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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LE COSTUME CIVIL A LOUISBOURG: 1713 - 1758
LE COSTUME FEMININ

BY

MONIQUE LA GRENADE

OCTOBRE 1971

Report H F 16

Forteresse-de-Louisbourg

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II. LA COIFFURE

La liste des articles se rapportant à la coiffure révèle à la fois beaucoup de variété et d'uniformité dans cette partie de l'habillement féminin. On ne parait pas avoir porte autre chose que la coiffe pour se couvrir la tête; avec les pièces qui la composent, elle fait l'objet de mentions fréquentes: tant dans 1a qualité, la quantité et les prix que les variantes des modèles, il existe une gamme qui s'échelonne de l'accoutrement le plus simple au plus élaboré; les genres étaient donc différents selon le goût ou les moyens, mais le port en était généralisé. Par ailleurs, nulle part les documents ne font mention de perruque pour les femmes; on avait toutefois le souci d'arranger les cheveux puisqu'on utilisait des "fers à  friser" [105] et des "épingles à friser". [106]

A. COIFFE: PARTIES QUI LA COMPOSENT

La coiffe se compose du bonnet, piqué sur lequel le fond de coiffe est fixé au moyen d'épingles; le tour est ensuite garni d'un ou de plusieurs rangs de tissu ou de dentelle dont la largeur ou la forme peut varier. [107] Parmi les coiffes portées à  Louisbourg, il y en a, montées de cette façon là, puisqu'on retrouve dans les documents des mentions de ces diverses parties, citées en relation les unes avec les autres. Afin d'éviter toute confusion nous adopterons ici le terme "coiffe" pour désigner l'ensemble que représente ce type de coiffure; cette précision s'impose à cause du manque de clarté dans la terminologie de l'époque, où l'on utilise indifféremment les deux termes pour désigner le même article: ainsi on dira: "deux coeffes de gaze commune...cinq autres coeffures de gaze commune..." [108]

1. BONNET

Les documents font état de l'existence de bonnets piqués [109] mais ne précisent pas s'ils peuvent être portés seuls; quant aux bonnets à coiffes, [110] ce sont probablement des bonnets qui servent de base pour monter une coiffe. Cette façon de procéder a peut-être l'avantage de faciliter l'entretien et de prolonger la durée des coiffes car on peut ainsi laver plus fréquemment le bonnet seul, c'est-à -dire la partie qui touche directement aux cheveux; ou encore, laver séparément la toile ou les dentelles du dessus, qui ont besoin d'être empesées.

2. FOND

Dans certains cas, la façon dont le terme "fond" est cite et associé aux mots coiffe ou bonnet signifie assez clairement qu'il s'agit là d'une partie de la coiffe: par exemple il y a des "fonds de coiffe", [111[ un "bonnet avec son fond", [112] "vingt coiffes de batiste garnies de Dantelle avec Six fonds", [113] "trois coiffes et un fond." [114] Dans d'autres, la mention de "toquets avec leur dentelle sans fond " [115], pourrait être interprétée de deux manières: une coiffe à laquelle le fond n'était pas attaché au moment où on en fit l'inventaire, ce qui serait conforme à la manière habituelle de monter une coiffe; mais cela pourrait être aussi une façon différente de porter la coiffe, c'est-à-dire avec l'arrière de la tête à découvert, ce qui laisserait voir le bonnet.

3. FER À COIFFE

La garniture plissée qui est cousue autour du bonnet épouse les contours du visage et afin de donner et de conserver leur forme aux plis du tissu, on y insère une espèce de broche qu'on a eu soin de recouvrir avec du ruban. L'utilisation de cette pièce appelée le "fer à coiffe" était connue à Louisbourg puisque chez des marchands de l'époque, il se trouve trois douzaines de fers à coiffe évalués à un total de 1 livre 5 sols, (116] et vingt douzaines de fers à coiffe. (117) Si l'on en juge par la quantité disponible et le prix de cet article, il était commun et peu dispendieux. En plus de ces deux exemples qui datent de 1756, il faudrait cependant posséder d'autres indications avant de pouvoir conclure que cet usage fut en vogue tout au long de l'histoire de Louisbourg.

B. COIFFE COMME ENSEMBLE

Pour ce qui est de la coiffe considérée come un ensemble, deux types de renseignements permettent de la décrire: les tissus et garnitures s'il s'agit d'une coiffe garnie, et certaines appellations correspondant à des styles précis. P1utôt que des généralisations qui seraient vides de sens, une liste de ces renseignements sera beaucoup plus apte à rendre compte de la diversité qui existait.

