du redent de la rue Toulouze, à laquelle alternative le ministre stait finalement résolu en 1736. [19] Par contre, on y convient que l'écluse proposée au grand étang en 1731, puis en 1738, est à peu près inutile. Mais là ne réside pas son plus grand intérêt: en effet, en plus d'y fixer définitivement l'épaisseur du mur du quai à six pieds et de renouveler la nécessité du revêtement de madriers, on y détermine certaines techniques concernant la construction des cales: "Il faut que les joues des cales et même les retours sur le quay sur certaine longueur soient de pierres de taille, posées de deux Boutisses et un Carreau" (c'est-à-dire une pierre disposée à plat, son épaisseur faisant l'épaisseur du parement, pour deux pierres placées debout, leur longueur faisant la profondeur du dit parement), "et toute les assises bien cramponnées". [20] De plus, "il faut que la descente des calles soient posées de huit pieds en huit pieds, mettre une bonne pièce de bois de chesne d'un pied d'écarissage pour soutenir le pavé, et pour que ces pieces de chesne ne soient pas sitôt rongées, il faudra les couvrir de barres de fer plattes comme l'on a fait aux Ponts levis des portes des villes".

Que conclure de ces différents projets? Comment se présente le futur quai? Il faut d'abord souligner que le manque de fonds joue un rôle important, tant dans la modification du projet que dans le retard apporté à son exécution. De plus, on remarque que, pour ce projet comme pour les autres, c'est l'importance défensive qui joue le grand rôle: c'est pour cette raison, et nullement en raison des avantages commerciaux et civils, que le redent de la rue Toulouze fut finalement accepté; et c'est ce facteur, quand les relations franco-anglaises commenceront à se détériorer, qui poussera les autorités à ordonner l'exécution du projet du quai. Nous aurons d'ailleurs à y revenir plus loin. Enfin, il faut insérer ce projet dans le cadre de Louisbourg à ce moment: depuis 1738, une fièvre de construction est manifeste. Dépassant les prévisions de son prédécesseur à la direction des fortifications, Verrier a fait accepter et réaliser le projet de l'enceinte de la ville, de la formation d'une ville fortifiée de tous les côtés, et c'est à cette enceinte que le quai se trouve désormais relié.

Les années 1739, 1740, et 1741 furent débordantes d'activité, et consacrées tout entières à l'édification de cette enceinte du côté de la pointe à Rochefort. En 1741, la pièce de la grave est à peu près complétée, et, en prolongement de sa face gauche, le quai est commencé. Le gros de la construction de ce dernier ouvrage se fera au cours des années 1742 et 1743.

(b) Constructions.

Le projet du quai, avec les modifications dont il avait été l'objet au cours des années 1731 à 1740, ne prévoyait en somme qu'un simple revêtement constitué d'un mur d'appui en talus devant soutenir un terre-plein élevé à la même hauteur, et quelques aménagements, soit des cales pour faciliter le transbordement des marchandises et un redent pour flanquer l'étendue de ce front. La largeur prévue de ce quai devait être de dix toises, et le mur devait être établi à demie marée, c'est-à-dire à mi-chemin entre la haute et la basse mer. Le plan de 1731 (MaC-263) localise très précisément ces différents points de repère.

A ce que l'on peut juger par différents profils [21] , le mur du quai fut de fait établi là où Verrier l'avait tout d'abord proposé; ce qui, pour être économique (on épargnait ainsi une grande quantité de terre pour le terre-plein), n'était peut-être pas la solution idéale: à marée basse, en effet, la grève est découverte au pied du mur, parfois sur une distance fort respectable, notamment dans les rentrants (on verra plus loin l'avis de Franquet là-dessus), et la mer y accumule beaucoup de sable et de gravier, ce qui diminue d'autant la hauteur réelle du revêtement. Cependant, il faut bien comprendre la difficulté de la construction d'un mur sur le bord d'une mer assez mouvementée. Le mur devait être fondé assez profondément, et établi solidement sur un terrain où le roc était probablement recouvert de plusieurs pieds de sable et de gravier. Enfin, il fallait tenir compte de la dénivellation du terrain, d'environ trois ou quatre pieds, semble-t-il, entre l'éperon de la porte Dauphine et l'extrémité, de la pièce de la grave.

