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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

ETUDE SUR LE COSTUME MILITAIRE A LOUISBOURG: 1713-1758

PAR

GILLES PROULX

APRÈS MAI, 1971

Rapport H-F17R

[Projet de révision de H-F17]

Forteresse-de-Louisbourg

Return/retour


3e PARTIE

L'EQUIPMENT MILITAIRE A LOUISBOURG

Une étude de l'uniforme militaire ne saurait être un tant soit peu complète sans également y inclure un aperçu sur l'armement dont pouvaient disposer les soldats. L'équipement militaire au XVIIIe siècle est particulièrement intéressant par suite de toutes les transformations qui s'y manifestent. On y voit en effet disparaitre peu à peu l'usage des armes d'hast, l'arme blanche se stabilise, devient plus uniforme, et surtout c'est le siècle où commence à se répandre l'usage de l'arme à feu. Ces trois catégories d'armes seront représentées à Louisbourg; la documentation écrite en témoigne (tableau XVI) et les fouilles archéologiques conduites sur le site de la Forteresse de Louisbourg ont permis d'en retrouver de nombreux exemples.

Afin d'en permettre l'illustration j'ai eu recours à la collection d'artéfacts de la Forteresse de Louisbourg. I1 m'a été possible en effet d'y examiner environ quatre cent pièces d'équipement militaire et les différentes photographies dans ce chapître représentent les principaux types observés. Le site de la Forteresse de Louisbourg représente un terrain de choix pour l'archéologie du XVIIIe siècle puisque son territoire sera pour ainsi dire abandonné après 1768. [1] Quelques travaux archéologiques y furent conduits par David Kennedy vers 1904-1905, et en 1931, le territoire de la
forteresse étant devenu un site historique, des fouilles et des travaux de stabilisation, particulièrement des casernes du Bastion du Roi, y seront
exécutés. [2] I1 fa ut cependant attendre les années 1960, et la décision du


1 Foster, Wayne. Post-occupational history of the old french town of Louisbourg 1760-1930. Ottawa, inédit, 1965.

2 Harper, J. Russell. The fortress of Louisbourg: Preliminary archaeological investigations. Ottawa, inédit, 1959.


gouvernement canadien de restaurer en partie la Forteresse de Louisbourg, pour y voir des travaux d'archéologie d'envergure.

La Forteresse de Louisbourg fut en Amérique du Nord un site majeur de confrontation entre les colonisations française et anglaise. Les Français l'occupèrent pendant quarante deux ans et les Anglais, treize ans. Un des majeurs problèmes dans l'étude des artefacts militaires est donc d'établir la distinction entre pièces anglaises et françaises. La plupart de ces artéfacts ne possèdent aucune marque distinctive. Aucune pièce en effet n'est signée du nom de son manufacturier ou n'indique l'année de fabrication. C'est là un problème pour lequel on ne peut le plus souvent qu'avancer des hypothèses en guise de réponse. Même en replaçant les artefacts dans leur contexte archéologique, c'est à dire en déterminant les dates approximatives où ces pièces furent enterrées, on peut rarement établir cette distinction de façon très sure.

Il faut se rappeler que les Anglais occupèrent la Forteresse de Louisbourg de 1745 à 1748; cela permet donc de supposer qu'on peut facilement retrouver des pièces d'équipement militaire d'origine anglaise au niveau de l'occupation française déterminé par les archéologues. De même?
toute la garnison française, les officiers exceptés, ayant été obligée de rendre leurs armes lors de la capitulation de 1758, [3] des pièces d'origines
françaises ont pu facilement se glisser dans les couches d'occupation postérieures au départ des Français. Cette difficulté d'établir une distinction
entre les artefacts d'origine française ou anglaise est quelque peu atténuée par les similarités générales qu'offre l'armement anglais et français.


3 Grillot de Poilly. Mémoire des événements qui intéresseront cette colonie pendant l'année 1758. Bibl. du Génie, Ms. reliés, no. 66, p. 107.


Tableaux XVI: L'équipment des soldats de Louisbourg

 

Légende: 0 = nil.

                 x = oui

                 - = aucune information

E
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T
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B
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A
V
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A
C
S
 

 

 

 

 

T
A
M
B
O
U
R
S

 

 

 

 

COMPAGNIES FRANCHES                    
Officiers - 0 0 0 0 0 X 0 0 0
Sergents 0 X X X X 0 X 0 - 0
Caporaux 0 0 X X X 0 X 0 - 0
Soldats 0 0 X X X 0 X 0 X 0
Tambours 0 0 0 0 0 0 X 0 - X

SUISSES

                   
Officiers - 0 0 0 0 0 - - 0 0
Soldats 0 0 X X X 0 0 X - 0
Tambours 0 0 0 0 0 0 - - - X

CANONNIERS

                   
Officiers - 0 0 0 0 0 - - 0 0
Sergents 0 - X X X X 0 X - 0
Caporaux 0 0 X X X X 0 X - 0
Canonniers 0 0 X X X X 0 X - 0
Tambours 0 0 0 0 0 0 0 X - X

