Behind Website Design and Content © by Eric Krause, Krause House Info-Research Solutions (© 1996)
All Images © Parks Canada Unless Otherwise Designated

  Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

Search All Sites/All Menus ~
Cherche Tous les Sites/Tous les Menus

Behind The Scenes Site

Street Scenes by Speelman /  Impressions artistiques de Louisbourg par Speelman

Le costume à Louisbourg - Elizabeth Tait

Retour

Cliquez sur les images pour les faire agrandir

Please click on the image to enlarge it  Le lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg possède une collection impressionnante et diversifiée de copies de costumes d'époque, qui compte plus de 4 000 articles vestimentaires. De juin à la mi-octobre, des employés vêtus de copies de costumes d'époque interprètent la vie au lieu telle qu'elle était en 1744. Les costumes reflètent certains aspects de la vie civile et militaire, et sont représentatifs des classes sociales, des grades et des groupes professionnels très divers à Louisbourg. Les employés du programme d'interprétation sont habillés en pêcheurs, en marchands, en soldats, en domestiques ou en personnages de l'élite sociale de la ville coloniale. Le costume joue donc un rôle prépondérant dans l'interprétation de l'histoire de la Forteresse; sans qu'aucune parole ne soit prononcée, le visiteur peut savoir si un animateur est un soldat ou un pêcheur, ou une animatrice une dame de la société ou sa servante.

Les costumes reproduits qui sont portés à la Forteresse s'inspirent des styles de vêtements qui étaient à la mode en Europe au dix-huitième siècle, et plus particulièrement en France. On copiait beaucoup en Europe, et évidemment à Louisbourg, les goûts et la mode des Français, et comme Louisbourg était un important centre de commerce, la majorité des marchandises, et notamment les tissus, étaient importées. Compte tenu de la vocation commerciale de la ville, on peut présumer que ses résidants devaient être relativement au courant de ce qui était à la mode.

Please click on the image to enlarge itAu dix-huitième siècle, un homme d'un milieu aisé portait des culottes serrées sous les genoux, un gilet et un manteau justaucorps. Le manteau, sans col, avait de larges manchettes repliées, était fendu sur les cotés et dans le dos, et avait des plis renforcés et rembourrés sur les côtés. Le gilet avait la même coupe que le manteau, mais était plus court et n'avait pas de plis, ni de manches dans les années 1740. Les culottes, amples et serrées sous les genoux par des boucles, étaient montées sur un ruban de taille et munies d'une braguette à boutons sur le devant. Sous l'habit, le gentilhomme portait une chemise en fine toile, dont l'ouverture sur le devant et les poignets étaient agrémentés de rubans de toile ou de dentelle. Des chaussures de cuir qui se fermaient  par une boucle placée par-dessus la languette, une perruque attachée en arrière par un ruban de soie et un chapeau à trois cornes ou tricorne venaient compléter l'habillement du gentilhomme du dix-huitième siècle

Please click on the image to enlarge it  La dame à la mode portait un corset à baleines ou « corps piqué » et un jupon à cerceau ou panier. On faisait les corps piqués en cousant des poches étroites dans plusieurs épaisseurs de fine toile et en y insérant des fanons de baleine, ce qui donnait sa rigidité au vêtement. On faisait les paniers de la même manière, en cousant des poches et en y insérant des fanons de baleine ou des tiges de bambou. Une chemise en fine toile qui descendait jusqu'aux chevilles se portait en dessous de ces vêtements, et par-dessus se mettait la casaque, un style de robe fort prisé au cours de la première moitié du dix-huitième siècle. La casaque était formée de pans de tissu plissés sur toute la largeur du dos, qui tombaient élégamment jusqu'à terre en s'évasant depuis les épaules. Le devant de la robe était en général coupé de façon à découvrir le devant du corps piqué et du jupon

Contrairement aux gens aisés de la société de Louisbourg qui portaient des vêtements de toile fine, de soie et de laine, les hommes et les femmes qui travaillaient portaient des vêtements résistants à l'usure et faits de tissus grossiers. Souvent, ces vêtements n'allaient pas bien ensemble et étaient rapiécés. Les gens de la classe laborieuse devaient aussi sans doute s'acheter des vêtements à des ventes aux enchères. Un pêcheur portait une chemise de grosse toile, un pantalon de laine ou de toile à voile, et peut-être des chaussures de bois; une servante portait une chemise de toile, un corps piqué, une jupe ou un jupon et une veste; le tout était protégé par un tablier et agrémenté d'un bonnet de toile.

