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Researching the Fortress of Louisbourg National Historic Site of Canada
  Recherche sur la Forteresse-de-Louisbourg Lieu historique national du Canada

Return/retour

LE BASTION DE LA REINE I

CHRONOLOGIE (1729 - 1758)

PAR

FRANÇOISE CARON

Ottawa, le 21 août 1964

(Fortress of Louisbourg Report H B 2)

Presently, the illustrations are not included here.
For these, please consult the original report in the archives of the Fortress of Louisbourg

TABLE DES MATIERES

Le Bastion de la Reine (1731--1758)

Chronologie rapide

1731: 

1732

1733

1734 

1735

1736

1737

1738 

1739 

1740 

1740 à 1745 

1745 - 1748 

1749 

1749 ou 1750

1750 

1751 à 1758 

1758 

Nous n'avons pas poursuivi nos recherches, au-delà de 1758.

SCHEMAS

Au moment d'entreprendre la rédaction de ce rapport, nous avions pensé illustrer chacune des quatre périodes que nous allons décrire, par un schéma. Nous avons constaté que c'était inutile et que deux schémas, l'un pour 1745 et l'autre pour 1758, suffiraient amplement. Le bastion de la Reine, après la fïn de sa construction, n'a pas subi de transformations autres que celles qui s'imposèrent à un bâtiment mal entretenu et érigé dans une région au climat extrêmement sévère.


Ainsi, un plan de 1745, fait par Verrier et qui montre l'état du bastion à la fin de sa première époque et un plan de 1758, fait par Lartigue et qui montre le percement de nouvelles embrasures et l'emplacement des mortiers pendant le second siege, suffiront à illustrer notre propos.

BASED ON MAP MAC 73

RE. p. 6 - le Bastion de la Reine en 1758.

Ce second schéma montre l'état du bastion pendant le siège de 1758.

- On a percé quatre embrasures sur sa face droite.

- On en a percé deux sur sa face gauche.

- Une des "petites" places d'armes de la demi-lune entre le bastion de la Reine et celui de la Princesse empiète sur le chemin couvert qui fait face à la face gauche du bastion de la Reine.

BASED ON MAP MAC 139


Introduction

Ce rapport présente une énumération chronologique des ouvrages faits au bastion de la Reine de Louisbourg de 1731 à 1758. Nous avons principalement amassé notre documentation dans les volumes 10 à 38 de la série C11B des archives des Colonies. Nous avons aussi consulté quelques documents de la série B, de 1729 à 1743, qui parlaient des fortifications de l'ile Royale. Les principales sources de renseignements pour la durée de la première occupation de Louisbourg par les Anglais ont été trouvées dans des transcriptions des séries Amiralty I, et Colonial Office Records, qui sont rassemblées au bureau de la Restauration de Louisbourg, Ottawa. Ces documents sont placés dans des chemises, qui couvrent les années 1745, 1746, 1747, 1748 et 1749.

A cette documentation écrite, il faut ajouter celle qui nous a été fournie par les plans. Nous avons examiné soigneusement tous les plans des années 1730 à 1759, cotés MAC, qui contenaient une vue ou une réference au bastion de la Reine.

Nous avons pensé qu'un plan chronologiaue, c'est-à-dire un plan qui divise le matériel suivant les dates, serait le plus logique pour présenter ce travail. Les "coupures" indubitables que furent les deux prises de Louisbourg nous ont naturellement servi de bornes.

Nous avons donc réparti notre matériel comme suit:

(A) 1731 - 1745 

(B) 1745 - 1748 

(C) 1749 - 1758 

(D) 1758 

(A) La construction du bastion. (1731-1745)

Nous nous proposons de diviser cette période en deux parties:

1o Les étapes de la construction du bastion. Il s'agira d'une mise en ordre, assez sèche, des notes que nous avons prises dans la série A.C. C11B.

2o Il s'agira ici de relever les difficultés et les réparations qui se firent pendant cette période.

-------------

1o

C'est en 1731 que nous trouvons la première mention du bastion de la Reine quand Verrir fait excaver les terres pour fonder l'escarpe du bastion. [1]

 En 1732, il commence la maçonnerie d'un flanc et de la moitié d'une face. Verrier écrit au ministre qu'il sagit des flancs et face gauches [2] mais il fait certainement une erreur. Les plans qu'il trace des travaux de la même année [3] indiquent bien que c'est l'escarpe du flanc droit du bastion de la Reine et de la moitié de la face droite qui est élevée en maçonnerie jusqu'au cordon.

