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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LE COSTUME CIVIL A LOUISBOURG: 1713 - 1758
LE COSTUME DES ENFANTS

BY

MONIQUE LA GRENADE

OCTOBRE 1973

Report H F 16B

Forteresse-de-Louisbourg

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I. LE VETEMENT

A. VETEMENTS DE BASE

1. Chemise

La garde-robe enfantine ne fait pas exception aux autres qui existent au XVIIIème siècle: la chemise y constitue le vêtement principa. On en revêt les nouveaux-nés, et les jeunes enfants en portent dans la maison, ainsi que sous les vêtements qu'ils mettent pour sortir.

Dès la fin au XVIIème siècle, on avait noté l'existence de "chemises à Enfant" en Nouvelle-France, [9] de même qu'au début du XVIIIème siècle, où on metionnait des "chemises a brassiere a Enfant de toille blanche." [10] A Louisbourg, en 1756, on vend "neuf chemises neuves d'enfants" pour la somme de 15 livres 10 sols, c'est-à-dire au prix d'environ 14 sols chacune. Six autres "petites chemises d'enfants" sont vendues à la même occasion, mais on n'en connait pas le prix. [11]

Le modèle des chemises de Louisbourg n'est pas spécifié, mais selon la coutume de l'époque, il en existait deux: la "chemise de brassière", et la "chemise d'enfant."

La "chemise de brassière"fait partie de la "layette" du nouveau-né. Dans les familles riches, elle est en toile très fine parfois brodée, [12] mais en général,, elle est faite de toile unie. Elle ne couvre que le haut du corps de l'enfant qui porte alors la couche. Elle est complètement ouverte dans le dos, tandis que sur le devant, on taille une échancrure pour faire le col. Les côtés, qui sont droits, sont fendus à la hauteur des bras, de manière à y insérer les manches. [13]

On utilise la "chemise de brassière" jusqu'à l'âge de six mois, après quoi on la remplace par la "chemise du premier âge" ou "chemise d'enfant." Celle-ci a plus ou moins la forme d'un trapèze, parce qu'on y coud, de chaque côté, une pièce triangulaire qui lui donne plus d'ampleur [14] Elle a une encolure ronde, des manches plates, [15] et s'attache dans le dos. Tout comme les autres vêtements de cet âge, elle descend jusqu'à la chevi11e. [16]

Les enfants portent de ces chemises, en grosse toile "non blanchie", lorsqu'ils restent à la maison. Pour sortir, ils endossent une robe par dessus. [17] On trouve aussi des chemises de "toille peinte" en Nouvelle-France en 1703.[18]

Le modèle des chemises d'enfant est le même pour les deux sexes, et seule la grandeur varie, selon l'âge. "A mesure que l'enfant croft, il faut lui donner des vêtements plus longs et plus amples, ceux qu'il a eux au commencement lui devenant trop courts et trop étroits. Dans le premier âge, on ne distingue point le sexe par rapport aux habillemens, et les petits garçons portent jusqu'à ce qu'on les mette en culotte des chemises semblables à celles des fines. [19]

2. Corps

Dans les milieux ou on se soucie de la mode, la coutume veut qu'on impose aux enfants le port du "corps" ou "corps à baleine" dès leur plus jeune âge. Ce vêtement s'ajuste très étroitement sur le corps, "I1 doit en même tems le soutenir et l'empêcher de contracter de mauvaises situations, sur-tout dans l'enfance, âge foible et délicat, dans lequel les ressorts ne sont pas encore parvenus au degré de force qu'ils auront dans la suite.

