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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

LE COSTUME CIVIL A LOUISBOURG: 1713 - 1758
LE COSTUME FEMININ

BY

MONIQUE LA GRENADE

OCTOBRE 1971

Report H F 16

Forteresse-de-Louisbourg

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IV. LES ACCESSOIRES

Les items rassemblés sous le terme "accessoires" composent en réalité une gamme d'articles assez variés incluant des bijoux, des articles de toilette, ainsi que des vêtements d'importance secondaire. Cette diversité rend difficile, voire impossible, l'adoption de critères de classification uniformes et valables pour l'ensemble; certains articles peuvent être regroupés, tandis que d'autres doivent être traités isolément. Si leur nature oblige à une telle pauvreté dans le traitement de l'information, ils ont par ailleurs un avantage en commun: tous, chacun à sa manière, ajoutent à l'image du costume ou à l'idée qu'on peut avoir des habitudes vestimentaires.

A. BIJOUX:

Les bijoux d'or, d'argent et de pierres précieuses évoquent à juste titre la richesse de ceux qui les possédaient, mais l'habileté des artisans de l'époque ne s'arrête pas là car, déjà au XVIIIème siècle on faisait des imitations. Les bijoux qu'on avait à Louisbourg en témoignent, même si le terme "faux" n'est pas toujours là pour l'attester. Pourrait-on justifier autrement l'écart considérable qui existe entre les prix? On en retrouvera des exemples dans la liste qui suit:

1. BAGUES:

- "une bague d'or monté en or monté avec en pierre rouge...24 livres...
une bague d'or monté de meme avec pierre Topasse verte...100 livres...
une autre Bague montée de meme...100 livres...
une autre d'or monté en argent a pierre fausse...9 livres..." [196]

"- un Jong d'or..." [197]

2. COLIERS

- "un collier... [sans spécification]" [198]
- "deux colliers de perle blanche...3 livres...
    un collier de grena fin...30 livres..." [199]
- "cinquante quatre Branches de Collier de Verre...
   cent quarante Branches de grenats...
    un collier de grenade..." [200]
- "sept colliers de perle blanche estime a cinquante sols piece..." [201]
- "deux colliers l'un de perles et l'autre de grenad...
     un petit collier de perle ou grenad..." [202]

3. PENDANTS D'OREILLES

- "une paire de pendans d'oreille montés En argent...10 livres..." [203]
- "une paire de Boucle d'oreille d'or monté en pierre Girandol...30 livres...
    une paire de Boucle d'oreille D'argent doré a pierre...4 livres...
    un pendant d'oreille de Grena argent doré l'autre pendant ayant été anvoyé En france Lannée dernière pour la faire racomodé de quelque deffaut  qu'il avait...7 livres 10 sols..." [204]
- "une Paire de Pendants d'oreille destrase..." [205]
- "deux garnitures de boucle d'oreille croix et noeud monte sur l'argent...40 livres..." [206]
- "une paire pendant d'oreille de jés montés en argent..." [207]

A cette liste s'ajoutent une "agraphe d'argent" [208] servant d'attache pour une cape, et "une petite paire de boucle d'argent a usage de femme...5 livres" [209] qui pouvaient être des pendants d'oreille ou encore des boucles à souliers. L'inventaire des biens d'un marchand contient aussi des croix et des "foy d'or"; [210] le fait que ces dernières aient été listées en même temps que les croix suggère qu'elles en sont aussi, mais aucun autre élément ne vient confirmer cette hypothèse. Les "foy d'or" au nombre de sept, valent entre 9 livres 10 sols et 19 livres 5 sols chacune, tandis que seize croix tantet sans spécification, tantôt "a brillant" ou "a pierre montées sur de l'argent" sont évaluées entre 1 livre 17 sols et 2 livres 8 sols l'unité.

