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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

ETUDE SUR LE COSTUME MILITAIRE A LOUISBOURG: 1713-1758

PAR

GILLES PROULX

APRÈS MAI, 1971

Rapport H-F17R

[Projet de révision de H-F17]

Forteresse-de-Louisbourg

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IÉRE PARTIE

LES COMPAGNIES FRANCHES DE LA MARINE

A) Historique

De 1713 à 1758, de six a vingt-quatre Compagnies Franches, selon les périodes, tinrent garnison à Louisbourg avec des effectifs variant de quarante-cinq à soixante dix hommes par compagnie. L'institution de ce corps d'armée remontait au 16 décembre 1690 [1], et il devait être placé au service du département de la marine. I1 s'agissait en fait d'un regroupement des soldats de la marine servant sur les vaisseaux du Roi et dans les ports de France. Les colonies françaises relevant alors du ministère de la marine, l'envoi de soldats, membres de ces Compagnies Franches, dans ces colonies n'était donc gue naturel. Le ministère de la marine, avait d'ailleurs détaché des soldats vers le Canada pour la première fois en 1683. [2] La réorganisation de 1690 ne fera donc qu'établir un nouveau nom pour le groupe de soldats servant au Canada et appelé par la suite, à compter de 1713, à assurer la défense de l'Ile Royale.

Fondée en 1713, la forteresse de Louisbourg sera exempte de tout conflit armé jusqu'en 1745. Avant de raconter l'histoire de ses vicissitudes, il convient de présenter l'uniforme des Compagnies Franches tel qu'il existait vers la fin de cette période de paix. La présentation elle-même ne sera pas seulement une description statique, mais elle tracera dans ses grandes lignes l'évolution du costume militaire pour toute la période 1713-1758.


1 Règlement pour la levée, solde et discipline de quatre vingt companies d'infanterie que le Roy résolu d'entretenir pour le service de ses
vaisseaux. Au 16 décembre 1690
. A Paris, chez Estienne Michallet, 1693.
2 Lanctôt, Gustave. "Les troupes de la Nouvelle-France" in The Canadian Historical Association, 1926, p. 43.


Le règlement de 1690 créant les Compagnies Franches avait également décidé d'un uniforme, qui sera porté à Louisbourg, avec quelques transformations, pendant la période 1713-1758.

"L'habit d'un Soldat consistera en un justaucorps de drap gris blanc, doublé de revesche bleue, et garni de boutons d'estain, une culotte bleue de serge d'Aumalle, doublée de toile, des bas de mesme serge, une paire de souliers, deux chemises, une cravatte, un chapeau bordé d'un bord d'argent faux, un ceinturon, façon d'Elan, et une épée. A l'égard des Tambours et des Fiffres, ils seront habillez des livrées de Sa Majesté."[3]

Cet article du règlement de 1690 était en fait la reprise exacte de l'uniforme établi dans le Code des Armées navales de 1689 [4] pour les troupes de la marine.

Dés le 15 juin 1675 en fait, un uniforme avait été établi pour les soldats de la marine. Les capitaines devaient en effet fournir à leurs soldats: "une paire de chausse, bas et grand juste au corps de drap neuf doublé de ratine de couleur, un bon chapeau borne d'un galon d'argent, une paire de souliers neuf, deux chemises, deux cravates, un baudrier et une épée." [5] Ainsi des documents détaillés de 1719 [6] et de 1732, [7]


3 Règlement pour la levée,... Paris, 1693, art. 7.
4 Code des armées navales ou Recueil des Edits déclarations ordonnances et règlemens sur le fait de la marine du Roi depuis le commencement du règne de Louis XIV jusques et y compris l'Ordonnance de 1689, conférée avec les ordonnances postérieures sous le même règne et sous celui de Louis XV, jusques en 1757. A Amsterdam, et se trouve a Paris, chez Antoine Bourdet...MDCCLVII ,in-4., 347 p. de texte très serré. Forme le t. III de l'Histoire générale de la Marine, de Boismeslé et de Richebourg, p. 250-251.
5 Code des Armées navales... Paris, 1757, p. 148.
6 Montholon au Conseil de Marine. Rochefort, 2 avril, 1719. AN, F1A, vol. 21, fols. 77-790.
7 Maurepas à Beauharnois. Versailles, 30 septembre, 1732. AM, Roche fort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.


qui permettent d'établir l'existence à Louisbourg d'un costume pour sergents, soldats, caporaux et tambours, relevaient donc d'une tradition depuis longtemps établie. Le port de l'uniforme par les troupes de la marine, pour le Canada par exemple, était en effet de règle depuis 1684. [8] Ce ne sera cependant qu'en 1716 que le Conseil de Marine décidera que les troupes servant dans les colonies seraient à l'avenir habillées comme celles de la marine, les tambours cependant ne portant pas de croix sur leurs habits. [9]

Le gouvernement fournissait à ses troupes ce qu'on appelait alors le grand (la première année) et le petit (la seconde) habillement: le grand comprenait le justaucorps et le petit, la veste.

"Le grand habillement consiste en un justaucorps, une culote, deux chemises, deux cravates, un chapeau, une pair de bas et deux pairs de souliers. Le petit habillement consiste en une veste, une culote, deux chemises, deux cravates, un chapeau, une pair de bas et deux pairs de souliers." [10]

Etabli ainsi dès 1718, l'habillement, fourni aux Compagnies Franches de


8 Lanctôt, G. "Les troupes de la Nouvelle-France"... p. 48.
9 Décisions du Conseil de Marine. Paris, 17 janvier 1716. AM, Rochefort, 1E, vol. 87, fols. 45-46.
10 Mémoire anonyme sur l'Isle Royale. Louisbourg, 1718. AN, Col., Cl1B, vol. 1. fol. 48 1 v. Il est possible de se faire une assez bonne represéntation de la tenue vestimentaire du soldat grâce aux définitions et descriptions laissées par Diderot.


Louisbourg, ne subira jusqu'en 1758, que des variations mineures en ce qui concerne les tissus et les couleurs. Détail intéressant à noter: l'habillement des soldats était à peu prés identique au Canada et à l'Ile Royale. [11]

Traitant en 1741 de l'uniforme des Compagnies Franches de la marine, Lemau de la Jaisse en a donné la description suivante:

"Habit et paremens blancs, doublure bleue, petit colet blanc boutonné, boutons de cuivre plats, manches en bottes, poches en travers, veste, culotte et bas bleux, chapeau bordé d'or, et cocarde noire: Les Capitaines d'Armes ont les manches et les poches bordées d'or fin, avec des brandebourgs sur les manches; et les Sergents de même, sans brandebourgs." [12]

Ces données seront d'ailleurs reprises, mots pour mots, dix sept ans plus tard par les Chevaliers de Montandre et Montandre-Longchamps dans leur Etat Militaire de France pour l'année 1758. [13] Les Capitaines d'armes ne semblent pas avoir existé à Louisbourg. Mais pour le reste, les documents que nous avons trouvé pour les Compagnies Franches et que nous an analysons plus loin viennent corroborer ces descriptions.

Il ne faudrait pas confondre ici capitaines d'armes et capitaines de compagnie. Selon la définition donnée par le Code naval de


11 Conseil de Marine, Paris, 3 mars 1716. AM, Rochefort, 1E, vol. 87, fols. 167-170. Dans une lettre datée du 3 mars 1716 et adressée aux officiels du port de Rochefort, le Conseil de marine avait établi la politique générale suivante concernant l'habillement des troupes de la Nouvelle-France. "On envoye de deux sortes d'habillement dans les colonies, une année le grand habillement et l'autre le petit... Le grand habillement consiste pour l'Amérique septentrionale dans le justaucorps de drap et les menues hardes. Le petit habillement dans la veste avec les ménues hardes". Cette politique était toujours en vigueur en 1732 (1E, vol. 117, fols. 267-71) et rien n'indique qu'elle ait été changée avant 1745.
12 Lemau de la Jaisse, Septième Abrégé de la carte du militaire de France. Paris, 1741, p. 95.
13 Montandre et Montandre-Longchamps, Etat Militaire de France, pour l'année 1758. Paris, 1758, p. 335.


1689, en effet, le capitaine d'armes était un sous-officier qui, sur les bateaux, prenait soin des soldats. Ayant rang immédiatement au-dessus des sergents, il était chargé de l'inspection des armes et de leur distribution selon les besoins. [14] Selon tous les documents qu'il nous a été possible de consulter les Compagnies Franches de Louisbourg comprenaient en fait, de façon générale, quatre officiers, quatre sous-officiers et les soldats. Le groupe des officiers avait été augmenté de trois à quatre en 1723 avec création d'un enseigne en second [15]; à compter de 1732, il faudra ajouter aux quatre sous-officiers deux cadets par compagnie. [16]

Divers documents, portant sur les dépenses de l'Ile Royale et où  lion traite entre autres de la solde et de l'entretien des Compagnies Franches, permettent de recréer assez facilement l'organisation hiérarchique de chaque compagnie. Ainsi ce document de 1729:

"Solde et entretien des six compagnies françoises de soixante hommes chacune.

