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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

L'ILOT 17

PAR

H. PAUL THIBAULT

Septembre 1972

(Fortress of Louisbourg
Report Number H D 20)


CONCLUSION

[PAGE 161:]

L'ILOT 17 EN 1745 - UN ESSAI D'INTERPRÉTATION:

[PAGE 163:]

Le but de ce travail est de servir comme guide pour la reconstruction de l'îlot 17, tel qu'il était en 1745, et aménagé selon le plan directeur élaboré en 1971 [NOTE 370]. En conclusion, je crois qu'il est nécessaire d'en donner une interprétation personnelle, puisqu'en fin de compte, c'est l'historien qui connaît le plus intiment les personnages qui ont érigé et habité cet ensemble de propriétés. Cette interprétation a été inspirée par les résultats très partiels des fouilles archéologiques et par de multiples réunions du "Design Committee" et du "Main Committee" de la Forteresse de Louisbourg [NOTE 371]. Certaines suggestions ne sont que des intuitions fournies par plus de quatre années de réflexion et de recherche sur d'autres secteurs de la ville de Louisbourg. Toutes demeurent cependant dans le cadre de ce qui a existé à Louisbourg [NOTE 372].

1. LA PROPRIETE RODRIGUE: [La figure 29 n'est qu'une représentation cartographique qu'il ne faut pas prendre à la ligne. On devra surtout la modifier conformément aux résultats des fouilles archéologiques].

En 1745, la partie nord du terrain A est la résidence d'une famille bourgeoise coloniale en pleine ascension, qui a pris le pouls de l'Amérique. Michel Rodrigue est déjà un membre influent de cette bourgeoisie coloniale que l'on ne doit pas confondre avec la bourgeoisie métropolitaine. Il est alors agé de 35 ans et vit avec:

Marguerite Lartigue, son épouse, agée de 26 ans; Marguerite, sa fille, agée de 6 ans; [PAGE 165:] Marie-Jeanne, sa fille, agée de 5 ans; Antoine, son fils, agé de 4 ans; Léon, son fils, agé de 2 ans; Marguerite, sa fille, agée de 1 an; Catherine-Françoise, esclave noire, agée d'environ 12 ans; Laurent, esclave noir; Marguerite, "sauvagesse"; Antoine Rodrigue, son frère, agé de 23 ans; Pierre Rodriguee son frère, agé de 22 ans [NOTE 373].

La propriété Rodrigue devrait donc refléter une activité fébrile, tant domestique que commerciale.

Il n'existe pas d'inventaire des biens de Michel Rodrigue, mais si l'on veut remeubler la maison et le magasin, je propose d'utiliser l'inven- taire des biens de Jean Castaing, fait en 1756 (appendice I-G) [NOTE 374] le statut social, financier et familial de ce dernier, se compare très bien à celui de Michel Rodrigue en 1745 [NOTE 375]. Cet inventaire devrait être adapté à l'aménagement intérieur de la maison Rodrigue; il ne faut pas oublier cependant, que les biens personnels de l'épouse et ceux des enfants ne sont pas inclus. Jean Castaing possédait aussi beaucoup de tissus dans sa boutique; ceux-ci devraient être remplacés par des agrès de pêche tels que voiles, filets, ancres, hameçons, etc, pour refléter davantage les intérêts de Michel Rodrigue dans la pêche à l'Isle Royale. Enfin, on peut compléter cet inventaire par celui de Blaise Lagoanère (appendices I-E et F) qui vivait avec son fils et son frère au moment de son décés en 1753 [NOTE 376]. Celui-ci pourrait représenter les quelques biens de Pierre et Antoine Rodrigue.

[PAGE 166:]

La maison Rodrigue a été construite par Jean-Baptiste de Couagne, un ingénieur militaire, simple, intègre et surtout qui ne vivait pas au dessus de ses maigres revenus. La partie nord date de 1722, tandis que la partie sud a une quinzaine d'années. Il serait approprié de différencier quelques éléments d'architecture entre les deux parties pour donner nettement l'impression d'un édifice construit en deux temps. Cependant, dans la répartition de la fonction de chaque pièce, il ne faut pas oublier que le concept d'intimité est moderne et que plusieurs personnes, de sexe et d'âge différents pouvaient partager la même pièce.