INFANTERIE

                   
Officiers-fusilliers X 0 0 0 0 0 X 0 0 0
Officiers-grenadiers 0 0 X X X 0 - - 0 0
Soldats-fusilliers 0 0 X X X 0 X 0 X 0
Soldats-grenadiers 0 0 X X X - 0 X X 0
Tambours 0 0 0 0 0 0 X 0 - X

 


Si l'on étudie par exemple les illustrations données par Harold Peterson [4] et Maurice Bottet [5] dans leurs études respectives sur les armes dans l'Amérique coloniale anglaise et en France, on peut constater ces similitudes. On peut se rappeler également que l'Angleterre et la France achetaient les lames d'épée et de sabre du même fournisseur, l'Allemagne. [6] Un autre point intéressant à noter est le fait que Français comme Anglais pouvaient très bien utiliser assez souvent des pièces d'équipement saisies à l'adversaire. Lors de la prise du poste de Canceau en 1744 les armes et munitions qui y furent saisies, baionnettes, hallebardes, espontons, furent déposées dans les magasins du roi à Louisbourg; [7] L'usage toutautant que la fabrication des armes pouvait donc en faire des pièces d'équipement anglais ou français.

A) Les armes d'hast

Cette catégorie d'armes recouvraient à Louisbourg quatre types différents: les espontons d'officiers (figure II), les hallebardes pour sergents
(figure III), les pertuisanes de sentinelles (figure IV) et les piques (figure V). L'esponton est avec l'épée le seul type d'arme que lion peut 3
Louisbourg attribuer aux officiers. Et encore, la documentation n'en accorde


4 Peterson, Harold L. The american sword, 1775 1945. Philadelphia, 1965.

5 Bottet, Maurice. L'arme blanche de guerre francaise au XVIIIe siècle. Paris, Leroy, 1910.

6 Neumann, George G. The history of weapons of the American Revolution. New York, 1967, p. 216.

7 Carrerot au ministre. Louisbourg, 20 juin 1744. A.N., Col., C11B, vol. 26, fols. 194-94v.


qu'aux officiers des régiments d'infanterie. [8 ]L'esponton n'ayant le plus souvent valeur que de symbole, symbole d'autorité, il est fort possible que les officiers des autres corps d'armée de Louisbourg n'en aient point eu et aient remplacé cette arme par le fusil. Une ordonnance publiée en mai 1754 décrit ainsi l'esponton:

"L'esponton aura 7 pieds de longueur (2 m. 274) savoir 8 pouces de lame (216 mill.), 4 pouces de canon (108 mill.), 5 pieds 9 pouces de hampe (1 m. 865) et 3 pouces de sabot (81 mill.). La hampe de bois de frêne, d'un pouce de diamètre. Deux bandes de fer dune épaisseur suffisante et de la largeur de 6 lignes, partant du canon, se répandront sur le bois, de la longueur de 18 pouces (487 mill.) et seront percées de 6 clous rives 3, têtes effacées, lequel esponton pèsera 3 livres." [9]

Les sergents stationnés à Louisbourg possédaient la hallebarde. [10] Cette arme était un symbole de leur position dans la hiérarchie militaire
et elle était surtout utilisée pour mesurer les distances réglementaires entre les rangs. Etymologiquement le mot hallebarde vient de l'allemand 'helmbarte", de helm, heaume, et barte, hache. [11] La tête de la hallebarde était donc munie d'un côté d'un tranchant ayant l'aspect d'une hache et de l'autre d'une sorte de crochet. L'autre arme d'hast utilisée à Louisbourg est la pertuisane dont sont munie les sentinelles. [12] Sa lame était de forme


8 St-Julhien au ministre. Louisbourg, 15 juin 1756. S.H.A., A1, vol. 3417, fols. 146/2-3.

9 Ordonnance royale. Versailles, 1er mai 1754. Citée dans Margerand, J. Armement et équipement de l'infanterie française du XVIe au XXe siècle. Paris, 1945, p. 89.

10 Bigot au ministre de la marine. Louisbourg, 4 octobre 1741. A.N., Col., C11B, vol. 24, fols. 172-179.

11 Dictionnaire encyclopédique Quillet. Article: hallebarde.

12 Balance de la recette et consommation des fournitures. Louisbourg, 1 janvier 1743. A.N., Col., C11B, vol. 24., fol. 226v.


symétrique. [13] On retrouve également dans la collection d'artéfacts de Louisbourg des fers de piques. La pique ayant été supprimée chez les soldats par une ordonnance royale en 1703, [14] ces fera de piques auraient plutôt été; utilisés sur les navires ou dans les tranchées.


