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the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada
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Le lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg possède une collection impressionnante et diversifiée de copies de costumes d'époque, qui compte plus de 4 000 articles vestimentaires. De juin à la mi-octobre, des employés vêtus de copies de costumes d'époque interprètent la vie au lieu telle qu'elle était en 1744. Les costumes reflètent certains aspects de la vie civile et militaire, et sont représentatifs des classes sociales, des grades et des groupes professionnels très divers à Louisbourg. Les employés du programme d'interprétation sont habillés en pêcheurs, en marchands, en soldats, en domestiques ou en personnages de l'élite sociale de la ville coloniale. Le costume joue donc un rôle prépondérant dans l'interprétation de l'histoire de la Forteresse; sans qu'aucune parole ne soit prononcée, le visiteur peut savoir si un animateur est un soldat ou un pêcheur, ou une animatrice une dame de la société ou sa servante.
Les costumes reproduits qui sont portés à la Forteresse s'inspirent des
styles de vêtements qui étaient à la mode en Europe au dix-huitième siècle,
et plus particulièrement en France. On copiait beaucoup en Europe, et évidemment
à Louisbourg, les goûts et la mode des Français, et comme Louisbourg était
un important centre de commerce, la majorité des marchandises, et notamment les
tissus, étaient importées. Compte tenu de la vocation commerciale de la ville,
on peut présumer que ses résidants devaient être relativement au courant de
ce qui était à la mode.
Au dix-huitième siècle, un homme d'un milieu aisé portait des culottes serrées sous les genoux, un gilet et un manteau justaucorps. Le manteau, sans col, avait de larges manchettes repliées, était fendu sur les cotés et dans le dos, et avait des plis renforcés et rembourrés sur les côtés. Le gilet avait la même coupe que le manteau, mais était plus court et n'avait pas de plis, ni de manches dans les années 1740. Les culottes, amples et serrées sous les genoux par des boucles, étaient montées sur un ruban de taille et munies d'une braguette à boutons sur le devant. Sous l'habit, le gentilhomme portait une chemise en fine toile, dont l'ouverture sur le devant et les poignets étaient agrémentés de rubans de toile ou de dentelle. Des chaussures de cuir qui se fermaient par une boucle placée par-dessus la languette, une perruque attachée en arrière par un ruban de soie et un chapeau à trois cornes ou tricorne venaient compléter l'habillement du gentilhomme du dix-huitième siècle
La dame à la mode portait un corset à baleines ou « corps piqué » et un jupon à cerceau ou panier. On faisait les corps piqués en cousant des poches étroites dans plusieurs épaisseurs de fine toile et en y insérant des fanons de baleine, ce qui donnait sa rigidité au vêtement. On faisait les paniers de la même manière, en cousant des poches et en y insérant des fanons de baleine ou des tiges de bambou. Une chemise en fine toile qui descendait jusqu'aux chevilles se portait en dessous de ces vêtements, et par-dessus se mettait la casaque, un style de robe fort prisé au cours de la première moitié du dix-huitième siècle. La casaque était formée de pans de tissu plissés sur toute la largeur du dos, qui tombaient élégamment jusqu'à terre en s'évasant depuis les épaules. Le devant de la robe était en général coupé de façon à découvrir le devant du corps piqué et du jupon
Contrairement aux gens aisés de la société de Louisbourg qui portaient
des vêtements de toile fine, de soie et de laine, les hommes et les femmes qui
travaillaient portaient des vêtements résistants à l'usure et faits de tissus
grossiers. Souvent, ces vêtements n'allaient pas bien ensemble et étaient rapiécés.
Les gens de la classe laborieuse devaient aussi sans doute s'acheter des vêtements
à des ventes aux enchères. Un pêcheur portait une chemise de grosse toile, un
pantalon de laine ou de toile à voile, et peut-être des chaussures de bois;
une servante portait une chemise de toile, un corps piqué, une jupe ou un jupon
et une veste; le tout était protégé par un tablier et agrémenté d'un bonnet
de toile.