L'étude de la construction du quai de Louisbourg ne serait guère facile sans les excellentes descriptions qu'en a faites Franquet en 1751 et plus tard. Aussi nous servirons-nous dès ici de documents postérieurs pour éclairer cette période. Malgré tout, de grands vides demeurent dans notre documentation: il est parfois difficile de déterminer quelles sortes de matériaux y furent employés, de même que leur quantité. (A reporter en note) [22a] Un ouvrage essentiel à consulter pour ces détails importants serait sans aucun doute L'ARCHITECTURE HYDRAULIQUE de Bélidor. Néanmoins, on peut se faire une idée assez juste de la construction du quai de Louisbourg à partir des seules sources que nous avons consultées, et c'est ce que nous allons essayer de faire maintenant, en expliquant le mieux qu'il sera possible ce que nous avons trouvé, et, de là, déduisant ce qui n'est pas dit expressément.

La proximité de la mer ne permettait pas que l'on fit un travail très systématique. Au contraire, avant même de procéder aux excavations pour fonder le mur, il fallait établir des digues pour retenir les eaux, ce qui était, semble-t-il, à renouveler constamment. Ensuite, à mesure que l'on excavait, on devait fonder le mur et l'établir, et, parallèlement, le terasser en arrière. Autrement, la mer aurait comblé les excavations ou encore le mur sans appui eût pu être renversé. Enfin, il fallait revêtir cette maçonnerie aussitôt, car autrement elle n'eût pas résisté aux coups de lames et au mauvais climat. On peut donc conclure que le quai fut construit par sections successives, et la première de celles-ci fut faite en 1741, en prolongement de la pièce de la Grave. [22]

L'on y procéda en premier lieu aux excavations, qui furent faites à environ quatre pieds et demi ou cinq pieds dans le sol. Le mur devant être établi solidement, et le sol y étant sans doute un peu mou, on dut le fonder sur un grillage de pièces de bois équarries, d'un pied de côté, probablement, et l'on se servit pour cela des bois qui avaient été préparés pour la réparation de la Batterie de l'Islôt. [23] La maçonnerie fut élevée à quelque dix pieds de haut sur ce grillage, et l'on procéda immédiatement au terrassement du terre-plein derrière, autrement la mer eût miné cet ouvrage, lors des hautes marées, tant par l'arrière que par en avant. En même temps, on la revêtait de madriers de pin de deux pouces d'épaisseur. Les travaux furent arrêtés à la fin de septembre, pour permettre de préparer les matériaux, bois et moelon, pour la campagne suivante, où l'on espérait terminer entièrement le quai.

Entretemps, il semble que le projet du quai fut modifié quelque peu, par rapport à ce que nous en avons perçu jusqu'à présent. Dans son compte-rendu du 26 octobre 1741, où il indique les travaux prévus pour 1742, Verrier mentionne qu'il espère élever le mur à douze pieds de haut et d' "Elever les parapets qui termineront la hauteur de ce mur", [24] et il est probable que l'on prévoit aussi une banquette derrière ce parapet. Comme on peut en juger par ce simple détail, il semble que l'on mette l'accent sur l'aspect défensif du quai, au moins autant qu'à son utilité.

La campagne de 1742 commença assez tôt, probablement à la fin de mai ou au début de juin, et l'on y procéda avec entrain, puisque les fonds pour les travaux de cette année furent excédés de plus de 20,000 livres.

