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Researching the
Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada
LA GLACIERE DE LOUISBOURG
PAR
H. P. THIBAULT
DECEMBER, 1972
(Fortress of Louisbourg Report H D 26)
NOTE:
Presently, the illustrations and graphs are not included here.
For these, please consult the original report in the archives of the
Fortress of Louisbourg
INTRODUCTION
La glacière de Louisbourg est un ouvrage militaire distinct des glacières domestiques. Elle servit cependant à la même fin, soit à la conservation de la glace et des denrées périssables durant l'été. [1] I1 semble que les glacières militaires aient été très rares en NouvelleFrance; la seule autre dont on connait l'existence,était à Québec, dans le bastion qui a d'ailleurs pris le nom de "Bastion de la glacière".[2]
A Louisbourg, elle est située au pied du glacis intérieur du Bastion du Roy, au sud du terrain C et à l'ouest du terrain B de l'îlot 17. [3] Le sud de cet îlot fut occupé par des casernes temporaires, démolies entre 1720 et 1723.[4] Le terrain C, qui avait 132 pieds [Le pied français mesurait 1,066 feet anglais actuellement en usage] de profondeur, fut alors concédé à Charles-Joseph d'Ailleboust, un officier de la garnison, qui ne l'utilisa qu'en jardinage. Peu de temps après, ce lopin de terre fut remis au Domaine du Roi; on érigea la glacière sur la moitié sud, et la moitié nord fut reconcédée le 23 juin 1730, à Robert Duhaget, lieutenant de compagnie.[5]
La construction de la glacière de Louisbourg remote vraisemblablement aux alentours de 1725; elle est alors coiffée d'un toit temporaire, selon une pratique courante à cette époque dans la nouvelle colonie de 1'Ile Royale. Ce n'est qu'entre 1727 et 1730 qu'on lui fait un toit permanent.[6]
Jusqu'en 1745, elle ne requiert que l'entretien d'usage normal: en 1735, par exemple, on fournit 20 pelles de bois à 16 livres chacune et on répare les traînes pour y porter la glace nécessaire,[7] Lors du premier siège de la ville, elle subit des dommages considérables: le toit principalement, semble avoir été partiellement ou totalement détruit.[8] L'abandon dans lequel les troupes d'occupation de la Nouvelle-Angleterre la laissent entre 1745 et 1748, suscite les plaintes des administrateurs français à leur retour. En 1751, Louis Franquet, Directeur-Général des Fortifications de Nouvelle-France, déplore le fait que la glacière périclite et que le climat s'oppose à son rétablissement.[9] Deux ans plus tard, cependant, il suggère de la remettre en bon état,[10] et il semble que ses conseils aient été suivis, puisqu'on lui fait une nouvelle couverture.[11]
Pendant le second siège de Louisbourg, en 1758, la glacière est blindée pour recevoir les poudres des casemates du flanc droit du bastion du Roi.[12] C'est la dernière attention qu'on lui porte: même si elle semble presque intacte en 1766,[13] elle n'en suit pas moins le sort d'abandon graduel que subit la ville de Louisbourg, à partir du transfert de la garnison britannique à Halifax en 1768.
Une glacière militaire est constituée d'un immense puits recouvert d'un toit conique, et auquel on a accès par une porte saillante.
Les toisés de 1727 et 1731 fournissent les données suivantes au chapitre de la maçonnerie:
maçonnerie vente
au prix de 140# La toise cube ....
glacière circonférence
moyenne ... 7 toises, 3 pieds, 0 pouce } |
Ces mesures qui diffèrent légèrement de celles des vestiges, incluent le puits perdu, le plancher du fond, le grand puits et l'empattement sur lequel repose une sorte de margelle ou de mur supportant le toit.