1. TISSUS ET GARNITURES

- coiffes de grosse toile unie garnies de mousseline...
- coiffes de grosse toile unie garnies de dentelle [118]
- coiffures de tête garnies de dentelle [119]
- coiffe de taffetas noir (120]
- coiffe de nuit garnie de dentelle commune...
- coiffe de gase fine garnie de dentelle de fil...
- coiffes de gase commune...
- coiffures de gase commune [121]
- coiffures de blonde [122]
- coiffes "noirs" [noire?] à fleurs...
- coiffes "noirs" [moire?] unies [123]
- coiffe garnie d'une dentelle...
- coiffe à grande dentelle...
- coiffure de dentelle...
- coiffures avec leurs dentelles...
- coiffes de nuit avec leurs dentelles...
- coiffes de gase noire brochées... [124]
- coiffes de nuit tant de basin que de mousseline...
- coiffures garnies de batiste...
- coiffes de batiste garnies de dentelle [125]
- coiffes de basin [126]

2. STYLES

- "baignolette" de satin noir doublée de satin jonquille...
- "baignolette" de cotton ou mousseline [128]

- béguin "à usage de femme" [130]

- colinette de mousseline [132]

- pièces de coiffures dont des "cornettes" [134]
- cornette de nuit [135]

- une fontage [137]
- coiffe de blonde de fil montée avec son ruban à fontange...
- coiffure garnie de dentelle et montée avec son ruban à fontange...
- coiffures de blonde montée avec un ruban à fontange à fleur or et argent [138]

Avant d'aller plus loin, une remarque s'impose quant à la signification du terme "blonde" qui, dans ce contexte, n'a rien à voir avec la couleur des cheveux. C'est "un ouvrage de soie fait à l'oreiller par le moyen de fuseaux, de la même manière que la dentelle à laquelle il ressemble beaucoup, la blonde travaillée n'en différant que par la matière." [139]

- miramion de mousseline...
- miramion de coton [141]
- miramion de taffetas blanc [142]
- miramion de toile [143]

- toquets avec leurs dentelles sans fond...
- toquets avec leurs dentelles...
- toquets de nuit avec leurs fonds...
- toquet sans fond... [145]
- "troquet" [146]

I1 existait donc des coiffes unies et des coiffes garnies. Outre la dentelle qui nest pas trop rare, on utilise des tissus de soie (taffetas, blonde), et beaucoup de toiles et de cotons. Diverses appellations telles que "mousseline", "basin" pour le coton, tout comme "batiste", "gase" ou les expressions "fine" ou "commune", "grosse toille unie" pour les toiles, témoignent de l'existence de plusieurs degrés de qualités.

Si pour les besoins de l'étude, le recours à des classifications plutôt rigides s'impose, il ne faudrait pas pour autant perdre de vue que l'imprécision de la terminologie dans les documents pourrait fort bien refléter l'inexistence d'une mode stricte et conventionnelle à laquelle chacune devait se plier. Quelques exemples ne laissent pas de doute quant à l'usage courant qu'on faisait de pièces variées de coiffure, et même plus, donnent l'impression qu'il était normal de posséder ces articles en grande quantité:

- "le restant du linge de tête tant garnies qu'unies...21.10" [147]

- "un paquet de coeffes...contenant trente pièces...7." [148]

- "vingt-neuf pieces de Coêffures tant Cornettes, Bonnets que coeffes et fonds." [149]

- "douze coiffures tant garnies que unies très vieilles." [150]

Il n'y a pas d'occasion spéciale ni de prétexte pour justifier le port d'une "coeffure", c'est-à-dire "tout ce qui sert à couvrir la tête des femmes dans le négligé, demi-négligé, et dans l'ajusté." [151] Parmi les exemples cités plus haut, on aura noté des coiffes de nuit; leur nombre réduit ne signifie pas que c'était exceptionnel car il est bien plausible que cela soit inclu implicitement lorsqu'on parle de "linge de tête" ou de "paquets de coiffes" sans préciser d'avantage.

Pendant le jour, on portait la coiffe à l'intérieur puisque par dessus cette dernière, on pouvait en porter une autre faite "d'un morceau de taffetas noir taillé quarrément par-devant, et en biais par-dessous et dont le derrière, qui forme le derrière de la tête, [était] plissé..." et qui se nouait ou s'attachait sous le menton avec un ruban noir. [152]

Comme coiffure pour l'extérieur, il n'est donc pas impossible que l'on ait eu des coiffes de taffetas ou de tissus plus lourds que le coton. Enfin, nous l'avons ou plus haut, il y avait parfois un capuchon attaché à la cape ou au mantelet, ce qui servait à se couvrir la tête pour aller à l'extérieur.

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