Il était donc possible d'acheter des bijoux à Louisbourg même puisque autant de croix, et un nombre encore plus grand de coliers de verre et de grenat sont disponibles chez ce marchand. Quant à savoir qui portait des bijoux, il semble que la diversité de qualités permettait à des gens de conditions différentes d'en avoir. Lorsqu'on pouvait s'offrir le luxe de bijoux précieux, on ne dédaignait pas pour autant en avoir des faux; c'est le cas de madame Dupont Duvivier qui en possédait des deux sortes. [211] D'autres dames, moins fortunées qu'elle, n'en avaient surement pas autant et d'aussi précieux, mais il leur était au moins possible d'en acheter à prix assez abordable, comme par exemple, des petites croix.

B. ARTICLES DE TOILETTE

Pour celles qui en avaient les moyens, la coquetterie ne s'arrêtait pas au port des bijoux puisque certaines possédaient des miroirs de toilette [212] et utilisaient peut-être du parfum car l'une d'elles avait "un petit flacon à mettre des odeurs." [213] Outre cette dernière qui possédait un éventail "façon de la Chine", une autre dame avait aussi un éventail; [214] en 1738, onze éventails sont vendus parmi des marchandises dont neuf sont en papier et deux en ivoire; les premiers valent 10 sols chacun, et les seconds, 1 livre 10 sols. [214]

Ces détails dénotent l'aisance et le souci d'élégance qui a pu régner dans certains milieux de Louisbourg, mais un tel raffinement devait être limité à un cercle assez réduit car on y fait très rarement allusion.

C. POCHES ET SAC DE INUIT

Les poches ne sont pas attachées au vêtement de dessus mais fixées à un cordon noué autour de la taille; elles se portent sous la jupe ou la robe, lesquelles sont ouvertes vis-à-vis, de chaque côté, pour y donner accès. A Louisbourg, il y avait de ces poches faites en toile [215] ou en coton; [216] le prix en était peu élevé: en 1751, "deux paires de poches a usage de femme" valaient ensemble 1 livre. (2171

Pour ranger les effets personnels, on utilisait aussi le "sac de nuit"; l'exemple d'un "sac de nuit de moquette dans lequel s'est trouvé... trois bonnets...une stinkerke..." [218] en témoigne pour ce qui concerne Louisbourg.

D. CEINTURES

La ceinture fait partie de l'accoutrement féminin puisqu'on note une boucle de ceinture à femme en 1733 [219] et "huit ceintures à femme" en 1738; [220] nous ne connaissons rien cependant, qui permette de la décrire ou de préciser avec quel genre de vêtement on la portait.

E . MOUCHOIRS

Sur la plupart des gravures illustrant des scènes quotidiennes, les femmes portent sur les épaules un fichu plié en triangle et noué autour du cou. En ceci, on ne faisait pas exception à Louisbourg; quel autre usage auraient eu "six mouchoirs de col de cotton ou mousseline" [221] notés dans un inventaire de 1741? Il en est probablement de même pour "quatorze mouchoirs de cotton a femme..." [222] et pour un "mouchoir de toille de Bretagne a usage de femme" [223] disponibles chez deux marchands de l'époque. Pour les mouchoirs de cou, le fait qu'ils étaient taillés dans des toiles ou des cotons [224] fait supposer qu'ils étaient blancs, ce qui correspond aux illustrations; nous ne savons pas si "onse mouchoirs blancs six mouchoirs de couleur" vendus en 1745 [251] sont une exception ou s'ils étaient destinés à un autre usage.

Certains modèles de mouchoirs sont plus originaux; il en est ainsi pour la stinkerke. En France, les femmes avaient adopté la mode de ce mouchoir de cou bordé de dentelles ou de franges à la suite de la victoire de Stinkerke en 1692. [226] Cela ne semble pas avoir été populaire Louisbourg oû nous n'avons retracé que deux "stinkerkes" en 1741, [227] date assez tardive, qui tend à démontrer un retard par rapport à, la métropole ott on avait connu cette vogue à la fin du XVIIème siècle.