Le puits perdu, de forme cylindrique plus ou moms régulière, constitue un drain qui permet l'écoulement des eaux de fonte par son fond ouvert. Celui de la glacière de Louisbourg est moms profond que ceux des glacières en général, puisqu'il repose sur le roc solide et qu'il est construit sur une élévation de terrain, ce qui évite l'accumulation des eaux. I1 a environ 6.82 feet de diamètre et 1.32 feet de profondeur. Le sommet du puits perdu forme un enpattement d' environ 3.30 feet de largeur, sur lequel s'appuie le grillage du fond.
Le corps principal de la glacière est formé d'un puits immense ayant la forme d'un cane tronqué renversé, avec comme diamètre intérieur, 10.12 feet à la base, et 14.66 feet au sommet, et 8.73 feet de hauteur. L'épaisseur de la maçonnerie est de 3.00 feet en moyenne. Ce puits est terminé par un empattement de 5.00 feet de largeur, de 1.66 feet de hauteur et légèrement incliné vers l'extérieur. La hauteur totale, du rocher au sommet de l'empattement, est de 10.05 feet .[15]
Du mur extérieur supportant le toit, il ne restait plus aucun vestige. On doit donc combiner les données historiques et archéologiques. Les toisés de 1727 et de 1731 donnent une hauteur totale de 16.96 feet de maçonnerie dont il ne restait plus que 10.05 feet. On peut donc présumer que le mur extérieur avait 6.91 feet, et que son épaisseur correspondait à celle des toisés, soit 2.46 feet. [16]
Le grillage du fond permettait de retenir la glace et de laisser s'écouler l'eau de fonte. Deux types semblent avoir existé à Louisbourg, à des époques différentes, l'un fait de pièces de bois parallèles d'environ 3.5 pouces d'épaisseur, [17] et l'autre de pièces perpendiculaires.[18] L'eau et l'humidité ont dû nécessiter un changement fréquent de ce grillage. Une glacière construite en France vers la même époque avait un grillage en "bois de chêne de 11 quartiers de six pouces de grosseur, Eloignés les un des autres d'une distance Egale, arrêtés par les bouts dans le mur circulaire dudt. puit."[19]
Quelques traités d'architecture recommandent la construction d'une plateforme au rez-de-chaussée, prenant appui sur la partie inférieure de l'empattement, et pouvant avoir une trappe pour donner accès au grand puits . [20]
Le toisé de 1731 détaille les dimensions générales du toit au chapitre du bardeau:
"Couverture de
bardeaux du prix de 10# la toise quarrée
Couverture de la glaciêre circonférence
....... 10 toises, 3 pieds, 6 pouces } |
le même docunent décrit la charpente ainsi:
"Charpente de
bois de pin au prix de 45 sols la solive ....
Comble de la glacière L[ongueur]
E[nsemble] des sablières ... 10 toises, 0 pied, 0 pouce |
La longueur totale des sablières semble indiquer un toit à six côtés plutôt qu'à sept côtés. [22] Plusieurs éléments de la charpente n'ont cependant pas été inclus, tels que les arbalétriers, les centre-fiches, les jambettes, etc.
Quant à la couverture, le risque d'incendie et les difficultés d'approvisionnement, peuvent avoir justifié l'utilisation du bardeau, au lieu de paille de seigle comme cela était de pratique courante en France.[23]
Un "chapeau" coiffait le sommet du toit;[24] il s'agit probablement d'un élément semblable à celui d'une glacière construite à Metz en 1733 et décrit comme "un Chapeau de planches de sapin de figure ron [sic]" ou "conique garni de quatre" ou "trois cercles de fer" "cloués solidement."[25] Cet élément de finition servait aussi à protéger le sommet du poinçon qui risquait de pourrir rapidement sans protection.
Enfin, un élément décoratif, probablement une fleur de lys, surmontait le tout. [26]
Une des règles strictes de la construction des glacières était l'orientation de la porte saillante vers le nord, afin de l'exposer le moins possible au solei1.[27] Celle-ci fut respectée à Louisbourg, avec la différence que la porte saillante n'était pas perpendiculaire au puits.