En 1733, Verrier donne, avec mesures à l'appui, l'état des travaux au bastion. [4]

Il faut consulter la plan qu'il dit joindre pour comprendre parfaitement son propos. [5] Ce plan montre que les deux faces et les deux flancs du bastion sont élevés à des hauteurs différentes. Le travail a été commencé du côté droit et y est plus avancé qu'au côté gauche.

On a enlevé environ la moitié des terres du fossé.

Pour les années 1734 et 1735, nous n'avons trouvé aucun document dans A.C. C11B qui parlât des travaux faits au bastion de la Reine. 

Un plan de 1735 va combler cette lacune. [6] Le terre-plein du rempart est fait ainsi que deux rampes, chacune appuyée à un des flancs du bastion. On a enlevé quelques terres au fossé. Il reste à faire les parapets et les embrasures en maçonnerie.

On y travaillera en 1736. En octobre, le travail est complété: "les remparts et les parapets intérieurs et extérieurs du bastion de la Reyne et les embrasures de ses deux flancs sont dans leur perfection ..." [7]

Ces embrasures sont faites en pierre de taille et leurs merlons sont couverts de terre et de gazon, pour les protéger des dégradations causées par le climat. [8]

Cette même année, on a cramponné toutes les pierres de taille des flancs du bastion. [9]

En 1736, Verrier considère que le bastion est entièrement finie à l'exception d'un bord de gazon à mettre sur le mur du parapet intérieure [10]

Nous ne savons quand ce dernier complément d'ouvrage a été exécuté. Probablement en 1737.

De toutes façons, à la fin de 1736, la partie du rempart du bastion de la Reine était pratiquement terminée.

Les trois ou quatre années suivantes (1737-1740) vont être occupées à terminer le déblai du fossé et à construire le chemin couvert.

Nous n'avons pas trouvé de documents, dans C11B, qui parlent précisément de la partie du chemin couvert qui faisait face au bastion de la Reine. On y parle plutôt d'une large section - incluant le bastion de la Reine - qui part du bastion du roi et se rend au bastion princesse.

En 1737, le chemin couvert a été ébauché depuis l'angle flanqué du bastion princesse jusqu'au - delà de l'angle flanqué du bastion de la Reine. [11]

En 1738,le mur de contrescarpe, avec ses escaliers pour descendre au fossé, est fini et on a dressé le chemin couvert. Le mur de parapet qui soutient les glacis le long de ce chemin couvert est également élevé. Les glacis sont finis. [12]

Un dernier perfectionnement est fait en 1739 ou 1740: on plante les palissades du chemin couvert. ]13]

 A l'automne de 1740, l'ancienne enceinte est terminée. [14] Ceci marque donc la fîn de la première période du bastion de la Reine. Chacune de ses parties a été construite, parfois au prix de certaines difficultés.

2o

Le terrain sur lequel a été placé le bastion de la Reine semble avoir suscité quelques difficultés à l'ingénieur.


L'eau et le roc ont allongé le temps requis pour fonder l'escarpe. [15] Il a même fallu oter un rocher qui se trouvait à l'endroit où on élevait la face droite. [16] Le fossé a présenté quelquefois le même problème: il s'y trouvait du roc vif, ce qui a ralenti les travaux. [17]

L'expérience des constructions précédentes a-t-elle servi et dicté certaines précautions? Le sommet des merlons des embrasures du bastion de la reiiae est couvert de terre et de gazon, dès sa construction. [18] Ce revêtement consistait en un pied et demi de gazon. [19] Sabatier explique que c'est pour éviter les dégradations que la neige les pluies et le gel causent aux ouvrages de maçonnerie. [20]

Une autre précaution a été de cramponer toutes les pierres de taille des flancs du bastion. [21]

Nous ne pouvons affirmer qu'on a, en outre, crépi les murs du bastion. En 1738, Bourville et Le Normant jugent qu'il est nécessaire de faire crépir les murs de l'enceinte qui sont faits depuis cinq ou six ans. [22] Un mémoire, [23] vraisemblablement de Verrier, exprime la même opinion et explique que le climit exige cette dépense.

Mais il semble qu'en 1739, Verrier a suspendu ce travail et ne l'a exécuté qu'aux murs de l'hôpital et de sa clôture. [24]

Nous n'avons aucun document qui constate l'état de Louisbourg à la veille du premier siège. Mais nous croyons que le bastion de la reine devait être en assez bon état, autant que le permettaient la qualité des matériaux et la sévérité du climat.

(B) Le premier siège et la première occupation anglaise. (1745 - 1748)

Le 17 juin 1745, Louisbourg capitule. Le siège a beaucoup affecté les ouvrages de la ville et des fortifications.