C'est assez la eoutume en France et dans une partie de l'Europe de faire porter des "corps" aux enfans, aux garçons jusqu'à ce qu'on les mette en culotte; les filles et les femmes en portent presque toute leur vie." [20]

Ainsi, on voit, en Europe, des petites filles qui portent des "corps" rigides. Certains prétendent que les garçons en ont aussi lorsqu'ils sont en âge de porter l'habit. "Les garçons eux-mêmes portaient un corps baleiné qui ne différait de celui des filles que parce qu'il était arrondi et sans basques; il y avait même un modèle spécial pour "garçon à sa première culotte." [21]

On constate la même habitude dans les colonies américaines, où on été conservés, jusqu’à nos jours, des spécimens de "corps" fabriqués pour des enfants de deux ans.  [22]

A Louisbourg, certains enfants en possédent également. En effet, en 1726, le "procureur du Roy pour l'admirauté" doit payer la somme de 9 livres et 10 sols "Pour 2 corps d'Enfant (qu'on a) fait faire en Canada D'ordre de son épouse."[23] Cependant, tous les enfants ne sont pas vêtus ainsi. Ceux du "procureur du Roy" font partie de la haute société, et tout comme leurs parents, ils se plient aux exigences de la mode du temps. De leur côté, les autres, moins fortunes, ressemblent à leurs ainés, et comme eux, ils ne portent que la chemise. .[24]

B. VETEMENTS D'INTERIEUR

1. Robe Et Fausse-Robe

Selon certains auteurs, les robes que portent les garçons et les filles en bas âge sont identiques. [25] Toutefois, en examinant de plus près le vocabulaire de l'époque, on apprend que le terme "robe" s'applique plus particulièrement au vêtement de la fillette, tandis que pour le garçon, on dira plutôt "jaquette". I1 semble que cela correspond aussi à de légères différences dans le modèle de ces vêtements.

Les robes des filles ressemblent à celles de leurs mères, les "robes à la française" de l'époque. [26] Elles sont ouvertes sur le devant. Le corsage, ceintré par le "corps à baleine", est garni d'un plastron, alors que la jupe, gonflée par le panier, laisse voir le jupon. Les plus élégantes de ces robes sont taillées dans des tissus soyeux, damas ou taffetas. Pour les robes plus communes, le lainage convient fort bien. [27] Les fillettes de la bourgeoisie portent des robes longues, mais elles n'ont pas de paniers. [28]

Chez un marchand de Louisbourg, on a inventorié deux "Robe d'enfant d'étami.ne Rayée." [29] Elles étaient probablement assez simples, puisque l'étamine est une "petite étoffe de laine mince non croisée." [30] On note, dans le même inventaire, une autre robe d'enfant de couleur "viollette" dont le tissu n'est pas mentionné.

Nous n'avons pas retrouvé le terme "fausse-robe" parmi les vêtements cités à Louisbourg. En fait, il s'agit plutôt d'un modèle de robe d'enfant, que du nom spécifique d'un vêtement. Nous en donnerons donc la description, car il est possible qu'il y en ait eu parmi les robes des fillettes de Louisbourg. La fausse-robe a une jupe large très plissée, un peu plus longue à l'arrière qu'à l'avant, ce qui en fait une jupe à "queue." Son corsage "consiste en un appareil en forme de gaine qu'un antique usage avait consacré comme une chose indispensable pour empêcher la taille de se gâter dans le jeune âge."[31] Contrairement à la robe à la française, la fausse-robe ne s'ouvre pas sur le devant.

2. Jaquette Ou Fourreau

Avant d'atteindre l'âge de porter la culotte, les garçons sont habillés en jaquette. [32] Celle-ci leur semble particulièrement destinée car Diderot cite distinctement la "fausse-robe pour les filles" et la "jaquette ou fourreau pour les garçons." [33] I1 donne également le patron de ce vêtement de garçon. Malheureusement, ce n'est pas assez précis, et les explications sont insuffisantes pour servir de description. Par contre, on trouve ailleurs, la définition suivante: la jaquette "est le vêtement des enfans; il consiste en un jupon attaché à un corps... En général, on appelle "jaquette" tout vêtement d'enfant ou de religieux, qui descend jusqu'aux piés, sous lequel le corps est nud, et qui ne couvre pas un autre vêtement." [34]