Au Capne. d'une compagnie pour ses appoint. de lad. année 1729 a 90 par mois cy .......................................... 1080
au lieutenant a 60 ....................................................................................................................................................    720
a l'enseigne idem a 40 ..............................................................................................................................................   480
a l'enseigne en second à 30 par mois .......................................................................................................................  360
a deux sergents a 13 par mois deduction faite de ce qui doit leur estre fournis pour vivres et habillement .......  312
a deux caporaux a 6 id. .............................................................................................................................................. 144
a cinquante six soldats à 30 s. id. ...........................................................................................................................  1008
Et pour six compagnies la somme de ..................................................................................................................   24624 ." [17]


14 Code des armées navales... Paris, 1757, p. 226.
15 Decisions du Conseil de Marine. Paris, 20 avril 1723. AM, Col., D2C, vol. 47, fol. 378.
16 Maurepas à St-Ovide et LeNormant. Paris, 24 juin 1732. AN, Col., B, vol. 57, fols 769-770.
17 LeRoy à B. Mouffle de la Tuillerie. Versailles, 13 juin 1729. AN, Col., D2D, cart. 1, s.p.



B) Les officiers: Capitaine, Lieutenant, Enseignes.

En ce qui a trait spécialement aux officiers, la question de l'uniforme n'obtient pas de réponse générale et précise. Les sources manuscrites que nous avons consultées pour toute la période allant de 1713 à 1745 demeurent muettes sur ce sujet. Les officiers n'étaient pas habillés par le gouvernement car on les aurait inclus probablement dans les marchés d'habillement pour les soldats. Mais il est logique de penser que leur habit portait quelques ornements distinctifs. Certains renseignements, touchant l'habillement des officiers en France, méritent d'être signalés même s'ils ne permettent pas d'affirmations catégoriques dans le cas des officiers servant à Louisbourg.

Ainsi lors de l'adoption d'un règlement concernant la police et la discipline des Compagnies Franches le 9 février 1695, le roi ajoutait un article qui se libellait ainsi: "Elle (Sa Majesté) veut aussi que les officiers aient chacun un justaucorps pareil au modèle qu'elle a fait envoyer dans les ports et qu'ils paraissent avec ces justaucorps les jours de revues et d'exercice". [18] Et un marché d'habillement, passé en 1697 pour les Compagnies Franches de France, permet de préciser le règlement que je citais plus haut. On y prévoyait en effet la fourniture d'uniformes autant pour les officiers que pour les soldats. "Les officiers ont un justaucorps gris blanc à doublure et paremens bleus, culottes et bas bleus, boutons dorés, chapeau bordé d'or à plumet blanc". [19] Si l'on excepte les boutons dorés, le galon d'or et le plumet, ce costume est semblable à celui des soldats.


18 "Réglement concernant la police et discipline des compagnies franches" in Gabriel Coste, Les anciennes troupes de la marine 1622-1792. Paris, 1893, p. 277.
19 Letrosne, Jacques. "Les Compagnies Franches de la marine" in Neptunia, numéro 86, printemps 1967, pp. 24-25.


Il faut aussi ajouter que les officiers de l'infanterie française portaient à l'époque l'uniforme, comme les y obligeait l'ordonnance royale du 10 avril 1737. [20] On se rappellera ici que lors de la création des Compagnies Franches en 1690, le Roi précisait bien "compagnies franches d'infanterie". [21] Ce qui était obligatoire pour l'infanterie française, devait donc être tout aussi valide pour les Compagnies Franches au service de la marine. Si l'on revient au Canada, on constate que le port de l'uniforme pour les officiers semble s'imposer à partir de 1732. S'adressant au gouverneur et à l'intendant de la Nouvelle-France, le ministre Maurepas écrivait en effet:

"Rien n'est plus convenable pour le service que l'habillement uniforme des officiers des troupes et jay fort aprouvé la proposition que vous m'avés faite a cet egard, cet habillement doit estre embarqué sur le vaisseau le Rubis et le Sr. Hersant marchand a Paris qui a esté chargé de cette fourniture sera payé du prix moitié sur les fonds de cette année et moitié sur ceux de l'année prochaine. M. Hocquart aura attention d'en faire la retenue aux officiers sur leurs


20 Lemau de la Jaisse . Septième abrégé... Paris, 1741, p. III.
21 Règlement pour la levée.. . Paris, 1693. Je laisse à l'historien Lucien Mouillard le soin de préciser quelque peu le costume des officiers de l'infanterie de France. "Les-officiers portaient le même uniforme que les soldats, mais en drap fin. Leurs cheveux étaient lies en queue comme ceux des soldats. Leur chapeau était galonné d'argent. Leur col de crin était double de peau blanche... La giberne des officiers, plus petite que celle des soldats, pouvait contenir 16 cartouches au lieu de 30. Le couvercle en cuir noir était orné d'un médaillon aux armes du roi, en cuivre doré. La courroie large de 27 lignes, était de buffle blanc verni ainsi que le ceinturon et le porte-épée. Dans le service, les officiers devaient porter le hausse-col en cuivre doré au milieu duquel était un médaillon aux armes du roi en argent. Tous les officiers subalternes devaient être armés d'un fusil à baionnette et d'une épée de 26 pouces. Les officiers supérieurs seuls portaient l'épée de 29 pouces." Lucien Mouillard, Les Regiments sous Louis XV, Paris, 1882, p. 43.


"appointements de ces deux années, par cet arrangement les officiers ne seront point incommodés de la retenue." [22]

I1 est bien probable que les officiers servant à Louisbourg ont suivi la même pratique. Les Compagnies Franches n'y ayant jamais le nombre complet de soldats, les officiers pouvaient très bien se munir d'uniformes à même ce qui était envoyé pour des compagnies complètes. Cette hypothèse me semble être confirmée par la mention que l'on trouve dans l'inventaire d'un capitaine de compagnie, le Chevalier Pierre de Montalembert de deux ou trois "habits uniformes" [23]. En 1732, comme je l'ai déjà mentionné, le ministre décidait d'établir à Louisbourg deux places de cadets par compagnie. Ces futurs officiers recevaient un uniforme semblable à celui des soldats et l'on peut se demander ce qu'il advenait de cet uniforme lorsqu'un cadet accédait au grade d'enseigne et ensuite à celui de lieutenant. Les grandes fortunes n'étant pas légion à Louisbourg, ces jeunes officiers gardaient sans doute leurs uniformes de cadets, quitte à y ajouter quelques ornements, plutôt qu'ils ne s'habillaient de neuf.

Lors d'un incendie survenu en 1752 au fort Guillaume à l'Indienne, le commissaire ordonnateur Jacques Prévost fit remettre aux officiers, qui avaient perdu tous leurs habits dans cet incendie, des uniformes de soldats. "Je les ay engage à se contenter d'habits de soldats pour remplacer les leurs", [24] déclarait-il au ministre. Ne pourrait-on pas


22 Maurepas à Beauharnois et Hocquart. Versailles, 8 avril 1732. AN, Col., B, vol. 59, fols. 630-30v. J'ai tout lieu de croire que ces uniformes furent effectivement acheminées vers le Canada puisque, dans une lettre du 15 octobre 1732, l'intendant Hocquart accuse réception des munitions et marchandises qu'il avait réclamé en 1731. Hocquart au ministre. Québec, 15 octobre 1732. AN, Col., C A, vol. 508, fol. 47.
23 Inventaire et vente des biens du Chevalier de Montalembert: AN, section outremer, G2, vol. 209, dossier 513. Louisbourg, 1757.
24 Prévost au ministre de la marine. Louisbourg, 16 novembre 1752. AN, Col., C11B, vol. 32, fols. 199-201.


voir lâ une indication que Prévost remplaçait des uniformes d'officiers, sans doute de tissu moins grossier, par de simples habits de soldats. S'il n'avait pas été dans la tradition des officiers de l'Ile Royale de porter un uniforme ou quelque chose de similaire, aurait-on songé à leur faire porter celui de soldat, même de façon temporaire, plutôt que de leur acheter au besoin des vêtements civils?

Je faisais plus tôt allusion aux grandes fortunes de Louisbourg. I1 est difficile de se faire une idée exacte de ce que pouvait être la situation financière des officiers servant à Louisbourg, et partant de la répercussion dans le domaine de l'uniforme, puisqu'il n'est resté que deux inventaires après décès de biens d'officiers. I1 s'agit de celui de Michel de Gannes, fait en 1752 [25], et celui de Pierre de Montalembert, en 1757. [26] Dans le premier cas on constate que la vente des biens rapportera un total de 4,862 livres trois sols, auquel il faut ajouter la valeur d'une propriété dont de Gannes s'était porté acquéreur en 1741 pour 6,000 livres. [27] La vente des biern du capitaine Montalembert donnera la somme de 2,783 livres cinq sols; ce devait être là toute sa fortune puisqu'il demeurait chez sa belle-mère, la veuve Chassin de Thierry.