Le toisé de 1731 donne les mesures suivantes:
"Maçonnerie Brutte au prix de 11,0# la toise cube .... Porte saillante de la glacière
longueur ensble
des côtés ................ 2 toises, 1 pied, 0 pouce }
haut[eur] ............... 1 toise, 2 pieds, 0 pouce } 0 toise cube, 5 pieds, 9 pouces, 4 lignes."
épaisseur ................. 0 toise, 2 pieds, 0 pouce }
Ces mesures incluent l'empattement et le mur proprement dit.
Le même toisé ne fait aucune mention de la charpente du toit, et il donne pour la couverture:
"Couverture
de bardeaux du prix de 10# la toise quarrée.
Couverture de la glacière ................. sur la porte long[ueur]
................ 1 toise, 2 pieds, 8 pouces } autre partie lo[ngueu]r
................... 1 toise, 3 pieds, 8 pouces} |
I1 s'agit évidemment d'un toit à deux versants; la différence entre les deux eaux s'explique par le fait que la porte saillante n'était pas perpendiculaire au puits, comme il a déjà été mentionné.
Quant aux portes situées à chaque extrémité, le toisé de 1731 est très spécifique:
"Menuiserie
des portes de madriers de 2 pouces du prix de 36# la toise quarrée
Portes brisées des casernes de soldats du pavillon joignant des souterrains, prisons et glacières longueur d'une ports .......................................................... 0 toise, 3 pieds 0 pouce hauteur ................................................................................ 1 toise, 0 pied, 0 pouce Menuiserie des portes et contrevents de planches d'un pouce au prix de 30# la toise quarrée. Portes dedans les casernes, pavillon gauche et glacière longueur d'une porte .......................................................... 0 toise, 3 pieds, 0 pouce largeur ................................................................................. 1 toise, 0 pied, 0 pouce."[28] |
Le devis d'une glacière de Metz offre aussi d'excellents détails concernant les chassis et les ferrures des portes:
".., deux chassis de portes de chacun 6 pi de hauteur de 3 pi de largeur et de 6 po sur 5 de grosseur, garnis d'un volant de porte de planches de sapin jointes, blanchies des deux côtés gravées au double fer, barrées de deux barres et ferrées de deux gonds à repos, de deux bandes chacune longue de la largeur des volants larges de deux pouces à l'engoumière, réduites au bout à 1 po 1/ 2 de largeur, épaisses au collet de trois lignes, réduites au bout à. deux lignes d'épaisseur, clouées chacune de six clous de bande et de trois clous rivés, deux au collet de chaque bande et un au bout et d'une serrure à pène dormant."[29]
Même si les traités d'architecture recommandaient un remblai, une rigole et de la végétation autour des glacières, il senble que celle de Louisbourg n'ait eu aucun de ces aménagements.[30] Seules les clôtures des propriétés avoisinantes au nord et à l'est constituaient une délimitation du terrain de la glacière;[31] après 1745, une autre clôture a peut-être été érigée du côté sud.[32]
L'emploi général des glaciéres est relativement simple. Pour la remplir, il s'agit de choisir un jour froid et sec de l'hiver. Un recouvre d'abord le fond et les parois de paille pour éviter tout contact de la glace avec la maçonnerie. On l'emplit alors de minces couches de glace tappée que l'on arrose de temps à autres pour ne former finalement qu'une seule masse compacte, exempte de tout vide. A défaut de glace, on utilise de la neige formée en boules et entassées de la même façon. Enfin, on recouvre le dessus de paille que l'on tasse avec des planches assujetties de pierres.
Afin de conserver la glace jusqu'à la fin de l'été, on limite les heures d'accès à avant l'aube et après le crépuscule. Plus encore, on recommande strictement de ne pas ouvrir la seconde porte avant d'avoir fermé la première et vice versa, pour ne pas mettre l'intérieur de la glacière en contact direct avec l'air de l'extérieur. Lorsqu'on se sert de glace, il faut aussi prendre soin d'enlever tous les éclats qui peuvent s'en détacher.[33]