Nous n'avons cependant rien trouvé décrivant précisement la façon dont le bastion de la Reine durait pu être éprouvé. Les documents français de A.C. C11B sont laconiques: ils décrivent l'état général de la place, parfois du bastion du Roi ou du bastion Dauphin mais jamais du bastion de la Reine. Les documents anglais sont absents: nous n'en avons trouvé que deux parlant directement du bastion de la Reine et encore l'un des deux, du 12 juillet 1749 (o.s.) [25] ne fait-il que parler des quatre corps de casernes construits dans le bastion.

L'autre document est de 1746 et a été extrait d'une description des fortifications de Louisbourg. Il dit du bastion de la Reine: "The Queen's Bastion B (now called the Prince of Denmarks) is a large open bastion much the Dimentions of the Citadell the outside walls of it are much shatter'd and being built all of Ruff Stone and Bad cement, must come down and be intirely new coated and the Parapet and merlons finishd as they ought." [26]

Le bastion est donc en très mauvais état et avait certainement besoin de réparations. Nous n'avons cependant aucune preuve que les Anglais en aient effectuées car Boucher, à, la reprise de possession de Louisbourg par les Français, fera les mêmes constatations que M.M. Knowles et Bastide, [27]et expliquera les dégradations du bastion par l'injure du temps et le manque d'entretien.

Les plans de la période correspondante sont également peu "loquaces". Nous n'en avons vu aucun qui comportât une référence au bastion de la reine indiquant qu'une transformation ou une réparation y aurait été faite. Un détail varie d'une carte à l'autre: le nombre des embrasures sur les flancs du bastion. Il est parfois de trois, de quatre, de cinq ou de six. [28] Cet écart mème, d'un plan à l'autre, dans une même année parfois, montre qu'il s'agit vraisemblablement d'un oubli ou d'une imprécision. D'ailleurs, dans la visite qu'il fera des fortifications de Louisbourg. Franquet indiquera qu'il y a six embrasures à chacun des flancs du Bastion de la reine. [29]

Le bastion de la reine n'avait donc pas changé pendant la première occupation anglaise.

(C) Le retour des Français (1749 - 1758)

Dès leur retour à Louisbourg, les Français s'empressèrent d'examiner les fortifications de la ville et de dresser un rapport de leur état.

Boucher constate que les deux flancs et les deux faces du bastion de la Reine ont plusieurs écorchements et dégradations que l'injure du temps et le manque d'entretien ont
causés. [30] Il faut des réparations. L'estimation de ces réparations est intéressante car elle fournit quelques mesures.[31]

Un plan de Boucher [32] présente des faces et des flancs respectivement symétriques et de mêmes dimensions. Cependant, les mesures de "L'estimatîon des réparations ..." [33] indiquent des différences dans les dimensions de chacune des deux faces. La face droite est plus courte (de dix pieds) moins haute (de deux pieds) et moins épaisse (de trois pouces) que la face gauche. Quant aux Flancs, ils sont de mêmes dimensions, sauf pour l'épaisseur. Le flanc gauche serait de trois pouces moins épais que le flanc droit.

"L'estimation des réparations ...." [34] donne aussi la quantité de gazon qu'on devra employer pour les faces et flancs du bastion mais ce sont des mesures très générales.

Nous avons trouvé un autre état de Boucher qui explique mieux les réparations qu'il propose de faire. [35] Il s'agit de faire un revêtement de madriers de pin de deux pouces d'épaisseur. Ces madriers seront placés sur une charpente de bois de pin, encastrée de quatre pieds en quatre pieds dans le parement des murs et cramponnée par des crampons de gros fer.

Les dimensions des pièces de charpente et le poids des crampons ne nous sont pas utiles, ici. Les mesures pour le revêtement le seront davantage car il est intéressant de les comparer à celles que portait "l'estimation des réparations ... " [36] Ainsi "L'estimation des reparations ..." (c.f. Appendice I) [37] donnait pour hauteur au flanc droit deux pieds de plus que ne le fait "l'estat ..." de Boucher. [38] Pour les faces droite et gauche et pour le flanc gauche, les mesures sont les mêmes dans les deux cas. (c.f. appendices I et II)

La seule différence entre ces deux "rapports" de Boucher est la mesure de la hauteur du flanc droit du bastion de la reine, qui diffère de deux pieds d'un document à l'autre. Si nous en croyons "l'état estimatif ..." [39] le flanc droit du bastion aurait été moins haut que son flanc gauche.