La "jaquette" ou "fourreau" peut donc avoir deux fonctions. D'une part, elle s'apparenteà la chemise, qui se met directement sur la peau. D'autre part, c'est aussi un modèle de robe dont le corsage est ajusté, puisqu'on appelait "fourreau", une "fausse-robe dont la jupe n'avait pas de queue." [35]

Le fourreau n'est pas nécessairement exclusif aux garçons. En effet, en Europe, surtout à partir de 1740, on voit dans la bourgeoisie, "des petites filles en fourreau."[36] Ce vêtement convient donc aux enfants des deux sexes, lorsqu'ils sont en bas âge.

A Louisbourg, on mentionne "un fourreau d'enfant d'indienne" en 1741. [37] C'est plutôt dans les milieux riches qu'on se préoccupait de la mode et de la forme qu'elle devait au corps. Cet exemple le confirme car il est cité dans l'inventaire des biens de la veuve d'un capitaine de navire. I1 est fort douteux que parmi les plus pauvres, artisans ou pêcheurs, les enfants aient adopté cette tenue vestimentaire. Chez ceux-là, les femmes elles-mêmes n'ont que la chemise et la jupe pour se vêtir. [38]

3. Jupe

Pour les femmes, c'est la jupe qui constitue le vêtement quotidien le plus courant, et aussi, le moms coûteux. [39] C'est donc probablement le même habillement qui prévaut chez les fillettes. Quoiqu'il en soit, nous avons retrace la mention de trois petites jupes de lainage à Louisbourg. [40] Deux sont en "calamandre rayée", et la troisième, en "étamine."

C. VETEMENTS D'EXTERIEUR

1. Cape

Pour se protéger du froid, les femmes s'enveloppent dans des capes de camelot brun, lorsqu'elles sortent. [41] En cela, les fillettes les imitent car on mentionne, en 1756: "une petite cape d'enfant avec sa tette en camelot brun." [42] Comme celles des adultes, celle-ci a un capuchon. Elle a dû appartenir à une enfant de milieu aisé, car elle valait 25 livres, ce qui est assez cher, comparativement au prix des autres vêtements.

2. Capot

Le capot est aussi un vêtement d'extérieur à capuchon, mais il est ordinairement porté par les hommes. A Louisbourg, il en existe plusieurs, en cuir, qui servent pour la pêche. [43] Les enfants ont également des capots, mais les leurs sont en tissu. Depuis la fin du XVIIème siècle, on avait remarqué l'existence de capots pour enfants dans la Vallée du Saint-Laurent. [44] A Louisbourg, on en connaissait aussi l'usage, car on note "un Capot d'enfant de Ratine" dans l'inventaire des biens d'un marchand en 1756. [45]

3. Gilet

Le gilet est un autre vêtement populaire à Louisbourg, surtout chez les pêcheurs. [46] C'est généralement un vêtement masculin, malgré que certaines femmes en possêdent aussi, [47] mais c'est beaucoup plus rare. Les "deux petits gilets de Bazin...à 8 livres", notés en 1753, [48] appartenaient donc probablement à un garçon.

On porte le gilet directement sur la peau lorsqu'il est en flanelle. Bans ce cas-ci, il est taillé dans du "bazin", c'est-à-dire, une étoffe croisée de coton. [49] I1 tient donc lieu de veste. Ce vêtement fort simple, sans doublure, et parfois sans manches, s'endosse par dessue la chemise. [50]

4. Mantelet

Il existe enfin le mantelet, qui est un genre de cape courte. C'est le vêtement d'extérieur le plus en vogue chez les femmes de Louisbourg, [51] et on en voit également parmi les vêtements pour enfants. Comme leurs mères, les filles portent le mantelet en toutes saisons, selon qu'il est en tissu plus ou moins chaud. En effet, il y a, chez un marchand, "un petit mantelet d'étoffe", sans doute approprié pour les temps froids, ainsi que "deux autres de cotton", qui doivent être plus légers. [52]

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