F. MANTILLES

La mantille, dont l'usage est réintroduit en France en 1729, [228] ne consiste plus désormais en une pièce de dentelle portée sur la tête; faite en tissus plus lourds tels que le velour, c'est davantage un accessoire décoratif en forme de triangle dont les pointes s'attachent à la taille, à la manière d'un tablier. Une "petite mantille de velours noir doublée de satin noir" qui valait 44 livres en 1741 [229] est le seul exemple connu à Louisbourg.

G. HABILLEMENT DES MAINS

Diverses pièces vestimentaires servent à couvrir les mains et les bras; si c'est pour se protéger contre le froid, cela répond alors à un besoin d'utilité et de comfort; mais lorsque fabriquées avec des tissus luxueux et selon des modes passagères, on pense davantage au souci que certaines avaient d'être dans le ton du jour. A cet égard, les types de vêtements connus à Louisbourg démontrent l'existence de ces deux préoccupations; ainsi les gants ou les mitaines étaient sans doute nécessaires pendant l'hiver, tandis que les mitons, plus chers et moins courants, allaient perdre de la popularité puisque vers 1765, "ils ne sont presque plus à la mode" en France. [230]

1. GANTS ET MIITAINES

Les gants pouvaient être faits au tricot ou taillés dans du cuir ou du tissu, [231] ce qui, pour Louisbourg, est illustré dans un inventaire où on note, entre autres, une paire de gants de fil blanc, deux paires de peau blancs et une paire de castor. [232] On devait utiliser les mêmes tissus pour les mitaines, malgré qu'à l'époque on définissait celles-ci comme un "gros gand fourré où, il n'y a point de séparation pour mettre les doigts, à la réserve du pouce." [233] Ceci semble d'autant plus plausible à cause de la présence dans le même inventaire, de paires de "mittaines" de coton, de serge noire et de soie noire. Quoiqu'il en soit, les deux devaient être utilisés indifféremment et assez couramment puisqu'en 1756 on vend "six dousaines de Paires gans et mitaines a femme" ayant appartenu à un marchand, pour la somme de 40 livres 10 sols, ce qui fait un peu plus qu'une demi-livre la paire. [234] I1 est possible néanmoins que les gants aient été plus populaires car au cours de la même vente, on mentionne trente-six paires de gants "de plusieurs couleurs" et cent-deux paires, sans spécification; ces derniers valent ensemble 90 livres 9 sols 6 deniers, soit moins d'une livre la paire. Une vingtaine d'années plus t8t, il en était de même pour seize paires de gants blancs évalués à 11 livres. (235] A ces exemples, on peut ajouter celui de quatre paires de gants à 12 sols chacune, qui font partie des effets personnels d'une habitante décédée en 1753. [236]

Si l'on en juge par les quantités et la valeur des gants que des marchands possédaient, ou par ce qu'on peut trouver dans une garde-robe privée, il était commun de porter des gants à Louisbourg.

2. MITONS:

Les mitons ressemblent aux mitaines sauf qu'ils "n'ont ni pattes ni pouce" et ils servent à "garantir les bras du froid"; ils sont faits de velours, ou, le plus souvent "a l'aiguille et de soie noire". [237]

Les tissus oui sent connus pour Louisbourg concordent avec cette définition: une paire de "mitton" de soie noire est inventoriée en 1741, [238] et chez un marchand, il y en a huit paires en velours valant entre 3 livres 15 sols et 4 livres 5 sols chacune en 1743. [239] Il existe peut-être diverses qualités car on paie 3 livres pour deux paires de mitons de couleur en 1737. [240] Un autre marchand en a deux paires en 1756. [241]

L'usage des mitons était donc assez connu, mais il était probablement moins courant que celui des mitaines ou surtout des gants qui sent disponibles en plus grande quantité et à prix plus abordable.

3. MANCHON:

Enfin, parmi les hardes qu'une habitante possédait en 1757, il y avait un manchon à 3 livres, [242] ce qui était peut-être original car c'est une exception dans la documentation que nous avons consultée.

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