Le programme d'animation en costumes d'époque a débuté officiellement à la Forteresse en 1969-1970, et la collection n'a fait que s'augmenter en taille et en complexité depuis 30 ans. La section qui s'occupe des costumes se trouve aujourd'hui dans un des bâtiments reconstruits; elle est responsable des activités suivantes : remise et dépôt des costumes, entretien des costumes, gestion des inventaires de costumes, études et recherches sur les costumes, conception des patrons, confection des costumes, formation du personnel, prêts de costumes, visites de la section et réponses aux demandes de renseignements de la part de visiteurs et d'établissements.

Fournir au fil des ans des centaines de costumes à des interprètes et à des bénévoles n'a pas été une tâche sans problèmes de toutes sortes, et il a fallu réévaluer l'inventaire actuel des costumes et les méthodes de production. Les objets plus durables, comme le mobilier,  sont remplacés moins souvent; il y a donc moins d'occasions de réévaluer les documents qui servent à leur reproduction ou les copies elles-mêmes. Dans le cas des costumes, la réévaluation est constante; il faut continuellement les remplacer parce qu'ils s'usent, ce qui, non seulement, permet leur réévaluation, mais la rend indispensable. Compte tenu de la taille et de l'étendue du programme d'interprétation offert à la Forteresse-de-Louisbourg, il y a toujours des costumes qui s'usent, ce qui nous permet de réévaluer continuellement les documents portant sur les costumes du dix-huitième siècle et les techniques que nous utilisons pour confectionner les copies de ces costumes.

De toute évidence, il est impossible d'offrir un programme d'animation en costumes d'époque reproduits à l'authentique sans un sérieux travail de recherche. Au nombre des principales sources d'information sur le vêtement au dix-huitième siècle figurent des sources écrites de première et de seconde main, des illustrations et des peintures d'époque ainsi que des vêtements originaux. Nous avons recours à ces sources au départ pour obtenir une réponse à des questions générales comme « Quels types de vêtements se portaient au dix-huitième siècle à Louisbourg? », « Qui portaient ces vêtements et à quelles occasions? ». Grâce à ces renseignements, nous pouvons situer avec exactitude un costume dans son époque historique et dans le cadre recréé, et l'adapter dans les détails au personnage que représente l'animateur. Nous avons surtout besoin de renseignements descriptifs pour confectionner des costumes fidèles aux vêtements qui étaient portés au dix-huitième siècle, et exploiter ainsi la fonction visuelle des costumes reproduits. Outre l'aspect visuel, nous cherchons également à savoir comment les vêtements étaient coupés et assemblés au dix-huitième siècle, et nous essayons d'intégrer les résultats de nos recherches dans la confection de nos reproductions.

Comme c'est le cas pour tout travail de recherche, il faut déterminer si les renseignements contenus dans les documents consultés sont exacts et utiles ou faussés. Les documents portant sur les vêtements de l'époque, de par leur nature même, imposent des restrictions au programme d'animation en costumes d'époque. Ainsi, les documents écrits propres à la Forteresse-de-Louisbourg se limitent aux inventaires après les décès, et les preuves tangibles ne sont que des fragments trouvés lors de fouilles archéologiques. Les inventaires dressés à Louisbourg à la suite de décès comprennent en général la liste des articles vestimentaires qui appartenaient aux résidants. Il s'y trouve parfois aussi une courte description des tissus dont étaient faits ces vêtements. Malheureusement, les inventaires ne donnent pas de descriptions suffisamment précises pour reproduire des vêtements en particulier. Les objets trouvés au cours des fouilles archéologiques effectuées à Louisbourg nous donnent des renseignements sur les accessoires, comme les boutons, les boucles et les chaussures, mais ils ne nous permettent pas de reproduire des vêtements complets.

 L'étude des vêtements originaux du dix-huitième siècle peut également nous donner des  renseignements sur les patrons de l'époque et sur leur confection, renseignements qui viennent s'ajouter à l'information puisée dans les documents de première main. Les vêtements originaux Please click on the image to enlarge itdes collections de musée ne sont toutefois pas pertinents à Louisbourg, et ne sont en général représentatifs que de l'habillement de l'élite, et non des autres classes sociales. Il n'existe que très peu de vêtements originaux portés par des gens de la classe laborieuse, essentiellement parce qu'il était très rare que ces vêtements de travail durent aussi longtemps, et parce que les donateurs et les établissements n'y accordaient que peu de valeur. Il est également nécessaire d'évaluer les limites des documents de première main. Par exemple, il y aurait lieu de se demander si les dimensions et les renseignements sur la confection des vêtements contenus dans des encyclopédies comme Des Arts et Métiers sont vraiment représentatifs, alors que nous savons qu'il y avait très peu de normes au dix-huitième pour la confection des vêtements. Chacune de ces sources est donc un outil utile, tout en ayant ses limites. La force de l'une peut compenser la faiblesse d'une autre, mais ensemble, elles nous donnent des renseignements importants sur le vêtement au dix-huitième siècle.