Il ne s'agissait toutefois, dans ces deux documents, que d'estimations des réparations à faire. Desherbiers et Prévost demandent des ordres pour commencer 1751 en 1750 [40] mais il ne semble pas qu'ils les aient reçus. L'ingénieur Franquet fut envoyé à Louisbourg et on différa les réparations jusqu'à la définition de ses projets. [41]

Pendant 1749 et 1750, nos notes font mention de plusieurs déblais de terre au terre-plein du bastion de la reine.

1 

déblais de terre dans le terre-plein du bastion de la reine, le long des casernes, pour faciliter l'écoulement des eaux qui inondaient ce bâtiment. [42]

2 

autre déblai dans le terre-plein du bastion pour remplir le bas [?] de la Place et la perfectionner. [43]

3  

autre déblai dans le terre-plein dont les terres ont servi à combler deux caves sous les chambres des soldats. [44]

4 

déblai fait dans le terre-plein dont les terres ont servi à faire un chemin depuis la sortie des casernes jusqu'à la rampe droite du bastion. [45]

5 

et déblai de plusieurs parties de terre dans le terre-plein du bastion, lesquelles ont servi à remplir le marais près du puits situé près de la poterne entre le bastion du Roi et celui de la Reine. [46]

Ces déblais de terre au terre-plein du rempart semblent assez étranges. Aurait-on songé à y enlever de la terre alors qu'il semble que sa faible quantité était un problème? Il s'agit, peut-être des surplus de terre de l'ouvrage de l'aqueduc.

En 1750, en effet, on construit des latrines communes à toutes les casernes du bastion de la reine. Nous avons le toisé définitif de cet ouvrage. [47] On y indique que le rempart du flanc gauche a été percé pour laisser passer un aqueduc qui écoulera les vidanges des latrines dans un petit canal du fossé. Le toisé contient les mesures de cet ouvrage, qui consistait en un passage à pavé de maçonnerie entre deux murs surmontés d'une voûte. Une porte donnait sur le fossé. 

Mais de réparations, il n'est point fait mention. On attendait l'arrivée de M. Franquet [48]et ses constatations. 

Le 20 novembre 1751, Franquet rédige un "MEMOIRE sur le front de fortifications d'entre le bastion de la Reine cotté (2), et le bastion du Roy cotté (3)". [49] 

Ce mémoire contient des renseignements precis sur les défauts de construction et le mauvais état de la face et du flanc droits du bastion de la Reine. Il n'y a rien pour le côté gauche car celui-ci n'est pas compris dans le front décrit dans le mémoire. Le fossé est également en mauvais état et le chemin couvert, outre ses défauts de construction, a besoin de réfection. 

Au "mémoire ... " succède une "estimation des ouvrages projettés pour remettre ce front dans son premier état de défense." [50] Nous avons le détail des ouvrages à faire à la face droite et au flanc droit du bastion de la Reine. Les chiffres qui accompagnent la liste de ces travaux sont peu utiles car ils ne donnent que des quantités. Nous avons cependant le nom des matériaux necessaires,

Notons que Franquet parle de percer cinq embrasures au flanc droit du bastion. [Il y en avait six, auparavant.]

L'équivalent de ce projet de Franquet existe pour le premier front de fortification, c'est-à-dire celui qui inclue le côté gauche du bastion de la Reine. [51]

Le flanc gauche sera également percé de cinq embrasures.

Le détails que ce document donne pour la face et le flanc droits sont les memes que ceux mentionnés plus haut. [52]

En résumé, nous avons la description des défauts et du mauvais état du côté droit du bastion, mais non l'équivalent pour le côté  gauche.[53]

Nous possédons cependant le détail des réparations a faire aux deux flancs et aux deux faces du bastion. (54 et 55)

A cela, Franquet ajoute un "Etat général des palissades des barrières du chemin couvert, des bois pour les platte
formes des batteries, ..." [56]

L'emplacement des palissades est indiqué de façon précise mais les quantités sont données en bloc, ce qui ne nous est pas utile. Même chose pour les barrières et les plate-formes.