Quant aux autres officiera l'on possède une idée assez précise de ce que pouvaient être leurs salaires annuels. [28] Il m'a été possible grâce aux marchés d'habillement de 1719, 1732 et 1744, de connaître ce que pouvait coûter un uniforme pour soldat et sous-officier (tableau II). S'il en coûtait approximativement quatre vingts livres pour


25 Inventaire et vente des biens de Michel de Gannes. Louisbourg, octobre novembre 1752. AN, Section outremer, G2, vol. 201, dossier 254.
26 Inventaire ... de Montalembert. AN, Section outremer, G2, vol. 209, dossier 513.
27 Thibault, H.P. L'ilôt 17 de Louisbourg, 1713-1758. Louisbourg, 1972, inédit, p. 84.
28 Solde et entretien de six compagnies françaises... AN, Col., D2D, carton I; voir note no. 17.


TABLEAU II
 
COUT DES UNIFORMES
  1719 1732 1744
UNIFORME Sergent Tambour Soldat Sergent Tambour Soldat Sergent Tambour Soldat
Justaucorps 25-0-0 22-0-0 20-0-0 40-5-0 46-0-0 24-0-0 42-4-0 47-13-0 25-13-0
Veste 13-3-6 7-2-6 6-7-6 15-10-0 9-15-0 9-15-0 16-12-6 11-16-0 11-16-0
Culotte 5-1-6 3-16-3 3-16-3 4-10-0 4-10-0 4-10-0 4-10-0 5-5-0 5-5-0
Chemise 2-8-0 2-8-0 2-8-0 2-12-6 2-12-6 2-12-6 3-0-0 3-0-0 3-0-0
Chapeau 9-0-0 2-9-0 2-9-0 10-5-0 2-15-0 2-15-0 10-15-0 3-3-0 3-3-0
Cravate 0-10-0 0-10-0 0-10-0 0-12-6 0-12-6 0-12-6 0-15-6 0-15-6 0-15-6
Bas 3-10-0 2-5-0 2-5-0 3-10-0 2-10-0 2-10-0 4-0-0 2-15-0 2-15-0
Soulier 2-15-0 2-15-0 2-15-0 2-12-6 2-12-6 2-12-6 2-16-0 2-16-0 2-16-0
                   
Sous-Total 63-8-0 43-5-9 40-10-9 79-17-6 71-7-6 49-7-6 85-8-0 81-3-6 59-3-6
                   
Ceinturion     2-10-0       3-5-0   2-15-0
Fusil Grenadier     22-0-0           22-3-0
Poire à Poudre     0-19-0           2-6-0
Cartouchière                 1-8-0
Epée             4-5-0   3-5-0
                   
TOTAL     65-19-9       92-18-0   91-0-6
               

habiller un sergent et cinquante pour un soldat en 1732, un uniforme d'officier était probablement plus dispendieux. Ainsi l'enseigne, qui recevait 360 livres, et le lieutenant, à 720 livres annuellement, ne pouvaient certainement pas faire montre d'un trop grand luxe vestimentaire. On notera également que la plupart des officiers étaient mariés et avaient, par conséquent, une famille à entretenir. Pour la seule période de 1722 à 1745, j'ai note plus de seize actes de mariage d'officiers dans les registres paroissiaux. [29] Ces registres paroissiaux révèlent qu'au moins douze autres officiers étaient également mariés. Ces quelques faits m'incitent à penser que les officiers de Louisbourg devaient attacher assez d'attention à la conservation de leur habillement.

Le fait d'être marié avait de nombreux avantages pour l'officier; il avait, contrairement à la plupart des soldats, quelqu'un pour s'occuper de son entretien et veiller à la préservation de ses vêtements. Le fait également de ne pas habiter les casernes, où  la propreté n'était pas ce qu'il y avait de plus adéquat et où  tout avait tendance à se détériorer facilement par l'humidité qui y régnait [30], mérite d'être souligné. En somme, que l'officier ait possédé ou non un uniforme, ses conditions de vie étaient certainement trés différentes de celles du soldat, et sa tenue vestimentaire plus soignée.

Les deux inventaires d'officiers, que j'ai relevés, sont particulièrenient révélateurs parce que les vêtements qu'on y indique ne me semble pas être ceux de simples civils. On note ainsi dans l'inventaire de Michel de Gannes la mention d'un habit blanc d'ordonnance de la marine.


29 Registres paroissiaux de Louisbourg, 1722-1745. AN, Section outremer, G1, vols. 406 et 407. J'ai compulsé toutes les fiches dressées lors
du dépouillement archivistique de ces deux volumes.
30 Adams, Blaine. The construction and occupation of the Barracks of the King's Bastion. Louisbourg, inédit, 1971, pp. 64-93. En 1744, par exemple, il ne semble y avoir eu qu'un seul officier résidant dans les casernes, soit un lieutenant suisse.


Selon la définition de Charles James dans son Dictionnaire militaire l'habit d'ordonnance était un habit régimentaire: uniforme pour officier,, soldat, etc. [31] On remarque dans ces deux inventaires que les couleurs dominantes sont le blanc pour les habits, le bleu et l'écarlate pour les vestes, le blanc, le bleu et le cramoisi pour les culottes. Ce choir de couleur correspondait très bien à ce qui était de règle pour les uniformes de la marine. Chez Montalembert par exemple on constate, si l'on met en parallèle les procès-verbaux d'inventaire et de vente, que les habits uniformes sont bien de drap blanc avec parements bleus: soient les mêmes couleurs que l'habit du sergent ou du soldat. Dans les deux inventaires également on note la présence de galon d'or ou doré sur certains vêtements et sur les chapeaux.

Il faut pourtant attendre 1757s pour trouver à Louisbourg, des informations détaillées sur un costume d'officier. C'est en effet dans une lettre adressée par Prévost au ministre de la marine, le 28 décembre 1757, qu'il m'a été possible de cueillir de tels renseignements. Ecrivant à la demande du général-marquis de Montcalm et de l'intendant François Bigot, Prévost réclamait en effet des uniformes pour quatre vingt seize officiers. Il y avait à ce moment là vingt quatre Compagnies Franches stationnées dans le gouvernement de l'Ile Royale.

"Quatrevingt seize habits de drap gris blanc, avect parements, les vestes, et les culottes de drap bleu et les doubleures de serge de laine aussi bleues, le tout en pièces avec les fournitures.
Quatrevingt seize garnitures de boutons compris les petits de cuivre doré et uniformes.
Quatrevingt seize chapeaux demi castors, bordés d'un galon d'or uniforme.
Quatrevingt seize redingottes de drap à doubles broches. [32]


31 James, Charles, Military Dictionnary, London, 1810, article: Ordonnance.
32 Prévost au ministre. Louisbourg, 28 decembre 1757. AN., Col., C11B, vol. 37, fol. 237 v.


De tout cela il ressort que les autorités ne semblent pas établir de distinction entre les capitaines, lieutenants et enseignes. D'après la demande les quatre vingt seize officiers porteront tous la même tenue. L'autre fait, intéressant à noter, est que l'on réclame "le tout en pièces avec les fournitures". Cela laisse donc supposer que l'on désirait obtenir le matériel seulement et que la confection des uniformes serait exécutée à Louisbourg même. La rédingotte, de l'anglais riding-coat, est un élément nouveau dans l'uniforme militaire. Cette "espèce de grand surtout boutonné par devant avec un collet et des ouvertures derrière et aux côtés" n'était d'ailleurs apparue en France que vers les années 1725-1730. [33] L'expression "de drap a doubles broches" laisse entendre qu'il devait s'agir d'un vêtement assez chic puisque les étoffes brochées étaient habituellement à motif floral, ou brodées de fils d'argent, de dorures, de clinquant, etc. [34]

En résumé, je crois que l'on peut dire que le port de l'uniforme par les officiers des Compagnies Franches à Louisbourg était une chose normale et en complet accord avec ce qui était d'usage en France et au Canada. Comme dans le cas des soldats la couleur du justaucorps était d'un gris-blanc avec des pavements bleus. La culotte était tout probablement assortie au justaucorps. Quant aux vestes, l'uniformité ne devait pas être loi. Les officiers portaient sans doute des vestes comme celles décrites dans les inventaires de Montalembert et de Gannes. "Veste dont les devans sont d'une etoffe brochée fonds blanc et fleur d'or",


33 Diderot, Dictionnaire raisonné... t. XIII, p. 875.
34 Diderot, Dictionnaire raisonné... t. II, p. 430.


"veste de droguet de soye bleu a branbours d'argent" ou "veste de canelé avec uncgalon d'or dessus". [35] Tout cela d'ailleurs s'accordait avec les modes française et anglaise de l'époque où : "contrasting waiscoats of richer material were worn, though the breeches usually matched the coat". [36]

C) Les sous-officiers: Sergents, Caporaux, Cadets.

Avec la catégorie des sous-officiers et, comme nous le verrons plus loin, celle des soldats, nous entrons véritablement dans le domaine du certain. Les documents concernant l'habillement de ces militaires sont nombreux: les divers marchés d'habillement que j'ai pu consulter sont riches de renseignements sur la nature des tissus à utiliser pour la confection des uniformes et sur les couleurs de ces tissus. I1 est également très rare que les métrages nécessaires pour fabriquer telle ou telle pièce de vêtement ne soient pas indiqués. Ces marches d'habillement fournissent habituellement les lieux de provenance des différents tissus utilises. Des études faites sur les manufactures de ces différents endroits au
XVIIIe siècle seraient sans doute très révélatrices sur la qualité des produits finis.