13 Bottet, Maurice, L'arme blanche.., p. 66.

14 Margerand, J. Armement et équipement de l'infanterie française du XVIe au XXe siècle. Paris, 1945, p. 29.


ESPONTON

A = 1L.16GG1.18  : en surface
B = 51L.10C2.1    : 1758-60
C = 2L.2513.1       : aucun détail
D = 1B.14F104.1  : en surface

A l'exception peut-être de l'exemple C tous les espontons retrouvés à Louisbourg furent enterrés postérieurement à la période d'occupation française. Cependant les exemples A, B., et C, à peu près identiques, peuvent être considérés comme des espontons français. Ils possèdent tous trois les caractéristiques spécifiés dans l'ordonnance de 1754 [15] au point de vue longueur. De plus la cheville de fer, fichée dans la base, fait angle droit avec les deux faces de la lame. Cette disposition de la cheville semble bien une marque de fabrique française. [16] Les espontons britanniques et américains de la même période ont eux aussi les mêmes longueurs mais la cheville est située immédiatement en bas de la lame et de façon perpendiculaire à celle-ci. [17] L'exemple D est un peu plus problématique. Les Anglais et Américains possédaient des espontons non munis de cheville formant croix avec la lame. [18] La longueur de cette dernière apparait cependant un peu restreinte pour un esponton. Il pourrait peut-être s'agir d'un fer de lance quo lion fixait à l'extrémité des hampes de drapeau.


15 Margerand, J. Armement et ..,,p. 89.
16 Newmann, G.C. The History of Weapons..., p. 346.
17 Brown, Rodney, H. American Polearms. 1526-1865. New Milford, Conn., 1967, p. 40.
18 Idem., pp. 25-67.


[Editor's Note: Figure II: Esponstons - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


HALLEBARDE 

A = 1B.5A7.632   : en surface
B = 1B.16F2.783 : 1750-68


Ces deux artefacts représentent des hallebardes typiques avec d'un côté sa hache au tranchant convexe prolongé par l'estoc sur l'autre côté. Selon toute apparence il s'agirait d'un modèle européen utilisé au XVIIIe siècle. [19] La fabrication en semble d'ailleurs assez soignée; les hallebardes américaines sont pour la plupart plus élaborées mais le travail semble beaucoup plus rudimentaire. On ne saurait dire si les deux exemples de hallebardes retrouvées à Louisbourg furent utilisées par les Anglais ou les Français, le contexte archéologique ne permet pas, de donner de réponse à cette question. S'il faut en croire l'auteur Saint-Rémy, [20] les hallebardes françaises auraient eu l'aspect de pertuisanes avec leurs branches symétriques à la base de la lame.


19 Neumann, G. C. The History of Weapons..., p. 330

20 Surirey de Saint-Rémy. Mémoires d'artillerie. Paris, 3e édition., 1745. Tome second, p. 96.


[Editor's Note: Figure III: Hallebardes - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


PERTUISANE 

A = 1B.5A7.631   : en surface
B = 1B.16C3.168 : 1758-68
C = 1B.5A7.633   : en surface
D = 2L.17U4.5     : aucun détail



Une des caractéristiques distinctives de la pertuisane est la présence, à la base de la lame, de branches disposées symétriquement. Dans son dictionnaire sur l'armement, G. C. Stone donne vingt et une illustrations de pertuisanes possédant toute cette caractéristique. [21] Stone y présente d'ailleurs une pertuisane française des environs de 1700 qui est une copie exacte des artefacts B et C. La difficulté ici n'est pas de savoir si ces armes étaient anglaises ou françaises mais de distinguer entre hallebardes et pertuisanes. Saint-Rémy, [22] dont semblent s'inspirer les historiens militaires Neumann, Moore, Brown et Peterson, [23] prétend que ce type d'arme était utilise comme hallebarde. Je n'ai pas la prétention de trancher la question en litige, et j'ajouterai tout au plus en me basant sur ces auteurs que les artefacts A et D peuvent être considérés comme des hallebardes de fabrique allemande. Les Suisses servant à Louisbourg auraient pu en posséder, ou elles purent être amenées à Louisbourg par les troupes britanniques.


21 Stone, George C. A glossary of the construction, decoration and use of arms and armor in all countries and in all times. New York, 1961, p. 483.
22 Surirey de Saint-Rémy. Mémoires..., p. 96.
23 Neumann, G. C. The History of Weapons..., pp. 328-329. Brown, R. H. American Polearms..., pp. 34-39. Moore, Warren. Weapons of the American Revolution and Accoutrements. New York, 1967, p. 191. Peterson, H. L. Arms and Armor in Colonial America, 1526-1783. Harrisburg, 1956, pp. 280-286.


[Editor's Note: Figure IV: Pertuisanes - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


PIQUE

A = 1L.34D2.2  : immédiatement sous la couche de surface
B = 16L.10F1  : en surface

 


Comme je le mentionnais plutôt la pique fut retirée de l'armement des soldats français en 1703. [24] Ces deux artéfacts ne firent donc pas partie de l'équipement des soldats de Louisbourg. I1 s'agit plutôt de piques de tranchées, peut-être de navires, utilisées par les Anglais ou les Américains. R.H. Brown en donne des illustrations assez identiques dans son étude sur les armes d'hast américaines. [25]


24 Margerand., J. Armement et équipement..., p. 29.
25 Brown, R.H. American Polearms ..... pp. 23-50.


[Editor's Note: Figure V: Piques - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


B) Les armes blanches

Les membres de la garnison de Louisbourg avaient droit au port de l'épée ou du sabre selon le corps d'armée auquel ils appartenaient. Il s'agit de l'épée pour les Compagnies Franches, du sabre pour les Suisses et les canonniers, de l'épée pour les fusilliers de l'infanterie et du sabre pour les grenadiers de ce même corps. I1 faudrait sans doute inclure la baionnette dans ce paragraphe sur les armes blanches mais, comme cette arme est utilisée avec le fusil, j'ai préféré ne l'étudier que dans la section des armes à feu.