Il y a un détail intéressant à retenir car il concerne une transformation. Franquet voudrait répartir les embrasures du bastion de la Reine comme suit:

Mais il ne s'agit toujours que de projets ou de propositions. Les réparations ne sont pas commencées et la place [1752] est en mauvais état. Le comte de Raymond écrit que le revêtement des ouvrages du côté de la terre est presqu'entièrement tombé dans la plus grande partie. [57]

Il fallait attendre la réponse de la cour. Elle vint, mais pour proposer autre chose, c'est-à-dire la construction de deux demi-lunes, l'une au milieu de la courtine entre le bastion Dauphin et celui du Roi et l'autre au milieu de la courtine entre le bastion de la Reine et celui de la Princesse. Quant aux ouvrages "actuellemnt existants" on ne devait rien y faire de nouveau, sinon les réparer. [58]

En 1753, Franquet est en voyage à Québec.[59] 

Les réparations ne doivent pas être entamées encore en 1755, puisque Bigot est surpris du mauvais état des fortifications de Louisbourg.[60]

 En 1756, Franquet écrit qu'on travaille à planter des palissades et à relever le parapet des chemins couverts. [61]

Ce travail est terminé en 1757, d'après le témoignage de Prévost. [62]

Mais il semble bien que ces réparations ne furent que des palliatifs. Un mémoire anonyme de 1757 décrit l'état des fortifications de Louisbourg comme étant pitoyable.

Il est d'ailleurs corroboré par les dires mêmes de Franquet [64] qui constate le dépérissement des revêtements en maçonnerie des bastions et des contrescarpes,  qu'il ne peut réparer à cause de la présence des Anglais.

Le second siège  des Anglais va se faire devant une ville dont les fortifîcations laissent fort à désirer. Les réparations qu'elles exigent depuis 1749 n'ont été ordonnées qu'en 1754 et incomplètement exécutées de 1756 à 1758.

 (D) Le deuxième siège de Louisbourg (1758)

Cette section devrait couvrir le siège de Louisbourg et sa reddition, la seconde occupation anglaise et la démolition des fortifications de la ville-forteresse. L'insuffisance de nos recherches ne nous permettra que d'aborder le premier point c'est-à-dire le siège et les effets de celui-ci sur le bastion de la Reine de Louisbourg.

Le principal document que nous avons trouve dans A.C. C11B concernant le bastion de la Reine pendant le siège de 1758 est le "Journal ... " du gouverneur Drucour. [65] Il y relate, entre autres choses, les mesures qui furent prises pour tirer partie des fortifications existantes. Ainsi le bastion de la Reine vit-il son artillerie augmenter. On lui ajouta des pièces de canon et trois mortiers. [66] De nouvelles embrasures furent percées dont quatre au flanc droit . [67] Probablement le flanc, gauche fut-il aussi percé mais nous n'en avons trouvé aucune référence écrite. Sur un plan de Lartigue de 1758, [68] on voit les quatre embrasures du flanc droit et l'emplacement d'une batterie de deux gros mortiers, dans la gorge du bastion, près de l'angle flanqué du côté droit. [69] La face gauche est percée de deux embrasures, tandis que les deux flancs le sont de six chacun, ce qui fait un total de dis-huit embrasures pour le bastion de la Reine.

Malgré cette tentative d'augmenter la puissance d'attaque de ce bastion, il ne tarda pas à se trouver dans une situation déséspérée. Les Anglais avaient établi deux batteries dans la partie de la Pointe Blanche, dont le feu était dirigé sur le bastion de la Reine. Le 22 juillet, plusieurs de ses canons étaient hors d'état de servir. [70]

Le 24 juillet, Franquet examine la Place. Ses commentaires sur le bastion de la Reine sont assez amers: le flanc droit, la face et le flanc gauches n'ont point souffert des attaques ennemies mais la face droite est une véritable brèche. Les quatre embrasures qu'on y a percées sont totalement détruites et le revêtement débrèche tous les jours, souffrant davantaget dit-il, de "l'étonnement de notre canon que de celuy de l'ennemy." [71]

Le 27 juillet, les Anglais entrèrent "dans une place ... ouverte de toutes parts, puisque les officiers et soldats ainsy que les vivandières de l'armée montoient indifféremment par la brèche de la Porte Dauphine, ... par la face droitte du Bastion de la Reyne, ... " [72]

Conclusions

Ce survol des années 1731 à 1758 et de l'histoire du bastion de la Reine de Louisbourg nous permet de dégager quelques conclusions.

Le bastion de la Reine ne semble avoir connu qu'une "belle période", la première, celle de sa construction de 1731 à 1740. Les travaux se firent normalement et au moment du premier siège, en 1745, rien ne laisse entendre que sa condition ait été différente de celle des autres parties des fortifications de Louisbourg. Il devait être en un état "satisfaisant", si l'on tient compte du terrible climat de l'ile Royale.

