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Researching the
Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada
LE
COSTUME CIVIL A LOUISBOURG: 1713 - 1758
LE COSTUME DES ENFANTS
BY
MONIQUE LA GRENADE
OCTOBRE 1973
Report H F 16B
Forteresse-de-Louisbourg
CONCLUSION
La première remarque qui s'impose au sujet du costume des enfants à Louisbourg, c'est le silence des documents. Comme nous l'avons déjà souligné à propos de certains articles, cela s’explique de deux façons. En ce qui a trait aux vêtements des nouveaux-nés, c'est souvent un carré de toile ou de lainage qui aura pu servir de couche ou de lange. I1 est donc fort concevable qu'on n'ait pas pris soin de noter l'usage de ces pièces lorsqu'on devait les inventorier. Quant aux vêtements des enfants plus âgés, ils avaient la même coupe que ceux des adultes. On précisait donc parfois qu'il s'agissait d'un vêtement "d'enfant", ou encore, on qualifiait l'article en question de "petit". Dans les autres cas, cela a dû passer inaperçu aux yeux des greffiers, de sorte que nous en avons perdu la trace, de nos jours.
Quoiqu'il en soit, cette lacune des sources primaires a pu être comblée à l'aide des ouvrages généraux. Il en résulte que l'étude du costume des enfants à Louisbourg, est révélatrice à trois points de vue. Elle permet d'abord de visualiser ce qu'était cet habillement. Au delà de cet aspect concret, elle nous renseigne aussi sur la mentalité de l'époque, en ce qui concerne le comportement social et l'éducation des enfants. Enfin, elle complète, l'idée qui se dégage de l'étude du costume des adultes., au sujet de la, mode à Louisbourg, au XVIIIème siècle.
Après avoir étudié chaque article de l'habillement des enfants, il est possible d'en concevoir l'ensemble de la façon suivante. On habillait presque toujours les nouveaux-nés en vêtements de toile: chemises de brassière, couches, bonnets, et on les enveloppait dans des langes de toile ou de lainage. Tous ces vêtements étaient fort simples à Louisbourg, oÙ on n'en voit pas en dentelles, ou en satin, ce qui aurant pu dénoter un certain luxe.
Ceci ne signifie pas une absence totale de raffinement, car certains parents avaient le souci de faire porter des corps à baleine à leurs enfants, ce qui était surtout d'usage dans les milieux riches. Les enfants qui viennent de ces famines en portent dès l'âge de deux ou trois ans, pour apprendre à se bien tenir. A cet Age, garçons et filles portent la "chemise d'enfant" de toile, ainsi que la robe longue ou le fourreau. Il en existe à Louisbourg, en lainage rayé, ou en toile peinte, qui se nomme "indienne".
Les enfants de six ans ou plus ont un habillement différent selon leur sexe. Les documents font très peu allusion au costume des garçons. Pour le visualiser, c'est donc surtout le costume des hommes qui peut servir de guide. Les enfants de milieu aisé portent l'habit, c'est-à-dire, la veste et le justaucorps assortis à la culotte. Certains sont coiffés du chapeau de feutre; et on en voit même qui ont une épée. Quant aux autres, moins riches, ils endossent par dessus leur chemise, un simple gilet qui n’est pas nécessairement assorti à leur culotte. Pour ce qui est de la chemise, elle demeure toujours le vêtement de base. Comme vêtement d'extérieur, les garçons ont un genre de manteau long, le capot, pour se protéger du froid.
Les filles adoptent la tenue de leurs mères. Elles se couvrent la tête de la coiffe, et selon qu'elles sont de famines plus ou moins riches, elles ont des robes bien ajustées, taillées dans de beaux tissus, ou de simples jupes de lainage ou de coton. On remarque toutefois qu'à Louisbourg, les robes et les jupes de fillettes mentionnées sont en tissus très sobres: étamine, calamandre. Certaines fillettes avaient pourtant de beaux vêtements, car on y trouve, par exemple, une cape de camelot qui valait assez cher. Mais ordinairement, au lieu de la cape longue, c’est le mantelet, plus court, que les femmes et les filles portaient pour sortir.