La production de costumes aujourd'hui à Louisbourg repose sur les connaissances dont nous disposons concernant l'apparence et la fabrication des vêtements au dix-huitième siècle et sur le contexte dans lequel ils étaient portés, et exige en permanence la prise de décisions, et notamment de décisions concernant le type de reproduction. D'une façon générale, les costumes se répartissent en trois catégories : les « copies exactes » faites à la main de vêtements originaux, les « reproductions » effectuées d'après les techniques de confection de l'époque et pour lesquelles il a fallu faire des compromis, par exemple piquer à la machine les coutures intérieures, et les « adaptations » qui sont essentiellement des vêtements modernes, mais qui s'inspirent de ceux du dix-huitième siècle.

De toute évidence, les adaptations historiques ne conviennent pas dans le cadre de la Forteresse reconstruite; il faut donc faire un choix entre les copies exactes et les reproductions, compte tenu des réalités opérationnelles, et plus particulièrement des restrictions financières. La confection entièrement à la main et d'après les techniques de l'époque de vêtements en grandes quantités représente beaucoup de travail de la part de nombreuses couturières qualifiées et bien formées; en conséquence la production de copies exactes est onéreuse, surtout en raison du roulement constant du personnel saisonnier à Louisbourg et du grand nombre d'employés. En fait, les premières reproductions effectuées à la Forteresse étaient considérées, à bien des égards, comme des copies. Ainsi au début, beaucoup de costumes étaient faits de tissus tissés au lieu, et certains vêtements étaient piqués et brodés à la main. À la suite de l'augmentation des programmes d'interprétation et de la demande de costumes, il a fallu supprimer graduellement le programme de tissage, qui exigeait une trop forte main-d'œuvre. Il est ironique que la gestion d'un lieu historique soucieux de la fidélité à l'histoire impose des restrictions à un programme d'animation qui repose sur les costumes d'époque. Il a donc fallu faire des compromis et trouver un juste milieu afin de répondre aux demandes opérationnelles et de confectionner des costumes à la fois fidèles sur le plan historique et durables.

Le fait que les conservateurs des lieux historiques nationaux doivent offrir un produit utilisable en trois dimensions leur confère un rôle très différent de celui des autres professionnels de musée. La transposition dans la confection d'un costume de documents écrits ou de preuves matérielles limitées est en soit une forme de recherche appliquée, et constitue un aspect particulièrement important de la démarche de recherche. En nous servant des techniques de confection de l'époque, nous pouvons en apprendre beaucoup sur la façon dont les vêtements étaient fabriqués au dix-huitième siècle et sur les Please click on the image to enlarge itraisons pour lesquelles ils étaient faits de la sorte. Pour reproduire des costumes d'époque, nous sommes obligés de faire abstraction des concepts appliqués aujourd'hui en confection de vêtements, et de produire des costumes qui répondent aux besoins d'un programme moderne d'interprétation, tout en étant fidèles sur le plan historique

La recherche de l'authenticité historique est un principe qui régit presque toutes les activités des lieux qui se consacrent à la reconstitution de l'histoire. Il nous arrive parfois de nous demander pourquoi nous attachons tant d'importance à cette authenticité historique. D'une certaine façon, la tenue du Grand Rassemblement à la Forteresse-de-Louisbourg à l'été de 1995 nous a rappelé l'importance de la fidélité à l'histoire. L'activité a été organisée à l'occasion du 275e anniversaire de la fondation de Louisbourg et du  250e anniversaire du premier siège de la ville. Il était prévu la reconstitution au lieu d'un camp militaire de l'époque dans le cadre des festivités proposées tout au long de l'été. C'est ainsi que plus de 1 200 participants venus du Canada et des États-Unis montèrent leurs camps au lieu à la fin de juillet et vécurent pendant trois jours comme les gens vivaient à l'époque évoquée. Inutile de dire que la Forteresse-de-Louisbourg a fait l'objet d'une attention toute particulière de la part de ces nombreux visiteurs mordus de l'histoire et de la culture matérielle du dix-huitième siècle, et que leur attention s'est aussi évidemment portée sur les costumes d'époque. Les louages et les critiques que nous avons reçus de ces visiteurs nous ont rappelé combien il est difficile de mettre en œuvre un programme d'animation en costumes d'époque qui soit parfaitement fidèle sur le plan historique, et combien il est nécessaire de poursuivre les recherches sur le vêtement d'époque.

Cliquez ici pour voir d'autres photos