Mais le premier siège y causa des dégradations qui ne devaient jamais étre parfaitement réparées par la suite. On a l'impression, qu'à partir de 1745, les fortifications entrent dans un etat de décrépitude qui se maintiendra jusqu'en 1758 et s'accélérera pendant le second siège. Il semble bien que les Anglais,, de 1745 à 1748, négligèrent de faire des réparations autres que celles qui consistaient à combler les brèches et à relever les murs affaissés. A leur retour en 1749, les Français, dont Boucher et Franquet, constatent le mauvais état du bastion et suggèrent des reparations et des transformations. Cependant, nous n'avons rien trouvé qui puisse laisser croire à une remise en parfait état de l'ouvrage. Au contraire, les commentaires et les mémoires que nous avons des années 1755 à 1758 se relaient pour insister sur le mauvais état de la place de Louisbourg. A la veille du siège, [73] Franquet constate que des réparations urgentes s'imposeraient mais qu'il faudrait ouvrir la place pour les exécuter. Il ne restait plus qu'à attendre l'inévitable reddition.

Ceci concerne aussi bien les autres fortifications du côté de la terre que le bastion de la Reine.

Sur le bastion de la Reine proprement dit, on pourrait dégager ceci:

La seule transformation que nous ayons pu noter de 1740 à 1758 est le percement d'embrasures aux deux faces du bastion, pendant le dernier siège.

Ceci s'explique certainement par la position "géographique" du bastion et la nature du terrain auquel il faisait face. Le bastion de la Reine battait sur une plaine dité "maré-cageuse" où on prévoyait qu'aucun ennemi ne pourrait prendre pied. On peut constater d'ailleurs qu'il était peu exposé puisque seule la face droite subit des attaques répétées.

Du côté de la terre, le bastion de la Reine est l'ouvrage qui a subi le moins de transformations. Alors que les bastions Princesse, Dauphin et du Roi sont l'objet de savants projets de consolidation ou d'augmentation, le bastion de la Reine reste le même.


Appendice I

Mesures des flancs et des faces du bastion de la Reine.

30 août 1749. Boucher. A.C. C11B (Vol. 28), fol. 303-320, fol. 305, 305v.

"ESTMATION des réparations à faire aux fortifications de la ville de Louîsbourge aux forts qui en dépendent et aux bâtiments appartenant au Roy, occasionnés par les differentes brèches qui n'ont point esté réparées, par plusieurs démolitions faittes et faute d'un entretien annuel que les Anglois ont négligé de faire depuis quatre ans."

FLANC DROIT

son parapet (incluant embrasures et merlons)

FACE DROITE

FACE GAUCHE

FLANC GAUCHE

son parapet (qui comprend embrasures et merlons)


Appendice II

Mesures des flancs et des faces du bastion de la Reine.

30 août 1749. Boucher. A.C. 11B (vol, 28). Fol. 326 - 329v, fol, 328.

"ESTAT estimatif des bois de charpente, madriers de revettement et fer nécessaire pour revêtir les murs de l'enceinte de la ville de Louisbourg, depuis et compris le bastion Dauphin jusqu'à l'angle du flanc joignant le mur crénelé."

FLANC DROIT

le pararet au-dessus

1. développée:           2 toises, 4 pieds

FACE DROITE 

FACE GAUCHE 

FLANC GAUCHE

le parapet au-dessus

longueur:         20 toises

1. développée:    2 toises 4 pieds.


Références

1. 29 novembre 1731. Verrier. A.C. C11B (vol.12). Fol. 104 - 109v, fol. 106.

2. 16 novembre 1732, Verrier A.C. C11B (vol. 13). Fol. 200 - 204v, fol. 201.

3. c.f. MAC 201 (1732-3), "PLAN de LOUISBOURG pour representer les ouvrages, A, B, C, qui ont esté faits pendant l'année 1732 et ceux que l'on doit faires pour la continuation de l'enceinte de la ville représenté en ligne noire pendant l'année 1733." ; MAC 218 (1732-4), "PROFIL pris sur la ligne K L de la face droite du bastion de la Reine pour représenter en rouge la maçonnerie qui a esté faitte pendant l'année 1732 et la couleur jaune représente l'ouvrage qui reste à faire pour sa perfection."

4. 23 octobre 1733. Verrier. A.C. C11B (vol. 14). Fol. 298-309, fol. 298v, 299.

5. MAC 222 (1733-7), "PLAN de LOUISBOURG où on a représenté en ligne rouge les parties de l'enceinte qui sont commencées et en ligne jaune celles qui sont à commencer l'année 1734. et l'on continuera la dite année le travail sur celles qui sont établies ... "

6. MAC 215 (1735 - 1), "PLAN de LOUISBOURG pour représenter les ouvrages de la fortification dans l'état qu'elle est la présente année 1735."