Les uniformes eux-mêmes devaient être confectionnés en France. Je n'en veux pour preuve que ce passage d'un mémoire signé par le gouverneur de Raymond: "La coupe des habits est mauvaise et ils sont si mal coupes qu'on est oblige de les faire refaire, pour ainsy dire, ce qui est fort onéreux pour la troupe dans une ville où  cette espece de main d'oeuvre coute très cher". [37] La main d'oeuvre était chère mais elle était


35 Inventaire des biens de Montalembert et de Gannes: AN, Section outremer, G2, vol. 209, dossier 513; vol. 201, dossier 254.
36 Waugh, Norah. The Cut of Men's Clothes 1600-1900. London, 1964, p. 56.
37 De Raymond ou ministre. Louisbourg, 12 décembre 1751. AN, Col., C11B, vol. 31, fol. 94.


surtout très rare. Une étude réalisée sur les artisans de Louisbourg démontre en effet qu'il n'y eut pas plus de vingt et un tailleurs d'habits et seulement trois couturières pour toute la période 1713-1758. [38] Et encore, faute de précision des documents, il est possible que le nombre de tailleurs soit légèrement gonflé par l'inclusion de tailleurs de pierre. Un nombre si restreint d'ouvriers spécialisés rendait donc logiquement impossible ici la confection des uniformes.

Les uniformes étaient donc fabriqués en France et tout probablement à Rochefort ou dans les environs. Les draps, les serges, pouvaient sans doute être tissés et préparés dans diverses localités de France comme l'indique les lieux d'origine mais le matériel était transporté à Rochefort pour être taillé et cousu. J'ai en effet relevé de nombreux exemple de passeports pour faire voiturer vers Rochefort des quantités considérables de tissu destiné à l'habillement des soldats servant dans les colonies. [39] I1 s'agit toujours de tel ou tel nombre d'aunes de tissu et non pas x justaucorps ou y vestes. Les passeports accordés évitaient aux muni-


38 Adams, Blaine. Artisans in Louisbourg, Louisbourg, texte manuscrit, 1972.
39 Ministre de la marine à M. de Karres. Versailles, 4 mars 1726. AN, Col., B. vol. 49, fol. 746, Ministre de la marine à M. de Karrer. Versailles, 29 mars 1745, AN, Col., B, vol. 82, fol. 323. Ministre de la marine au Sr. Jacques Framery, Versailles, 18 janvier 1745. AN, Col., B, vol. 82, fol. 50. Ministre de la marine à M. de la Coste. Versailles, 27 novembre 1731, AN, Col., B., vol. 55, fols. 96-97 v. Ministre de la marine au munitionnaire, Versailles, 11 janvier 1735. AN, Col. B, vol. 62, fols. 117-117 v. Ministre de la marine au Sr. Jacques Framery, Versailles 20 mars 1743. AN, Col. B, vol. 77, fol. 49 v. Ministre de la marine au Sr. Souvalle, Versailles 7 janvier 1750. AN, Col., B, vol. 92, fol. 42. A ces différents exemples de passeports on peut ajouter ce passage d'un mémoire, écrit et daté de Rochefort en 1723, qui m'apparait très explicite sur le lieu de fabrication des uniformes:

"Il est aussi arrive de Bordeaux la quantité de 2411 ou 1/8 de drap de Lodève gris blanc pour les justaucorps des sergents et des soldats... On travaille actuellement à faire les habits des soldats".

Gaillard au ministre de la marine. Rochefort le 2 juin 1723. AM, Rochefort, D3, s.p.


tionnaires de la marine de payer les droits des fermes du Roi. [40]

1- Le sergent:

Justaucorps= ce vétement était confectionné avec du drap fin de couleur gris-blanc et les parements étaient de drap fin bleu. Ces draps étaient tissés et préparés à la manufacture du bagne de Marseilles. La doublure était de serge bleue de Marvéjols et les manches étaient galon nées d'or fin de Lyon. Chaque justaucorps nécessitait trois douzaines de gros boutons "de cuivre doré sur bois" et les poches étaient fabriquées avec de la "toile rousse de brin". [41]


TABLEAU III

Sergent: Métrages des tissus du justaucorps

Matériel Longueur Largeur
     
Drap gris-blanc 2 aunes 1/3 -
Drap bleu 1/4 aune 1 aune 1/4
Serge 5 aunes 1/2 -
Galon 1 aune 1/4 2 pouces

Le justaucorps du sergent, tout au long de l'histoire de Louisbourg, fut toujours de même facture et de même couleur. On n'utilisera du drap tissé au bagne de Marseilles qu'à partir de 1732 seulement. [42]


40 Brémond et Beauharnois au ministre. Rochefort le 15 janvier 1734. AM, Rochefort. La photocopie de ce document ne porte que le sceau des Archives de Rochefort, sans reférénce archivistique. I1_ provient fort probablement de la série 1E, vol. 120.
41 Commis de la marine. Rochefort, 10 décembre 1745. AN, Col., C11B, vol. 27, fol. 81, On notera que l'aune équivaut à 1.18844 mètre. Lamontagne, Roland. Matières textiles et documents Maurepas. Montréal, 1970, p.
42 Maurepas à Beauharnois. Versailles, 30 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.


On aura noté dans le tableau qui précède, et c'est là une chose qui se répétera assez souvent dans les pages à venir, que certaines largeurs ne sont pas indiquées. En se basant sur Diderot je crois que l'on peut déduire qu'il s'agit d'une largeur réglementaire d'une aune et quart [43], d'où le silence des documents sur cette question. Quant à la "toile rousse de brin" utilisée pour les poches ainsi que pour les chemises, comme on le verra plus loin, il s'agit tout simplement d'une toile de chanvre. [44] L'adjectif rousse ne me semble avoir aucune connotation avec la couleur de la toile, puisque la toile de chanvre est plutôt d'un blanc jaunâtre. [45] Le terme rousse dérive plutôt du fait qu'il faut, avant de préparer la toile de chanvre, faire rouir les filaments de ce végétal.

Veste= on utilisait pour cette partie de l'habit du drap fin bleu, tissé lui aussi au bagne de Marseilles, et sa doublure comme celle du justaucorps, était en serge bleue de Marvejols. La veste avait également deux poches en toile rousse de brin et trois douzaines de petits boutons de cuivre doré sur bois complétaient ce vêtement. [46]


TABLEAU IV

Sergent: Métrages des tissus de la veste

Matériel Longueur Largeur
     
Drap bleu 2 aunes 1/6 1 aune 1/4
Serge bleue 3 aunes 1/4 -

 


43 Diderot, Dictionnaire... Recueil des planches... Art du tailleur, t. IX, planches XII-XVII. `
44 Bescherelle définit toile de brin - filaments de chanvre de bonne longueur. Cité dans R.-L. Séguin, Le costume civil en Nouvelle
France
. Ottawa, 1968, p. 63.
45 Weigert, R.A. Les textiles en Europe sous Louis XV. Fribourg, p. 167.
46 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-75v.



D'abord de mazamet bleu en 1717 [47], la veste devint de drap bleu fin du Languedoc en 1719 [48], et de Lodève en 1728. [49] A compter de 1732, le tissu proviendra du bagne de Marseilles. [50]

Culotte= Une aune et quart de serge bleue de Boisseson était nécessaire pour fabriquer la culotte; une aune et tiers de toile grise de lin servait pour la doublure et les deux poches. [51] Dan s les débuts de Louisbourg la culotte fut d'abord de mazamet bleu [52], de serge d'orange croisée en 1719 [53] et de Boisseson drapé bleu à partir de 1728. [54]

Chemise= la chemise était fabriquée de toile rousse de brin et chacune nécessitait trois aunes de matériel. Le tissu était de cinq huitièmes d'aune de large. On employait deux aunes pour le corps de la chemise, incluant les coeurs sur le devant et les pièces sur les côtés et sur les épaules. Une demie aune de tissu était nécessaire pour chacune des manches. [55] I1 n'y aura aucun changement pour cette partie de l'uniforme tout au long de l'histoire de Louisbourg.


47 Conseil à Pajot. Paris, 23 janvier 1717. AN, Col., B, vol. 39, fol. 165.
48 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719, AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
49 Maurepas. Versailles, 28 octobre 1728. A/M, Rochefort, 1E,, vol. 112, fols. 303-304.
50 Maurepas. Versailles, 30 septembre-1732. A/M, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.
51 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., FIA, vol. 34, fols. 175-75v.
52 Conseil à Pajot. Paris, 23 janvier 1717. AN, Col., B, vol. 39, fol. 165.
53 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719. AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
54 Maurepas. Fontainebleau, 26 octobre 1728. AN, Col., B, vol. 51, fols. 196v-197.
55 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-75v.


Chapeau= le sergent se coiffait d'un chapeau, façon de Caudebec, qui était bordé d'un galon d'or fin de Lyon mesurant un pouce de large
et pesant une once. Le chapeau était garni de sa coiffe, cordons, ganses de soie et boutons unis. [56] Comme dans le cas précédent aucun changement n'interviendra au cours de la période.