Pour les Compagnies Franches le port de l'épée à Louisbourg présente différents problèmes que je me contenterai d'exposer. Le seul renseignement que nous possédions sur la nature de ces épées les décrit comme des épées de cuivre. [26] Qui était autorisé à les porter à Louisbourg? Les documents en indiquent pour les sergents, caporaux et tambours, [27] mais ils sont plutôt obscurs, avant 1745, pour les simples soldats. Cependant il faut noter que le gouverneur Saint-Ovide, réclamant en 1730 deux nouvelles compagnies de soldats, mentionnait dans les pièces d'équipement nécessaires à ces nouveaux soldats 120 épées à 3 l. la pièce. [28] En 1734 le commissaire-ordonnateur, Sébastien François Le Normant, dans la liste des choses nécessaires pour l'artillerie et la nouvelle salle d'armes, indiquait le besoin de 800 épées


26 Balance de 1a recette et consommation des fournitures faites dans les magasins du Roy pendant l'année 1742. Louisbourg, 1 janvier 1743.
A.N., Col., C11B, vol. 24, fol. 225v.
27 Bigot au ministre. Louisbourg, 19 octobre 1741. A.N., Col., C11B, vol. 23, fols. 99-108v. 
28 Conseil. Paris, 11 février 1730. A.N., Col., C11B, vol. 11, fols. 04-09.


avec leurs fourreaux. [29] Et dans un document de 1746 [30] on en accorde à tous les soldats. Toujours selon ce même document, la valeur des épées réservées aux sergents est de 4l.5s. pièce et de 3l .5s. pour les épées du reste de la troupe.

- 34 épées pour un total de 158l.
- 1086 épées pour un total de 3829l.10s.

Ces chiffres donnent tout lieu de penser que les seize sergents et possiblement le tambour-major avaient des épées différentes de celles des caporaux, tambours, cadets et soldats qui avaient les mêmes.

L'autre groupe de soldats à porter l'épée étaient les fusilliers de l'infanterie. Selon les documents la garde et la poignée de l'épée étaient de cuivre lamé et le fourreau était garni de bouts et crochets dorés  [31] Quant aux grenadiers de l'infanterie, on leur fournissait un sabre possédant les caractéristiques générales des épées de l'infanterie. [32] Les Suisses du régiment de Karrer portaient également le sabre mais les documents ne donnent aucune précision sur leur apparence. [33] Le sabre était également l'arme blanche des canonniers de Louisbourg. La poignée à double branche et la garde étaient en cuivre doré pour les sergents et en cuivre poli pour les


29 Le Norman au ministre. Louisbourg, 31 octobre 1734. A.N., Col., C11B, vol. 15, fols. 197-199v.
30 Commis de la marine. Rochefort, 30 décembre 1746. A.N., Col., C11B, vol. 27, fols. 275-76.
31 Prévost au ministre. Louisbourg, 31 décembre 1755. A.N., Col., C11B, vol. 36, fols. 93-94. De la Grève des Assises au ministre. Louisbourg, 15 décenbre 1756. S.H.A., A1, vol. 3417, fols. 307 (1-2-3-4) .
32 Idem.
33 Gignaux au ministre. Rochefort, 25 mai 1729. A.N., Rochefort, 1E, vol. 113, fol. 527.


caporaux, tambours et canonniers. On précise également clue les lames étaient de fabrique allemande. Quant aux fourreaux en peau de veau, ils étaient muni d'une virolle, d'un bout et d'un crochet en cuivre doré pour les sergents; pour le reste de la troupe, la virolle et le bout étaient en cuivre et le crochet en fer. De plus ces sabres étaient ornés d'une dragonne: en soie bleue, rouge et blanche avec un gros gland parsemé d'argent pour les sergents et une dragonne en laine bleue, rouge et blanche avec un gros gland semblable pour la troupe. [34]

Sabres et épées, comme les baionnettes d'ailleurs, s'attachaient aux ceinturons et étaient portés presqu'à l'horizontale:

"On a oublié dans léquipemens des tambours les ceinturons. Ceux du soldat sont a deux couillons quip faisant porter l'épée et la bayonnette presque orisontalement les rendent trop embarrassant dans le bois. I1 conviendrait au contraire pour ce pays cy qu'elles fussent colées l'une à l'autre le long de la cuisse en forme de couteau de chasse." [35]

Etant donné le caractère assez vague des ordonnances sur les armes blanches au XVIIIe siècle, [36] l'uniformité de l'équipement militaire pouvait laisser à désirer. De l'étude des artefacts de la collection de la Forteresse de Louisbourg on peut dégager différents types d'armes blanches selon leurs parties constituantes et qu'illustrent les figures six à, onze. Sur un total