Au milieu du mois d'août, les fondations du mur du quai étaient prises sur toute l'étendue de la face droite, du flanc de ce même côté, de la courtine, et sans doute aussi du flanc gauche, car il ne restait plus qu'une cinquantaine de toises à faire pour atteindre l'éperon de la porte Dauphine, limite du quai du côté de la face gauche. [25] Le mur était élevé jusqu'à neuf pieds, [26] et l'on travaillait à l'établissement de deux cales. [27]
A la fin de cette même campagne, la maçonnerie du quai était fondée et élevée à cette hauteur sur toute la longueur, jusqu'à l'éperon, et elle avait été revêtue de madriers. [28] Tout le terre-plein du quai avait été terrassé. [29] Enfin, deux cales avaient été construites [30] et l'écluse du grand étang avait été établie. [31]

Le plan de 1742, que nous avons reproduit pour accompagner ce rapport (no. II), montre l'état des travaux au milieu du mois d'août. On constate que le projet du quai a été assez considérablement modifié: le quai apparait composé de deux faces, de deux flancs, et d'une courtine. La face droite est percée par l'écluse et une cale (qui n'est pas encore construite), et la face gauche, qui n'était pas encore élevée à ce moment, comme il est indiqué, est proposée percée d'une cale elle aussi. Sur la courtine, il y a trois cales, situées face aux rues qui aboutissent sur le quai. Fait à remarquer, il n'est plus question d'un redent à la rue Toulouze; en fait, on y a placé une cale. Vraisemblablement, le redent proposé en 1739 et auparavant aura été mis de côté lors de la réforme du projet, laquelle réforme a conduit à l'établissement de deux flancs: on aura sans doute jugé que la défense offerte par ces deux flancs était meilleure que celle d'un redent. A tort ou à raison, on a omis de considérer que les rentrants ainsi créés, aux angles de la courtine et des flancs (angles crui sont droits), pouvait causer des problèmes, tels l'amas considérable de sable et de gravier sur la grève, et peut-être aussi une meilleure prise aux canons de l'ennemi qui s'établirait sur les hauteurs du fauxbourg de la porte Dauphine. Enfin, le plan montre une partie de la ville, ce qui permet de mettre en relation les divers aménagements du quai, ses diverses parties, et le tracé des rues et des Îles des maisons.

Les travaux envisagés à l'automne de 1742 pour la campagne suivante consistaient à perfectionner le quai dans toute son étendue et ses aménagements, c'est-à-dire faire le parapet de maçonnerie et la banquette en terre, construire les trois autres cales prévues dans le projet et en fermer l'entrée par une barrière, et enfin parfaire le terre-plein du quai. [32]

Le parapet, selon le "Profil du Revêtement du Quay de Louisbourg", [33] devait avoir 6 pieds de hauteur et une épaisseur d'environ 5 pieds. Comme le mur, il est suggéré de le revêtir de madriers, et la coupe à travers le revêtement du quai nous en montre l'assemblage: des piquets ou des madriers appuyés à la maçonnerie et liés à elle par des fiches de fer constituent la charpente sur laquelle repose le revêtement de madriers. De fait, ces dimensions furent réduites quelque peu, selon la description qu'en donne Franquet.

Quand à la banquette, elle devait, selon le profil, s'étendre à peu près horizontalement sur une quinzaine de il pieds depuis le parapet, et relever le terre-plein du quai d'environ 2 pieds. Son talus la prolongerait en pente sur quelque 7 pieds, et une barrière de charpente, disposée à son extrémité, la protégerait et empêcherait les gens d'y déposer des marchandises.

La cale qui y est aussi représentée semble avoir quelque 45 pieds de longueur. Elle a une pente de 1/8, (encore qu'elle ne soit pas indiquée explicitement) comme on le recommandait en 1739. Autant que l'on puisse en juger, sa construction est faite de pilotis enfoncés dans le sol à tous les 3 pieds, et sur lesquels sont disposées des piles de bois écarries qui font le pavé de la cale. Le tout est revêtu de madriers, tant la plate-forme que ses côtés. De gros anneaux sont disposés de place en place pour y amarrer les chaloupes. A marée haute, l'extrémité de la cale est recouverte de 3 pieds d'eau, et à marée basse elle est découverte d'autant. Il n'y a plus alors qu'environ 2 pieds d'eau ce qui doit en rendre l'accès assez difficile. Les mesures que nous donnons ici ne sont pas certaines: nous les proposons d'après l'échelle du plan de 1742 que nous avons reproduit à notre graphique no. I.