Cravate= elle était faite de toile blanche de Saint-Jean de Lyon. Le tissu mesurait une aune et un tiers de longueur et un tiers d'aune de large ou environ sans couture dans le milieu. [57] La cravate sera remplacée vers 1751 par un tour de col blanc [58] et un col d'étamine noir était demandé en 1755. [59] Mais il semble bien qu'on n'en reçut pas, du moins pas avant 1758.

Chaussure= cette partie de l'uniforme comprenait deux éléments: les bas et les souliers. A propos de ces derniers, le seul renseignement que donnent les documents les décrit comme des souliers à deux semelles de cuir fort [60], et ils seront toujours identiques de 1713 à 1758. Quant aux bas il s'agit de bas bleus à quatre fils fabriqués à Nîmes. [61] Originellement ils étaient en tricot; [62] vers 1719, le sergent portait des bas d'Estame bleu à trois fils [63] et de Nîmes à quatre fils vers 1722. [64]


56 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-75v.
57 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-175v.
58 Prévost au ministre. Louisbourg, 12 décembre 1751. AN, Col., C11B, vol. 31, fols. 94-97.
59 Prévost au ministre. Louisbourg, 12 novembre 1755 et Louisbourg, 30 septembre, 1757. AN, Col., C11B, vol. 35, fols. 205-210v; vol. 37, fols. 110-114.
60 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col. F1A, art. 34, fols. 175-75v.
61 Idem.
62 Pontchartrain à Soubras. Versailles, 4 juin 1715. AN, Col., B, vol. 37, fol. 224.
63 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719. AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
64 Pellerin au Conseil. Rochefort, 19 février 1722. AN, Col., F1A, vol. 22, fols. 229-229v.


Ceinturon= Bien que les documents antérieurs à 1745 soient assez rares sur le sujet, les sergents portaient également un ceinturon de peau de buffle semblable par l'aspect à celui des simples soldats. [65] Dans un document de 1746, alors que les Compagnies Franches de Louisbourg servaient en France, on accordait aux sergents un ceinturon de peau de buffle à simple piqure, certainement différent de celui du simple soldat, cependant, puisque le prix en était de 3l.52. pour sergent et de 2l.15s. pour soldat. [66]

2- Le caporal:

Tout semble indiquer que l'habillement du caporal était similaire à celui du soldat. En effet, les quantités d'uniformes envoyés pour les soldats étaient toujours supérieures au nombre réel de soldats, mais en y incluant les caporaux, l'égalité entre les uniformes disponibles et le nombre de soldats à habiller est atteinte. De plus, le prix exigé pour l'habillement du caporal était le même que pour le soldat. [67] I1 est fort probable, cependant, que, suivant l'exemple des caporaux de l'infanterie française, les caporaux à Louisbourg aient remplacé sur leurs habits le galon d'or des sergents par des insignes de laine. [68] Cela expliquerait le commentaire du gouverneur de Raymond en 1751: "L'on n'a point mis de gallon de lame pour les manches des caporaux, il faut cependant quelques marques qui les distinguent". [69] Cette remarque laisse aussi supposer que les


65 Bigot au ministre. Louisbourg, 19 octobre 1741. AN, Col., C11B, vol. 23, fols 99-108v.
66 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 30 decembre 1746. AN, Col., C11B, vol. 27, fols 275-76.
67 Mémoire anonyme sur l'Ile Royale. Louisbourg, 1718. AN. Col., C11B, vol. 1, fol. 482.
68 Mouillard, Lucien. Les régiments sous Louis XV, Paris, 1882, p. 37.
69 De Raymond au ministre. Louisbourg, 12 décembre 1751. AN, Col., C11B. vol. 31, fols. 94-97.


uniformes à Louisbourg n'étaient pas toujours en parfaite conformité avec ce que les règlements pouvaient prévoir.

3- Le cadet:

Le 19 juin 1732 les autorités métropolitaines émettaient une ordonnance pour établir deux cadets dans chaque Compagnie Franche de l'Ile Royale. Le but vise était d'entretenir l'émulation parmi les fils d'officiers servant dans les troupes comme simples soldats. [70] L'institution du grade de cadet était en somme une forme de compensation pour les officiers de l'Ile Royale qui ne pouvaient donner à leurs fils les mêmes occasions d'avancement qu'ils auraient pu avoir en France. C'est ainsi que les officiers en France pouvaient faire instruire leurs fils à l'école des cadets de Rochefort. [71] C'était là une chose que l'éloignement et le peu de fortune rendaient à toutes fins pratiques impossible pour les fils d'officiers de l'Ile Royale. La création de cadets à l'Ile Royale suivait d'un an une pareille institution annoncée pour le Canada par l'ordonnance du 8 mai 1731. [72]

Le justaucorps du cadet ne se distinguait de celui du soldat que par une "aiguillette de soie bleue et blanche ferrée par les deux bouts" [73], portée à l'épaule. Quillet définit aiguillette comme un ruban ou cordon ferré par les deux bouts. [74] Quant aux autres pièces de l'uniforme, veste, culotte, chemise, chapeau, cravate, bas et souliers, elles étaient des copies exactes de ce que portaient les soldats. [75] L'ha-


70 "Ordonnance pour l'établissement de deux cadets dans chaque compagnie des troupes à l'Isle Royale". Versailles, 19 juin 1732. AN, Col., B,
vol. 57, fols 786-787.
71 Maurepas à St-Ovide et Le Normant. Versailles, 24 juin 1732. AN, Col.. B, vol. 57, fols. 769-770.
72 Idem.
73 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 10 décembre 1745 AN, Col., C11B, vol. 27, fols. 81-82.
74 Dictionnaire encyclopédique Quillet, Paris, 1962, t. I, p. 90.
75 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols 175-175v.


billement des cadets ne semble pas avoir connu aucune évolution de 1732 à 1758.

D- Soldats et tambours, tambour-major, fifre.

1- Le soldat:

Justaucorps= Le corps de cet habit était fait de drap gris-blanc et les parements avec du drap bleu; comme pour le sergent, ces draps provenaient du bagne de Marseilles. On employait de la serge bleue de Marvéjols pour la doublure et on posait trois douzaines de gros boutons de "cuivre lamé sur bois" sur ce vêtement. [76]


TABLEAU V

Soldat: Métrages des tissus du justaucorps

Matériel Longueur Largeur
     
Drap gris-blanc 2 aunes -
Drap bleu 1/4 d'aune -
Serge bleue 5 aunes -

 


Vers 1728, on utilisait des draps de Lodève pour faire le justaucorps [77] et c'est à compter de 1732 qu'on recourrera aux draps de Marsei11es. [78] En somme le justaucorps du soldat ne diffère de celui du sergent que par la qualité des draps utilises et leurs métrages. Contrairement au sergent, le justaucorps du soldat n'est jamais décrit comme ayant des poches.


76 Commis de la marine. Rochefort, 20 mars 1715. AN, Col., C11B, vol. 27, fols. 81-82.
77 Maurepas. Fontainebleau, 26 octobre 1728. AN, Col., B, vol. 51,fols. 196v-197.
78 Maurepas. Versailles, 28 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.



Veste= on utilisait pour la veste du soldat de la serge bleue de Boisseson que l'on doublait de serge bleue de Marvéjols. Elle était aussi garnie de trois douzaines de petits boutons de "cuivre lamé sur bois" et se complétait avec deux poches en toile de brin. [79]


TABLEAU VI

Soldat: Métrage des tissus de la veste

Matériel Longueur Largeur
     
Serge de Boisseson 2 aunes -
Serge de Marvéjols 3 aunes -

 


Taillée dans du Mazamet bleu au départ [80], la veste sera de serge de Mouye bleue en 1719 [81[, de Mazamet drape bleu en 1730 [82], et de serge de Boisseson après 1732. [83]

Culotte= les culottes du soldat et du sergent étaient tout à fait identiques. [84] La culotte du soldat était donc coupée dans le même tissu que sa veste, et l'on peut noter que le choix des tissus pour la culotte évoluera de la même manière que dans le cas de la veste.

Chemise= elle était identique à la chemise du sergent. [85]


79 Commis de 1a marine au ministre. Rôchefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-75.
80 Conseil à Pajot. Paris, 23 janvier 1717. AN, Col., B, vol. 39, fol. 165.
81 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719. AN. Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
82. Maurepas. Versailles, 8 novembre 1729. AM, Rochefort, 1E, vol. 114, fols. 313-314.
83 Maurepas. Versailles, 28 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.
84 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., FIA, vol. 34, fols. 175-75v.
85 Conmis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., FIA, vol. 34, fols. 175-175v.