En général, les enfants étaient chaussés avec des bas de laine. Ceux qui étaient bien vêtus avaient des souliers en cuir noir, dont les talons pouvaient être un peu élevés lorsqu'il s'agissait de souliers de filles. Mais les enfants habillés plus modestement portaient plutôt des sabots de bois.
Ainsi, dès leur jeune âge, les enfants trahissent par leur habillement, leur milieu social d'origine. L'habitude de vêtir les enfants comme leurs parents remonte à l'époque de la Renaissance. Elle a commencé dans les riches familles marchandes, car les vêtements étant coûteux, ils constituaient une façon d'exposer la richesse. Cette coutume se perpétue au XVIIIème siècle en Europe et dans les colonies. [104] Quelques exemples, retracés à Louisbourg, illustrent que cette mentalité existait là aussi.
Chez les marchands, on peut trouver, pour les enfants, des vêtements ordinaires, comme les bas ou les chemises. Mais pour obtenir des articles plus raffinés, il faut les commander spécialement. On constate que ceux qui y tiennent et qui placent ces commandes, ont un statut social élevé. Par exemple, l'épouse du juge, le "procureur du Roy pour l'admirauté", fait faire, au Canada, des "corps" pour ses enfants. Ceci indique aussi qu'à cette époque, vers 1726, la ville de Louisbourg n'était pas en mesure d'offrir à ses habitants certains services qui existaient déjà dans la Vallée du Saint-Laurent. Un ingénieur, quant à lui, reçoit une facture pour le chapeau Caudebec qu'il avait commandé pour "Monsieur son fils" Les enfants qui portent ces vêtements suivent la mode parce que leurs parents en ont les moyens. Dans les familles pauvres, on se contente de vêtements plus communs car l'habillement n'est pas un luxe; il a l'unique fonction de protéger contre le froid. Le costume des enfants est donc différent d'une classe sociale à l'autre, et en cela, il ressemble à celui des adultes.
Exception faite de la layette des nouveaux-nés, on ne fait pas de modèles de vêtements spécialement pour les enfants. Aussitôt que possible, on leur impose d'avoir l'air, et même, de se comporter en adultes. C'est ce qu'on veut faire d'eux, non seulement en apparence, mais aussi mentalement.[105] On trouve, chez un marchand de Louisbourg, une épée d'enfant. Etait-ce un accessoire ou un simple jouet? Quoiqu'il en soit, les jouets y sont rares et peu variés: seulement quelques hochets. Les enfants sont traités comme leurs ainés. Pour qu'ils adoptent une bonne tenue, on leur fait porter des corsets à baleine, et on confine leurs corps dans des vêtements étroits. Les philosophes de l'Age de Raison critiquent cette habitude. Leurs écrits auront un effet vers la fin du siècle, oû on se préoccupera davantage du confort des enfants. [106] Le costume se simplifiera: corsages souples et jupes plus courtes pour les filles, vestes sans basques et pantalons larges pour les garçons. Ce changement se produira d'abord en Europe, pour s'étendre ensuite aux colonies. A l'époque de Louisbourg, on en est encore à un habillement sévère et impersonnel pour les enfants. Garçons et filles indistinctement son vêtus de la même manière jusqu'à six ans, âge où ils deviennent la réplique de leurs parents. Toutefois, pour ce qui est de Louisbourg, les costume des enfants est généralement moins luxueux que celui des adultes.
Il n'y a pas de mode originale à Louisbourg chez les adultes, et ceci est encore plus vrai, si on regarde le costume des enfants. Quelques hommes portent des souliers "sauvages", ce qu'on ne voit même pas chez les enfants. Et encore là, c'était sans doute davantage une adaptation nécessaire aux conditions climatiques, qu'un emprunt au milieu indigène. Par ailleurs, on n'invente rien non plus, et en cela, le costume des enfants est lui aussi conforme à la mode européenne.
On habille les enfants comme des adultes, plus ou moins luxueusement, selon la richesse des familles, et dans cet aspect de sa vie matérielle, la société de Louisbourg ressemble à celle de la métropole.