Enfin, le profil permet d'estimer le travail effectué au terre-plein pour le mettre de niveau. Du côté de la ville, il a fallu enlever de la terre, alors que près du mur, on a dû combler l'épaule qui s'y trouvait, et y rapporter de la terre à la hauteur indiquée. Les indications du profil laissent croire que tout ce travail est déjà fait à sa perfection, mais on sait par ailleurs qu'il ne sera pas encore complété définitivement en 1745: l'étendue du terre-plein nivelé apparait ici de 15 toises, mais elle ne sera estimée qu'à 11 toises 1 pied par Franquet en 1751, et encore ce terre-plein aura-t-il été élargi par les Anglais.

Au cours de la campagne de 1743, les travaux au quai furent mes d'un train un peu plus ralenti que celui de la campagne précédente. Néanmoins, les parapets furent "élevés à leur hauteur", [34] nous dit-on, mais cette hauteur, selon Franquet, fut non pas de 6 pieds, comme on l'a vu par le plan, mais de 4 pieds, et leur épaisseur réduite à 3 pieds; ce qui, avec le revêtement de madriers, porte leurs dimensions à 4 pieds 2 pouces de haut sur 3 pieds 4 pouces de large. De même, toutes les banquettes furent faites (elles ont 18 pieds de largeur lors de l'inspection de Franquet). D'autre part, les pieux de trois cales furent plantés (probablement ceux de la cale Dauphine), sur la face gauche, ceux de la cale de la Halle, dite encore Cale de l'Artillerie, située vis-à-vis la rue de l'Etang, et ceux de la cale au charbon ou de l'Etang., sur la face droite. Enfin, la porte Frédéric fut érigée à l'entrée de la cale sise devant la rue Toulouze, et menée à sa perfection. Il en existe une très jolie vignette [35] qui en montre la face, le côté et une coupe. Nous pouvons ainsi estimer la largeur de la cale à 18 pieds; celle-ci est soutenue par un quadrillage de pilots plantés de 3 pieds en 3 pieds. La porte est faite de bois, assemblée de façon à donner l'illusion de la pierre. Son toit est de bardeau, et elle est flanquée de chaque côté par une flèche dont le corps est de maçonnerie et qui soutient l'ensemble. L'ouverture de la porte a 12 pieds de large,, et est fermée par une barrière.

Ces travaux faits, il ne restait plus, à la fin de la campagne, qu'à perfectionner le dedans du quai et la banquette qui n'était pas complètement revêtue à la fin d'octobre, mais que Boucher fit perfectionner un peu plus tard. De plus, les plate-formes des trois cales commencées n'étaient pas achevées, et il fallait aussi poser la barrière de charpente au pied du talus de la banquette.

Enfin, on devait aussi améliorer le terre-plein du quai "afin de donner les pentes nécessaires pour l'écoulement des eaux" . [36]

Ces travaux ne furent point exécutés en 1744, où seules quelques réparations sans importance furent faites à la cale Frédéric qui avait été endommagée par les glaces. Et le siège de Louisbourg en 1745 ne permit pas qu'on y fit quoi que ce soit cette année-là, hormis peut-étre quelques réparations à la hâte durant le siège.

En somme, le quai tel que conçu et réalisé par Verrier contituait l'une des parties les plus belles et les plus solides des fortifications de la ville. En le supposant complété à perfection, avec ses cales, son parapet, sa banquette et son large terre-plein, il répondait à peu près à tout ce qu'on pouvait en attendre comme élément de défense et d'utilité publique. Son revêtement de madriers, comme il sera jugé plus tard par Franquet, en faisait un mur solide, capable de résister longtemps au climat rigoureux qui faisait se détériorer toutes les autres parties des fortifications, ou presque, peu de temps après qu'elles avaient été construites. Cependant, le siège de 1745 devait quelque peu changer le cours des choses.


3

1745-1749

(a) Le siège.

Le siège de Louisbourg en 1745 devait avoir pour effet de donner à la forteresse française de nouveaux maîtres. Mais en attendant, la résistance des assiégés se marqua dans des travaux urgents aux fortifications, et notamment au quai.