34 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. A.N., Col., F1A, vol. 34, fols. 176-181v.
35 De Raymond au ministre. Louisbourg, 12 décembre 1751. A.N., Col., C11B, vol. 31, fols. 94-97.
36 Bottet, Maurice. L'arme blanche..., pp. 14-16.



de vingt neuf pommeaux on constate une nette prédominance des pommeaux de forme ovale avec un total de vingt sept. Leurs hauteurs varient habituellement de 40 à 46 millimètres tandis que les deux pommeaux ronds ont chacun 30 et 34 millimètres de hauteur. La longueur des poignées, exclusion faite des pommeaux et des gardes, varient entre 79 et 93 millimètres. Sur un total de quatorze poignées, huit sont en bois recouvertes de fil de laiton, une autre en bois recouverte d'une mince feuille de fer et les cinq autres sont en cuivre et laiton fondus.

Les gardes d'épée et de sabres peuvent se diviser en trois grandes catégories: vingt quatre sont des coquilles doubles, c'est-à-dire taillées en forme de coeur. La plupart sont faites de laiton et doivent s'accompagner de pas d'âne et quillon. On trouve également treize pontats simples: ils ont la forme de coquille simple mais leur largeur en est presque le double. Ces gardes se terminent par un quillon mais ne possèdent pas de pas d'âne. Finalement la troisième catégorie est constituée de quatre pontats doubles. Le laiton est le matériau le plus usuel pour ces pontats. Les lames d'épées et de sabres sont elles de forme hexagonale (8), triangulaire (8), en lozange (15), et 11 n'ont qu'un seul tranchant. Etant donné l'état assez fragmentaire des artefacts il est impossible de donner une idée précise de la longueur de ces lames.

En autant qu'on puisse en juger par la documentation et les artefacts que j'ai pu étudier, la différence entre l'épée et le sabre réside surtout dans la forme et dimension des gardes. L'infanterie française semble avoir fait surtout usage d'une épée avec garde en forme de coeur, pas d'âne et quillon. [37] Les officiers américains utiliseront ce genre d'épée surtout


37 Moore, W. Weapons of the American..., pp. 125, 161.


pendant la guerre d'indépendance., et il faut aussi noter des modèles, surtout britanniques, sans pas d'âne. [38] Les sabres eux ont des pontats simples ou doubles beaucoup plus larges que les coquilles d'épée, mais sans pas d'âne. [39] On peut noter ici qu'au milieu du XVIIIe siècle les épées portées par l'infanterie française avaient vingt neuf pouce de lame pour les officiers supérieurs et vingt six pouce, pour les sous-officiers et les soldats. Le sabre lui mesurait trente et un pouces. [40]


38 Peterson, H.L. The American sword..., pp. 6-7 et 63-64.
39 Neumann, G.C. The history of Weapons...pp. 216-251. Bottet, M. L'arme blanche...pp. 14-25.
40 Mouillard, Lucien. Les régiments sous Louis XV. Paris, 1882, pp. 36-43.


 

POIGNEES D'EPEES ET DE SABRE

A = Site de L'hôpital  : en surface
B = 1B.16G1.911        : 1767-1930
C = 16L.10H4.1          : pre - 1758
D = 1B.4P14               : pre - 1758

 


L'exemple A peut être identifié come un coutelas de marine; le modèle est britannique mais la fabrique assez rudimentaire incite à croire qu'il fut fait aux Etats-Unis. [41] Ce type de coutelas aurait été utilise surtout de 1765 à 1785. La lame est à un seul tranchant avec rainures sur les deux côtés; la poignée sans pommeau est en bois mais recouverte dune mince feuille de fer. La branche et la garde, dune seule pièce, sont aussi en fer très mince.

Les poignées B et D me semblent ètre des poignées de sabre. La présence de deux branches a l'artéfact D en fait un exemple typique du sabre porté par les canonniers de Louisbourg. L'exemple B est un modèle français dea environs de 1730 [42] qui aurait très bien pu titre porté par les Suisses ou les grenadiers de l'infanterie française servant à Louisbourg. On notera que les gardes de sabres de fabrique anglaise ou américaine n'ont pas cette forme de coquille. [43] La poignée C, avec sa garde en coquille, son pas d'âne et quillon, sa lame en triangle, m'apparait être une poignée d'épée d'officier. Le travail de cette poignée en cuivre fondu est trop élaboré pour que cette épée ait pu appartenir à un simple soldat.


41 Peterson, H.L. The American Sword..., pp. 47-49.
42 Bottet, M. L'arme blanche ...., p. 15.
43 Peterson, H.L. The American Sword...; Neumann, G.C. The History of Weapons...