Chapeau= le soldat se coiffait lui aussi d'un chapeau, façon de Caudebec, qui possédait les mêmes parures que le chapeau du sergent. Le galon d'un pouce de large était cependant en "or faux sur soie". [86] En 1719 le chapeau du soldat était fabriqué de laine d'Arguelins et était garni à l'intérieur d'un cuir noir de deux pouces de large; un galon d'or faux le bordait. [87] Le chapeau façon Caudebec s'implanta définitivement en 1732. [88]

Cravate= elle est semblable à la cravate du sergent. [89]

Chaussure= le soldat portait des souliers identiques à ceux des sergents. [90] Ses bas cependant étaient drapes bleus et provenaient de Saint-Maixent. [91] D'abord drapés à la grande marche vers 1719 [92[, les bas origineront de Saint-Maixent dès 1722. [93]

Ceinturon= le ceinturon du soldat était en peau de buffle à simple piqure, et garni de sa boucle et ardillons. [94]

2- Le tambour et un fifre:

De 1713 à 1741, les Compagnies Franches en garnison à Louisbourg ne possédaient chacune qu'un seul tambour. Tous les marches d'habillement, antérieurs à l'année 1741 en effet, ne prévoient des uniformes de tambours que pour six ou huit soldats selon le nombre de compagnies. Le corps des tambours devait connaître en 1741 une réorganisation majeure avec la venue à Louisbourg du commandant Jean Baptiste Duquesnel.


86 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-175v.
87 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719. AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
88 Maurepas. Versailles, 28 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.
89 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., FIA, vol. 34, fols. 175-175v.
90 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-175v.
91 Idem.
92 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719. AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
93 Pellerin au ministre, Rochefort, 19 février 1722. AN, Col., F1A, vol. 22, fols. 229-229v.
94 Ricouart au ministre. Rochefort, 22 février 1744. AN, Col., F1A, vol. 35, fols. 10-11.


C'est ce dernier en effet qui prit la décision des porter à seize le nombre des tambours, soit deux par compagnies. [95] Par la même occasion on demandait d'ajouter à la garnison un tambour-major, qui assumerait l'autorité sur les seize tambours, et un fifre. On justifiera ces demandes d'augmentation de personnel en disant que huit tambours seuls ne pouvaient suffire au service, étant continuellement de garde. Toutes ces demandes furent approuvées par le ministre en 1742. [96] Le fifre était vêtu comme un tambour. [97]

La réorganisation du corps de tambours par le commandant Duquesnel n'est pas quelque chose d'isolé dans l'histoire militaire de Louisbourg. Cet effort de restructuration doit se comprendre dans la perspective plus large de tous les autres préparatifs militaires, face à la détérioration du climat international de l'époque. Ainsi pendant que les puissances européennes en viennent à nouveau aux prises, Louisbourg se prépare a en subir les séquelles et à tenter d'y pallier. Les effectifs des Compagnies Franches passent de soixante à soixante-dix hommes. Deux compagnies de miliciens seront organisées en 1741, suivie en 1743 de la création d'une compagnie de canonniers-bombardiers.

Justaucorps= Comme le soldat le tambour portait un habit de drap bleu avec, cependant, des revers de drap incarnat. Ces deux draps étaient eux aussi tissés à Marseilles. La doublure de ce justaucorps était en serge rouge de Marvéjols. Un large galon à la livrée du Roi ainsi que du bordé de la même livrée étaient cousus sur cet habit. L'ensemble se complétait


95 Duquesnel et Bigot au ministre de la marine. Louisbourg, 19 octobre 1741. AN, Col., C11B, vol. 23, fols 99-108v.
96 Maurepas à Duquesnel et Bigot. Versailles, 1 juin 1742. AN, Col., B, vol. 74, fols. 556-556v.
97 Commis de la marine, Rochefort, 10 décembre 1745. AN, Col., C 11B, vol. 27, fols. 81-82.


avec trois douzaines de gros boutons "de cuivre poly sur bois". [98]


TABLEAU VII

Tambour: Métrages des tissus du justaucorps

Matériel Longueur Largeur Poids
       
Drap bleu 2 aunes - -
Drap incarnat 1/4 d'aune - -
Serge rouge 5 aunes -  
Galon 16 aunes - 18 onces
Bordé 7 aunes - 4 onces

 


Le justaucorps du tambour était en 1728 taillé dans du drap de Lodève bleu [99] et c'est à compter de 1732 qu'on utilisera les draps tissés au  bagne de Marsei11es. [100]

Veste= elle était fabriquée de serge rouge de Boisseson et on la doublait, comme le justaucorps, de serge rouge de Marvéjols. La veste possédait deux poches de toile de brin et se boutonnait avec trois douzaines de petits boutons "de cuivre lame sur bois". [101] La veste, originelle-


TABLEAU VIII

Métrages des tissus de la veste

Matériel Longueur Largeur
     
Serge Boisseson 2 aunes -
Serge Marvéjols 3 aunes -

 


98 Commis de la marine, Rochefort, 10 décembre 1745. AN, Col., C11B, vol. 27, fols. 81-82. "Drummers generally wore King's livery i.e. blue coat with red collars and cuffs, the coat and waistcoat trimmed with crimson lace with a chain of white embroidery. The King was colonel of the Artillery Corps so they wore the King's colours, blue faced red". Embleton Gery, "The French Army in Canada" in la revue Tradition, no. 24.
99 Maurepas. Fontainebleau, 26 octobre 1728. AN, Col., B, vol. 51, fols. 196v-197.
100 Maurepas à Beauharnois. Versailles, 30 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.
101 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-175v.


ment de serge de Mouye rouge [102], semble bien avoir été de large Mazamet drape bleu vers 1728-1730 [103], pour revenir à la serge rouge à compter de 1732. [104[ En ce qui a trait à la période 1728-30, on pourrait croire à une erreur ou à un imprécision des documents officiels dans le choix des couleurs pour la veste; il est cependant surprenant qu'une telle erreur puisse se répéter dans plusieurs documents.

Culottes = la culotte nécessitait une aune et quart de serge rouge de Boisseson qu'on doublait avec une aune et tiers de toile grise de lin; elle possédait deux poches. [105] La culotte connaîtra dans les tissus et couleurs la même évolution que la veste.

Chemise= elle était similaire aux chemises du sergent et du soldat. [106]

Chapeau= il est identique à celui du soldat. [107]

Cravate= idem.

Chaussure= les souliers ne se différenciaient pas de ceux des soldats [108] et les bas étaient eux aussi des bas drapes de Saint-Maixent mais rouges. [109] Si les bas furent rouges de 1719 à 1725 [110], ils passèrent au bleu de 1728 à 1730 [111], et revinrent ensuite, en 1732, au rouge. [112]


102 Montholon au Conseil. Rochefort, 2 avril 1719. AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v.
103 Maurepas. Versailles, 8 novembre 1729. AM, Rochefort, 1E, vol. 114, fols. 313-314.
104 Maurepas à Beauharnois. Versailles, 30 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.
105 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 10 décembre 1745. AN, Col., C11B, vol. 27, fols. 81-82.
106 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-175v.
107 Idem.
108 Idem.
109 Idem.
110 Montholon au Conseil, Rochefort, 2 avril 1719; De Mézy, Louisbourg, 10 décembre 1725. AN, Col., F1A, vol. 21, fols. 77-79v; AN, Col.,
F1A, vol. 25, fols. 28-28v.
111 Maurepas. Fontainebleau, 26 octobre 1728; 8 novembre 1729. AN, Col., B, vol. 51, fols. 196-v-197; AM, Rochefort, 1E, vol. 114, fols. 313-314.
112 Maurepas à Beauharnois. Versailles, 30 septembre 1732. AM, Rochefort, 1E, vol. 117, fols. 267-271.


Ceinturon et collier= le tambour possédait comme le soldat un ceinturon qui dans son cas était recouvert du galon à la livrée du Roi [113]. Le collier ou porte-caisse était également couvert de ce même galon. [114]

Tambour= les caisses à tambour étaient peintes en bleu et parsemées de fleurs de lys. La documentation précise qu'il s'agit de tambours garnis de leurs timbres, cercles, cordages (brasses de ligne) et peaux de chèvres. On expédiait aussi des timbres et des peaux de rechange. [115] Cela va même jusqu'à inclure la cendre bleue [116], utilisée pour peindre les caisses. Bien qu'on eet employé à un certain moment, vers 1730, des peaux de parchemin pour les caisses de tambour [117], on fit généralement usage de peaux de chèvres à Louisbourg. En 1757, cependant, Prévost devait demander d'envoyer de bonnes caisses de tambours, plus grandes et plus larges, et de bonnes peaux de veaux: les peaux de chèvres ne duraient point. [118] Cercles et baguettes étaient en bois de frêne.

3- Le tambour-major:

Justaucorps= l'habit du tambour-major ne se différenciait du justaucorps du tambour que par des parements en velour et un galon à la grande livrée du Roi. [119]


113 Bigot au ministre. Louisbourg, 4 octobre 1741. AN, Col., C11B, vol. 211, fol. 174.
1111 Idem .
115 Ricouart au ministre. Rochefort, 22 février 1744. AN, Col., F1A, vol. 35 , fol. 10v .
116 Bigot au ministre. Louisbourg, 18 octobre 1741. AN, Col., C11B, vol. 23, fols. 169-176.
117 LeNormant au ministre. Louisbourg, 19 octobre 1734. AN, Col., C11B, vol. 14, fols. 222-224.
118 Prévost au ministre. Louisbourg, 30 septembre 1757. AN, Col., C11B, vol. 37, fols. 117-27.
119 Bigot au ministre. Louisbourg, 4 octobre 1741. AN, Col., C11B, vol. 24, fol. 173; et Maurepas à Bigot. Versailles, le 6 juin 1742. AN, Col., B, vol. 74, fols 565-566v.