Ainsi, un plan de 1745 par Verrier fils, [37] en plus d'indiquer, dans un tracé clair et vigoureux les différentes parties de la ville et les différents aménagements du quai (l'écluse du grand étang, par exemple est très bien montrée: le chenal qui conduit les eaux a la mer, à travers le terreplein du quai, est bordé de chaque côté par une charpente de piquets sur laquelle sont cloués des madriers. Ce chenal semble avoir une quinzaine de pieds de large, mais se rétrécit rapidement, à la hauteur du parapet du quai, en un étroit goulot qui n'a que deux ou trois pieds de large vis-à-vis le mur du quai), raconte, dans sa légende les principaux événements du siège relatifs au quai: "Les flancs du quai" (percés de trois embrasures vraisemblablement peu avant le siège), "ont été retably plusieurs fois, mais à la fin ruinés par la Batterie ennemie marquée E. a la Carte". De plus, cette même carte du siège nous apprend que "Trois embrasures avaient été ouvertes dans le parapet d'une des faces du Quay (il s'agit de la face droite) qui battaient la batterie ennemie E. marquée à la carte..." Ces trois embrasures sont indiquées sur le plan, à la face droite du quai, et se situent à l'extrémité de celle-ci, entre la pièce de la grave et l'écluse.

Par ailleurs, un autre plan nous apprend que l'on a constitué un "boom" depuis l'éperon de la porte Dauphine jusqu'à la pièce de la grave, en face du quai, pour empêcher les chaloupes d'approcher en deçà.

Enfin, il n'est pas improbable que d'autres parties du quai aient souffert de la canonnade dirigée contre la ville. Du moins, en 1749, Boucher constatera que "la porte Frédéric n'a point été rétablie de tous les coups de canon qu'elle a reçus pendant le siège". [39] C'est là à peu près la seule mention précise qui soit faite concernant le quai. Aussi peut-on conclure que l'état du quai, au moment où la ville est cédée aux Anglais, est assez satisfaisant. Mais les nouveaux occupants, avec l'expérience des assiégeants, y verront des défauts auxquels ils tenteront de remédier.

(b) Le quai sous l'occuidation anglaise.

Le principal défaut qui sauta aux yeux des ingénieurs anglais concernant le quai fut sa faible hauteur: Comme Franquet le fera plus tard, ils remarquèrent que la ville se trouvait tout-à-fait découverte de ce côté, à tel point que du pont d'un bateau placé dans le port on pouvait voir les gens circuler dans les rues. [40] En même temps on jugeait ce front trop faiblement constitué, du fait que le mur n'avait que 4 pieds d'épaisseur à son sommet. Aussi Knowles fit-il la proposition suivante: "This (wall) should be lined with another Wall and both be raised 5 feet higher and the Rampart in proportion..."

Il ne semble pas que ce projet fût réalisé. La difficulté de construire quelque chose de solide et de durable découragea un peu les Anglais de faire de Louisbourg une place aussi bien défendue qu'ils l'eussent souhaitée. Du moins, obvia-t-on quelque peu à la faible hauteur du mur, en le rehaussant d'une palissade de piquets [41] "de 6 pieds d'hauteur, Chevillée de deux pieds Contre les Madriers" . [42]

D'autres améliorations, d'un type différent, furent aussi faites au quai. Ainsi, il semble que l'on ait élargi le quai "de près de trois toises", [43] amélioré, relevé, nettoyé et drainé le terre-plein du quai, [44] et réparé les parties du mur qui avaient pu être endommagées lors du siège. Enfin, et c'est là le point le plus intéressant, on travailla au cours de cette même période à trois des cales, qui furent, de l'avis de tous, considérablement améliorées (du moins deux d'entre elles): La cale de l'Intendance, nommée Governors Gate par les Anglais, fut tout-à-fait modifiée, et la cale Dauphine, nommée Ordnance Gate, fut allongée et solidifée.