Pour le magasin, on pourrait utiliser un remplissage de piquets entre les pièces de charpente et le couvrir de planches verticales, comme cela se faisait assez couramment à Louisbourg [NOTE 377]. Ceci assurerait une certaine diversité des types de construction. Il devrait aussi renfermer une bonne quantité de marchandises ordinaires et servir d'atelier ou les pêcheurs réparaient leurs agrès et apparaux [NOTE 378].

Quant au reste du terrain, en plus des autres bâtiments secondaires, de la cour et clôtures, on pourrait y aménager un petit jardin d'herbes et de légumes [NOTE 379].

En somme, on devrait reconnaître par cette propriété, une famille d'entrepreneurs très actifs, aisée, mais sans donner dans le luxe.

2. LA PROPRIETE DE GANNES

La partie sud du terrain A est habitée par Michel de Gannes de Falaise, un capitaine des Troupes de la Marine, agé de 43 ans, et pleinement intégré au nouveau monde. Lui-même est acadien d'origine et ses frères sont éparpillés [PAGE 167:] dans toutes les colonies françaises d'Amérique. En 1745, les événements politiques et militaires accaparent tout son temps. Il vit alors avec sa famille au complet:

Marie-Elisabeth de Catalogne, son épouse, agée de 37 ans;
Marguerite-Elisabeth, sa fille, agée de 14 ans;
Anne-Angélique, sa fille, agée de 12 ans;
Marie-Charlotte, sa fille, agée de 7 ans;
Julie, sa fille, agée de 5 ans;
Michel, son fils, agé de 4 ans;
Louise-Josephe, sa fille, agée de 1 an [NOTE 380].

On ne lui connaît ni esclave, ni domestique.

Pour remeubler sa maison, il est proposé d'utiliser l'inventaire de ses meubles dressé à sa mort en 1752 (appendices I-C et D) [NOTE 381]. Cependant, il ne faut pas oublier que sa situation familiale est différente: son épouse est décédée en 1750 [NOTE 382], sa fille aînée est mariée [NOTE 383] et il est possible que plusieurs de ses enfants aient été absents. Puisque l'on veut recréer Louisbourg telle qu'en 1745, il faudra ajouter à cet inventaire les effets personnels de Marie-Elisabeth de Catalogne et des articles d'enfants adaptés en conséquence.

La maison de Gannes est une construction de piquets qui a à peine trois ans, et qui semble avoir été assez bien finie [NOTE 384]. Elle devrait représenter la résidence d'un officier relativement à l'aise. Sauf pour ce qui est des clôtures, on a aucune information concernant le reste du terrain. On imagine cependant qu'il a du comprendre une cour, un jardin et quelques cabanots, comme la majorité des propriétés privées de Louisbourg. Les données archéolo- giques devront être minutieusement étudiées à ce sujet.

[PAGE 168:]

3. LA PROPRIETE DE LA PERELLE

Jean-François Eurry de La Perelle était capitaine, major de Louisbourg, et Chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis, lors du premier siège de la ville. Il semble qu'il se soit difficilement adapté à la vie coloniale, demeurant isolée et ressentant probablement l'adversité des coloniaux.

Il est alors agé de 54 ans et ne vit qu'avec une partie de sa famille; il est possible que plusieurs de ses fils aient vécu ailleurs à Louisbourg ou même au Canada, étant déjà actifs dans le service militaire, ce qui exige des déplacements constants. Néamoinse celle-ci se compose de:

Françoise-Charlotte Aubert de La Chesnaye, son épouse, agée de 48 ans;
Jean-François, son fils, agé de 26 ans;
Jean-Marie, son fils, agé de 20 ans;
Jean-René, son fils, agé de 19 ans;
François, son fils, agé de 18 ans;
Jean- Charles, son fils, agé de 13 ans;
Jeanne- Charlotte, sa fille, agée de 11 ans [NOTE 385].