Veste= Une aune et demie de drap écarlate, doublée de trois aunes et quart de serge écarlate de Marvéjols, servait à la confection de la veste. Trois douzaines de petits boutons de "cuivre doré sur bois" y étaient cousues. [120]

Culotte= Elle était taillée dans de la serge de Saint-Lô; doublure et poches étaient en toile grise. [121] Quant aux autres parties de l'uniforme, chemise, chapeau, cravate, souliers et bas, elles étaient identiques à celles portées par un sergent, les bas étant cependant de couleur écarlate. [122]

Le tambour-major ne sera cependant pas le seul personnage à porter l'habit à la grande livrée du roy, puisqu'en plus d'envoyer cet habit pour le tambour major, on en enverra aussi un pour le gardien du magasin du roi avec veste et culotte bl.eus selon la demande. [123] De même, en 1752, le gardien de la maison du commissaire-ordonnateur recevait le même genre d'habit. [124] En 1757, vestes et culottes pour ces deux gardiens étaient en drap fin écarlate, les bas de laine fine de Nîmes de couleur écarlate. [125]


120 Commis de la marine au ministre. Rochefort, 5 novembre 1743. AN, Col., F1A, vol. 34, fols. 175-175v.
121 Idem.
122 [sic]
123 Bigot au ministre. Louisbourg, 19 octobre 1741. AN, Col., C11B, vol. 23, fols. 99-108v.
124 Prévost au ministre. Louisbourg, 25 octobre 1752. AN, Col., C11B, vol. 32, fols. 183-190.
125 Prévost au ministre. Louisbourg, 30 septembre 1757. AN, Col., C11B, vol. 37, fols. 117-127.


E- Accoutrement pour la troupe (sans les armes).

L'uniforme des membres des Compagnies Franches n'était pas uniquement constitué par les différents vêtements que j'ai pu mentionner ou décrire dans les pages précédentes. I1 faut aussi y inclure différents éléments qui pouvaient être portés ou utilises par les militaires de Louisbourg indifférement des grades. Cette section recouvre donc des vêtements, des articles de toilette, fournis par le munitionnaire de la marine.

Par temps froids ou pluvieux le soldat de faction pouvait se couvrir d'une cape ou capot. C'était un vêtement de drap gris-blance un drap de Lodéve. [126] C'est d'ailleurs le seul exemple de vêtement ou ressort véritablement le rôle protecteur (contre les intempéries) de l'uniforme. A ces capes on peut ajouter des sarrauts de toile de coutil. Les soldats de Louisbourg n'en utilisèrent qu'entre 1714 et 1725 environ. [127] I1 semble bien que c'était un vêtement de travail que le soldat pouvait enfiler pour protéger son uniforme.

La plupart des gravures et peintures du XVIIIe siècle que j'ai pu consulter au cours de ma recherche représentent habituellement le soldat français avec des guêtres. A Louisbourg cependant les guêtres ne semblent pas avoir fait partie de l'accoutrement usuel du soldat. Une référence documentaire datant de 1743, où  l'on parle de huit cents paires de guêtres à transporter à l'Ile Royale, est en effet la seule que j'ai relevé avant 1745. Maurepas y déclare en effet avoir accordé au Sieur Chassin de Thierry, officier de l'Ile Royale, trois tonneaux pour le trans-


126 Ricouart au ministre de la marine. Rochefort, 22 février 1744. AN, Col., F1A, vol. 35, fols 10-11.
127 Ministre de la marine à Beauharnois. Versailles, février 1714. AN, Col., B. vol. 36, fols 51-51v. Sabatier au ministre de la marine Louisbourg, 1 octobre 1725, AN, Col., C11B, vol. 7, fols. 300-305.


port de 800 paires de guêtres et autres effets qu'on l'avait chargé d'acheter en France pour les troupes de l'Ile Royale. [128] Je n'ai cependant relevé aucune évidence documentaire autorisant à penser que ces guêtres aient pu, ou non, atteindre leur destination. Il est d'ailleurs à noter que dans les états des envois à faire aux colonies pour l'habillement des troupes, alors que l'on mentionne habituellement des guêtres pour les Iles du Vent, on n'en dit mot pour le Canada et l'Ile Royale. [129] Le port des guêtres à Louisbourg ne fut généralisé qu'après 1751, mais encore là s'il faut en croire les autorités coloniales, c'était par suite d'une faveur accordée par le commissaire-ordonnateur Prévost. [130] et non par obligation gouvernementale.

Les autorités attendaient certainement du soldat de Louisbourg qu'il soit en mesure d'entretenir son uniforme et de faire lui-même les petites réparations. Chaque soldat en effet recevait annuellement des aiguilles à coudre et environ deux onces de fil de Rennes bleu et blanc. [131] L'accoutrement du soldat se complétait finalement avec quelques articles de toilette: deux peignes et deux livres de savon annuellement. I1 s'agissait de peignes de buis de quatre à cinq pouces et du savon marbré de Marseilles. [132]


128 Maurepas à Ricouart. Versailles, 21 juin 1743. AN, Col., B, vol. 77, fols 266-266v.
129 AM, Rochefort, 1E. Les différents volumes cités dans ce rapport.
130 Prevost au ministre de la marine. Louisbourg, 11 octobre 1756, AN, Col. ., C11B, vol. 36, fols 152-152v.
131 Ricouart au ministre de la marine. Rochefort, 22 février 1744. AN.9 Col., F1A, vol. 35, fols 10-11.
132 Ricouart au ministre de la marine. Rochefort, 22 février 1744. AN, Col., F1A, vol. 35, fols 10-11. Selon Diderot les peignes de buis étaient fabriqués dans du bois jaunâtre très dur. Quant au savon marbré il s'agissait d'un savon strié de bleu et de rouge, grâce à la couperose et à, la terre de cinnabre qui entrait dans sa composition.


F- Problèmes et perspectives d'ensemble:

Dans une dépêche adressée au ministère de la Marine en 1751 133 a et que j'analyse en partie ici, le gouverneur de Raymond établit les principaux défauts de l'habillement et de l'armement des soldats. Des remarques ne peuvent que laisser songeur sur ce que devait être la qualité de l'équipement des soldats avant cette date. Ruant à la période qui suit, la tension internationale et le conflit armé se chargeront de restreindre les améliorations dans l'uniforme des soldats. Bien que le mémoire dont nous faisons état ici ait été signé par de Raymond, il est fort possible, que celui-ci n'ait fait que reprendre des idées émises par le Courtois de Surlaville. J. S. McLennan attribue en effet un document quasi identique à ce dernier; cette hypothèse est d'autant plus logique qu'à titre de major des troupes, Surlaville était chargé de la discipline et de l'entretien des soldats à Louisbourg.

Un des principaux problèmes qui ressort de ce mémoire est la qualité même du matériel fourni aux soldats. Le drap des habits était trop mince et "trop peu frappé" donc trop clair. La même difficulté apparait également avec la toile utilisée pour les chemises. Ce que l'on cherchait à corriger en fait, c'était des vêtements qui protégeaient très peu du froid et probablement à usure trop facile. Cette insistance sur le rôle protecteur de l'habit contre les intempéries me semble dû au fait que le justaucorps était le seul vêtement dont le soldat disposait pour la saison froide. En somme ce qui se répète en 1751, ce sont les mêmes défauts reprochés en 1727 et auxquels je faisais allusion en note liminaire.


133 De Raymond au ministre. Louisbourg, 12 décembre 1751. AN, Col., C11B, vol. 31, fols 94-97.


La coupe des habits et des guêtres, la façon des chapeaux, tout cela suscite également des commentaires peu élogieux. Dans le cas des guêtres par exemple, on aurait préféré recevoir de la toile non coupée de façon à pouvoir les confectionner sur mesure. Les bas ne semblent avoir été guère mieux. On a vu que le sergent portait des bas à quatre fils et le soldat des bas drapés. Il m'a été impossible d'éclaircir l'expression à quatre fils mais je doute fort qu'il ait pu s'agir de bas de tricot puisque ces derniers avaient été supprimés en 1715. [134] L'expression drape laisse croire que les bas du soldat étaient taillés dans un drap quel conque, avec comme résultat probable d'être peu confortables.

Quant aux souliers, ils ne possédaient souvent qu'une semelle simple et étaient la plupart du temps mal cloutés. La couleur des vêtements retient même l'attention des autorités. On aurait préféré des habits bleus aux blancs réglementaires qu'on trouvait trop salissants, des cols noirs au lieu des blancs, qui avaient remplacés les cravates blanches après la première occupation anglaise. Ce commentaire apparait très révélateur de l'allure que pouvait avoir à Louisbourg, la tenue vestimentaire du soldat: la propreté ne devait pas y être des meilleures.