Les diagrammes III et IV, inspirés de plans faits par Franquet, montrent la cale de l'Intendance telle que faite par les Anglais. Elle a une longueur d'environ 100 pieds sur une largeur de 18. Son extrémité est terminée en une potence double de 70 pieds de long par 22 pieds de large. Le plan en montre les diverses parties de la construction, tandis que le profil indique la hauteur des eaux aux diverses marées, de même que la communication avec la descente qui sectionne le mur du quai et les ailes de maçonnerie faites de chaque côté de la descente. Enfin, on voit que sa pente a aussi eté corrigée: de 1/8 qu'elle était, elle a été adoucie à 1/60, (la comparaison de sa longueur qui est indiquée, avec la différence de niveau, aussi indiquée, nous a permis d'établir cette norme d'évaluation), n'y ayant pas même une différence de niveau de 2 pieds entre ses deux extrémités. D'une construction solide, et fort utile pour le transbordement des marchandises, la cale de l'Intendance sera proposée comme modèle pour la construction et le renouvellement des autres cales.

La cale Dauphine, elle, fut portée à 120 pieds de long, sur une largeur de 16 pieds 2 pouces. Sa construction fut faite de la même façon que la précédente (sauf qu'elle ne fut pas potencée), mais malgré sa longueur respectable, elle n'atteignait pas à son extrémité la profondeur d'eau idéale, et Franquet proposera de la prolonger de 16 toises 1 pied, y compris la potence.

Ainsi, en ce qui concerne le quai, l'apport des Anglais fut non seulement de le conserver en bon état, ce qui fut constaté par Boucher en 1749, mais aussi de l'améliorer, d'une part par la palissade élevée tout le long du mur, d'autre part, et surtout, par l'amélioration évidente des cales. C'est dans cet état que les Français trouvèrent le quai à leur retour en 1749.


4

1749-1758

Comme la période de 1731 à 1744, celle-ci en fut à la fois une de projets grandioses et une de réalisations intéressantes. Aussi est-ce encore ce plan que nous allons adopter pour cette quatrième section de l'histoire du quai de Louisbourg.

Le premier soin des Français à leur retour dans la ville-forteresse fut de faire une inspection générale des fortifications; c'est dans ce but que l'ingénieur Franquet fut envoyé à Louisbourg en 1750. Celui-ci, comme nous l'avons dit déjà, remarqua le bon état du quai, du moins en comparaison avec d'autres secteurs des fortifications, et releva la solidité et la grande utilité des cales réparées par les Anglais. C'est à partir de ce jugement, et en fonction de la formation d'une forteresse un peu idéale qu'il allait élaborer ses fameux projets.

(a) Projets.

Malgré la satisfaction qu'il marqua devant le bon état du quai et son excellente construction, Franquet, comme les Anglais l'avaient fait avant lui, jugea que le revêtement du quai n'était pas suffisamment élevé: "Il a Eté Conduit Rempant de 2 pieds 8 pouces depuis l'angle de flanc droit de l'entrée dans l'Eperon Cotté 5, jusqu'a l'angle flanqué de la face droite, de manière que la retraite de sa fondation Etant Etablie de Niveau, le revetement n'est Elevé au Premier Endroit que de 13 pieds 4 pouces et a l'autre de 16 pieds (ce qui semble inclure aussi le parapet)". [45] Cette hauteur est encore diminuée à cause des amas de gravier au pied du mur, si bien qu'il y a des endroits où la hauteur effective est réduite à 7 pieds et demi (dans les rentrants, aux angles des flancs et de la courtine). C'est pour remédier à cette carence qu'il proposa deux projets pour rehausser ce front jusqu'à "20 pieds au-dessus de la retraite de son revêtement Exterieur", percer des formes d'embrasures dans l'épaisseur du parapet à toutes les 10 toises, de telle sorte qu'il y en aura 32 sur ce front et qu'on pourra les ouvrir au besoin sans endommager le parapet, et enfin élargir la banquette et le parapet.

En ce qui concerne les cales, on sait que Franquet avait jugé les constructions anglaises excellentes, et il s'en servit comme modèle. Il proposa donc d'allonger toutes les cales de façon qu'il y ait au moins 5 pieds d'eau à leur extrémité à marée basse. Les allongements ainsi proposés étaient donc de 12 toises 4 pieds pour la cale Dauphine, de 12 toises 5 pieds et demi pour la cale Frédéric, et de 4 toises 5 pieds pour la cale de l'étang. De même, il proposait que l'on terminât l'extrémité de toutes ces cales en potence double de 3 1/2 toises de largeur sur une longueur de 10 toises.