En plus d'une petite maison simple, datant d'une vingtaine d'années, la propriété de La Perelle présente deux particularités. Le magasin qui a servi de prison en 1744, a des grilles aux fenètres, qu'on a posées à cette occasion [NOTE 386]. Le fait que de La Perelle ait eu un cheval sort aussi de l'ordinaire; pour cette raison, il est possible que la partie du terrain située au sud de l'écurie ait été utilisée comme paturage, et non comme jardin [NOTE 387].

[PAGE 169:]

4. LA PROPRIETE DUHAGET

Le terrain C est habité par Robert Duhaget; en 1745, il est agé de 43 ans, capitaine de compagnie, et aide-major. Il réside avec son épouse, Marguerite Rousseau de Villejoin, et quelques domestiques. Duhaget ne semble pas avoir réussi à s'intégrer à la colonie, peut-être à cause du fait qu'il n'y a pas eu d'enfants. En 1737, lorsqu'il construisit sa maison, il semble que ses intentions aient été toutes autres et qu'il prévoyait une famille nombreuse: la maison Duhaget est la seule maison à deux étages de l'îlot 17. C'est peut-être pour cela qu'il se contente du rez-de-chaussée et qu'il loue le premier étage à Antoine Sabatier, dont l'étude reste à faire.

Quoiqu'il en soit, la maison Duhaget, vieille de huit ans seulement, semble avoir été, malgré son volume, simple et sobre; son aspect extérieur n'a pas dû varier tellement jusqu'en 1766. Le reste du terrain a probablement été aménagé comme toutes les propriétés privées de Louisbourg, avec cour, jardin et quelques cabanots. Ces éléments devront suivre les résultats archéologiques puisque les données historiques ne fournissent aucun renseignement à ce sujet, sauf qu'il n'y avait pas d'édifice secondaire imposant, tel qu'un magasin, en 1745.

4. LA COUR A BOIS DU ROI

On imagine facilement le terrain D de l'îlot 17 à cette époque: un espace où s'entassent des dizaines de cordes de bois, [NOTE: La corde mesure 4 pieds X 4 pieds X 8 pieds; il ne s'agit pas du quart de corde que lion connaît aujourd'hui et utilisé principalement pour les poêles à bois] avec une petite [PAGE 170:] maison de piquets très rudimentaire.

Il est tout probable que cette maison ait servi de logement et peut-être même d'atelier au tonnelier et au garde du magasin; on devrait donc rendre compte d'une certaine activité autour de celle-ci.

En 1745, l'îlot 17 offre un échantillonage intéressant de la vie et de l'architecture de Louisbourg. On y trouve des officiers, des négociants, des artisans; des constructions de piquets, de charpente et de maçonnerie; et même certains éléments de fortifications telles la glacière et la pointe du glacis. Ce sont probablement ces deux éléments qui ont marqué le plus le caractère géographique de l'îlot, réduit et irrégulier. Ll'îlot 17 est indéniablement une excellente illustration de tous les aspects d'une ville coloniale fortifiée comme Louisbourg, peut-être unique en son genre au 18e siècle en Amérique.

ENDNOTES
I. [PAGE 220:]