[Editor's Note: Figure VI: Poignees D'Epées et de Sabres - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


POIGNEES D'EPEES

A = 1B.5A7.261  : en surface
B = 1B.16C1.22  : post - 1758
C = 1B.17Y8.1    : pré - 1758
D = 1B.16C4.78  : 1730-1758
E = 2L.27R6.3    : trouvée dans un puit

 


L'exemple A peut être considéré comme une poignée typique d'épée de soldat français. Le corps même de la poignée est en bois recouvert de fil de laiton; le pommeau et le pas dune sont en laiton fondu. Les artéfacts B et D, en cuivre ou en laiton fondu, doivent, à cause de leur travail soigné, entrer dans la catégorie des épées d'officiers ou à tout le moins des officiels de la colonie. La poignée C en laiton fondue est tout probablement une poignée d'épée de fabrique anglaise, utilisée entre les années 1740-1760. [44] La poignée devrait dans ce cas s'accompagner dune garde en coquille terminée par un quillon, mais sans pas d'âne. L'artéfact E, avec sa poignée en bois recouverte de fil de laiton et sa lame en lozange très
courte, a été identifié comme une dague. Cet artéfact est une de rares pièces d porter une marque distinctive: le nom Michel Paris y est inscrit. I1 m'a malheureusement été impossible d'identifier ce personnage. Son nom n'apparait pas dans les registres paroissiaux de Louisbourg [45] et il ne semble pas qu'il ait été associé avec la famille d'Antoine Paris, une des familles importantes à Louisbourg. [46]


44 Peterson, Harold L. The American Sword..., pp. 6-70
45 Régistres paroissiaux de Louisbourg, 1722-1758. A.N., Section Outremer, vols. 406, 407, 408 et 409.
46 Acte de tutelle pour les enfants d'Antoine Paris. Louisbourg, nov-déc 1731. A.N., Section Outremer, G2, vo1. 180, fols. 560-98.


[Editor's Note: Figure VII: Poignees D'Epées  - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


 

GARDES D'EPEES ET DE SABRES

A = 52L.35A4       : pré - 1758
B = 1B.16F2.782  : 1758-68
C = 1L.30P2          : 1758-68
D = 1B.16G1.932  : 1767-1930
E = 1B.5A7.203    : en surface
F = 1B.5B13         :en surface

 


Les artéfacts A, D, et E illustrent les différentes grandeurs de gardes d'épée retrouvées dans les fouilles archéologiques à Louisbourg. Les gardes A et D conviennent à des épées avec pas d'âne et quillon, donc un modèle français, tandis que l'exemple E où la forme de coeur est moins prononcée convient plutôt à une épée sans pas d'âne, et d' origine anglaise probablement. Les pontats B et F sont des gardes de sabres: B s'applique à un sabre de grenadier et F à celui d'un canonnier. L'exemple C est difficile à identifier: il s'agit d'une garde en fer de forme elliptique. Elle est très corrodée et une partie manque; je n'en ai vu qu'un seul exemple de ce type dans la collection d'artéfacts et je ne saurais dire s'il s'agit d'une garde d'épée ou de sabre,, ni avancer quoi que ce soit sur son origine. Chose certaine elle ne semble pas du type utilisé par les simples soldats.


[Editor's Note: Figure VIII: Gardes D'Epées et de Sabres  - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


LAMES D'EPEES ET DE SABRES

A = 46L.1Y2.2      : pré - 1768
B = 1B.5A7.190    : en surface
C = 1B.16E2.197  : pré - 1730
D = 1B.5A7.281   : en surface

 


Dans la catégorie des lames à un seul tranchant, trois types se dégagent: il s'agit d'abord de la lame d un seul tranchant sans aucune autre marque distinctive (C) de la lame avec une petite rainure près du dos, (B) et de la lame avec rainure sur les deux côtés (A). On peut remarquer que les rares exemples de lames légèrement recourbées se retrouvent dans cette catégorie de lame à un seul tranchant. L'artéfact D représente les lames du type hexagonal.


[Editor's Note: Figure IX: Lanes D'Epées et de Sabres  - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


LAMES D'EPEES ET DE SABRES

A = 1B.16E2       : pré - 1730
B = 18.162.782   : 1758-1768
C = 1B.5A7.635  : en surface
D = 17L.1D2       : pré - 1740
E = 17L.4A2       : pré - 1768
F = 1B.5A7.283  : en surface

 


Les lames en lozange (artéfacts A, B et C: 15 sur un total de 42) représentent le type le plus commun que l'on retrouve dans les fouilles arehéologiques. I1 est intéressant de noter que la grande majorité de ces lames en lozange ont été retrouvé dans le secteur des casernes où logeaient les simples soldats. Les lames en triangle (artéfacts D. E et F, 8) se retrouvent elles dans des secteurs plutôt habités par des officiers. Cela peut laisser supposer que les épées de soldats avaient surtout one lame du lozange et celles des officiers one lame triangulaire. Logiquement cependant on devrait retrouver un plus grand nombre de lames en lozange. L'artéfact C représente un type d'épée plutôt spécial avec sa garde en croix. Cet exemplaire unique rappelle des épées en usage au XVIe siècle en France et en Italie. [47]


47 Stones George C, A Glossary of the construction, p. 592.


[Editor's Note: Figure X: Lanes D'Epées et de Sabres  - See original in the Fortress of Louisbourg Archives]


SABRE ET SON FOURREAU 

2L.13V10.3 (A et B) : trouvés dans un puit

 


Ce sabre fut retrouvé dans un puit situé sur la propriété du commissaire-ordonnateur de Louisbourg. Sa longueur totale est de trente neuf pouces et le fourreau mesure lui trente deux pouces. Le fourreau est fait d'un étui en bois recouvert de cuir. La lame est à un seul tranchant avec rainure sur les deux catés. La poignée rappelle celles des sabres de canonniers (figure VI, artéfact D) avec cette différence qu'elle ne possède qu'une seule branche. Dans l'état où se trouve cet artéfact il est impossible de dire si ce sabre a pu à un moment ou l'autre posséder cette deuxième branche.