7. 30 octobre 1736. St.Ovide. A.C. C11B (vol. 18). Fol. 43 - 46v, fol. 44v.

8. 6 novembre 1736. Sabatier. A.C. C11B (vol. 18). fol. 289-294, fol. 290; 7 novembre 1736. St-Ovide et Le Normant. A.C. C11B (vol. 18) fol. 11 - 15v, fol. 12v, 13. ; 6 mai 1737. Ministre à Verrier. A.C. B (fol. 65-4).
fol. 473-477 (pagination a Ottawa: 862 - 875), fol. 474v.

9. 7 novembre 1736. St-Ovide et Le Normant. A.C. C11B (vol. 18). fol. 11-15 v. fol. 13.

10. 10 novembre 1736. Verrier. A.C. C11B (vol. 18). Fol. 271 - 283, fol. 272.

11. 30 octobre 1737. Verrier. A.C. C11B (vol. 19). Fol. 232-240, fol. 235v.

12. 24 octobre 1738. Bourville et Le Normant. A.C. C11B (vol. 20). fol. 62-72, fol. 68v.; 1 novembre 1738. Verrier. A.C. C11B (vol. 20). fol. 227 - 235, fol. 228.; 26 mai 1739, Ministre à Verrier. A.C. B (vol. 68). fol. 344-345v. (pagination à Ottawa: 288 - 296), fol. 344.

13. 2 août 1739. Verrier. A.C, C11B (vol. 20). Fol. 266 - 267, fol. 266v.; 3 août (ou septembre) 1739. A.C. C11B (vol. 21). fol. 168 - 172v, fol. 172.; 13 mai 1740. Ministre à Verrier. A.C. B (vol. 70). fol. 408 - 409 (pagination à Ottawa: 348-354), fol. 408.

14. 25 octobre 1740. Bourville et Bigot. A.C. C11B (vol. 22). fol. 60 - 65v, fol. 61v.

15. 29 novembre 1731. Verrier. A.C. C11B (vol. 12). fol. 104 - 109v, fol. 106.

16. 23 octobre 1733. Verrier. A.C. C11B (vol. 14). Fol. 298 - 309, fol. 299. [Verrier parle de la face gauche mais le plan MAC 222 (1733-37) montre bien qu'il s'agit de la face droite. c.f. note 5.]

17. 24 octobre 1738. Bourville et le Normant. A.C. C11B (vol. 20). Fol. 62 - 72, fol. 69.

18. 7 novembre 1736. St-Ovide et Le Normant. A.C. C11B (Vol. 18). Fol. 11 - 15v, fol. 12v.

19. 6 novembre 1734. Verrier. A.C. C11B (vol. 15). Fol. 182 - 193, fol. 191v.

20. 6 novembre 1736. Sabatier. A.C. C11B (vol. 18), fol. 289 - 294, fol. 290v.

21. 7 novembre 1736. St-Ovide et Le Normant, A.C. C11B (vol. 18) fol. 11 - 15v, fol. 13.

22. 24 octobre 1738. Bourville et Le Normant. A.C. C11B (vol. 20) fol. 62 - 72, fol. 63v.

23. 1739. MEMOIRE. (sans signature ni date autre que celle de l'année.) Joint aux papiers de Verrier. A.C. C11B (vol. 21). fol. 275 - 281, fol. 275v, 276.

24. 26 mai 1739. Ministre à Verrier. A.C. B (vol. 68). fol. 344 - 345v, (pagination à Ottawa: 288 - 296),
fol. 344.

B

25. 12th July 1749 (o.s.) 23th July 1749. Enclosure in letter of 14th (25 th) July 1749. Hopson and Bastide.
Colonial Office Records, (M.G. 11), A 34, Nova Scotia, pp. 156 - 165. p. 159.

26. 8th July 1746 (o.s.) 19th July 1746. Enclosure in letter of 8th July 1746. Knowles and Bastide. M.G. 11.
Colonial Office Records, A 28, Nova Scotia, pp. 191 - 200, p. 193.

27. 24 juillet 1749. Boucher. A.C. C11B (vol. 28). fol. 298 - 302, fol. 299.

28. c.f. PLANS de 1745 et de 1746.

29. 20 novembre 1751. Franquet. A.C. C11B (vol. 31). fol. 144 - 146v, fol. 144. "MEMOIRE sur le front de
fortification ... "

C

30. 24 juillet 1749. Boucher. A.C. C11B (vol. 28). fol. 298 - 302, fol. 299. "En conséquence de l'ordre verbal de M. Desherbiers .."