[NOTE 370:] John LUNN, John FORTIER et al. Interpretive Prospectus - Sept. 1971. Louisbourg, 1971. 26 pp. ;
[NOTE 371:]Le "Design Commitee" est chargé de préparer les dessins architecturaux et de les soumettre à l'approbation du "Main Commitee" qui réunit, en plus du "Design Committee", tous les chefs de département ;
[NOTE 372:] En collaboration. Louisbourg Preliminary Architectural Studies. Louisbourg, 1972. 4 vols. ;
[NOTE 373:] Tableaux 2 à 5; Acte de baptême de Catherine-Françoise. Louisbourg, 4 juin 1740:] A.N., Section Outre-Mer, G 1, vol. 407, reg. 1, f. 504; Acte de baptême de Laurent. Louisbourg, 18 octobre 1742. Id., reg. 2, f. 8; Acte de sépulture d'un fils anonyme de Marguerite. Louisbourg, 27 mai 1739. Id., reg. 1. f. 27v. ;
[NOTE 374:] Inventaire des biens de feu Jean Castaing. Louisbourg, 6 juin 1756. A.N., Section Outre-Mer, G 2, vol. 203, doss. 380, pièce 3. ;
[NOTE 375:] Monique La GRENADE. Procès-verbaux d'inventaires et ventes après décès. A.N., Section Outre-Mer, G 2 et G 3. Louisbourg, 1971. ;
[NOTE 376:] Procès verbal d'apposition des scellés sur les biens de feu Blaise Lagoanère. Louisbourg, 12 septembre 1753 et Inventaire des biens de feu Blaise Lagoanère. Louisbourg, 8 novembre 1753. A.N., Section Outre-Mer, G 2, vol. 202, doss. 284. ;
[NOTE 377:] H. Paul THIBAULT. "'Charpente' Houses." Louisbourg Preliminary Architectural Studies. Vol. 1. Louisbourg, 1972; Christian POUYEZ. "Magasins." Id., vol. IV. Louisbourg, 1972; Christian POUYEZ. "Toits

[PAGE 221:]

et couvertures." Id., vol. III. Louisbourg, 1972. ;
[NOTE 378:] "Procédure criminelle Instruite a la Requete du Procureur du Roy sur le meurtre du nommé joannis Detcheverry charpentier sur la goélette du Sr. Rodrigue." Louisbourg, 20-21 décembre 1741. A.D., Charente Maritime, La Rochelle, Amirauté de Louisbourg, B 6113, pièces 101-104. ;
[NOTE 379:] Gilles PROULX. "Jardins." Louisbourg Preliminary Architectural Studies. Vol. IV. Louisbourg, 1972. ;
[NOTE 380:] Tableau 6. ;
[NOTE 381:] Inventaire et vente des meubles de la succession de Michel de Gannes de Falaise. Louisbourg, 31 octobre et 2- 8 novembre 1752. A.N., Section Outre-Mer, G 2, vol. 201, doss. 254, pièces 2 et 3. ;
[NOTE 382:] Acte de sépulture d'Flisabeth de Catalogne. Louisbourg, 13 août 1750:] A.N., Section Outre-Mer, G 1, vol. 408, reg. 1, f. 155v. ;
[NOTE 383:] Acte de mariage de Louis Boisseau de La Galernerie et de La Berterie. Louisbourg, 30 janvier 1752. A.N., Section Outre-Mer, G 1, vol. 408, reg. 1, f. 143. ;
[NOTE 384:] Communication de Steven Archibald. ;
[NOTE 385:] Tableau 14. En 1734, sa fille et un de ses fils sont au Canada: "Recensement de l'isle Roylle." Louisbourg, 1734. A.N., Section Outre-Mer, G 1, vol. 466, pièce 69. Anne- Catherine s'est mariée à Montréal, le 13 octobre 1743, à Pierre-Joseph Céloron de Blainville: Cyprien TANGUAY. Dictionnaire généalogique des familles canadiennes. Montréal, 1871-1890:] Vol. II, p. 591. ;
[NOTE 386:] François Bigot. "Bordereau des sommes Payés aux Particuliers dénommés cy après pour diverses fournitures et dépenses faittes a l'occasion

[PAGE 222:]

des prisonniers anglois, détenus à Louisbourg, pendant la présente année MVII [cent] Quatre, et dont les fonds doivent etre ordonnés pour l'exercice de lad. année." Louisbourg, 16 novembre 1744. A.N., Col., C 11 B, vol. 26, ff. 158v et 160v. ;
[NOTE 387:] Les édifices des terrains B, C et D doivent servir de pavillons d'exposition. Il est donc inutile d'en discuter l'aménagement intérieur.

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