[Editor's Note: Figure XI: Sabre et son Fourreau - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


C) Armes à feu et accessoires

Les soldats en garnison à Louisbourg utilisaient le fusil grenadier à garniture de fer et baionnette à douille fourni par l'abbé de La Combe. [48] Ce personnage semble bien avoir été le fournisseur attitré de l'Isle Royale avec ses fusils de Tulle, grenadiers et de chasse. Ainsi l'indiquent du moins des documents de 1719, [49] 1728, [50] 1746, [51] 1751. [52] Nous n'avons pu après cette dernière date relever le nom des fournisseurs de fusils grenadiers pour l'Isle Royale, mais l'abbé de La Combe était toujours en 1758 un fournisseur d'armes pour le ministère de la marine. [53] Située dans le Limousin la manufacture de Tulle était bien placée pour écouler ses produits vers les colonies par les ports de Bordeaux et de Rochefort.

Le XVIIIe siècle voit l'apparition en France des fusils réglementaires avec la création d'un premier modèle en 1717. Un nouveau modèle sera adopté en 1728 et on lui apportera quelques modifications en 1746 et 1754. [54] Ce sont


48 Ricouart au ministre. Rochefort, 2 juillet 1744. A.N., Col., F1A, vol. 35, fol. 22.
49 Conseil de Marine. Paris, le 25 mars 1719. A.N., Col., C11B, vol. 4, fols. 4-8.
50 Ministre à De LaCombe. Versailles, le 9 mars 1728. A.N., Col., B, vol. 51, fol. 19.
51 Ministre à M. de Ricouart, Versailles, le 5 décembre 1746. A.N., Col., B, vol. 84, fol. 398.
52 Prévost au ministre. Louisbourg, 1 novembre 1751. A.N., Col., C11B, vol. 30, fols. 235-35v.
53 Ministre à l'Abbé de la Combe. Versailles, 10 octobre 1758. A.N., Col., B, vol. 108, fol. 337v.
54 Boudriot, Jean. Armes à feu françaises modèles réglementaires 1717-1836. 2e série. Paris, 1963. Cahiers nos. 9 et 10.


donc ces modèles de fusil qu'on utilisera à Louisbourg. Sn effet même si les fusils exportés vers Louisbourg ne provenaient pas des manufactures royales de Saint Etienne, Maubeuge ou Charleville, la fabrication dans les autres manufactures était surveillée par des inspecteurs royaux afin que les armes soient en accord avec les ordonnances royales. Les caractéristiques principales de ce fusil étaient les suivantes.


" Longueur de l' arme : 1, 593 m.

Longueur du canon    : 1,188 m.

Calibre                        : 0,0175 m.

Poids de l'arme           : 4,100 kg. env." [55]

Le fusil de 1717 s'accompagnait dune baionnette à pans pleins tandis que ceux de 1728 et 1746 ont des baïonnettes 3 pans évidés (figure XII). L'équipement militaire du soldat à Louisbourg se complétait par une poire à poudre (figure XIII) qu'on nommait à l'époque fourniment et où le soldat conservait la poudre nécessaire pour amorcer son fusil. Dans le cas des canonniers il faut aussi ajouter ce qu'ils appelaient le poulverin dont la poudre servait à amorcer le canon. Finalement le dernier accessoire est la cartouchière ou gargoussier qui contient la poudre et les balles pour charger le fusil (figure XIV, XV et XVI).


55 Boudriot, Jean. Armes à feu..., cahier no. 10.


BAIONNETTES

A = 1B.5A5.1         : 1850
B = 1B.5A9.5         : en surface (?)
C = 1B.16E1.184   : post - 1730
D = 1B.16E2.386   : pré - 1730
E = 17L.27F2.7     : pré - 1758

 


La baionnette A a été datée des environs de 1850 à cause de sa quasi identité avec la baionnette anglaise modèle Enfield, de 1853. [56] L'exemple B est one pièce de musée (non un artéfact) qui vent surtout illustrer l'apparence d'une douille de baionnette à trois traits ou fentes. Le fusil modèle 1717 possédait one baionnette à pans pleins et one douille à deux traits [57] (artéfact E). Quant à l'exemple D, c'est le modèle le plus commun à Louisbourg (42 baionnettes sur un total de 62). Avec sa douille à deux traits et sa lame à pans évidés cette baionnette correspond au modèle utilisé sur les fusils 1728. [58] Avec le fusil modèle 1746 apparait la douille à trois traits mais la lame demeure semblable au modèle de 1728. [59] La douille de notre artéfact C correspond à ce modèle de 1746 mais le coude très allongé n'est pas réglementaire. Ce type de baionnette fut cependant utilisé à compter de 1746-1748. [60]


56 Hardin, A.N. The American Bayonet, 1776-1964. Philadelphia, 1964, p. 49.
57 Boudriot, Jean. Armes à feu..., cahier no. 10a.
58 Idem.
59 Margerand., J. Armement et équipement ...., p. 48.
60 Idem.