Ces deux catégories de projets pour le quai n'allaient pas connaître le même sort: cette fois, l'intérêt du commerce et le bien public allaient damer le pion à l'aspect défensif.

(b) Réalisations.

En effet, les projets avancés par Franquet pour l'amélioration de la défense du front du quai ne furent pas approuvés, probablement en raison de la grande dépense qu'ils supposaient comparativement à ce qu'ils auraient rapporté effectivement. Aussi les seuls travaux faits à ce front au cours de cette période, jusqu'au siège de 1758, ne furent-ils que des travaux d'entretien et de menues réparations: par exemple, le flanc droit, qui n'avait pas été réparé par les Anglais, fut relevé et les embrasures refaites. Le reste du mur fut laissé tel que trouvé en 1749 et aucun des grands travaux projetés n'y fut exécuté.

Il y eut cependant plus d'activité autour des cales, vraisemblablement à cause de leur plus grande utilité immédiate. Il semble bien que les marchands et négociants, tant de la ville qu'étrangers ("forains"), aient fortement insisté pour que l'on améliorât la situation, et leurs vues triomphèrent, même auprès de Rouillé. Mais cela s'explique facilement: l'intérêt du commerce et de la pêche, buts fondamentaux de la ville, l'exigeait. Car, en 1749, seule la cale et l'Intendance était en état de servir. La cale de la halle, élevée sur un amas de gravier, était à peu près inutilisable et l'on proposa de la supprimer. Toutes les autres offraient des avantages propres, mais elles avaient besoin d'être améliorées: la cale de l'étang était sans doute la plus utile, à cause de sa proximité du parc au charbon, mais elle avait été construite à la hâte, et n'était pas assez longue; les bois de la cale Frédéric étaient tout-à-fait pourris en 1751, si bien qu'il fallait le refaire à neuf, et la cale Dauphine devait être allongée pour être plus utilisable.

Les instructions de Franquet sur les cales mandaient qu'il fallait "que le sommet du plancher à leur extrémité soit Elevé de 6 pieds au-dessus des Eaux à marée basse, sans Egard a la pente qui se rencontrera dans leur longueur". [46]

Dès 1752, on commença à préparer les matériaux nécessaires: pièces de charpente pour les chapeaux, pilots de différentes longueurs, madriers de 3 pouces d'épaisseur. [47] Mais ce n'est qu'en 1756 que l'on se mit effectivement au travail, s'étant contenté jusque là de faire les réparations les plus essentielles et les plus urgentes pour que le commerce ne fût point trop gêné. [48]

Entretemps, Rouillé avait suggéré que toutes les cales ne fussent pas prolongées à la même profondeur d'eau, estimant qu'une cale plus courte serait vantageuse pour les petits bâtiments. [49]

Enfin, en 1756, Franquet reçut l'ordre de rétablir les cales les plus détériorées "ou les plus importantes du coté de l'utilité". La cale Frédéric fut donc aussitôt mise en chantier, et avant la fin de l'été, elle était complètement et parfaitement réalisée, selon Franquet, ce qui nous porte à croire qu'elle fut faite suivant les plans que celui-ci en savait dressés. De même, en 1757, on "renouvelle" la cale et l'étang, lui donnant, comme l'on avait fait pour la cale Frédéric, la forme d'un T. Quant à la cale Dauphine appelée quelquefois cale de l'Artillerie, elle fut laissée dans l'état qu'elle était, c'est-à-dire longue d'environ 120 pieds, ce qui ne laissait que 18 pouces d'eau à son extrémité à marée basse, solide et bien construite. Ainsi, en 1758, toute les cales étaient dans un état très satisfaisant.

A la même date, le front du quai, face au port, était estimé l'un des plus solides des fortifications: "Toutes ces fortifications de face a la mer, et reputées la Gorge de la place, sont revêtues en maçonnerie, et leur revêtement est recourvert de madriers de deux pouces d'épaisseur (ce qui les distingue des autres qui, n'étant point ainsi revêtues), tombent en ruines". [50] Par contre, ce même front était considéré trop bas, et découvrait toute la place. Telle était la situation, de ce côté, le 8 juin 1758, le jour où les Anglais commencèrent le second siège de la ville.


