Search Website Design and Content © by Eric Krause, Krause House Info-Research Solutions (© 1996)
      All Images © Parks Canada Except Where Noted Otherwise
Report/Rapport © Parks Canada / Parcs Canada  --- Report Assembly/Rapport de l'assemblée © Krause House Info-Research Solutions

Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

AUBERGISTES ET CABARETIERS DE LOUISBOURG
1713 - 1758

PAR

GILLES PROULX

Août, 1972

(Fortress of Louisbourg Report H F 19)

Presently, the illustrations are not included here.
For these, please consult the original report in the archives of the Fortress of Louisbourg

Return/retour - Table of Contents/
Table des Matières

ET POUR CONCLURE

En somme être aubergiste ou cabaretier à Louisbourg implique évidemment au point de départ la possession d'un petit capital et dépend en grande partie du dynamisme d'un individu. Son esprit d'initiative tout comme son sens des affaires conditionneront sa réussite. Le plus souvent il ne s'agit pas de professionels mais de personnes bien ordinaires qui recherchent dans l'hôtellerie un revenu d'appoint. Ce sont des gens qui cherchent à faire fructifier leur avoir et peut-être à atteindre une certaine stature sociale en passant de l'emploi de simple cabaretier à celui d'aubergiste. Il faut également se rappeler que l'utilisation du mot professionel ne signifie aucunement que l'hôtellier à Louisbourg possède une quelconque formation en ce sens; cela signifie simplement qu'il ne tire ses revenus que de ce métier. Sa réussite financière est également fonction de la manière dont il peut faire face à la compétition. L'hôtellerie de Louisbourg représente en effet un marché très compétitif où vingt à trente personnes se disputent continuellement la clientèle.

A analyser de près la réponse de la population de Louisbourg, au moins cette partie qui regroupe les soldats, matelots et pêcheurs, à l'offre hôtellière, on constate une certaine irresponsabilité chez la clientèle. Le besoin d'évasion, la volonté d'oublier les rigueurs de Louisbourg, sont plus fortes que le souci du lendemain. Le soldat boiera toute sa paie plutôt que de penser à économiser ce qui lui est nécessaire pour l'hiver suivant. Evidemment beaucoup.de ces attitudes furent étudiées à partir de proces, donc de cas extrêmes et ainsi la perspective pourrait être légèrement faussée. Pour ce qui est de la population en général, il est difficile d'observer l'acceuil qu'elle fit a l'hôtellerie et au commerce des boissons. Mais ces gens, artisans ou commerçants, étaient-ils si différents des soldats et des pêcheurs? Ne sentaient-ils pas également un besoin pour les divertissements?

Une autre caractéristique, que l'on peut dégager de l'étude de l'hôtellerie à Louisbourg, est une certaine impression de vide. Dans la maison de l'aubergiste et du cabaretier tout est fonctionel, pas de bibelots comme dans la maison du XXe siècle, pas de superflu mais le strict nécessaire. En fait le seul superflu en serait un qualitatif comme la présence de tournebroches et certainement pas quantitatif. Tout cela ne veut pas dire pour autant que l'aubergiste ou le cabaretier de Louisbourg ne vit pas confortablement; il suffit de se rappeler le tableau de répartition des fortunes présenté dans ce travail pour constater que strict nécessaire n'est pas synonyme de pauvreté.

On ne saurait trop insister sur le fait que les auberges et cabarets de Louisbourg étaient avant tout des maisons privées. Ces établissements remplissaient sans doute la même fonction que les institutions hôtellières en France à la même époque mais c'est probablement le seul rapprochement que l'on puisse établir avec ceux de Louisbourg. Rien en effet ne permet de supposer que les auberges et cabarets de Louisbourg possédaient quoi que ce soit d'approchant aux cabarets français, tels que les ont représentés les peintres et les graveurs du XVIIIe siècle. Dans l'aménagement


88 Cf. note no. 70.


intérieur, certaines pièces du mobilier, telles les tables et les chaises, pouvaient sans doute se ressembler, mais la comparaison se termine là. Les établissements hôtelliers de Louisbourg n'avaient certainement pas l'ampleur de ceux que l'on pouvait rencontrer aux portes de Paris ou ailleurs. Louisbourg n'eut jamais d'édifice spécialisé en hôtellerie. Bien plus, si l'on compare le mobilier qui se trouvait dans les auberges et les cabarets de Louisbourg, rien ne le différenciait de celui que l'on recontrait chez les particuliers né s'adonnant pas au commerce de l'hôtellerie. [89]

En appendice à ce travail, on trouvera quatre documents qui, me semble-t-il, illustrent assez bien les différentes questions dont j'ai pu traiter. Le premier texte est celui de la législation hôtellière adoptée en 1734: non seulement y aborde-t-on l'essentiel des stipulations qui seront mises en vigueur de 1713 a 1758, mais on y donne également en marge la liste des aubergistes et cabaretiers réglés pour Louisbourg cette année-là. La supplique de François Lessenne présentée aux autorités vers 1733, et qui constitue notre deuxième document, explique la situation privilégié des habitants-pêcheurs. Il s'agit aussi d'un des très rares exemples que j'ai pu relever où un particulier donne son opinion sur la question de l'hôtellerie à Louisbourg. Quant aux deux autres documents, ce sont les inventaires après décès d'un aubergiste et d'un cabaretier. On se rend compte à leur lecture que la grande différence entre ces deux personnages se trouve avant tout dans la valeur totale des possessions, immeubles inclus, et non dans la nature des possessions elles-mêmes. Les notes biographiques qui précèdent


89 B. Adams, Selected inventories of domestic furnishings in Louisbourg. Louisbourg, 1972.


chacun de ces inventaires permettront de situer ces deux individus dans la société louisbourgeoise.

------

Toute étude historique est sujette à des incertitudes et celle ci, j'en ai bien conscience, n'y échappe point. Les extrapolations que je me suis permises et les hardiesses méthodologiques peuvent sans doute limiter la valeur de ce travail. Nonobstant quelques accroes à la rigueur historique, il me semble avoir présenté une interprétation aussi objective que possible. Répondre aux problèmes qu'annonçait la note liminaire fut ma préoccupation constante en rédigeant ces pages. Et si faute d'informations documentaires les réponses ne sont pas aussi complètes que je l'aurais souhaité, on peut facilement discerner certaines indications de tendance, Il est impossible de retracer le portrait d'une société uniquement par le biais d'une activité reliée avant tout au divertissement, au logement et en partie au commerce. On ne peut qu'espérer que d'autres études sur la société de Louisbourg pourront bientôt répondre à des problèmes que je n'ai pu qu'effleurer.

Return/retour - Table of Contents/
Table des Matières