[Editor's Note: Figure XII: Baionnettes - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


POIRES A POUDRE

A = 1B.16C4      : 1720-1758
B = 16L.10Q5    : 1720-1758
C = 18.16Q2       : 1758- 1767
D = 2L.17J4        : 1750 1767
E = 1B.1H1-48   : 1713-1760
F = 1B.5A7.457  : en surface
G = 1B.1G1-58   : 1713-1760
H = 1B.4K21-6   : pré - 1758

 


Les soldats des Compagnies Franches et de l'infanterie utilisaient des fourniments de cuir noir retenus par une bretelle en peau de buffle à simple piqûre. [61] Ces fourniments de cuir remplacèrent vers 1737 des fourniments auparavant fabriqués de corne à resson couverts de cuivre jaune qui se brisaient trop facilement provoquant la perte de la poudre. [62] Les poires à poudre des canonniers étaient elles en cuir bouilli [63] mais je ne possède aucun détail sur celles des Suisses. Les artéfacts en laiton de la figure XIII illustrent les parties supérieure (A, B, E et F) et inférieure (C, D, G et H) d'une poire à poudre. On peut noter qu'à l'exception de l'exemple D, ces poires à poudre sont toutes du même type. Le corps même de la poire à poudre était en bois comme le démontre bien la présence de détritus de bois dans l'artéfact H.


61 Ricouart au ministre. Rochefort, 22 février 1744. A.N., Col., F1A, vol. 35, fols. 10-11.
62 Maurepas. Versailles, 19 septembre 1736. AM, Rochefort, 1E, vol. 125, fols. 219-224.
63 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. A.N., Col., F1A, vol. 34, fols. 176-181v.


[Editor's Note: Figure XIII: Poires à Poudre - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


CARTOUCHIERE 

A et B = 46L.6A3 : en surface

 


Les soldats des Compagnies Franches portaient une cartouchière ou gargoussier en cuir noir uni. [64] Avant 1738 les cartouchières étaient recouverts de peau de veau que la pluie et la neige faisaient pourrir facilement. Les autorités coloniales sollicitèrent en 1738 de les couvrir de peau de vache. [65] Il faut aussi note en 1739 l'apparition temporaire de cartouchières en cuir rouge armoirié d'une ancre blanche à côté des cartouchières en cuir noir uni. [66] Les canonniers avaient eux un gargoussier à dix neuf trous recouvert de peau de vache de Russie; comme garniture ce gargoussier portait les armes du Roi, et derrière, deux ancres en sautoir. [67] Quant aux soldats des battaillons d'infanterie ils avaient des cartouchières à 30 trous. [68] Les deux cartouchières retrouvées à Louisbourg (figures XIV, XV et XVI) sont à neuf trous et étaient destinées à être portées à la ceinture. On note que le bois est légèrement incurvé de façon à épouser le contour du corps.


64 Ricouart au ministre. Rochefort, 22 février 1744. A.N., Col., F1A, vol. 35, fols. 10-11.
65 Mémoire. Louisbourg, 1738. A.N., Col., C11B, vol. 20, fols. 317-319v.
66 Sabatier au ministre. Louisbourg, 1 janvier 1740. A.N., Col. C11B, vol. 21, fol. 234v.
67 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. A.N., Col., F1A, vol. 34, fols. 176-181v.
68 De la Grive des Assises au ministre. Louisbourg, 15 décembre 1756. S.H.A., A1, vol. 3417, fols. 307 (1-2-3-4) .


[Editor's Note: Figure XIV: Cartouchière - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


CARTOUCHIERE 

2L.27R6.2(A et B)

 


Les cartouchières à neuf trous faisaient partie, avec aussi des cartouchières ayant entre vingt et trente trous, de l'équipement des troupes anglaises et américaines. [69] I1 est donc possible que les artefacts retrouvée à Louisbourg aient été d'origine anglaise. I1 faut cependant noter que les soldats des Compagnies Franches portaient eux aussi les cartouchières à neuf trous. En effet le gouverneur de Raymond, traitant de cette pièce de l'équipement des Compagnies Franches, écrivait en 1751: "Les fourniments sont trop petits et les cartouches ne sont portés qu'à neuf trous." [70] Cette situation ne devait pas être corrigé par la suite puisque la mine plainte devait être adressée au ministre en 1757. [71]


69 Moore, W., Weapons of the American..., p. 199.
70 De Raymond au ministre de la marine. Louisbourg, 12 décembre 1751. A.N., Col., C11B, vol. 31, fols. 94-97.
71 Prévost au ministre de la marine. Louisbourg, 30/ 9/1757. A.N., Col., C11B, vol. 37, fol. 112v.


[Editor's Note: Figure XV: Cartouchière - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


[Editor's Notes: Figure XVI: Cartouchière - See the original in the Fortress of Louisbourg Archives]


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