Le programme d'animation en costumes d'époque a débuté officiellement
à la Forteresse en 1969-1970, et la collection n'a fait que s'augmenter en
taille et en complexité depuis 30 ans. La section qui s'occupe des costumes se
trouve aujourd'hui dans un des bâtiments reconstruits; elle est responsable des
activités suivantes : remise et dépôt des costumes, entretien des costumes,
gestion des inventaires de costumes, études et recherches sur les costumes,
conception des patrons, confection des costumes, formation du personnel, prêts
de costumes, visites de la section et réponses aux demandes de renseignements
de la part de visiteurs et d'établissements.
Fournir au fil des ans des centaines de costumes à des interprètes et
à des bénévoles n'a pas été une tâche sans problèmes de toutes sortes, et
il a fallu réévaluer l'inventaire actuel des costumes et les méthodes de
production. Les objets plus durables, comme le mobilier,
sont remplacés moins souvent; il y a donc moins d'occasions de réévaluer
les documents qui servent à leur reproduction ou les copies elles-mêmes. Dans
le cas des costumes, la réévaluation est constante; il faut continuellement
les remplacer parce qu'ils s'usent, ce qui, non seulement, permet leur réévaluation,
mais la rend indispensable. Compte tenu de la taille et de l'étendue du
programme d'interprétation offert à la Forteresse-de-Louisbourg, il y a
toujours des costumes qui s'usent, ce qui nous permet de réévaluer
continuellement les documents portant sur les costumes du dix-huitième siècle
et les techniques que nous utilisons pour confectionner les copies de ces
costumes.
De toute évidence, il est impossible d'offrir un programme d'animation
en costumes d'époque reproduits à l'authentique sans un sérieux travail de
recherche. Au nombre des principales sources d'information sur le vêtement au
dix-huitième siècle figurent des sources écrites de première et de seconde
main, des illustrations et des peintures d'époque ainsi que des vêtements
originaux. Nous avons recours à ces sources au départ pour obtenir une réponse
à des questions générales comme « Quels types de vêtements se portaient au
dix-huitième siècle à Louisbourg? », « Qui portaient ces vêtements et à
quelles occasions? ». Grâce à ces renseignements, nous pouvons situer avec
exactitude un costume dans son époque historique et dans le cadre recréé, et
l'adapter dans les détails au personnage que représente l'animateur. Nous
avons surtout besoin de renseignements descriptifs pour confectionner des
costumes fidèles aux vêtements qui étaient portés au dix-huitième siècle,
et exploiter ainsi la fonction visuelle des costumes reproduits. Outre l'aspect
visuel, nous cherchons également à savoir comment les vêtements étaient coupés
et assemblés au dix-huitième siècle, et nous essayons d'intégrer les résultats
de nos recherches dans la confection de nos reproductions.
Comme c'est le cas pour tout travail de recherche, il faut déterminer si
les renseignements contenus dans les documents consultés sont exacts et utiles
ou faussés. Les documents portant sur les vêtements de l'époque, de par leur
nature même, imposent des restrictions au programme d'animation en costumes d'époque.
Ainsi, les documents écrits propres à la Forteresse-de-Louisbourg se limitent
aux inventaires après les décès, et les preuves tangibles ne sont que des
fragments trouvés lors de fouilles archéologiques. Les inventaires dressés à
Louisbourg à la suite de décès comprennent en général la liste des articles
vestimentaires qui appartenaient aux résidants. Il s'y trouve parfois aussi une
courte description des tissus dont étaient faits ces vêtements.
Malheureusement, les inventaires ne donnent pas de descriptions suffisamment précises
pour reproduire des vêtements en particulier. Les objets trouvés au cours des
fouilles archéologiques effectuées à Louisbourg nous donnent des
renseignements sur les accessoires, comme les boutons, les boucles et les
chaussures, mais ils ne nous permettent pas de reproduire des vêtements
complets.