31. 30 août 1749. Boucher. A.C. C11B (vol. 28). fol. 303 - 320, fol. 305, 312. "ESTIMATION des réparations ..."

32. MAC 87 (1749 - 1). Boucher. "PLANS, profils, coupes et élévations des cazernes de charpente que les Anglois ont établis dans le bastion de la Reyne, à Louisbourg."

33. Les mesures de "l'estimation des réparations ..." sont données à l'appendice I.

34. Les mesures de "l'estat estimatif ..." sont données à l'appendice II.

35. 30 août 1749. Boucher. A.C. C11B (vol. 28). Fol- 326 329v, fol. 326v, 328 et 329. "Estat estimatif ..."

36. Voir No. 31

37. Voir No. 32

38. Voir No. 34

39. Voir No. 35

40. 21 octobre 1749. Desherbiers et Prevost. A.C. C11B (vol. 28) fol. 44 - 47, fol. 46v.

41. 20 novembre 1751. Boucher. A.C. C11B (vol. 31). fol. 118 - 121v, fol. 120.

42. 31 décembre 1749. Boucher. A.C. C11B (vol. 28) fol. 330 - 351v, fol. 335v. "ESTAT des ouvrages des
réparations ..."

43. Ibid., fol. 336

44. 31 décembre 1749. Boucher. A.C. C11B (vol. 29). fol, 276 - 299, fol. 276. "ETAT des ouvrages de réparation ..."

45. Ibid., fol. 283v.

46. Ibid., fol. 283.

47. 15 novembre 1750. Boucher. A.C. C11B (vol. 29). fol. 269 - 275v. "TOISE définitif des ouvrages ..."

48. 20 novembre 1751- Boucher. A.C. C11B (vol. 31) fol. 118 - 121v, fol. 120.

49. 20 novembre 1751. Franquet. A.C. C11B (vol. 31). fol. 144 - 146v, fol. 144, 145. "MEMOIRE sur le front de fortification ..."

50. 20 novembre 1751. Franquet. A.C. C11B (vol. 31). Fol. 147 - 149. ESTIMATION des ouvrages ..."

51. 20 novembre 1751. Franquet. A.C. C11B (vol. 31) Fol. 182 - 195, fol. 183, 183v, 184v, 186."ETAT général des ouvrages ... "

52. Voir No. 35

53 Voir No. 34

54. Voir No. 50.

55. Voir No. 51

56. 15 décembre 1751. Franquet. A.C. C11B (vol. 31)Fol. 157 - 172v, "ETAT général des palissades ... "

57. 19 novembre 1752. Le comte de Raymond. A.C. C11B (vol. 32) fol. 66 - 71, fol. 66, 66v.

58. 12 Juin 1753. Le comte de Raymond,, A.C. C11B (vol. 33). fol. 63 - 63v, fol. 63.

59. 14 Juillet 1753. (au bas de la lettre il y a 14 juin). Le comte de Raymond et Prévost. A.C. C11B (vol. 33).
Fol. 04 - 04v, fol. 04v.

60. 14 mai 1755. Bigot. A.C. C11B (vol. 35) fol. 310 - 312v, fol. 312.

61. 19 mai 1756. Franquet. A.C. C11B (vol. 36). Fol. 251 - 252, fol. 251v.

62. 1 juillet 1757. Prévost. A.C. C11B (vol. 37). Fol. 86 - 88v, fol. 87v. et 88.

63. 1757. Sans signature. A.C. C11B (vol. 37) Fol. 326 - 331v.

64. 6 mai 1758. Franquet. A.C. C11B (vol. 38) Fol. 172-174, fol. 173.

D

65. 1758. Drucour. A.C. C11B (vol. 38). Fol. 57-103v. "JOURNAL ou relation sur ce qui se passera des mouvemens pour l'attaque et la deffense de la Place de Louisbourg pendant la présente année 1758."

66. Ibid. fol. 75v, 77, 81, 82.

67. Ibid., fol. 89.

68. MAC 139 (1758-12) Lartigue. "PLAN de la ville de LOUISBOURG en l'isle Royalle avec les éminences qui l'avoisinernt, leurs distances entr'elles ainsi que de la fortiffication, ensemble les ouvrages d'attaques de l'ennemi et celles de deffces de la part des Assièges. 
           levé et dessiné sur les lieux par le Sr Lartigue" MDCCLVIII

69. Le bastion de la Reine, montré sur cette carte, est reproduit sur notre schéma no. 2.

70. Voir 46, fol. 86.

71. Voir 46, fol. 89.

72. Voir 46, fol. 103.

73. Voir 45.

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