5

1758-1760

(a) Le siège.

Les Anglais étaient apparus menaçants dès 1757 et, désireux d'en finir avec Louisbourg, ils en firent le siège l'année suivante, du 8 juin au 26 juillet.

Au cours de ce siège, le quai ne semble pas avoir subi de grands dommages, mais on y fit quelques travaux d'urgence, pour augmenter la défense et la protection de la place, qu'il est intéressant de relever. D'une part, l'on construisit, perpendiculairement au quai des traverses de maçonnerie "pour eviter l'enfilade en ricochet de la hauteur de la justice, et de celle four a chaux". [50] Il y en eut une immédiate à gauche de l'ouverture de la cale Dauphine, une autre en prolongement du flanc gauche du quai, une troisième à gauche de l'ouverture de la cale Frédéric et une dernière à gauche de celle de l'étang. Ces traverses "provisionnelles" avaient 1 toise d'épaisseur et leur longueur variait de 5 toises, pour celle de la cale de l'étang, à 7 ou 8 toises pour les autres. [51] D'autre part, on commença, à partir du 23 juin, à retrancher le derrière du quai; cependant, cette "tranché(e) ouverte sur la rue du Quay dominée par le mur du Quay de 6 pieds ou environ", [52] n'était pas encore terminée le 7 juillet.

Enfin, le 26, on se résolut à capituler, par suite de la brèche ouverte dans le bastion Dauphin. Le quai ne semble pas avoir souffert; du moins les Anglais à leur retour dans la ville ne mentionnent pas de graves accidents au sujet du quai.

(b) 1760.

La seconde occupation de Louisbourg par les Anglais ne fut pas du tout comme la précédente: dès 1760, on décida de démolir les fortifications de la ville, ce qui fut fait au cours de l'été et de l'automne de cette même année.

On aurait été porté à croire, étant donné l'intérêt qu'il y avait pour les Anglais à conserver Louisbourg en tant que port de pêche et poste de commerce, que le quai fut épargné. Cet aménagement était très utile, voire nécessaire pour protéger toute cette partie de la ville, et essentiel dans le cadre d'une politique commerciale. Il semble pourtant qu'il n'en fut pas ainsi jugé, car quoique une lecture rapide et superficielle du Journal de la démolition ne nous en ait pas apporté une preuve absolument certaine, les plans qui ont été faits de cette démolition laissent croire hors de tout doute que cette partie de la muraille de Louisbourg a aussi été détruite. Une carte indique que toute la partie le long de la mer en face du port, depuis l'extrémité droite de la pièce de la grave jusqu'à l'éperon de la porte Dauphine, celui-ci inclus, a été démolie à la main. [53] Peut-être ne s'agirait-il que du parapet. Pourtant, le plan définitif de cette destruction en règle montre cette partie tout aussi effondrée que l'e reste des fortifications. [54] De toutes façons, ce secteur de la ville était fort délabré en 1767, si l'on en croit un plan de cette année qui dit: "This ruin'd front almost washed away by the Sea which, if not prevented, will on time overflow this Street". [55] Ainsi, il semble bien qu'à cette date, il ne reste plus grand chose du mur du quai. Et en ce qui concerne les cales, il n'en reste plus que deux après la démolition: la cale Frédéric, nommée "Port Frederic Wharf", la cale de l'Etang, nommée "The Coal Wharf", et les ruines d'une troisième, la cale de l'Intendance.

C'est ainsi, presque aussi tristement, que ce termine l'histoire du quai de la ville de Louisbourg. Certes, il est fort probable, encore que nous n'ayons fait aucune investigation sur ce sujet, que l'on a maintenu certains aménagements au quai, pour le service de la pêche. Mais ce n'est plus, et de loin, l'ensemble ordonné, proportionné et utile que l'on avait su aménager avec soin. Pour le moment, c'est la seule conclusion qu'il nous est permis d'apporter à cette étude de la construction et de l'histoire du quai.

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