L'étude des vêtements originaux du dix-huitième siècle peut également nous donner des renseignements sur les patrons de l'époque et sur leur confection, renseignements qui viennent s'ajouter à l'information puisée dans les documents de première main. Les vêtements originaux des collections de musée ne sont toutefois pas pertinents à Louisbourg, et ne sont en général représentatifs que de l'habillement de l'élite, et non des autres classes sociales. Il n'existe que très peu de vêtements originaux portés par des gens de la classe laborieuse, essentiellement parce qu'il était très rare que ces vêtements de travail durent aussi longtemps, et parce que les donateurs et les établissements n'y accordaient que peu de valeur. Il est également nécessaire d'évaluer les limites des documents de première main. Par exemple, il y aurait lieu de se demander si les dimensions et les renseignements sur la confection des vêtements contenus dans des encyclopédies comme Des Arts et Métiers sont vraiment représentatifs, alors que nous savons qu'il y avait très peu de normes au dix-huitième pour la confection des vêtements. Chacune de ces sources est donc un outil utile, tout en ayant ses limites. La force de l'une peut compenser la faiblesse d'une autre, mais ensemble, elles nous donnent des renseignements importants sur le vêtement au dix-huitième siècle.
La production de costumes aujourd'hui à Louisbourg repose sur les
connaissances dont nous disposons concernant l'apparence et la fabrication des vêtements
au dix-huitième siècle et sur le contexte dans lequel ils étaient portés, et
exige en permanence la prise de décisions, et notamment de décisions
concernant le type de reproduction. D'une façon générale, les costumes se répartissent
en trois catégories : les « copies exactes » faites à la main de vêtements
originaux, les « reproductions » effectuées d'après les techniques de
confection de l'époque et pour lesquelles il a fallu faire des compromis, par
exemple piquer à la machine les coutures intérieures, et les « adaptations »
qui sont essentiellement des vêtements modernes, mais qui s'inspirent de ceux
du dix-huitième siècle.
Le fait que les conservateurs des lieux historiques nationaux doivent offrir un produit utilisable en trois dimensions leur confère un rôle très différent de celui des autres professionnels de musée. La transposition dans la confection d'un costume de documents écrits ou de preuves matérielles limitées est en soit une forme de recherche appliquée, et constitue un aspect particulièrement important de la démarche de recherche. En nous servant des techniques de confection de l'époque, nous pouvons en apprendre beaucoup sur la façon dont les vêtements étaient fabriqués au dix-huitième siècle et sur les raisons pour lesquelles ils étaient faits de la sorte. Pour reproduire des costumes d'époque, nous sommes obligés de faire abstraction des concepts appliqués aujourd'hui en confection de vêtements, et de produire des costumes qui répondent aux besoins d'un programme moderne d'interprétation, tout en étant fidèles sur le plan historique
La recherche de l'authenticité historique est un principe qui régit
presque toutes les activités des lieux qui se consacrent à la reconstitution
de l'histoire. Il nous arrive parfois de nous demander pourquoi nous attachons
tant d'importance à cette authenticité historique. D'une certaine façon, la
tenue du Grand Rassemblement à la Forteresse-de-Louisbourg à l'été de 1995
nous a rappelé l'importance de la fidélité à l'histoire. L'activité a été
organisée à l'occasion du 275e anniversaire de la fondation de
Louisbourg et du 250e
anniversaire du premier siège de la ville. Il était prévu la reconstitution
au lieu d'un camp militaire de l'époque dans le cadre des festivités proposées
tout au long de l'été. C'est ainsi que plus de 1 200 participants venus du
Canada et des États-Unis montèrent leurs camps au lieu à la fin de juillet et
vécurent pendant trois jours comme les gens vivaient à l'époque évoquée.
Inutile de dire que la Forteresse-de-Louisbourg a fait l'objet d'une attention
toute particulière de la part de ces nombreux visiteurs mordus de l'histoire et
de la culture matérielle du dix-huitième siècle, et que leur attention s'est
aussi évidemment portée sur les costumes d'époque. Les louages et les
critiques que nous avons reçus de ces visiteurs nous ont rappelé combien il
est difficile de mettre en œuvre un programme d'animation en costumes d'époque
qui soit parfaitement fidèle sur le plan historique, et combien il est nécessaire
de poursuivre les recherches sur le vêtement d'époque.