La vie dans les casernes ne favorisait pas en effet le soldat et avait des répercussions immédiates sur son habillement et accoutrement. Ainsi en 1727 Maurepas refusait d'envoyer aux soldats de Louisbourg des matelats, traversins, draps et couvertures sous prétexte que ces fournitures seraient bientôt pourries, les casernes n'étant pas très impeméables. [135] Onze ans plus tard on faisait face encore une fois,


134 Pontchartrain à Soubras. Versailles, 4 juin 1715. AN, Col., B, vol. 37, fol. 224.
135 Maurépas à St-Ovide et De Mézy. Versailles, 10 juin 1727. AN, Col., B, vol. 50, fols 573-575v.


comme l'indique une lettre des autorités coloniales, au même genre de problèmes.

"Permettes nous, Monseigneur, de vous représenter l'utilité qu'il y auroit de fournir des matelats et des draps aux soldats. Le pais est assés rude pour l'exiger et il n'est pas possible que les habits avec lesquels il faut qu'ils couchent l'hyver puissent se conserver propres; on ne scauroit d'ailleurs changer qu'une fois l'année l'herbe sur laquelle ils couchent ce qui cause tant d'insectes dans leur chambre que la plupart couche l'été par préférence sur le rempart." [136]

Humidité, insectes, vermine, tout cela ne créait certainement pas un climat propice à une bonne tenue vestimentaire et à la discipline en général .

Les délais dans la livraison du matériel, que ce soit les uniformes ou l'équipement militaire, ne facilitaient pas les choses pour les autorités et les soldats. Ces retards n'étaient pas provoqués uniquement par l'éloignement entre Louisbourg et la métropole mais aussi par le peu de rapidité que mettaient les fournisseurs français à expédier le matériel commandé au munitionnaire de la marine. Tout au long de la période en effet, on voit le ministre de la marine presser les fournisseurs de respecter les délais fixés. Pour le soldat à Louisbourg, cela signifiait souvent de l'équipement défectueux ou incomplet, des vêtements dont il devait se passer. On comprend alors plus facilement qu'il ne se soit point gêné pour protester et que la discipline ait pu en souffir. Ainsi, lors de la mutinerie de 1744, un des motifs invoqués put être le fait que les recrues n'avaient point reçu leur habillement depuis 1741. [137]


136 Deforant et Bigot à Maurepas. Louisbourg, 4 novembre 1739. AN, Col., C11B, vol. 21, fols 15-16.
137 Adams, Blaine. The construction .... of the Barracks of the King's Bastion. Louisbourg, 1971, p. 92.


Les diverses attitudes adoptées par le soldat de Louisbourg face à ses conditions de vie auront elles aussi leurs répercussions dans le domaine de l'habillement. J'ai déjà signalé en note liminaire le choix que pouvait faire le soldat entre la boisson et l'achat de vêtements. Le fait de retenir à la source l'argent nécessaire pour couvrir le coût des uniformes ne sera quand même pas suffisant pour atténuer le problème de l'ivrognerie et, partant, la paresse et la négligence chez le soldat. L'alcool représentait pour lui une échappatoire face à. l'isolement de Louisbourg et aux difficultés qu'il devait supporter. Non seulement les soldats formaient-ils la clientèle la plus assidue dans la vingtaine d'au berges et de cabarets de Louisbourg mais ils pouvaient également s'abreuver dans les cantines tenues par les officiers, de façon presque continue, de 1716 à 1742. [138] Il ne fallait donc pas s'attendre de ces soldats qu'ils soient très attentifs à des questions comme l'uniforme et l'équipement militaire.

De 1713 à 1744 les soldats en garnison à Louisbourg n'auront jamais, à cause de la paix entre la France et l'Angleterre, à faire face à l'ennemi. Ils n'auront pas non plus contrairement à leurs collègues du Canada à se mesurer aux Indiens. Ainsi le service militaire, comme les questions connexes de l'uniforme et de l'équipement seront donc relégués au second plan. Le militaire de Louisbourg peut être considéré beaucoup plus comme un ouvrier que comme un soldat. De 1720 à 1742 en effet les soldats auront à construire tout un système de fortifications pour défendre Louisbourg ainsi que de nombreux édifices publics comme les


138 Proulx, Gilles. Aubergistes et cabaretiers de Louisbourg, 1713-1758. Louisbourg, 1972, inédit.


casernes et les magasins du Roi. A ce titre il m'apparait intéressant d'aborder le problème des vêtements de travail.

Les quelques documents établissant un lien entre travail et vêtements de soldats laisseraient croire qu'on portait tout simplement les uniformes pour travailler. Ainsi Saint-Ovide et de Mézy écrivaient-ils en 1726:

"Nous avons fait donner aux effectifs des troupes françoises le petit habillement, et aux recrues, ce qui restoit de justaucorps S'il y parroit quelque partie d'habillement en vente dans les balances de l'année dernière, c'est aux soldats à qui on les-vend pour remplacer ceux qu'ils auroient brulés ou mis en pièces en allant au bois et afin qu'ils ne soient pas déquenillés." [139]

Un autre document, datant lui de 1734, "Etat des hardes et effets que les soldats détachés pour travailler au chemin de Louisbourg à Miré sous la conduite du Sr. Loppinot, officier de cette garnison, ont perdus dans l'incendie arrive à leur cabane sur le dit chemin" [140] vient confirmer cette présomption que les vêtements de travail n'existaient pas. On y détaille en effet parmi les biens perdus quatre justaucorps de munition, trois vestes et douze culottes de munition. Pourquoi ces soldats auraient-ils emporté avec eux du linge fourni par le munitionnaire et faisant par conséquent partie de leur uniforme s'ils possédaient des vêtements de travail?

Il est cependant fort possible que les soldats servant à Louisbourg ont possédé des vêtements civils, dont ils ont pu se servir comme vêtements de travail. Comment expliquer autrement les nombreux vols


139 St-Ovide et de Mézy au ministre, Louisbourg; 1 décembre 1726. AN, Col., C11B, col. 8, fol. 22v.
140 St-Ovide au ministre. Louisbourg, 16 novembre 1734. AN, Col., C11B, vol. 15, fol. 167.


de vêtements civils effectués par les soldats [141]. En admettant ces vêtements volés (habits, chemises, etc.), ne devaient-il pas avoir des prétextes de les posséder? D'ailleurs, une déposition faite lors d'un procès en 1756 vient confirmer cette possibilité de vêtements civils pour les soldats: "... Le déposant, pensant que c'était un habit que ce soldat pouvait avoir porté de France avec lui... et luy (le soldat) en ayant demandé six livres, le déposant luy en offrit trois, Parce que c'était un vieux habit qui avait été reteint en Brun et qui etoit petit..." [142] Le brun n'était pas une couleur réglementaire pour uniformes.

D'autre part, selon les prescriptions du Code Militaire en vigueur à Louisbourg, [143] les soldats ne pouvaient porter l'uniforme pour travailler: "Le Sergent de Garde aura la clef de la porte (des casernes) et ne laissera sortir aucun soldat le matin pour aller au travail avec l'habit de soldat ni l'épée; Voulant Sa Majesté, que ceux qui voudront travailler ayent d'autres habite que ceux de soldats pour aller au travail" [144] I1 est possible qu'à certaines périodes de l'histoire de Louisbourg on ait passé outre à, ce règlement adopté en 1691, cela expliquerait les sarrauts de 1714 à 1725, mais à partir de 1730, tous les officiers de Compagnies étaient informés par De Bourville, gouverneur par intérim, qu'ils devaient se conformer à la nouvelle compilation des ordonnances de la guerre dans les cas non prévus par celles de la marine et des colonies. [145]


141 Greffe des Colonies, Bailliage de Louisbourg. Procédures judiciaires. AN, Section Outre-mer, G2, vol. 197, dossier 135, 1740. AN, Section Outre-mer, G2, vol: 209, dossier 491, 1751. AN, Section Outre-mer, G2, vol. 210, dossier 511, 1751.
142 Greffe des Colonies, Bailliage de Louisbourg. AN, Section Outre-mer, G2, vol. 205, dossier 391, 1756.
143 De Mézy au ministre. Louisbourg, 4 décembre 1730. AN, Col., C11B, vol. 11, fols. 61-68.
144 Code militaire, vol. 1, Art. CXLIV, p. 65, 1728.
145 De Mézy au ministre. Louisbourg, 4 décembre 1730. AN, Col., C11B, vol. 11, foLs. 61-68.


Compte tenu des transformations qui eurent lieu de 1713 à 1732 dans les teintes et tissus employés, on peut dire que c'est à partir de 1732 que les Compagnies Franches de Louisbourg eurent véritablement un uniforme assez déterminé. Ainsi, avec leur uniforme blanc et bleu, les soldats qui tinrent garnison à, l'Ile Royale furent habillés, en principe, comme leurs collègues des autres colonies et de la métropole. Evidemment, l'éloignement et le climat rigoureux les empêchèrent d'être équipés, comme on disait à l'époque, "des dernières modes de Paris". [146]


146 Inventaire des biens perdus par l'arpenteur Vallée lors d'un naufrage. Louisbourg, 18 janvier 1739. ACM, série B, vol. 275, fol. 61v.


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